Paul, l’anti-modèle pour aujourd’hui

Joël Prohin est marié avec Anne et père de deux filles. Il travaille dans la finance, tout en s’impliquant activement dans son église locale, en région parisienne, et en collaborant à diverses revues ou commentaires bibliques.

Rome, automne 67 1. Une sombre prison. Dans sa cellule, un homme écrit, penché sur son écritoire. Il a froid. Il est seul. Il vient d’être condamné. Il va mourir bientôt. Autrefois, il était reconnu, considéré, admiré, entouré. Il a connu des succès retentissants. Tout cela a disparu.

Cet homme a consacré sa vie à enseigner – maintenant, son enseignement est remis en question, critiqué, falsifié. Il s’est dévoué au service des autres ; il a aidé, matériellement, spirituellement, de nombreuses personnes – on l’a oublié, si même on ne s’est pas détourné de lui : à Rome, où il pouvait nommer en détail de nombreuses connaissances avant même d’y être allé, plus personne ne semble se soucier de lui. Il a été honoré – on le calomnie, on l’accuse faussement.

Que dirait-on d’un tel homme en 2007 ? C’est un « loser », quelqu’un qui a raté sa vie, un « has-been »… Mais lisons par-dessus son épaule. Qu’est-il en train d’écrire à un de ses amis les plus chers ? « Je n’ai point de honte, car je sais en qui j’ai cru. […] J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là. » (2 Tim 1.12 ; 4.7-8). Sont-ce là les paroles d’un désespéré ? En rien ! Le prisonnier du cachot romain se considère comme un vainqueur ! Certes, les apparences sont trompeuses, mais il sait voir au-delà. Il est pauvre, mais il a enrichi de nombreuses personnes en leur apportant le trésor de la vie éternelle. Son enseignement est rejeté, mais il aura une influence unique dans le monde entier. Il est seul, mais il va bientôt rejoindre la glorieuse compagnie des saints endormis en attendant une éternité avec son Seigneur et la foule innombrable de ses rachetés. Il est méprisé, mais il sait que son Maître lui a réservé une récompense bien méritée.

Paul, vu d’aujourd’hui, n’est pas précisément le genre de personne qui reviendrait souvent dans la catégorie « people » des magazines. Qui voudrait prendre pour modèle un homme qui finit si misérablement sa vie ? Et pourtant, lui-même, inspiré par l’Esprit Saint se présente à plusieurs reprises dans ses lettres comme un modèle à imiter. A partir du contexte de ces différents passages, nous allons chercher des indications sur la façon de suivre l’exemple de Paul aujourd’hui. Et ainsi, comme le disait l’auteur de l’épître aux Hébreux, faisant peut-être allusion au grand apôtre dont les thèmes sont souvent si proches des siens, nous nous souviendrons de ce conducteur qui nous a annoncé (par lettres interposées) la parole de Dieu ; et ayant considéré quelle a été la fin de sa vie, nous pourrons imiter sa foi (Héb 13.7).

1. Un modèle de vie au quotidien

« Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à la charge d’aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en ayons le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. » (2 Thes 3.7-9)

L’exemple de Paul

Les Thessaloniciens avaient connu une conversion radicale : en peu de temps, ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu et spontanément, sans attendre, ils étaient devenus :

– individuellement, des « imitateurs [de Paul] et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup d’afflictions, avec la joie du Saint-Esprit » (1 Thes 1.6) ;
– collectivement, des « imitateurs des églises de Dieu qui sont en Jésus-Christ dans la Judée », parce que eux aussi, avaient souffert de la part de leurs propres compatriotes les mêmes maux qu’elles avaient soufferts de la part des Juifs (1 Thes 2.14).

C’est le témoignage que Paul leur rend dans la première lettre qu’il leur adresse de Corinthe en 51. Mais une mauvaise compréhension des conséquences du retour du Seigneur amène Paul à leur adresser peu de temps après (en début 52) une seconde lettre, où il est obligé, non plus de louer leur conduite, mais de se présenter comme un exemple vis-à-vis de certains Thessaloniciens. En effet, certains d’entre eux semblaient avoir arrêté de travailler, « vivant dans le désordre », peut-être dans l’attente d’un retour rapide de Jésus-Christ.

Or Paul et ses compagnons leur avaient montré l’exemple pendant les quelques semaines passées à Thessalonique : alors que comme prédicateurs de l’évangile, ils auraient eu droit à un soutien légitime de la part des membres de l’église, ils avaient préféré travailler pour leur gagne-pain tout en prêchant la Parole.

Le modèle pour aujourd’hui

Notre premier devoir chrétien est de soigner notre conduite dans la vie quotidienne. N’arrive-t-il pas qu’on soit déçu de constater qu’un serviteur de Dieu, qui prêche avec éloquence, est loin de mettre en pratique ses belles paroles dans le cadre de son foyer ? Une conduite irréprochable doit aller de pair avec le service pour le Seigneur et Paul a toujours été très attentif d’allier les deux (cf. par ex. 2 Cor 6). Ne croyons jamais être autorisés à compenser nos défaillances dans nos relations conjugales, parentales, familiales ou professionnelles par une activité « spirituelle » ; au contraire, mettons en règle notre vie à la maison et au bureau avant de chercher un service plus loin.

Un autre enseignement de ce texte tient à l’équilibre de la vie de Paul : il travaille « paisiblement » pour sa subsistance (v. 12) et il sert le Seigneur en même temps. Dans notre société occidentale, il est de plus en plus difficile de mener les deux de front : les exigences économiques font qu’on demande toujours davantage des travailleurs et que le temps disponible pour le Seigneur, pour l’église, pour l’évangélisation, s’amenuise ; alors on laisse cela aux « spécialistes » à plein temps. Ce n’est pas l’exemple que Paul nous donne ici. Revisitons nos priorités !

2. Un modèle de renoncement

« Soyez tous mes imitateurs, frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. » (Phil 3.17)

L’exemple de Paul

C’est de sa première captivité romaine que Paul écrit à l’église de Philippes une lettre au ton très personnel (début 63). Dans le chapitre 3 de cette lettre, il rappelle ce qu’il a été autrefois : « quelqu’un de bien », un Juif impeccable, avec toutes les lettres de créance possibles (v. 4-6). Il en était même venu à persécuter l’Eglise… Mais tout cela, d’une part, il l’a laissé de côté, considérant tous ses anciens privilèges comme « une perte », « de la boue » (v. 7-8) ; d’autre part, il se tourne chaque jour résolument vers Christ pour avancer dans sa connaissance et sa communion (v. 8-14).

Pensons à ce que Paul a laissé de côté : le confort d’une position reconnue de rabbin juif, avec les émoluments afférents, la possibilité d’une vie de famille « normale », la fidélité à ses racines, etc. Tout cela pour suivre un Juif méprisé, crucifié, dont lui-même avait été autrefois un des plus vifs opposants ! D’aucuns auraient jugé qu’il avait lâché la proie pour l’ombre. Mais il a devant lui un prix à gagner – plus encore, une personne ressuscitée à qui s’attacher !

Mais tous – y compris parmi les Philippiens – n’avaient pas les mêmes objectifs ou les mêmes motivations (cf. 1.18) et Paul est obligé de constater des différences d’opinion (2.1-5 ; 3.15-16), des disputes entre sœurs (4.2), des conduites charnelles (3.18-19 ; 2.21). C’est pourquoi il se présente comme un exemple pour tous.

Toutefois Paul est conscient de ne pas être le seul à suivre fidèlement le Seigneur et après Timothée (2.19-22) ou Epaphrodite (2.29-30), il évoque d’autres chrétiens qui sont déjà ses imitateurs (3.17). Paul n’est jamais tombé dans le syndrome d’Elie qui s’était cru le seul à être resté fidèle (1 Rois 19.14).

Le modèle pour aujourd’hui

Ce chapitre 3 est riche de multiples enseignements pour nous. Pour avancer dans notre vie chrétienne, comme Paul, il est nécessaire de se libérer de certaines entraves ; citons-en trois :

– Renoncer aux privilèges de naissance : Il est facile de penser au rang social, car l’évangile est d’abord annoncé pour (et surtout reçu par) les pauvres. Mais on peut également y ranger les privilèges « ecclésiastiques » : qu’il est facile de se glorifier d’une ascendance chrétienne, de son assiduité à l’église, de sa connaissance livresque… Ces « acquis » sont tout aussi bons que pouvait l’être la connaissance de l’A.T. reçue par Paul aux pieds de Gamaliel, mais quand ils deviennent une gloriole, il faut savoir ne plus s’y attacher.

– Renoncer aux ombres du passé : Qu’aurait-on conseillé aujourd’hui à un ex-persécuteur ? Certainement de suivre une thérapie approfondie pour se libérer de ses sentiments de culpabilité, pour se sentir accepté inconditionnellement par Dieu, etc. Or Paul a préféré laisser tout cela « en arrière » (v. 13). Faisons comme lui et évitons autant que possible de remuer les fantômes d’un passé auquel nous ne pourrons rien changer de toute façon. Et tournons-nous vers le but, l’avenir.

– Renoncer au perfectionnisme : Paul sait qu’il n’a atteint ni le but, ni la perfection. Pour autant, cela ne l’empêche pas « d’en vouloir » et de chercher à grandir encore et toujours dans sa vie chrétienne. Imitons ce désir, en renonçant au mythe inaccessible d’une perfection atteinte sur la terre, tout comme à la satisfaction d’avoir atteint ce qu’on estimerait être un niveau « suffisant ».

3. Un modèle de dévouement

« Ce n’est pas pour vous faire honte que j’écris ces choses ; mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. Car, même si vous aviez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez cependant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’évangile. Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. » (1 Cor 4.16)

L’exemple de Paul

Les Corinthiens se divisaient : les uns se réclamaient de Paul, d’autres de Pierre, d’autres encore d’Apollos, etc. L’apôtre qui, d’Ephèse où il se trouvait (en 56), avait eu vent de la situation, remet donc les choses au point :

– Les uns et les autres ne sont que des serviteurs2, au service du même Maître (v. 1).

– Les jugements que l’on porte sur la terre sont imparfaits : Dieu seul, qui lit dans les cœurs, peut apprécier valablement le travail de chacun (v. 2-7), qui ne sera de toute façon que le produit de ce que Dieu a donné à chacun par grâce.

– La conduite des apôtres, de Paul en particulier, était en total contraste avec celle des Corinthiens. Au lieu de se disputer pour des leaders, mieux valait pour eux les imiter un peu plus.

– Enfin, les Corinthiens avaient été évangélisés par Paul lui-même et, de même qu’un jeune garçon cherche à imiter son père, ils auraient dû davantage chercher à ressembler à leur père spirituel. D’où le ton pressant de Paul : « Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. »

le modèle pour aujourd’hui

Dieu n’appelle pas forcément chacun de nous aux mêmes renoncements que l’apôtre, dont l’appel et le service étaient tout à fait particuliers. Cela étant, Paul nous donne un modèle de dévouement pour le service du Seigneur qu’il est utile de méditer.

– Paul avait renoncé au confort matériel. Or qui, en Occident, connaît pour Christ « la faim, la soif, la nudité » (v. 11) ? Ne devons-nous pas reconnaître, au contraire, que nous sommes esclaves de notre recherche effrénée de toujours plus de confort ? Le matérialisme est sans doute un des plus graves dangers que court l’Eglise dans nos pays nantis : on sacrifiera beaucoup de temps et d’énergie pour acquérir le dernier gadget à la mode, alors que l’œuvre du Seigneur est délaissée…

– Paul s’appuyait sur des actes, pas sur de belles paroles (v. 19-20). Un chrétien fidèle devrait être tout sauf une chiffe molle, un indécis ou un vantard. Faire plus qu’on ne dit pourrait être une règle d’or.

– Paul savait que les dons qui pouvaient le distinguer n’étaient que dons de Dieu (v. 7). A une époque où mettre en avant « ses expériences avec le Seigneur », ce qu’on a fait, vécu, construit, etc., prend parfois le pas sur la simple « dispensation » de la Parole (v. 1-2), il est bon de rappeler que tout ce que nous avons pu faire pour Dieu, c’est au fond lui qui l’a fait par nous.

Mais Paul savait aussi que ce dévouement aurait sa récompense. Ce n’était pas maintenant le temps du règne, mais il viendrait un jour où le juste Juge saurait reconnaître publiquement ses serviteurs fidèles. Quel encouragement aussi pour nous !

4. Un modèle d’amour pour les autres

« Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. […]
Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » (1 Cor 10.31-11.1)

L’exemple de Paul

Une seconde fois dans cette lettre, Paul se présente comme un modèle. Il vient de faire un long développement sur le sujet des viandes et, plus largement, sur la liberté chrétienne (ch. 8 à 10). Il a eu soin de rappeler que notre liberté s’arrête là où commence la faiblesse de notre frère « pour lequel Christ est mort » (8.11) ; aller au-delà est grave : c’est pécher « contre Christ », rien moins !

En conclusion, il rappelle une série de garde-fous de notre liberté. Non qu’il faille la restreindre : « Tout est permis », dit-il clairement (1 Cor 6.9-12 ; 10.23). Mais le privilège du chrétien est justement d’être libre de choisir le meilleur, ce qui fait du bien à mon frère, non par contrainte, mais par amour. Alors, il restreindra librement le champ des possibles en examinant si ce qu’il se propose est 1° utile, 2° édifiant (v. 23), 3° dans l’intérêt d’autrui (v. 24-29), 4° fait avec actions de grâces (v. 30), 5° pour la gloire de Dieu (v. 31).

Le modèle pour aujourd’hui

Nous vivons dans un siècle qui prône l’individualisme. Il faut d’abord chercher à « se réaliser soi-même », à « prendre du temps pour soi ». L’autre sera, au mieux, un faire-valoir ou un ingrédient de mon propre bonheur, au pire un rival ou un obstacle à écarter. Quel contraste avec la tendre délicatesse de Paul pour des chrétiens peu matures qui n’avaient pas compris que les viandes ne devaient pas être un critère de vie spirituelle ! Il est prêt à renoncer à manger pour ne pas scandaliser.

Les viandes ne sont peut-être plus aujourd’hui un sujet « chaud » comme elles l’étaient à Corinthe3 , mais il est facile de trouver d’autres applications très actuelles, comme les loisirs, l’habillement, etc. Ces textes ne doivent pas être pris comme un moyen de pression de la part de chrétiens légalistes pour imposer leurs vues étroites, mais comme un encouragement à vivre les situations de la vie de chaque jour en prenant en compte ce que ressent, ce que comprend, ce que vit mon frère, ma sœur. C’est cela, au fond, vivre cette unité de l’Eglise de Jésus Christ si bien représentée par le seul pain de la cène (v. 17). Cherchons donc un peu plus à nous adapter à tous et demandons un peu moins aux autres de s’adapter à nous (v. 33, Semeur)…

Conclusion

Pourquoi Paul nous demande-t-il à quatre reprises de l’imiter, lui, et non pas d’imiter directement notre Seigneur ? Après tout, notre modèle est Jésus Christ, pas un homme comme Paul qui a eu ses faiblesses comme les autres !

Tout d’abord, nous avons à imiter Paul car lui-même cherchait à imiter le Christ : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ », dit-il clairement dans le quatrième texte cité. Si on nous fait un procès injuste, il est certain que nous aurons plus de profit à imiter notre Seigneur devant Caïphe et Pilate, que Paul devant le sanhédrin (Act 23). Mais, au-delà des quelques manquements de l’apôtre, il nous laisse le témoignage d’un homme qui a suivi son Maître de tout son cœur.

De plus, il est bien conscient qu’il n’est pas le seul à imiter Christ et à pouvoir se présenter comme modèle : les Thessaloniciens avaient aussi vu Silvain (Silas) et Timothée, que Paul s’associe ; les Philippiens avaient d’autres croyants fidèles qui marchaient déjà selon le modèle de Paul ; aux Corinthiens, Paul envoie Timothée, dont il souligne les qualités. Chaque chrétien a sa façon particulière d’imiter son Seigneur et nous avons besoin de plusieurs modèles pour nous inspirer. Sachons relever chez chacun ce qui en lui reflète Christ pour chercher à notre tour à le reproduire. Cette imitation ne sera pas du mimétisme, mais plutôt une inspiration à mieux vivre tel ou tel aspect de la vie chrétienne4.

Enfin, les exhortations de Paul sont encourageantes : le Seigneur pourrait nous paraître inaccessible dans sa perfection. Or il y a eu un homme qui a pu, sans orgueil déplacé, se présenter comme un imitateur de Christ, en se sachant encore faillible, mais néanmoins en se portant devant, comme guide pour des générations de lecteurs. Oui, suivons Paul, cet « anti-modèle », pour mieux suivre Jésus !

Notes
1 La chronologie de la vie de l’apôtre Paul peut varier d’un ou deux ans, selon les hypothèses retenues. Les dates mentionnées dans cet article correspondent à la chronologie dite « longue », qui me semble mieux coller avec les divers déplacements de l’apôtre. Pour une étude plus complète du sujet et des indications bibliographiques, voir A. Kuen, Introduction au Nouveau Testament, Les épîtres de Paul, éd. Emmaüs, p. 45-52.
2 Le terme grec utilisé signifiait à l’origine « rameur de second rang ». Il semble avoir la connotation de serviteur d’un rang particulièrement humble.
3 Bien que le sujet de l’usage (modéré) de boissons alcoolisées soit encore chaudement débattu…
4 L’auteur de l’épître aux Hébreux enjoint d’imiter la foi des conducteurs et de se rappeler la Parole qu’ils ont annoncée, mais pas de reproduire leurs tics !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)