Pierre Viret, Le pasteur de la Réforme francophone

 

Si nous connaissons bien Jean Calvin, qui a été le théologien de la Réforme francophone et Guillaume Farel qui en a été l’évangéliste, malheureusement, celui qui en a été le pasteur : Pierre Viret (1511-1571) a largement été oublié.

Pour saisir combien le ministère pastoral de Viret était estimé, laissons tout d’abord la parole au pasteur Jacques Bernard qui écrit à Calvin en février 1541, afin de le persuader de revenir à Genève, d’où il avait été banni quatre ans plus tôt : « Genève, régénérée par le travail de Viret, est devenue une nation nouvelle ».[1] Quant à Farel, après avoir vu le travail pastoral accompli par Viret à Genève pendant la même période, il écrit aux pasteurs de Zurich : « J’ai vu l’édifice admirable élevé là par le travail de Viret. Son labeur a été immense pour ramener le peuple dans la bonne voie ».[2] On prête les paroles suivantes à Calvin qui voulait à tout prix que Viret reste à ses côtés lors de son retour à Genève : « Si Viret m’est ôté, je suis plus mort que vif et cette Église est perdue ».[3] Voilà qui en dit long sur l’appréciation du ministère pastoral de Viret par ses pairs. Alors intéressons-nous à ce qui a fait de Viret le « pasteur » de la Réforme francophone.

1) Sa personnalité

Les biographes de Pierre Viret s’accordent tous sur un point : Il avait un esprit pacifique et doux qui s’exprimait dans les différents domaines de son ministère.

  • Dans son langage, comme en témoigne Théodore de Bèze, qui parle de « la science de Calvin, des tonnerres de Farel et du miel de Viret ».[4] Ailleurs, il disait aussi de lui : « Nul n’a plus de charme quand il parle ».[5]
  • Dans sa prédication qui, comme un long fleuve tranquille semblait enlacer ses auditeurs comme l’atteste Verheiden : « (Viret) avait une parole si douce qu’il tenait son auditoire constamment éveillé et attentif. Son style avait tant de force et une harmonie si caressante à l’oreille et à l’esprit, que les moins religieux parmi ses auditeurs, les plus impatients pour d’autres, l’écoutaient sans peine et avec complaisance. On eût dit, à les voir comme suspendus à ses lèvres, qu’ils auraient voulu le discours plus long ».[6]
  • Dans son rapport avec les autres. Pour maintenir la paix il est prêt à subir quelques injustices, comme ce fut le cas quand son collègue Caroli, nouvellement arrivé, fut nommé premier pasteur de Lausanne à sa place.[7] Puis dans ses démêlés avec l’autorité politique bernoise. Alors que Calvin avait déjà perdu espoir et qu’il l’encourageait à quitter la ville, que Théodore de Bèze avait déjà suivi le conseil du Réformateur de Genève, Viret lui, espérait encore qu’une solution pacifique soit trouvée. Résultat : ce pasteur si doux fut banni de la ville dont il avait été le Réformateur et le pasteur pendant près de 22 ans.
  • Dans ses rapports avec les hérétiques. Lors de l’affaire Servet, alors que Calvin avait écrit à son ami Viret, il se tait. De passage à Valence, Viret délivre et embrasse un père jésuite tombé entre les mains d’un officier huguenot qui s’apprêtait à le mettre à mort. Enfin, il semble que ce soit grâce à son intervention écrite auprès des pasteurs assemblés à Montpellier que les protestants rendirent paisiblement les temples aux catholiques à la suite de l’Édit royal du 17 janvier 1562. Dominique-Antonio Troilo, qui s’est penché sur le rapport entre Viret et les anabaptistes, arrive à la conclusion suivante, qui démontre bien sa douceur et sa modération : « … jamais aucun hérétique ne fut condamné et exécuté là où il (Viret) fut pasteur. … Viret se tient d’ailleurs presque systématiquement à l’écart de tout conflit avec les dissidents, optant pour le silence, ou prêchant la modération et la paix ».[8]

Toutefois, il ne faut pas penser que la douceur de Viret trouve son origine dans un manque de courage, car lorsque la vérité et la pureté de l’Église étaient en jeu, Viret savait tenir ferme et faire preuve d’opiniâtreté, comme l’atteste sa détermination à obtenir le droit d’exercer une discipline ecclésiastique biblique au sein de son église locale. C’est ainsi qu’il préféra le bannissement de son pays à la compromission avec le laxisme moral des autorités bernoises.

2) Ses dons pastoraux

Si Calvin est celui qui systématisa la théologie de la Réforme, il est juste de dire que Viret est celui qui la popularisa. Il prêche dans un langage simple et imagé. Il écrit dans un style qui accroche les gens, répond à leurs questions et leur donne les arguments apologétiques simples, nécessaires à la défense de leur foi. Car dans ses écrits, souvent rédigés sous forme de dialogues, il met dans la bouche de ses différents personnages les courants de pensées de l’époque. De cette manière il parvient à passionner ses lecteurs qui, petit à petit, suivent le développement de l’argumentation biblique et découvrent toute la force et la vérité de l’Évangile face aux pensées humaines. Jean Barnaud, un fin connaisseur de Viret, résume les choses ainsi : « Nous ne saurions oublier que Viret est, par excellence, l’écrivain populaire de la Réforme française : les exemplaires déchirés, dépareillés, usés, des nombreux ouvrages qu’il a réussi à publier se retrouvent dans maintes bibliothèques publiques et privées de France, de Suisse et de l’étranger – il y en a jusque dans le secret du Saint Office de l’inquisition de Séville – ; ils disent ainsi la popularité dont ils ont joui et l’influence lointaine qu’ils ont exercée ».[9]

Le souci de Viret pour le peuple de Dieu l’amène, dès le début de son ministère, à se préoccuper de la formation des pasteurs pour les églises francophones. C’est ainsi qu’on le trouve parmi les membres fondateurs et les premiers professeurs de l’Académie de Lausanne, créée en 1537 (seulement un an après l’acceptation de la Réforme par cette ville). Cette Académie eut une importance capitale dans les premiers temps de la Réforme francophone, jusqu’à la création de celle de Genève, fondée en 1559 « sur les ruines » de celle de Lausanne, à la suite du bannissement de Viret.

D’autres preuves attestent des dons pastoraux de Viret et de la grande estime dont il jouissait au sein du peuple de Dieu en francophonie. Lorsqu’il se réfugia à Genève après son bannissement, il fut immédiatement accueilli comme pasteur et on lui accorda la bourgeoisie de cette ville à la fin de l’année 1559, en même temps que Calvin qui en avait pourtant été le pasteur pendant plus de 15 ans. Puis lorsqu’il partit pour le sud de la France à cause de sa santé déficiente, il joua un rôle de tout premier ordre dans l’organisation de l’église réformée dans le Béarn, royaume de Jeanne d’Albret. Son influence et le respect qu’on lui portait sont démontrés dans le fait qu’il fut nommé Modérateur de quatre Synodes successifs, alors que le règlement spécifiait qu’il était impossible à une personne d’occuper cette place deux années de suite.

Viret est donc un homme qui voua toute sa vie au service de l’Église de Jésus-Christ et en particuliers des églises locales francophones. C’est pourquoi il importe que nous nous arrêtions maintenant sur la conception qu’il avait de l’église. Car au-delà de sa personnalité et de ses dons pastoraux, ce qui conduisit Viret à être le pasteur de la Réforme, c’est sa conception de l’église locale et du ministère pastoral.

3) Sa conception de l’église locale et du ministère pastoral

Bien qu’il fût pasteur dans une ville où la Réforme s’était imposée de manière plus politique que spirituelle, Viret affirmait qu’on entrait dans l’église exclusivement par la foi en Jésus-Christ : « Il faut pour devenir brebis, que nous oyons (entendions) la voix du bon Pasteur, qui est la voix de l’Évangile, par le moyen de laquelle cette conversion et transformation de loup en brebis se fait. Car le moyen par lequel nous pouvons avoir accès à Jésus-Christ, et entrée en son Église et en sa bergerie, et conséquemment au royaume des cieux, est par la foi … comme Jésus-Christ est l’huis (la porte), par lequel il nous faut entrer au royaume des cieux, ainsi la foi est comme la ferrure, et la clé par le moyen de laquelle cet huis nous est ouvert, et sans laquelle il nous demeure toujours clos ».[10]

Mais puisque Dieu seul connaît le cœur, la responsabilité qui incombe au pasteur ne consiste pas à juger le cœur des membres de son église,[11] mais à prêcher l’Évangile car c’est par lui que vient la connaissance de Jésus-Christ, et à veiller à maintenir une église confessante bien disciplinée. Voilà pourquoi Viret ne pouvait tolérer au sein du peuple de Dieu une multitude de personnes qui n’avaient que faire de la Confession de foi et qui refusaient de conformer leur vie aux exigences bibliques. Ainsi pour Viret, le vrai membre d’église était celui qui, après avoir confessé publiquement sa foi, soumettait sa vie aux exigences de la Parole de Dieu avec joie et amour pour son Dieu en considérant chaque événement quotidien comme un moyen de progresser dans sa marche chrétienne.

[1] Cité in Philippe Godet, Pierre Viret, Payot, Lausanne, 1892, p.65-66

[2] ibid. p.65-66

[3] ibid. p.66

[4] Cité in ibid. p.81

[5] Cité in Henri Vuilleumier, Notre Pierre Viret, Payot, Lausanne, 1911, p.142

[6] Verheiden, Praestantium aliquot theologorum effigies, cité in Jacques Cart, Pierre Viret le Réformateur vaudois, Librairie Ls Meyer, Lausanne, 1864, p.129.

[7] Cf. à cet égard la lettre de Viret à Calvin in Henri Jacquemot, Viret le réformateur de Lausanne, Strasbourg, Imp. Silbermann, 1836, p.39

[8] Dominique-Antonio Troilo, Pierre Viret et l’anabaptisme, Association Pierre Viret, Lausanne, 2007, p.168

[9]  Discours de Jean Barnaud in Le Jubilé de Pierre Viret, Lausanne-Orbe, Pache, 1911, p.61.

[10] Pierre Viret, Des clefs de l’Église et de l’administration de la parole de Dieu …, Genève, Jean Rivery, 1564, p.8.

[11] « Cependant nous devons noter, sur ce qui a été dit des chiens, et des pourceaux, que l’Église n’a pas commandement de tenir pour tels, tous ceux qui le sont à la vérité ; ainsi seulement ceux-là lesquels elle connaît être vrais chiens, et vrais pourceaux, en tant qu’ils se déclarent tels, par leurs forfaits, et méchante vie. Car ce n’est point à elle de juger des choses inconnues et cachées, qui sont réservées au jugement de Dieu. Car comment pourrait-elle prononcer sentence, contre ceux desquels la méchanceté est encore cachée, sous apparence et couverture de religion, par eux feinte et simulée ? » Pierre Viret, Du vray ministère de la vraye Église de Jésus-Christ, et des vrays sacrements d’icelle, Genève, Jean Rivery, 1560, pp.34-35.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)