O Profondeur

VIE CHRETIENNE

Tiré avec autorisation de « The Banner of Truth »

Traduction de Philippe Favre

Le plus mauvais coup porté à la religion chrétienne dans les siècles passés des Eglises de l’occident a été de la vulgariser. Ce travers a toujours été présent dans l’Eglise de chaque âge. Mais dans les époques d’autrefois il y avait des facteurs restrictifs qui ont progressivement disparu aujourd’hui. Nous pouvons supposer qu’il était difficile pour l’Eglise primitive de vulgariser l’Evangile parce que ses membres avaient connu le siècle de Jésus-Christ lui-même et des apôtres. En outre, ils avaient souvent à faire face aux dures réalités du martyre. Dans une telle situation ils ne pouvaient s’empêcher de croire l’Evangile dans sa grandeur et son mystère, même s’il a été souvent mal énoncé sur le plan théologique.

Le Moyen Age fut une période pendant laquelle les notions de miracle, de mystère et de péché étaient étroitement mêlées à la réflexion quotidienne. L’erreur, dans cet âge-là fut d’exagérer le miraculeux et de revêtir les bâtiments, les reliques, les martyrs et les saints d’une aura de mystère d’une manière injustifiable, poussant à la

superstition. Ce fut leur erreur et leur péché et ce fut une grande faute à laquelle le monde moderne peut être reconnaissant d’échapper maintenant par son incrédulité. Mais, il y a au moins quelque chose de bien qui peut être dit en faveur de la perspective médiévale, c’est qu’elle n’a pas, de façon générale, fait disparaître tout le mystère de la foi et ne l’a pas réduit à la «lumière d’un jour ordinaire». Ce sont les réformateurs protestants du 16ème siècle qui ont exorcisé l’esprit de superstition de l’Eglise de leur temps sans détruire une juste appréciation du surnaturel. Ceci est à mettre à leur crédit et les honore beaucoup. Les réformateurs étaient tout d’abord des hommes marqués par la piété. C’est-à-dire qu’ils n’étaient pas premièrement des érudits ou des experts techniques dans la lettre de l’Ecriture. Ils n’étaient même pas premièrement des théologiens académiques. Ils avaient toutes ces capacités et encore plus! Mais, ils étaient suprêmement les hommes qu’ils étaient parce qu’ils étaient des hommes de Dieu et des ministres de Christ. Leurs écrits témoignent de ce fait. Un livre comme «L’Institution de la religion chrétienne» de Calvin -qui est plus un livre sur la foi évangélique qu’un ma- nuel de théologie -en est la démonstration. Les pages des écrits de Calvin sont remplies du sens de la grandeur ineffable de Dieu et du sens de notre obligation à l’ aimer, le servir, lui obéir et le posséder. Calvin ne se contente pas d’apporter des informations à l’esprit. Il lance un défi à la conscience et réchauffe le coeur . Son mobile puissant est de sauver ses auditeurs et pas seulement de les éduquer.

Un sentiment élevé du mystère de la foi fut maintenu et entretenu par les grands théologiens des 17e et 18e siècles. Mais, dans le siècle passé, un changement survint. A part quelques régions plus privilégiées – spécialement celles qui furent favorisées par des réveils – la tendance des chrétiens des cent dernières années en Occident a été de perdre le sens du mystère de la foi. Conséquence inévitable: l’Evangile a été abaissé au niveau de l’homme. Sa profondeur n’a plus été appréciée. Sa sublimité n’ a plus été estimée par la mentalité chrétienne moderne. Sa plénitude n’a plus été saisie par notre âge suroccupé. Et par conséquent, notre caractère, en tant que chrétiens, a reflété de moins en moins «cet esprit d’un autre monde» qui fut jadis la marque du chrétien et que les générations d’autrefois s’ attendaient toujours à trouver chez des hommes professant être convertis. Il est à craindre que la génération future, quand elle jettera un regard sur notre christianisme, devra dresser un terrible constat à notre sujet: nous sommes un âge de nature superficielle dans les choses de Dieu. Je ne nie pas que nous ayons atteint un degré acceptable de rectitude dans la lettre de la compréhension doctrinale en tant que chrétiens évangéliques, mais notre âge est tristement déficient en ce qui peut être défini comme «la grandeur spirituelle». A la racine de ceci, nous trouvons la maladie moderne de la superficialité. Nous sommes beaucoup trop impatients pour méditer sur la foi que nous professons. Nous ne pouvons pas dire «O profondeur» !

Les chrétiens modernes se lassent rapidement quand ils se trouvent confrontés au sérieux de l’Evangile. Mais les hommes se trompent s’ils s’imaginent qu’ils peuvent voltiger comme un papillon d’un engouement religieux à un autre et s’ils considèrent qu’ils ont accompli leur devoir envers Dieu sans jamais faire une pause pour s’émerveiller des hauteurs et des profondeurs de la grâce de Dieu. Ce n’est pas l’écumage rapide de livres religieux ou la précipitation négligente dans l’accomplissement des devoirs dominicaux qui produisent une foi chrétienne forte. C’ est plutôt une méditation sans hâte des vérités de l’Evangile et l’ouverture de nos esprits à ces vérités qui donnent le fruit d’un caractère sanctifié.

Voici trois domaines où il serait profitable pour les chrétiens de cette fin de siècle de retrouver plus de «profondeur» dans la compréhension de l’Evangile.

1. Un sens plus profond de l’horreur du péché

Nous abordons là un sujet où, aujourd’hui, nous avons faussé compagnie aux anciens évangéliques. Le christianisme moderne ne supporte pas ce qui dépasse une confession de péché formelle. Il est généralement accepté qu’un croyant est en droit de vivre pendant des heures et des jours, vaquant à ses occupations et défendant ses intérêts, avec une petite pause pour la prière privée ou l’ adoration publique. Beaucoup de chrétiens de cette classe sont contents d’ articuler un joyeux «Père, pardonne-moi» et poursuivent leur chemin comme avant. Mais une telle pratique prouve une santé spirituelle déficiente.

Est-ce qu’un croyant ne devrait pas répondre régulièrement de ses péchés dans la présence de Dieu? Ne devrait-il pas fréquemment réfléchir sur le caractère odieux du péché à la vue de Dieu? Est-ce que Christ n’a pas été «fait malédiction» et n’est pas mort à cause du péché? Le chrétien ne doit-il pas se rappeler, à l’occasion, que chaque péché commis mérite la colère et la malédiction de Dieu dans cette vie et celle qui est à venir? Il y a un moment, dans la vie d’un vrai chrétien, pour se prendre en dégoût à cause de son péché (cf Ez 36.31). Il y a un moment pour ressentir son impureté et pour la confesser (cf Es 6.5). Si nos théologiens protestants d’autrefois pouvaient parler de leur péché comme ayant le caractère «d’infinité sur infinité» et «d’infinité multipliée par l’infinité» que ne devraient pas dire: les croyants du leur aujourd’hui?

C’est le péché mignon de notre âge de banaliser le péché. Le remède consiste à méditer sur la sainteté et la justice de Dieu lui-même, sur la rigueur et la perfection de ses lois, sur la fin des damnés en enfer, et, par-dessus tout sur les souffrances de notre bien-aimé Rédempteur sur la croix du Calvaire. Le chrétien cesse de faire des progrès spirituels dès qu’il cesse de se repentir. La façon moderne consiste à chuchoter quelques formules de confession comme si le péché n’était pas plus sérieux, aux yeux de Dieu, qu’un manquement à l’étiquette ou une infraction aux bonnes manières à table.

Rappelons-nous que le péché est la contradiction de Dieu. Les grands hommes de Dieu d’autrefois ont regardé leurs propres cours comme un abîme de corruption. Ils avaient raison. C’est quelque chose que nous devrions apprendre de nouveau. Nous pourrions dire de nos péchés «O profondeur».

2. Un comportement plus respectueux dans l’adoration

Il est dit de l’Eglise primitive que son attitude envers Dieu était caractérisée par «la crainte» (Act 2.43) et quelquefois par «une grande crainte» (Act 5.5 et Il). L’apôtre Paul instruit les chrétiens de son temps à se comporter de telle façon dans leurs services publics que si un non-croyant entre, les secrets de son cour sont dévoilés (1 Cor 14.24- 25). Le sentiment de la présence de Dieu le pousse alors à tomber sur sa face en confessant: Dieu est réellement au milieux de vous (v .25). L’ enseignement apostolique met l’accent sur un culte rendu «avec piété et avec crainte» (Héb 12.28). Ailleurs, nous sommes exhortés à mettre en oeuvre notre salut avec crainte et tremblement (Phil 2.12).

Malheureusement cette crainte empreinte de respect a été largement perdue dans les services d’ adoration contemporains. Ceci est dû, en partie, à l’esprit de notre temps qui secrète la superficialité. L’homme moderne se précipite sur un chemin «où les anges craignent de poser le pied». II s’approche de Dieu hardiment et en coup de vent, avec des pensées, des paroles et des émotions sans préparation de cour. En fait, l’ancienne pratique qui consistait à se préparer pour l’adoration à la maison de Dieu en passant premièrement du temps dans la prière est généralement considérée comme désuète et comme une addition pénible à l’agenda religieux du jour.

II est déplorable que beaucoup de services dans les églises évangéliques ne soient pas marqués par «la crainte respectueuse» (Héb Il.7).

Quel dommage que la gravité soit presque partout un souvenir du passé ! Une ignorance coupable est tapie derrière le remue-ménage des cultes modernes. Mais la plus grande faute demeure notre manque de perception de la gloire, de la grandeur et de la majesté du Dieu que nous venons adorer. La règle, dans la maison de Dieu, avant un service, devrait être le silence respectueux qui évite la dispersion et les conversations relatives aux affaires courantes. Toute notre attention doit être mobilisée parla solennité de l’heure pour louer le Tout-Puissant avec nos cours et nos voix et pour écouter sa parole.

Notre entendement doit être rééduqué pour comprendre cette vaste perspective de Dieu, ce qui inspirera notre attitude envers le pasteur et les anciens (Héb 13.7; 1 Thes 5.12,13). Lorsque nous prions notre Dieu, courbons-nous dans sa présence et concentrons nos pensées sur sa grandeur infinie. C’est ainsi que nos cours seront réchauffés et réjouis parce que Dieu «fait grâce aux humbles» (Jac4.6). Mais les indifférents et les irrespectueux s’en iront insatisfaits parce qu’ils n’auront pas «sanctifié le Seigneur dans leurs cours» (I Pi 3.15).

Nous devons faire attention à ce que nous chantons et répandre nos cours devant Dieu avec grâce et non dans un torrent de sons. En écoutant la prédication, nous devons prêter attention à la doctrine et ses applications à nos vies; ne nous permettons pas d’être distraits par une infirmité supposée dans la voix, le style ou la délivrance du sermon. Si nous recevons peu du message, augmentons-en le poids en nous réunissant plus tard avec des amis chrétiens pour discuter les points principaux. En rassemblant les miettes après le service, nous pouvons grandement accroître ce que nous avons reçu à l’Eglise. Nous avons besoin de nous souvenir que lorsque nous venons au culte, nous venons à quelque chose d’excellent et de céleste. De la vraie adoration, nous pourrions dire «O profondeur» !

3. Une vision plus élevée de l’intention de Dieu de bénir le monde

Il est tout à fait évident que l’ apôtre Paul avait ce sujet à l’esprit quand il a rédigé les paroles qui forment le titre de cet article. L’étendue du regard de Paul embrasse le cours complet de l’histoire humaine. Dans l’Ancien Testament, Dieu confinait sa bénédiction à Israël. Dans le présent âge du Nouveau Testament, il confine largement sa bénédiction aux païens. Dans un jour à venir, avant la fin, Israël sera spirituellement vivifié. Il y aura une «plénitude» de salut pour Israël et pour le monde entier.

C’ est une déclaration foudroyante que Paul fait ici, alors qu’ il contemple le plan de Dieu et le voit se concrétiser dans l’histoire: Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous (Rom 11.32). Cela ne signifie pas, bien sûr, que tous les hommes seront sauvés, mais que tous les croyants seront sauvés. Ils viendront à Christ du sein de toutes les nations et ils attribueront tous leur délivrance de l’ in- crédulité à la seule miséricorde et grâce de Dieu.

Une nouvelle humanité, rachetée et élue selon le dessein divin, est appelée hors des profondeurs du péché. Aucune force sur la terre ne les empêchera d’entendre l’Evangile, d’y croire et de persévérer jusqu’à la fin. Ils seront appelés au pied de la croix en dépit des préjugés de leur éducation et des inconvénients de leurs circonstances personnelles. La grâce ne les conduira pas seulement à céder au Sauveur. Elle créera en eux la volonté, la joie et l’amour pour le faire.

Le fanatique d’une fausse religion sera amené par la grâce à plier le genou devant Jésus-Christ, et l’ancien matérialiste sera changé en un adorateur du seul vrai Dieu.

Toutes les barrières qui séparaient autrefois les hommes seront abolies. Aucune considération de race, de credo ou de rang altérera l’unité en Christ dont les rachetés jouiront enfin. Voilà la destinée qui attend le véritable peuple de Dieu, dont la justice vient entièrement de lui.

Il n’est pas étonnant qu’avec de telles pensées agitant son âme, Paul peut s’écrier «O la profondeur»! Notre Dieu est le seul Dieu. Son dessein unique s’accomplira et triomphera sur terre. Tous ses adversaires et ses ennemis seront réduits à néant. Tous ceux qui l’aiment et le servent hériteront la gloire et l’immortalité. Dieu a encore beaucoup d’élus à appeler par l’Evangile. Notre travail n’est pas vain dans le Seigneur. Que le courage caractérise notre témoignage pour Jésus; prions pour recevoir une vision plus élevée du plan de Dieu. Si nous suivons cette voie, nos Eglises modernes se détacheront enfin de la superficialité de notre temps.


P.F.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)