Participer à la mission de Dieu, pari gagnant sur l’avenir

Réfléchir à son avenir, c’est comme rechercher une direction cohérente à sa vie. Or, rien n’est plus cohérent que la pensée et l’action de Dieu. C’est donc tout naturellement que le chrétien se tourne vers lui pour trouver un sens à tout ce qu’il est et fait. Mais comment s’y prendre ? Une certaine vision de Dieu en mission pourrait être la clé. Ce qui demande d’opérer un changement de paradigme, pas toujours évident.

Nelly, une jeune femme de notre église locale s’est approchée de nous, mon épouse et moi, après un culte, et nous a dit : « Je voudrais être missionnaire, mais je ne sais pas trop. Il faudrait que je quitte mon travail. Qu’en pensez-vous ? » Dans une atmosphère ecclésiale souvent centrée sur elle-même et ses problématiques internes, quelle bouffée d’air frais que d’entendre un jeune considérer cette voie ! Puisse chaque chrétien, quelque soit son âge et sa santé, se la poser au moins une fois dans sa vie !

Comment savoir si l’on a « l’appel » ? Faut-il vraiment entendre une voix du ciel (ou intérieure) pour se lancer ? Ne sommes-nous pas tous appelés à obéir au mandat missionnaire de notre Seigneur (Mat 28.18-20) ? Mais comment ? Et par où commencer ? Explorons quelques pistes de conversation possibles, tirées de notre expérience.

  1. Quelles sont mes motivations ?

La question fondamentale préalable est : mes motivations personnelles pour la mission rejoignent-elles et servent-elles la motivation de Dieu ?

Voyager

Certes, cela fait partie de l’aventure, mais que mettre derrière ce mot ? Dans notre Occident assoiffé de loisirs, nous l’associons positivement au tourisme. Mais les plaisirs d’un court séjour ne présagent pas de la vie quotidienne au long terme.

De plus, dans le reste du monde (la majorité de la population mondiale !), « voyager » peut signifier quitter ses racines pour une vie prétendue meilleure.

Devenir meilleur

Certaines personnes s’imaginent qu’elles s’amélioreront une fois sur le champ ou pourront « repartir de zéro ». La réalité du terrain montre que nous emmenons toujours « là-bas » ce que nous sommes déjà « ici ». Et puis, nous voulons souvent bien changer… mais à nos conditions. En revanche, l’expérience missionnaire changera souvent ce que nous ignorions de nous-mêmes. Ou ce que nous gardions bien enfoui, de peur que cela ne se voie. Nous ne sommes jamais prêts à être brisés et remodelés en perdant le contrôle de notre vie. Mais cela est une grâce de Dieu.

Servir et aider

Aïe ! c’est peut-être l’un des préjugés les plus subtils à travailler. Les bonnes intentions ne sont pas forcément nos alliées dans le combat. Les autochtones seraient les victimes démunies et moi, je viendrais apporter la solution. Pensée secrète, mais tenace, qu’il nous faut apporter à la croix. La croix est le lieu qui rappelle notre faiblesse et notre impuissance à nous sauver nous-mêmes, encore plus à « sauver » les autres. La mission à long terme, à notre grande déconvenue, fait souvent ressortir tout ce qu’il y a de pire en nous. Mais servir Dieu, en particulier loin de chez soi, fournit une occasion effrayante et formidable : celle de permettre à l’Esprit de Jésus de mettre à découvert, pour l’éliminer, ce que le confort d’un environnement familier permet de gommer en surface. Et cela aussi est une grâce.

* * *

Le travail sur les motivations est riche en découvertes. Certains imaginent déjà leur vie sur place. Or, s’il y a bien un lieu où l’on perd — heureusement — le contrôle de sa barque, c’est bien le champ missionnaire ! Le soutien financier est incertain et rarement à 100 %. L’ennemi attaque, parfois visiblement, devant vos yeux. Vous prenez un temps fou à former des amitiés aussitôt chamboulées parce que les gens partent (de gré ou par nécessité) ou vous-mêmes devez déménager (pour la troisième fois de l’année), etc.

  1. Quelle est ma vision de la mission ?

Est-ce que je connais le grand fil directeur de la Bible ?

Notre vision de la mission est étroitement liée à notre vision de Dieu, car la mission est la mission de Dieu. Or, dans une civilisation de plus en plus égocentrée et avide de retours rapides sur investissements, nous tendons à parler de la « bénédiction » de Dieu en termes de « bénéfices » pour moi. Nous avons alors du mal à nous laisser interpeller par la vision de Dieu pour lui. Le dessein de Dieu est pourtant là, devant nos yeux : Dieu recherche passionnément et sans relâche sa gloire en rachetant, pour lui, des adorateurs et adoratrices issus de toutes les nations (« nations » au sens de groupes ethniques).

Contrairement à une idée répandue, il n’est pas exact de croire que seuls quelques versets bien choisis, dans le N.T., nous en parlent. Toutes les histoires de la Bible, mises bout à bout, dessinent la vue d’ensemble. Un portrait qui raconte, avant tout, la gloire du Créateur désirant être connu et aimé par des gens issus de tous les peuples.

Notre Dieu est un Dieu missionnaire[1]. Du jardin d’Éden à la nouvelle terre, de la promesse faite à Abraham que « toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen 12.3) jusqu’à la vision de Jean d’une foule innombrable « de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue » (Apoc 7.9), en passant par le mandat missionnaire de Jésus (Mat 28.18-20), tout, dans la Bible, retrace la volonté infatigable de Dieu en action vers un dessein à visée universelle.

Qui se laisse capturer par cette vision glorieuse et par cette dynamique victorieuse saura entrer en mission pour de bonnes raisons.

Où puiserai-je la force dans mes moments de découragements ?

La grande vision du dessein mondial de Dieu et de sa détermination, dans l’histoire, à la mener à bien est la motivation qui nous « sauve » de bien des difficultés : incompréhension culturelle (de part et d’autre), sentiment d’impuissance face aux statistiques accablantes[2], hostilité ou indifférence, fausses accusations — tant dans le groupe ethnique récepteur que dans notre propre pays (« Pourquoi imposer ta religion ? » ; « Impérialiste, tu veux détruire leur culture ! »), etc.

Celui qui s’appuie même sur ses meilleures intentions finit par flancher. En revanche, qui regarde à Dieu, à travers 1° la croix et 2° la résurrection du Fils, trouve 1° un sens à ses propres souffrances et 2° des forces renouvelées pour consacrer sa vie à honorer Dieu : « Que ton nom soit sanctifié. »

Considérer le sort des perdus est une bonne chose : ce peuple ne connaît pas Dieu et quelqu’un doit leur communiquer l’Évangile. Mais la motivation suprême considère l’état du monde sous l’angle de la gloire de Dieu : Dieu compte-t-il des adorateurs au sein de tel ou tel groupe ethnique ?

Que notre motivation soit aussi ambitieuse que celle de Dieu ! Voilà ce qui enflamme la passion des William Carey, Jim Elliot et de bien d’autres : « Le but suprême de l’Église n’est pas la mission : c’est l’adoration. Si la mission existe, c’est parce que l’adoration n’existe pas ».[3] Comme l’homme naturel s’indigne de tant de pauvreté et d’injustice dans le monde, le chrétien s’indigne aussi de ce que le nom de Dieu n’est pas encore sanctifié parmi toutes les familles de la terre, deux mille ans après.

Une vision qui clarifie notre perspective de la mission

Cette vision d’un Dieu agissant pour sa gloire dans toutes les nations corrige l’idée que la mission serait un programme d’église parmi d’autres. Jésus n’est pas seulement mort pour « mon » péché, il est mort pour que le nom de son Père soit sanctifié, honoré, connu et chéri par toutes les nations. Un enfant de Dieu — voire toute une assemblée — ainsi saisi par Christ fera converger tout ce qu’il est et fait vers ce but.

Cette vision des choses corrige aussi l’idée que la mission serait réservée à une certaine élite appelée à quitter sa zone de confort… pendant que d’autres chrétiens pourraient continuer à vivre comme ils l’entendent et à louer Dieu pour sa bonté envers leur individualité.

En réalité, cette vision rectifie bien d’autres idées reçues sur la mission et clarifie notre rôle et notre apport potentiel. Il ne s’agit plus d’obéir à un devoir, mais de vivre pleinement un privilège. Le privilège de nous joindre au plus grand mouvement qui ait jamais uni des hommes et des femmes, à travers le monde et depuis des générations. Le privilège de participer à l’action de Dieu, avec sa puissance, le Saint-Esprit, pour que son nom soit connu et aimé et que des adorateurs et des adoratrices soient représentés dans tous les peuples. Le privilège de vivre pour qu’un jour, la terre soit « remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel, tout comme le fond de la mer est recouvert par l’eau » (Hab 2.14, Segond 21).

Conclusion : vivre pour quelque chose de plus grand que soi

Alors, chère Nelly, si ta motivation est conforme à celle de Dieu (Ps 37.4), si ton désir s’est transformé en la saine ambition (Rom 15.20) de « raconter sa gloire parmi les nations » (Ps 96.3), si tu as été « saisi(e) par Christ » (Phil 3.12) et par sa passion dévorante pour que le nom de son Père soit sanctifié (Mat 6.9) par toutes les nations, alors, « adopte cette vision… et fais ce que tu veux » (pour paraphraser Augustin).

Que tu partes ou que tu restes, tu seras un danger pour l’ennemi, car tu feras en sorte que tout, dans ta vie, serve le dessein mondial de Dieu. Il y a tant de choses à faire, que ce soit « là-bas » ou « ici » ! Soutenir ceux qui partent par la prière. Donner régulièrement. Entourer de ta communion fraternelle à distance ces frères et sœurs qui ont quitté leur environnement familier et se retrouvent dans une autre culture.

Il existe, aujourd’hui, d’autres manières « d’aller » sans parcourir des milliers de kilomètres. En accueillant des étudiants étrangers. En s’occupant d’une tranche de la population oubliée par les églises (les grandes villes en regorgent). En soutenant des ministères auprès des réfugiés (des ethnies parfois non-atteintes, parfois venant de pays hostiles à l’Évangile, et que Dieu amène devant notre porte). En créant des groupes de prières pour les peuples non-atteints. En organisant des journées ou des week-ends de mobilisation pour réveiller notre famille spirituelle au grand fil directeur de la Bible, à l’action miraculeuse de Dieu et à la mission pionnière.

Parcours à nouveau les histoires bibliques en les reliant à la grande histoire du Dieu qui révèle progressivement la promesse de sa gloire parmi toutes les nations. Et comment il parvient à ses fins. Puis apprends l’histoire passionnante des missions. Rien n’a changé depuis le livre des Actes. Cette histoire, nous la vivons encore aujourd’hui. Nous pouvons la vivre de manière intentionnelle.

De nombreuses agences missionnaires ou associations organisent des courts séjours. Même si le long séjour est une expérience foncièrement différente, cela peut fournir un aperçu… à condition de bien préparer ce voyage et son retour.

Ne te satisfais jamais de recevoir l’amour de Dieu pour toi, mais donne-toi corps et âme à son plan glorieux pour lui. Rien ne donne un meilleur sens à notre vie que de vivre pour quelque chose de plus grand que nous. Et nous nous émerveillerons d’observer, presque spectateurs, à quel point Dieu saura utiliser notre faible et impuissante vie pour agir avec force et puissance ! Car il a décidé que, dans toutes les nations, des hommes et des femmes le connaîtraient et l’aimeraient… et il mènera son plan à bien : « celui qui a fait la promesse est fidèle » (Héb 10.23).

[1]Cf. John Stott,dans un discours prononcé lors d’un congrès Urbana en 1979, cité dans : James E. Berney, « You can tell the world » (Vous pouvez le dire au monde), IVP, 1979.

[2]Les chiffres diffèrent selon les études, mais l’on peut estimer que 2,6 milliards de gens, issus de près de 7 000 groupes ethniques n’ont jamais ou très peu entendu parler de Christ. C’est presque la moitié du globe. Nous savons aussi qu’un mouvement vers Christ n’est durable que si ce peuple possède la Bible dans sa propre langue ; or, la Bible entière attend encore d’être traduite en 2 500 langues (cf. www.joshuaproject.com). Seule 10 % de la force missionnaire se trouvent là où 90 % des gens n’ont pas entendu parler de Christ. Moins de 1 % des budgets des Églises est destiné aux non-atteints. Mais plus stupéfiante encore est la réalité suivante : si les églises locales du monde entier s’investissaient adéquatement dans le plan de Dieu pour sa gloire, la tâche de la mission pionnière serait achevée en une génération.

[3]John Piper, « Que les nations se réjouissent ! », BLF Éditions, 2015.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)