Occultisme ou christianisme : il faut choisir

Notre monde s’enthousiasme pour les sous-produits de l’occultisme(1) . Il n’est plus de secteur des activités humaines qui ne soit hanté par le « surnaturel ». Des médias aux chaires d’université, de la médecine aux disciplines du bien-être, des jeux d’enfants aux loisirs des adultes, de la politique au monde du travail, partout l’ésotérisme s’impose comme un ingrédient bienvenu. Que signifie ce parti pris ? Faut-il s’en inquiéter… ou se réjouir d’un regain d’intérêt pour les « choses spirituelles » ? Cet engouement fantasmagorique est-il conciliable avec la pensée biblique ?

I. Aux lointaines origines de l’occultisme(2)

Dans le jardin idéal où Dieu avait placé nos premiers parents, tout était assurément excellent : plantes superbes, fruits savoureux, animaux innombrables et dociles. L’homme vivait dans une harmonie limpide avec son Créateur, sa compagne, et son environnement. Points de chagrins, mais un émerveillement continu, une mission exaltante, un avenir radieux. Que manquait-il à nos aïeux ?

Le serpent rusé suggéra une carence cachée : Dieu n’avait peut-être pas joué franc jeu avec ses créatures. Ne les aurait-il pas privées de la bénédiction suprême, qu’il se réservait jalousement à lui-même ? Ne fallait-il pas tenter de déjouer l’interdit pour s’emparer du bienfait manquant ? Discours étourdissant…

Mais que gagnèrent nos imprudents ?
Le diable, car c’était lui, venait à Ève avec un complément de savoir : « Dieu a-t-il réellement dit ?… Vous ne mourrez pas du tout ! Mais Dieu sait que… » Autrement dit : « Je vais vous révéler ce que Dieu vous cache — et qui il est vraiment. Ma connaissance va enrichir ce que vous savez déjà. Ne soyez pas naïfs, mais instruits. » Que récoltèrent Adam et sa femme en embrassant cette logique ? Ils devinrent mortels à la surface du sol, destinés à la poussière, comme tout leur savoir.

Le diable venait avec l’annonce d’un supplément de vie : « Vous ne mourrez pas du tout ! » Conséquence de la désobéissance et de la crédulité humaine : l’engrenage de la corruption et de la mort se mit en marche dans toute la nature et parmi les hommes. L’arbre de vie placé au milieu du jardin fut ôté. Et les enfants du premier couple devinrent capables d’assassiner leur prochain.

Le diable fit miroiter l’extension des facultés sensorielles que le fruit défendu allait favoriser : « Vos yeux s’ouvriront. » Effectivement, l’arbre semblait porter des fruits comestibles, et il était « agréable à la vue ». Lorsque Ève en eut mangé, ainsi que son mari, « leurs yeux s’ouvrirent », mais seulement pour découvrir leur nudité, image de leur dénuement spirituel et moral. Le surcroît d’acuité sensorielle ainsi obtenu s’ouvrait donc sur la perception de l’abîme dans lequel ils s’étaient précipités.

Le diable promettait la plénitude divine : « Vous serez comme Dieu. » En d’autres termes : « Vous deviendrez les arbitres suprêmes des mondes visible et invisible, capables vous aussi d’établir à votre guise les règles du jeu. » Adam et Ève virent-ils leur statut s’améliorer ? Ils furent le jour même expulsés du jardin par le seul maître légitime des lieux, après avoir manifesté tous les signes d’une terreur pathétique.

Le diable a vanté un élargissement de la conscience : « Vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. » Cela revenait à affirmer que la conscience, cette balance morale de toutes choses, faisait cruellement défaut à l’être humain sorti de la main créatrice de Dieu. De là cette idée : sans conscience élargie, pas de véritable suprématie, ni de sagesse. Or le « discernement » acquis par l’application du conseil satanique déboucha sur une découverte navrante (« Ils prirent conscience du fait qu’ils étaient nus »), sur des actes fébriles (« Ils se firent des ceintures avec des feuilles de figuier cousues ensemble ») et sur un complet désarroi (« [Ils] allèrent se cacher… » ; « J’ai eu peur, parce que je suis nu ; je me suis donc caché ») — panique et camouflage font toujours bon ménage.

Le diable a suggéré avec astuce un surplus de plaisir et de satisfaction : il ne pouvait décemment nier que tout ce que Dieu avait créé était très bon, l’homme et la femme le sachant par expérience, aussi s’est-il efforcé d’insinuer qu’il fallait désormais s’intéresser à une jouissance supérieure, plus intense, plus « divine ». Après tout, en a conclu Ève, cet arbre est réellement alléchant, le goût de son fruit m’est inconnu mais ses vertus apparentes semblent correspondre aux paroles du serpent. Pourquoi s’en priver ? Pour salaire de leur appétit insensé, Ève, puis Adam, firent alors connaissance avec la peine, la sueur quotidienne, la maladie et tous les visages de la souffrance.

Le diable, ultimement, est parvenu à ses fins par une subtile exaltation de l’esprit d’indépendance et de l’orgueil. En poussant Ève à devenir « comme Dieu », il l’encourageait à une initiative unilatérale, à un acte de présomptueuse indépendance, bref à une démonstration d’orgueil : « Elle prit…elle en mangea… elle en donna… il en mangea. » En fait d’indépendance, Adam et Ève durent alors constater qu’ils étaient devenus, durablement, les esclaves de Satan et du péché. Les lois de la nature, par leur faute perturbées, allaient rappeler à leurs descendants, dans les siècles à venir, ce qu’il en coûte de mépriser les bienveillants commandements de Dieu, et de s’enflammer pour une illusoire autonomie.

Parce que la grande tromperie amorcée en Éden se perpétue à chaque nouvelle génération, les explorations ésotériques ne sont pas anodines. Depuis la Chute, les croyances de l’ombre nous fascinent. Mais Dieu n’a cessé d’en dévoiler la malfaisance, et de les exposer pour ce qu’elles sont : des voies sans issue.

II. Dieu aux prises avec la spiritualité occulte

Les diverses formes d’occultisme n’expriment pas, à elles seules, tout le potentiel d’égarement caché dans le cœur humain. Toutefois, il apparaît que l’une ou plusieurs des tentations distillées par le malin en Éden sont toujours présentes dans les démarches occultes. L’Écriture n’est pas équivoque à ce sujet.

a. Un complément de savoir

Lorsqu’un roi de l’Antiquité avait besoin de lumière sur un sujet épineux, ou sur l’avenir, il se tournait vers ses sages : devins, astrologues, ou magiciens. De la part de ces « savants », on attendait le complément de savoir que ni l’expérience, ni la réflexion ne pouvaient fournir. Les plus habiles d’entre eux étaient grassement récompensés, et les moins prudents exécutés !

Or l’« esprit » qui dispensait ce savoir complémentaire ne pouvait que se heurter au véritable Esprit de révélation, issu de Dieu. Ainsi le démontrent plusieurs récits, dont la célèbre confrontation entre Daniel et ses compagnons d’une part, les magiciens, les astrologues et les sorciers de Nebucadnetsar de l’autre (Dan 1.20 ; 2.1-3.49). Le dénouement du conflit est ponctué de deux remarquables déclarations :

– Celle de Daniel : « Béni soit le nom de Dieu […] À lui appartiennent la sagesse et la force … C’est lui […] qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l’intelligence. C’est lui qui révèle ce qui est profond et caché, qui connaît ce qui est dans les ténèbres […] Je te célèbre et je te loue pour la sagesse et la force que tu m’as données. » (Dan 2.20-23)
– Celle du roi lui-même, après évaluation : « En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les mystères, puisque tu as pu découvrir ce mystère. » (Dan 2.47) (3)

b. Un supplément de vie

Parce que l’être humain est devenu vulnérable, et sa vie incertaine, il aspire à se prolonger. Il se tourne naturellement vers une forme de religion (et de métaphysique) qui lui garantisse une vie plus authentique. Saine ambition. Pour autant, il faut se garder de saluer toute démarche religieuse sous prétexte qu’elle tente de répondre à un besoin vital. Prenant le contre-pied des tendances syncrétistes d’aujourd’hui, la Bible ne cesse de rappeler que le chemin des religions humaines (c.-à-d. païennes) est en réalité pavé de notions d’origine occulte, miné par de mortelles perversions(4) . Ce courant occulte s’efforce de détourner la nostalgie d’une vie impérissable au profit de croyances triviales, de mythes à hauteur de nos passions animales. Ainsi le démontrent les anciens rites débridés liés au culte de la vie cosmique, de la fertilité, du cycle des saisons. Les « couples » divins Mardouk et Ishtar, Baal et Astarté, Dionysos et Aphrodite, Bacchus et Vénus en furent des vedettes très populaires(5) .

L’Écriture assimile clairement cette glorification de la vie naturelle, sexuelle et instinctive — occasion de vastes orgies collectives — à des idolâtries occultes, à un culte démoniaque(6) . Les Israélites, dès la sortie d’Égypte et le malheureux épisode du veau d’or(7) , tomberont sans cesse dans ces pièges. Tout en maintenant officiellement leur attachement à la tradition juive, ils se livreront, « sur les hauts lieux et sous tout arbre vert »(8) , à ce que Dieu qualifie d’adultère spirituel. Ce reproche parcourt tout le message du prophète Jérémie : « Je vous ai fait venir dans un pays de vergers, pour que vous en mangiez le fruit succulent ; mais vous êtes venus, et vous avez rendu mon pays impur, et vous avez fait de mon héritage une horreur. […] Les prophètes ont prophétisé par Baal, et se sont ralliés à ceux qui ne sont d’aucune aide. […] Mon peuple a doublement mal agi : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau. » (Jér 2.7,8,11,13)

Le supplément de vie espéré par les adorateurs des faux dieux se solde donc par la sécheresse et par l’éloignement toujours plus dramatique de la véritable Source d’eau vive.

c. La plénitude divine

De Babel à Babylone, de Ninive à Rome, la tentation du pouvoir absolu — l’édification d’empires grands et splendides, investis de la majesté divine — ne s’est jamais affranchie du recours à l’occultisme. Lorsque Moïse et Aaron, au nom du seul vrai Dieu, demandèrent à Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël, ils se virent opposés à la cohorte des enchanteurs officiels : « Le Pharaon appela des sages et des sorciers ; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs pratiques occultes. » (Ex 7.11) Deux fois encore, les magiciens imitèrent les miracles de Dieu… jusqu’au moment où ils se trouvèrent dépassés, et déclarèrent, à propos des miracles de Moïse : « C’est le doigt de Dieu ! » (Ex 8.15). Hélas, le désir de voler la place de Dieu était si invétéré chez Pharaon que, pour sa ruine et celle des Égyptiens, il s’endurcit contre l’évidence. C’est là le réflexe luciférien, la folie du premier ange révolté, et le prélude à sa défaite inéluctable(9) .

Pour son malheur, celui qui se plonge dans l’occultisme s’associe, consciemment ou non, au projet « pharaonique » de défier Dieu, et compte sur ses « enchantements » pour y parvenir(10) . Ainsi agira également le dernier grand dictateur, l’antichrist, qui se doublera d’un grand sorcier(11) . Sa fin sera à l’image de celle de ses précurseurs.

d. Un élargissement de la conscience

Certains faux prophètes de l’Ancien Testament, voués à l’occultisme, démontraient d’étonnantes capacités de persuasion. Leurs visions (présentées comme d’authentiques messages divins), leur moralité douteuse (présentée comme une variante éthique tout à fait acceptable), leurs prédictions rassurantes (présentées avec un aplomb imperturbable), fascinaient les foules. Loin des discours solennels des vrais envoyés de Dieu, ces prédicateurs peignaient les avantages d’une nouvelle piété, d’une nouvelle morale, et d’un Dieu extrêmement indulgent. De leur nombre furent Balaam(12) , les 450 prophètes de Baal et les 400 prophètes d’Achéra au service de Jézabel et d’Achab(13) . Ces 400 prophètes, et en particulier Sédécias, ne prédisaient que du bien au roi, alors que Michée, seul vrai prophète de l’Éternel, annonçait la déroute. Or l’Éternel révéla à Michée pourquoi tout le monde écoutait plus volontiers les 400 : Dieu, ayant décrété la fin d’Achab, avait permis à un esprit de mensonge (à un démon) de parler par la bouche des 400 faux prophètes, de manière à pousser Achab à la faute(14) .

Lorsqu’une société se détourne globalement de la Parole de Dieu, et que la conscience collective se lasse de la vérité, on voit fréquemment surgir des faux prophètes habiles à pervertir les normes divines, à faire miroiter les avantages d’une conscience élargie, tolérante, étrangère à tout sentiment de culpabilité. Leur entreprise de subversion des lois divines est fermement démasquée par les vrais porte-parole de Dieu : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume. » (És 5.20) Toutefois, la prolifération des faux prophètes et de l’esprit d’occultisme est le signe incontestable d’un désastre imminent, afin qu’éclate l’incompatibilité entre le mensonge et le vrai message de l’Évangile(15) .

e. Un surplus de plaisir et de satisfaction

Moïse, élevé dans toute la sagesse des Égyptiens, donc grand connaisseur de toutes les sciences occultes de cette civilisation, aurait pu faire une brillante carrière dans ce milieu pétri de magie. Mais, nous dit l’Écriture, « il refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir la jouissance éphémère du péché. » (Héb 11.24,25)

« Jouissance du péché » ? Oui, l’histoire montre que la recherche prioritaire d’une satisfaction intense, « gratifiante », est également un moteur possible de l’aventure ésotérique. Distinguons divers niveaux de « jouissance » :
– spirituelle : l’« apprenti sorcier » se grise de sa capacité (supposée) à manipuler la matière ou les forces surnaturelles(16) ;
– intellectuelle (comme dans les constructions alchimistes ou kabbalistiques par exemple) ;
– psychologique (sentiment d’ascendant social éprouvé par les magiciens et autres sorciers) ;
– sensorielle (expériences dans le domaine des cinq sens(17) ; phénomènes psychiques produits par l’absorption de drogues(18) , ou par des techniques de méditation) ;
– matérielle(19) .

Une lecture loyale de l’Écriture doit cependant amener à la conclusion que les sentiments (parfois) agréables liés aux pratiques occultes sont peu de choses au regard des terribles fléaux et des douleurs éternelles dont ils sont suivis. Initialement, la « jouissance du péché » d’occultisme semble délectable, mais, tôt ou tard, son issue est une profonde détresse morale, voire physique (rappelons-nous les nombreux possédés décrits dans les Évangiles), la mort spirituelle, la ruine loin de la présence de Dieu(20) .

f. Une exaltation de l’esprit d’indépendance et d’orgueil

Le roi Saül connut un destin navrant. Pourtant opposé à l’occultisme (il fera mourir les nécromanciens et les devins, 1 Sam 28.3), il commença assez tôt à manifester des penchants à l’émancipation spirituelle et à l’orgueil. Sous pression de la part du peuple, il offrit un holocauste que seul un sacrificateur était habilité à présenter (1 Sam 13.6-14). Plus tard, il transgressa les directives de Dieu, et se vit adresser ce verdict de la part de Samuel : « La rébellion est aussi grave que le péché de divination. […] Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi. » (1 Sam 15.23) Enfin, lorsque les Philistins le menaçaient et que Dieu restait silencieux, Saül se mit en tête de consulter en secret une nécromancienne, la magicienne d’Eyn-Dor. Cette dernière fit monter de la terre des « êtres divins ». Parmi eux, une créature ayant l’apparence de Samuel lui prédit le sort qui allait le frapper : une mort violente (1 Sam 28.11-25).

Au premier chef, Saül a-t-il été puni pour avoir consulté une magicienne ? Non, le péché de spiritisme n’était que l’aboutissement d’un processus déclenché par des initiatives unilatérales prises bien avant. Ces actes d’indépendance impie nous sont rapportés pour nous avertir : l’orgueil est incompatible avec la bénédiction, même s’il cherche à s’amender en feignant l’humilité ou en se donnant des airs pieux. C’est pourquoi le prophète Samuel place l’esprit de rébellion (de désobéissance) sur un pied d’égalité avec la divination. Que cette vérité est donc solennelle, pour nous chrétiens qui sommes conscients de nos manquements et de nos faiblesses ! Serions-nous prêts, par surévaluation de nos besoins personnels, et dévaluation de la Parole de Dieu, à nous engager sur la voie d’une présomptueuse affirmation de nous-mêmes ? Que le Seigneur nous en garde(21) .

III. L’Évangile de Jésus-Christ, réponse de Dieu aux mirages de l’occultisme

Nous avons dit que le serpent, à l’origine, était parvenu à faire accroire que Dieu avait délibérément privé l’homme et la femme des meilleures bénédictions(22) . Ce discours s’est trouvé être intrinsèquement mensonger et mortel. Mais alors, qu’espérer en lieu et place des « ombres » de l’occultisme et de toutes les chimères du Calomniateur ?

Ce que les descendants du premier Adam recherchent opiniâtrement dans l’occultisme comme dans toutes sortes de succédanés de « salut », mais ne peuvent obtenir à cause du péché, Dieu nous l’offre sous une forme meilleure en Jésus-Christ — le second Adam — moyennant seulement notre foi :

? « Car il n’y pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (Rom 3.23,24)
? « Comme par la désobéissance d’un seul homme [Adam], beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul [Jésus-Christ], beaucoup seront rendus justes. » (Rom 5.19)
? « Le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 6.23b)
? « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph 2.8)

Ce fondement étant posé, il est clair que l’offre de Dieu en Jésus-Christ surpasse, et de loin, tout projet humain, ésotérique ou diabolique, de quelque nature qu’il soit(23) . Car si la Bible dit vrai, son message est bien la « perle » la plus désirable qui soit. Et ceux qui sont enfants de Dieu, cohéritiers avec Christ, possèdent toutes choses (Rom 8.17 ; 1 Cor 3.22,23).

a. Le savoir

En Jésus-Christ, la Sagesse divine personnifiée, « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2.3 ; cf. Pr 8). Il est Dieu de toute éternité, tout a été fait par lui et tout subsiste en lui (24): comment douter de la supériorité infinie de son génie ? Avoir foi en lui, c’est vivre dans la certitude que toute connaissance encore cachée à nos yeux lui est parfaitement familière, et que toute révélation qu’il nous accorde est parfaitement digne de confiance. Cette sagesse divine se plaît à se rendre compréhensible aux plus simples, et non à quelques « grands initiés ». Quel réconfort pour celui qui doute, mais cherche sincèrement la vérité. Et quelle prodigalité de la part de Dieu pour le croyant mal affermi : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. » (Jac 1.5)

Enfin, cette sagesse est fiable, car accomplie dans l’œuvre de Christ à la Croix. Elle procède de l’amour d’un Père qui ne souhaite voir se perdre aucune de ses créatures. Elle engendre la communion avec la personne même de Christ, par le Saint-Esprit et par la Parole écrite(25). Elle se trouve aux antipodes d’une science purement cérébrale, centrée sur l’homme et ses besoins — désespérément horizontale (cf. 1 Cor 1.20-31 ; 13).

b. La vie

Le salut de Dieu ne peut se réduire à l’accession à une meilleure qualité de vie. Encore moins à une simple apparence de « spiritualité »(26) . Le divin Berger a prévu que, pour ceux qui le suivraient, Il serait lui-même la vie abondante, inépuisable, pleine de sens : « Moi, je suis venu, afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance. » (Jean 10.10). « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif. » (Jean 4.14a) « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6)(27) « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8.12b) Si donc un incroyant veut passer par une nouvelle naissance spirituelle, qu’il vienne au Ressuscité, au Vivant, dans la repentance et la foi. Si un croyant se sent chancelant, anémique dans sa foi, timide dans son témoignage, stérile dans sa vie de prière, qu’il se réfugie en son Seigneur, « car sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » de sorte que, par la mise en pratique des enseignements de la Parole, ce croyant expérimente à son tour qu’il est participant de la nature divine et de la vie de Christ (2 Pi 1.3-11).

c. La plénitude divine

La vie chrétienne est parsemée d’épreuves, d’apprentissages parfois laborieux, de renoncement à soi-même, et même d’échecs, mais la finalité de cette discipline ne doit jamais nous échapper, car Dieu nous aime et désire nous « faire participer à sa sainteté », à sa perfection morale (Héb 12.5-11). Sur les traces de Christ, en qui habite en permanence « toute la plénitude de la divinité » (Col 2.9), Dieu voudrait que nous vivions dans la plénitude de la communion spirituelle avec lui et avec nos frères et sœurs dans la foi. Il est déjà possible, sur cette terre, d’en faire l’expérience (Act 2.4 ; 4.8,31 ; 9.17 ; 13.9). Tout croyant authentique a commencé à goûter à cette réalité dès le moment où le Saint-Esprit a fait sa demeure en lui : « Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » (Jean 1.16) Malheureusement, nous devons reconnaître que ce même Esprit peut être amoindri, attristé, et comme étouffé par notre désobéissance… ou par notre lenteur à apprendre. Il n’en reste pas moins vrai que l’activité normale du Saint-Esprit vise la plénitude, et non la médiocrité (Éph 3.14-21 ; 5.18). Lorsque nous marchons dans sa dépendance, l’Esprit de Dieu « nous remplit de force, d’amour et de sagesse » (1 Tim 1.7).

La « plénitude » du chrétien ne se limite donc pas à un sentiment d’amour universel, comme celui que décrivent certains spiritualistes occultes, mais elle est organiquement dépendante d’une connaissance et d’une reconnaissance personnelles de Christ comme Sauveur et Seigneur.

d. Une conscience libérée

Lorsque Dieu débusque et condamne notre péché, l’examen est redoutable. Par nature, nous préférons esquiver ce moment, nous cacher derrière des « feuilles de vigne », ou encore nous entraîner à éliminer toute pensée de comptes à rendre au Juge suprême. Tout est bon pour contourner ce face à face : accumulation de bonnes œuvres, révolte, sarcasmes, fausses doctrines, recherche de circonstances atténuantes, etc. Le miracle de la grâce permet cependant de ne pas éluder le verdict de Dieu, et simultanément de recevoir le pardon, la réconciliation de sa part, car le Juge a trouvé en Christ le moyen d’être juste tout en justifiant celui qui croit(28) .

Les fausses persuasions d’origine occulte ne sont qu’une variante des stratagèmes exploités par l’être humain pour se délester de sa culpabilité originelle. Or, seule la purification opérée par le sang de Christ peut nous valoir cet acquittement(29) . Lors de la conversion à Christ, cette libération de la culpabilité du péché devient effective : nous commençons à pouvoir servir Dieu dans un esprit nouveau. Non dans une crainte servile de mercenaires, mais dans un esprit filial, sachant que notre Père céleste et son Esprit collaborent à notre perfectionnement dans la foi(30) .

e. La satisfaction

L’occultisme, en général, donne deux réponses à la question : « Notre bonheur dépend-t-il de Dieu ? »
Soit il répond non, parce qu’il s’oppose violemment à Dieu (mouvance sataniste). Soit il répond oui, en ajoutant quelque chose comme : à condition de connaître certains secrets, de mettre à contribution les dons surnaturels dont il a gratifié certaines personnes (voyants, adeptes de la magie blanche, jeteurs de sorts, etc), de pratiquer certains rituels, ou autres devoirs religieux.

Quant à la réponse biblique, la voici : Dieu n’a pas de plus grande ambition que de se glorifier à travers l’œuvre de son Fils, en faveur de sa Création, et surtout au profit de la race humaine(31) . Cette œuvre exclut l’appareil occulte, quel qu’il soit, parce qu’il repose sur des conceptions complètement déconnectées du cadre dans lequel Dieu permet à ses créatures de fonctionner et de se réaliser(32) . Jésus a lui-même démontré que sa propre satisfaction était indissociable de sa soumission au Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de Dieu. » (Jean 4.34 ; cf. Mat 26.42) Et ceux qui vivent selon son exemple peuvent éprouver les mêmes sentiments de profonde satisfaction : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse avec joie ma course, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Act 20.24)

Mais la place des joies « terrestres » dans tout cela ? Dans l’optique biblique, il n’y a pas de raison de croire que le chrétien doive se désincarner pour plaire à Dieu. Toute chose légitime recèle son lot de satisfactions : relations humaines, mariage, famille, activités professionnelles, jouissance de la nature et de ses productions, créativité artistique ou habileté artisanale, etc. Cependant l’Écriture nous invite à garder chaque chose à sa juste place, à faire preuve de prudence et de sobriété, car notre nature humaine a vite oublié toute mesure, pour s’attacher à la recherche égoïste de son confort et de ses aises(33) . Les limites mêmes que Dieu nous impose dans notre « consommation » des choses agréables nous rendent aptes à rechercher, et à saisir, les choses les meilleures, celles qui sont éternelles(34) . Dans le temps présent, la paix de Dieu, la paix en Dieu et le contentement (un esprit de gratitude et de confiance) sont l’expression de notre profonde satisfaction(35) .

f. La liberté

Lorsque le diable tenta notre Seigneur en lui promettant tous les royaumes du monde, à condition que celui-ci se prosterne et l’adore (Mat 4.8), Satan se trahit lui-même. Il dévoila pour la troisième fois que ses propositions alléchantes ne pouvaient conduire à une forme supérieure de liberté ou d’indépendance, mais bien plutôt qu’elles se payaient d’une dépendance infernale, abjecte. Jésus lui répliqua en lui signifiant que sa vraie liberté, à lui Fils de Dieu, c’était d’adorer son Père céleste et de le servir.

Les suggestions aguichantes de l’ésotérisme véhiculent toujours le même message : venez acquérir un outil efficace pour mieux gérer votre vie, vos émotions, les événements. Venez vous entraîner à façonner votre avenir, à influencer les autres, à communiquer avec votre « ange gardien », et ainsi de suite. En un mot : devenez plus autonomes, plus libres. Mais nous sommes en plein marché de dupes, car le problème du péché demeure entier, et le cœur inchangé.

À ces offres trompeuses, Jésus oppose un autre message : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres […] En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché. […] Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres. » (Jean 8.31b,32,34,36) Les propos du Seigneur ont de quoi scandaliser notre logique humaine : disciple et libre ? Ces deux termes s’excluent. Eh bien, non, pas dans la logique de Christ. De même que celui-ci ne faisait rien de lui-même, se référant en toute situation à son Père(36) , ne laissant jamais le péché le dominer, et vivant dans la plus parfaite liberté (« Personne ne m’ôte la vie, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre », Jean 10.18), de même celui qui se laisse sauver par Christ devient disciple et serviteur de Christ, mais c’est alors qu’il goûte à la vraie liberté, celle de l’amour consenti et vécu(37) . À l’abri de cette alliance éternelle, l’homme accède au véritable repos, à la seule interaction avec le monde invisible qui soit conforme à sa nature originelle.

notes
(1) Le magazine L’Express du 20/06/2005 intitulait son dossier La folie de l’ésotérisme. Le paragraphe de conclusion avance l’idée que « les hommes ne se contentent pas de la Raison raisonnable. Qu’ils croient en l’existence d’un absolu. Un absolu qui les dépasse et sur lequel ils se leurrent, peut-être, mais qu’ils ressentent comme nécessaire au plus profond d’eux-mêmes. » Notre article tentera d’offrir autre chose que la probabilité d’un leurre…
(2) Lire Gen 1.26 à 4.8
(3)La même démonstration magistrale sera administrée à d’autres reprises : Dan 4.1-6,15,16 ; 5.7-17 ; voir aussi l’exemple de Joseph chez Pharaon : Gen 41.1-36.
(4)Rom 1.18-25 ; Act 17.16,22-29.
(5) L’ésotérisme moderne s’intéresse très souvent aux mythes antiques pour en proposer une relecture assaisonnée d’éléments plus récents. On assiste même à des tentatives de résurrection des cultes préchrétiens (en Grèce par exemple).
(6)Voir le chap. 8 d’Ézéchiel, en particulier les v.14,15, qui font allusion au culte de Tammouz, conjoint à celui d’Ishtar. C’est ici en plein temple de Jérusalem que se produit le rite abominable.
(7) Ex 32
(8)Deut 12.2 ; 1 Rois 14.23 ; 2 Rois 16.4 ; 2 Chr 28.4 ; És 57.5 ; Jér 2.20 à 3.13 ; 17.2.
(9)Voir les textes prophétiques de la chute de Satan en Éz 28.11-19 ; És 14.12-19.
(10) Jézabel, fille d’un roi de Sidon ancien prêtre d’Astarté, ennemie déclarée de Dieu, est l’archétype féminin de ce type de personnage. Elle symbolise, en Apoc 2.20-23, ceux qui cherchent à accommoder l’Évangile aux valeurs du paganisme.
(11)2 Thes 2.3-10 ; Apoc 13.
(12)Cf. 2 Pi 2.15 ; Jude 11 ; Apoc 2.14.
(13) 1 Rois 18.19.
(14) 1 Rois 22.1-29 ; cf. Jér 23.16-32, et en Éz 13.17-23, où il est question de fausses prophétesses adonnées à la divination.
(15) Les chap. 27 et 28 de Jérémie sont une excellente illustration de ce principe. Voir aussi Jude 3-19 ; 2 Pi 2.
(16) Voir És 28.14-18 ; 57.3-11.
(17) Cf. Pr 9.17,18.
(18) On peut évoquer les pharmakeia (les drogues) mentionnées en Gal 5.20 ; Apoc 9.21 ; 18.23.
(19) Act 16.16-19 : la servante à « l’esprit de Python » procurait un grand profit à ses maîtres par la divination.
(20) És 47.9-15 ; 57.3,4 ; Mal 3.5 ; Apoc 22.15.
(21)Dans le NT, l’exemple de Simon le magicien est intéressant à cet égard. Avant sa conversion, ses miracles occultes donnent l’illusion qu’il incarne « la puissance de Dieu, appelée la grande » (Act 8.10). Après sa conversion, une fausse recherche de puissance divine continue de l’obséder (v.18-24). L’orgueil pousse à la contrefaçon ou à la tricherie.
(22) Cette idée est à la base de la cosmogonie gnostique, qui parle du Dieu de l’Ancien Testament en l’assimilant au « démiurge » (l’« architecte » malveillant de l’univers), et l’oppose à un hypothétique Dieu transcendant bienveillant. De multiples critiques de la Bible ont repris cette invention à leur compte.
(23) Gal 1.6-9.
(24) Jean 1.1-3 ; Col 1.17.
(25)1 Pi 1.23-25.
(26) 1 Tim 3.5 ; 4.3,4.
(27) Ce verset met clairement en évidence que toute autre médiation entre Dieu et les hommes que celle de Jésus-Christ est une imposture. Ni ange, ni démon, ni sage, ni saint, ni gourou, ni médium, ni quelque autre créature terrestre ou surnaturelle ne sauraient remplir cette fonction. Voir aussi 1 Tim 2.5 ; Act 4.12.
(28) Rom 3.25-28.
(29) Héb 9.14 ; 10.19-22 ; 1 Cor 6.11.
(30) Rom 8.
(31)Jean 3.16 ; 2 Pi 3.9 ; Ps 34 ; Rom 8.18-39 ; et jusqu’au « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent… » d’Apoc 1.3, tous les « heureux » suivis d’une promesse égrenés dans l’Écriture.
(32)Deut 18.9-22 ; Act 19.18-20.
(33)1 Tim 4.3 ; 6.17 ; 1 Cor 7.29-31 ; Rom 15.1-3 ; Act 2.46,47.
(34) Phil 3.17 à 4.1
(35) Phil 4.4,7,9,11-13,18,19
(36)Voir Jean 8.12-29.
(37)Voir Act 26.17,18.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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