Pauvreté dans le tiers-monde, un défi à relever!

Mozart Dino KILE, âgé de 35 ans, est marié à Sephorah. Ils ont quatre enfants dont un garçon et trois filles. Diplômé en langue et littérature anglaise de l’Institut Supérieur Pédagogique de la CECA-20 à Bunia (RDC) en 2000, il est également diplômé en théologie en juillet 2004 à ISTB (Institut Supérieur de Théologie à Bunia. Actuellement, il poursuit ses études de maîtrise en missiologie à la NEGST (Faculté Théologique de Nairobi, Nairobi Evangelical Graduate School of Theology) à Nairobi.

Il a enseigné pendant quelques années l’anglais dans des écoles et des centres d’apprentissage à Bunia. Pendant quelques années, il a été traducteur à la Compassion Internationale. Mozart Dino Kile fait partie de la Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique (CECA-20), affiliée à l’ECC (Eglise du Christ au Congo). Il encadre les jeunes de sa communauté et il est aussi animateur et prédicateur à la radio chrétienne de l’église.

Comprendre la pauvreté

Le concept de « pauvreté » est relatif et ambigu : en effet, il dépend d’un milieu à l’autre, d’une circonstance à l’autre, d’une situation socioéconomique à l’autre. Ainsi, ce qui est « pauvreté » dans un milieu donné ne l’est pas nécessairement dans un autre. C’est dans ce sens que Wolfgang Stegmann suggère que le terme « pauvre » indique une place dans la société qui est identifiable par des critères matériels et sociaux1. Cette place n’est pas un accident, elle est déterminée par la structure sociale2. Autrement dit, pour bien saisir le concept de « pauvreté », mieux vaut se placer sur le terrain social et naturel, à partir de la relation qu’un individu entretient avec son environnement. Mais aussi il est à noter que, dans chaque société, on rencontre des personnes qui ne peuvent absolument pas être en mesure de subvenir à leurs besoins primordiaux — entendez par là logement, nourriture, vêtement, etc. Ils sont pauvres par rapport à eux-mêmes, n’ayant aucun espoir de vie, étant misérables ; ils doivent ainsi lutter pour leur propre survie et avec beaucoup de peine3. Il s’agit là des pauvres « absolus ».

Plutôt que de définir les « pauvres », John Stott préfère les classifier. Il les catégorise sur le plan social, économique et spirituel :
– Socialement parlant, il suggère qu’il existe des personnes pauvres à cause des oppressions qu’elles subissent de la part de ceux qui sont plus puissants qu’elles.
– Sur le plan économique, sont appelés « pauvres » des personnes matériellement dépourvues. John Stott les appelle aussi des « indigents ».
– Sur le plan spirituel, il est question des pauvres humbles qui reconnaissent leur manque de soutiens et n’ont qu’à fixer leurs regards sur Dieu seul en vue de leur salut4.

L’idée de base liée à la tentative de comprendre la pauvreté demeure, à mon avis, une incapacité de subvenir à un besoin fondamental, bien que, là encore, un besoin dépende aussi de la vision du monde que des gens possèdent. Parfois nous sommes si prompts à qualifier de « pauvre » une personne parce que nous la comprenons selon notre vision du monde, plutôt que selon la sienne. En guise d’exemple, dire qu’un pygmée (de la forêt équatoriale de la RDC5) est pauvre simplement parce qu’il est couvert d’une écorce d’arbre comme cache-sexe ou qu’il habite une hutte construite à base de feuilles d’arbre, parce que son village est dépourvu d’une école ou d’un centre de santé, serait une erreur monumentale. La vérité est que ce pygmée a sa manière de concevoir les choses, entre autres le concept de « pauvreté ». Pourtant, un pygmée, vivant dans sa forêt, se trouve dans un paradis, ne se souciant de rien : telle est, en réalité, sa vision du monde, très différente de la nôtre ! Le priver de la forêt serait un crime et accélérerait sa mort !

En conclusion, on est pauvre quand on ne possède pas ce dont on a besoin, que ce soit matériel ou spirituel.

La pauvreté matérielle

Avec le développement sur le plan scientifique, intellectuel, économique, matériel, etc., les pays qui ne se sont pas hissés au rang des pays soi-disant « développés », appartiennent à la zone appelée le « tiers-monde », dont la pauvreté est une des caractéristiques principales. Selon le pasteur Paul Mbunga Pindi, la pauvreté matérielle caractérise le tiers-monde ; elle se montre par le manque d’hygiène, la malnutrition, les épidémies, l’absence d’assurance médicale, le manque d’écoles bien construites pouvant offrir de bonnes conditions d’éducation6. Il ajoute que les riches arrogants d’Afrique et du tiers-monde sont inclus dans le cercle de la pauvreté. Cette dernière idée paraît contradictoire. Mais à y regarder de plus près, on constate que la pauvreté dont il est question ici est liée à une certaine mentalité.

En outre, les conséquences de la pauvreté ne se limitent pas seulement aux personnes qui en sont victimes. Elle peut affecter le voisin par plusieurs moyens. Martin Wolf suggère ainsi qu’en Afrique (et dans le reste du tiers-monde), la pauvreté contamine le voisinage par la propagation des maladies, par l’exode rural vers les grands centres urbains7.

La pauvreté en Afrique prend une allure héréditaire en ce qu’elle est liée à la malnutrition. Elle handicape le raisonnement de l’homme. En effet, le cerveau humain atteint 90 % de sa structure normale de développement pendant les quatre premières années de la vie. Pendant cette importante période de croissance, le cerveau est exposé à un haut risque : il est très vulnérable à la déficiente nutritionnelle – une déficience susceptible d’avoir un impact négatif sur la capacité mentale future de l’enfant. Une fois le cerveau victime d’un tel dommage, un traitement curatif sera inenvisageable. Le plus grand danger est qu’à l’âge adulte, cette déficience d’enfance peut se répercuter sur la famille de l’individu8. Les famines et la malnutrition ont rendu en Afrique et dans le tiers-monde beaucoup de gens incapables de réfléchir profondément sur leur condition de vie. C’est une des causes qui empêchent l’épanouissement de ces pays.

La pauvreté spirituelle

Nous avons défini les « pauvres » au sens spirituel comme ceux qui, humblement, reconnaissent leur manque de soutiens et n’ont qu’à compter sur Dieu pour leur salut. La Bible aussi parle des pauvres en esprit (Mat 5.2). Cette pauvreté indique le besoin que l’homme manifeste de recevoir la Parole de vie. Il s’agit à la fois de sa propre limitation dans sa connaissance de Dieu, et en même temps de son vif désir à saisir la Parole de Dieu. Dans l’Ancien Testament, un tel homme est identifié par le mot hébreu anaw qui apparaît 18 fois, dont 11 fois dans les Psaumes9. C’est un homme humble et gentil. L’accent est plus mis sur la pauvreté comme une attitude spirituelle. Le royaume des cieux appartient justement à de telles personnes, royaume dont nous sommes tous invités à devenir membres. Evidemment, Dieu subvient aux besoins des ses enfants ; il leur donne tout si ceux-ci recherchent tout d’abord son royaume et sa justice (Mat 6.33). La Bonne Nouvelle du royaume et sa représentation en Jésus aussi bien que dans la communauté qui partage pleinement sa vie, tombe comme un jugement sur un monde dont le système social est corrompu. Les valeurs de ce monde ainsi que ses structures, sont renversées et mises en doute par la nature même du royaume de Dieu. Un nouvel ordre, une nouvelle structure, est en place et tout le monde y est invité. Quiconque s’ouvre à ce règne de Dieu peut y prendre part par la grâce qui lui est offerte, le partage d’une nouvelle vie avec Dieu10.

Il convient de mentionner ici que bien que la pauvreté, les épidémies, la guerre, etc., constituent des graves maux pour le tiers-monde, elles concourent pourtant à ouvrir les âmes à Christ. Cela ne veut pas dire que ces phénomènes doivent être pris pour justifier l’injustice et l’oppression dans le monde en général et dans le tiers-monde en particulier. Au cœur même de la pauvreté du tiers-monde, il y a de magnifiques valeurs humaines. Antonia Leonora Van Der Meer est de mon avis, en résumant ces valeurs par la solidarité et l’hospitalité11. Elle ajoute même qu’apporter l’amour et le salut qui sont en Christ aux pauvres exprimerait une transformation personnelle très profonde12.

Les causes de la pauvreté dans le tiers-monde

Les causes de la pauvreté dans le tiers-monde sont multiples et variées. Elles peuvent être groupées en deux grandes catégories, à savoir les causes naturelles et les causes humaines.

Par « causes naturelles » j’entends les phénomènes tels que le désert, les feux de brousse, les éruptions volcaniques, les séismes, les invasions d’insectes (criquets), les crues, les cyclones, et j’en passe. Ces phénomènes sont imprévisibles, car ils ne dépendent pas de l’homme, étant eux-mêmes au-delà de son contrôle. En vérité, ils rendent la vie des habitants d’une région difficile, voire même impossible. Le désastre du tsunami en Asie est un exemple parlant, auquel je pourrais même ajouter celui des pluies torrentielles qui s’étaient abattues sur un quartier de Kinshasa en novembre dernier que les journalistes kinois13 avaient baptisé « Madame la pluie ». Très furieuse, ladite « dame » avait emporté des vies humaines et des biens matériels comme des maisons, des véhicules, etc. Mugisa Kapiteni et sa sœur Violette Kapiteni14 avaient échappé de justesse à la mort la nuit du passage de la « dame » en question. Etant profondément endormis, Mugisa et surtout Violette s’étaient subitement retrouvés à l’extérieur, couchés dans l’eau, celle-ci les ayant dépouillés de tout sur son passage : tous les effets de la maison avaient été emportés, y compris leur argent de poche, leurs habits, leurs notes des cours, etc. ; plus encore, la maison s’été écroulée. Leurs parents, pourtant étudiants et financièrement limités, s’étaient retrouvés contraints de faire l’impossible pour venir à la rescousse de leurs pauvres enfants victimes du pillage de la « dame ».

Quant aux causes dites « humaines », il s’agit de l’irresponsabilité de l’homme, de l’aveuglement et de l’ignorance, du manque du patriotisme, du manque de volonté à sortir de cet état. La réflexion du pasteur Paul Mbuga Mpindi est bien pertinente à ce propos. A la question : Pourquoi l’Afrique et le tiers-monde sont-ils particulièrement reconnus ‘pauvres’ ? Mpindi avance que c’est parce que les peuples du tiers-monde le veulent ainsi. Ils souffrent d’une maladie qui les renferme dans une logique de la pauvreté et de la misère15. Au fond, il s’agit là d’une mentalité qui rend le peuple du tiers-monde irresponsable vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis du Créateur. A cela s’ajoute ce que John Stott appelle « paresse » quand il indique que la paresse est aussi une source de pauvreté16. Il a bien raison car c’est ce que disent les Ecritures saintes (Prov 6.6-11 ; 24.30-34).

Certaines autres causes sont dues à l’oppression de l’homme, cet homme qui est « un loup pour l’homme »17. Il s’agit de l’injustice sociale, de la guerre, de la discrimination, de la violence : tout cela constitue un défi pour la mission de l’église aujourd’hui18.

La RDC regorge d’énormes potentialités pour son développement. Un simple regard sur sa richesse en faune et flore suffit pour illustrer cette vérité. Ce pays possède les atouts nécessaires pour se hisser au rang des pays les plus riches du monde. Hélas, la RDC se retrouve parmi les pays les plus pauvres de la planète ! N’est-ce pas paradoxal ? Mbunga a bien raison de s’exclamer en ces termes : « Mais, frères et sœurs, est-il possible que l’Afrique, ce jardin d’Eden, soit pauvre ? Est-il possible que nos enfants aillent leur chemin le ventre creux et l’esprit tourmenté ? Trouve-t-on ailleurs dans le monde un climat si propice à la vie et à l’activité économique ? Trouve-t-on ailleurs dans le monde un sous-sol aussi riche ? Mais pourquoi avec un climat si propice, un sol et un sous-sol riches, l’Afrique est-elle encore à la queue du monde entier ? » 19

Ainsi qu’on peut le constater, les habitants des pays du tiers-monde, bien que dotés de grandes richesses naturelles, souffrent de biens des maux, certains liés à eux-mêmes, d’autres conséquences de la convoitise des pays nantis.

Comment sortir de la pauvreté ?

Il est facile de déclarer que la pauvreté peut être éradiquée par un afflux d’aide étrangère en direction des pays du tiers-monde. L’aide en soi est bonne, dans la mesure où elle constitue un signe de sympathie et d’encouragement en faveur du nécessiteux. Pourtant, il apparaît que l’aide ne peut pas être une solution durable vis-à-vis du problème de la pauvreté dans le tiers-monde.

A mon humble avis, pour sortir de la pauvreté, il faudrait un changement radical de mentalité et d’attitude de la part de l’homme du tiers-monde et de l’Africain en particulier. Avant d’envisager une nouvelle orientation mentale, il s’avère nécessaire de pénétrer le fond de la vision du monde du peuple concerné. Par essence, le peuple africain est un peuple avec des couleurs culturelles très variées. En lui s’illustre bien l’interpénétration entre la culture et la vision du monde. Par « vision du monde », j’entends le degré le plus profond des présuppositions sur lesquelles un peuple vit sa vie, degré difficile à saisir de prime abord, mais qu’il faudrait pourtant atteindre coûte que coûte si l’on veut un changement radical. C’est alors qu’on saura apprendre à l’homme africain et à celui du tiers-monde, comment voler de ses propres ailes. N’est-ce pas un adage chinois qui dit à ce propos : « Si tu me donnes un poisson, je le mangerai un jour ; mais si tu m’apprends à pêcher, je n’aurai plus faim. »

Comprendre la vision du monde de l’Africain s’avère impératif pour contextualiser l’Evangile. Mbuga garantit que le moyen pour remédier au problème de la misère chez l’Africain est que ce dernier intègre dans son être, dans son âme, la triple réalité du retour vers Dieu, du retour vers lui-même, et du retour vers le monde dans lequel Dieu l’a placé comme gérant20.

Ainsi donc, j’estime que l’éducation est la clé du problème pour remédier à la pauvreté dans le tiers-monde, dont l’Afrique et mon cher pays, la RDC. Cela n’exclut pas l’aide étrangère : le tiers-monde en a besoin dans la mesure où ces aides doivent aider à conduire vers l’indépendance et l’autonomie, vers un changement de mentalité et le refus de la misère.

1Wolfgang Stegmann, The Gospel and the Poor, Fortress, Philadelphia, 1984, p. 13.
2Conrad Boerm, The Rich, the Poor and the Bible, The Westminister Press, Philadelphia, 1978, p. 3.
3Ibid., p. 14.
4John Stott, Issues Facing Christians Today : A Major Appraisal of Contemporary, Social and Moral Question, Marshall, London, 1984, p. 216.
5RDC est le sigle pour la République Démocratique du Congo
6Paul Mbunga Mpindi, Le Pasteur et ses problèmes, s.l.: Perspectives Réformées Internationales, 2003, p. 38-39.
7Martin Wolf, The Financial Times, 12 January 2005.
8Estelle Rounter and Hugh Halverstadt, Sometimes They Cry, Friendship, New York, 1970, p. 28.
9Conard Boerma, The Rich, the Poor and the Bible, p. 8.
10« Christian Witness to the Urban Poor », in Lausanne Committee for World Evangelization, Pattaya, Thailand, 1980 ; disponible sur http://www.gospelcom.net/lcwe/ LOP/ lop22.htm ; consulté le 15 mars 2005.
11Antonia Leonora Van Der Meer, « The Scriptures, the Church, and Humanity : Who Should do Mission and Why ? », Global Missiology for the 21st Century : The Iguassu Dialogue, édité par William D. Taylor, Baker Academic, Grand Rapids, Michigan, 2000, p. 154-155.
12Ibid. p. 397.
13« Kinois » se réfère aux habitants de Kinshasa, la capitale de la RDC.
14Mugisa Kapiteni et Violette Kapiteni sont respectivement étudiants à l’Université de Kinshasa et à l’Institut Supérieur de Technique Médical de Kinshasa. Ils sont enfants du Pasteur Choro Kapiteni, étudiant à la NEGST (Faculté de Théologie Evangélique, Nairobi Evangelical Graduate School of Theology) au Kenya.
15Mpindi, p. 39.
16Stott, p. 216.
17« L’homme est un loup pour l’homme » est la traduction de l’expression latine homo homini lupus.
18Taylor, p. 152.
19Mpindi, p. 40.
20Paul Mbunga Mpindi, p. 41.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)