Plaidoyer pour une cure d’âme biblique (8 et fin)

4. Le paralogisme décisif

Supposons qu il serait possible de séparer les techniques thérapeutiques de leur arrière-plan idéologique, de telle manière que leur pratique ne violerait en rien les principes de l’éthique chrétienne, ces techniques ne pourraient-elles pas être utilisées dans la relation d’aide chrétienne?

La réponse doit être négative, car ce raisonnement représente un paralogisme ou faux raisonnement aux conséquences graves, vu qu~il fait abstraction du but principal de toute cure d’âme: la croissance dans la sanctification, dont la conséquence naturelle est la disparition des symptômes psychiques négatifs. Une méthode thérapeutique qui cherche à en libérer par d’autres moyens entrave le processus de la sanctification et va à l’encontre de l’intention de Dieu.

La question se pose: comment la sanctification a-t-elle lieu? Chercher à la favoriser par des méthodes psychothérapeutiques laisse deviner un manque de clarté à l’endroit de la doctrine de la sanctification. Il convient donc ici de définir le concept «sanctification» de plus près.

D’emblée, il est à retenir que la sanctification est la volonté primaire de Dieu pour notre vie: Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification (1 Thes 4.3). Cela signifie l’actualisation de Christ en nous, et non la réalisation de notre propre Moi. Le chrétien appartient à deux mondes: il a une existence terrestre comme tout le monde, mais en même temps aussi une existence céleste (Eph 2.6).

En Christ, nous faisons partie du monde invisible et éternel de Dieu, nous sommes des justifiés, des enfants de Dieu et des cohéritiers de Christ, et nous avons part à la vie et à la substance même de notre Seigneur (Eph 1). Cependant, avec notre corps marqué par le péché, nous vivons encore dans ce monde matériel et passager, bien que nous n’ayons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre… les principes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes (Eph 6.12). Il est d’autant plus difficile pour nous de vivre dans la sainteté que ce qui est charnel en nous prend facilement le dessus. En fait la sanctification n’est rien d’autre qu’un ajustement croissant de notre existence terres:re à l’existence céleste.

Ainsi, ce que nous sommes en Christ (notre existence céleste) et ce que l’on voit à partir de notre comportement (notre existence terrestre) sont souvent en contradiction. Chez les névrosés, cette divergence se manifeste simplement davantage que chez les autres

L’apôtre Paul s’exprime ainsi: Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit (Gal 5.25). Qu’est-ce à dire? Si, dans la relation d’aide, nous voulons acheminer d’autres sur cette voie, il nous faut nous-mêmes être au clair sur ce que cela signifie.

Evitons tout d’abord deux pièges:

1. Le chemin du légalisme et de l’auto sanctification

Tout appel à la psychothérapie aussi bien que toute cure d’âme qui cherche à se concentrer sur un comportement légaliste sont à rejeter. L’interlocuteur qu’on oriente sous forme d’exhortations, même bibliquement fondées, va au-devant d’efforts frustrants. Paul en décrit l’expérience dans Rom 7.25: Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave du péché. Le «moi-même» a en grec la connotation de «par moi-même». La manière légaliste, qui est toujours condamnée à l’échec, est pourtant populaire parce qu’elle flatte le Moi, qui est fier de ses «accomplissements». Voilà aussi la raison pour laquelle l’aide psychothérapeutique renforce toujours l’autonomie du Moi, qui ne veut pas se soumettre à la volonté de Dieu.

2. Le chemin de l’exaltation et de l’auto-illusion

Ce sont en général ceux qui recherchent sérieusement la sanctification qui sont en danger d’emprunter cette voie. Seulement, pour éviter une lente croissance, qui implique le reniement du Moi et l’expérience de la croix, ils sont en quête d’un raccourci qui évite le brisement du Moi. S’étant fait imposer les mains par un frère qui dit avoir la plénitude du Saint-Esprit, ils s’imaginent l’avoir aussi reçue par ce simple procédé, qui leur conférerait non seulement puissance et autorité, mais aussi la capacité d’exercer le ministère de la cure d’âme. Quelle erreur! Ce chemin entraîne à l’orgueil spirituel; il peut même ouvrir la porte à des forces occultes.

Digression: la question de l’exorcisme

Gardons-nous de voir derrière toute affection psychique l’action des démons, dont on libère alors selon un schéma bien déterminé: lier les mauvais esprits, délier la personne affectée en prononçant une formule d’exorcisme. Cette forme de cure d’âme fait généralement abstraction du besoin de mettre tout péché à jour et de se repentir en vue d’une nouvelle orientation.

Il est à relever ici que, dans Mat 18.18, le fait de «lier» et de «délier» est en relation avec la discipline dans l’Eglise, où un membre repentant, qui avait été exclu de la communion (lié), est à nouveau réintégré (délié). Il n’est pas question de possession démoniaque dans ce contexte.

De même, l’expression «lier l’homme fort» dans Mat 12.29 n’est pas un encouragement à vouloir «lier Satan». Selon Apoc 20.2, cela aura lieu au retour de Christ, au début de son règne de mille ans sur la terre. Vouloir «lier Satan» est une présomption de notre part.

Un chrétien qui s’est placé sous une influence démoniaque doit tout d’abord s’en repentir et se séparer, en général avec l’aide de son conseiller spirituel, de ce qui a provoqué cette dépendance de forces occultes. Il est à constater que la Bible ne parle jamais d’exorcisme en relation avec des enfants de Dieu.

Vu que la relation d’aide est un combat qui se déroule dans l’invisible, il nous a paru important d’élucider, bien que sommairement, cette question touchant à l’exorcisme. Nous avons à rester sobrement biblique dans ce domaine de la démonologie et veiller à ne pas donner à Satan de l’honneur qui revient à Jésus-Christ seul.

Avant de quitter cette digression, il faut signaler le danger qui guette particulièrement le conseiller qui veut faire de l’exorcisme. L’interlocuteur risque de s’attacher à son conseiller, qui est devenu un véritable «guérisseur» auquel il attribue tout le mérite de sa guérison. S’il fixe aussi son espoir sur ce conseiller, il sera susceptible de succomber à sa puissance suggestive.

3. Le chemin de la croix

Ce chemin, que la Bible nous indique, est bien moins populaire. Il ne s’agit pas d’améliorer notre existence terrestre en faisant un saut miraculeux dans la sphère céleste. Le chemin de la croix nécessite l’abandon de toute illusion d’être à même d’effectuer soi-même sa sanctification. Il demande l’acceptation de la totale seigneurie de Jésus-Christ sur toute la vie.

Prenons comme exemple quelqu’un qui s’est fait opérer de la hanche. Pendant plusieurs semaines, il doit ménager l’articulation opérée et poser son poids sur l’autre jambe. De même, notre existence terrestre (le côté soigné) ne peut guérir (être sanctifiée) que si nous mettons le poids sur le côté bien portant (notre existence céleste). De Boor dit: ‘~La sanctification n’est pas un effort tendant vers le but, mais un comportement provenant du but.»

Nous avons à enseigner. h partir de la Parole, ce que nous sommes et qui nous sommes en Christ, si nous voulons que la marche de notre interlocuteur soit le fruit de l’Esprit et non de ses propres efforts. Seulement une fois qu’il aura compris ce qu’être crucifié avec Christ implique, selon Rom 6, sera-t-il prêt à laisser vivre le Seigneur à travers lui. Il doit pouvoir acquiescer de tout coeur aux paroles de l’apôtre Paul: J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair; je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi (Gal 2.20). Fini la tendance maladive de vouloir paraître ce qu’on n’est pas. A la place: . . . regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ (Rom 6.11).

Une fois que nous avons trouvé notre véritable identité en Jésus-Christ, ayant cessé de la chercher ailleurs, notre désir sera de mener d’autres à la croix, où seul il y a guérison durable de l’âme, jusque dans les recoins les plus profonds du psychisme. N’appliquons jamais une pression quelconque sur l’interlocuteur qui n’est pas encore prêt à faire ce pas; acceptons que la guérison n’est pas encore pour aujourd’hui. Il serait erroné de vouloir raccourcir une souffrance que Dieu veut utiliser pour briser sa résistance et de vouloir abréger le temps qui y es: nécessaire par des méthodes charnelles.

Toute psychothérapie. voire toute forme légaliste de cure d’âme, procurera tout au plus des béquilles permettant de marcher tant bien que mal, délivrera peut-être de certains symptômes. donnera un peu plus d’assurance, mais ce ne sera toujours que le vieux Moi charnel paré de beaux vêtements. Ce sera du vin nouveau versé dans de vieilles outres, de vieux vêtements rapiécés. Car les changements qu’opèrent les techniques psychologiques sont d’une qualité foncièrement différente que ceux qu’opère le Saint-Esprit.

Ne nous leurrons pas. Sans la puissance vitale du Saint-Esprit, rien de spirituellement significatif ne se passe. Jésus change l’eau en vin. Nous pouvons tout au plus mettre des étiquettes avec «appellation contrôlée» sur des bouteilles remplies d’eau, mais c’est du maquillage. Un chrétien psychiquement réformé n’est pas pour autant un chrétien spirituellement réformé. Il ressemble à la bouteille à l’étiquette frauduleuse.

Comme le Moi est pétri de péché, ce n’est jamais en le revalorisant que nos problèmes peuvent être résolus. La racine étant pourrie, comment l’arbre produirait-il de bons fruits (Mat 12.33)? La Bible nous appelle à nous défaire de notre vieille nature avec ses oeuvres – même les «bonnes»! La vie du Moi charnel doit faire place à la vie du Christ.

L’arme de Dieu est sa Parole, dont il est dit: Ma parole n’est-elle pas comme… un marteau qui brise le roc? (Jér 23.29). Elle seule, sous la direction du Saint-Esprit, saura briser la dure carapace de notre Moi. Ce que Dieu veut, ce n’est pas la valorisation du Moi, mais le reniement de ce Moi (Luc 9.23-25). Dans la mesure où nous sommes prêts à nous soumettre à cette thérapie divine, non seulement serons-nous libérés des symptômes psychiques et psychosomatiques, mais nous progresserons dans la sanctification jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait à la mesure de la stature parfaite de Christ (Eph 4.13).

Nous qui avons un ministère de cure d’âme devrions, en connaissance de cause, renoncer à faire appel à des méthodes d’inspiration humaine et suivre les principes que la parole de Dieu nous indique. Cessons de lutter d’une manière charnelle, et saisissons plutôt les armes qui sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses (2 Cor 10.4).

Roland Antholzer:
«Plädoyer für eine biblische Seelsorge»
(traduction partielle adaptée par J. P. Schneider avec la permission de l’auteur et des éditeurs)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)