Notre place

Bilan provisoire

Dans notre vieille Europe en quête d’une seconde jeunesse, il est de bon ton d’afficher un esprit républicain laïc et non partisan. Cette apparente neutralité ne doit pourtant pas faire illusion : elle se double, au niveau des plus hautes instances, d’un athéisme militant qui n’ose pas dire son nom. On ne s’étonne donc guère que la nouvelle Constitution européenne, dont le projet a été adopté en juin 2004, omette toute référence à Dieu dans son préambule, au profit d’un texte passe-partout : « S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles… ».

Plus récemment, le refus de la candidature de Monsieur Buttiglione (un catholique conservateur) au sein des organes directeurs du Parlement européen est un épisode significatif : la morale chrétienne sur des sujets comme l’avortement ou l’homosexualité n’a pas sa place dans ce cadre. Parallèlement, à tous les niveaux de notre vie ordinaire (éducation, législation, affaires, mœurs, etc.), le consensus chrétien continue de s’éroder, et les mentalités collectives héritées de mai 68 viennent prêter main forte aux dirigeants de nos nations apostates. Un vieux rêve occulte se concrétise : l’Empire mondial se bâtit avec le ciment de la révolte contre l’Éternel et son messie (cf. Ps 2.1-3). Comme l’avait discerné A. Camus dans son fameux essai sur « l’histoire de l’orgueil européen », ce projet est habité d’une ambition métaphysique : « l’édification, après la mort de Dieu, d’une cité de l’homme enfin divinisé » (L’homme révolté, Idées NRF, Gallimard, 1951, p 22 et 225).

Un strapontin pour le chrétien ?

Conscient des présupposés anti-chrétiens qui, souvent mêlés aux bons sentiments et aux discours apaisants, façonnent notre société, le chrétien peut à juste titre se sentir isolé, incompris, voire menacé. Le flou de la pensée postmoderne, aussi répandue qu’insaisissable, semble le priver d’une affirmation claire et tranchante de sa foi. Y a-t-il encore un strapontin pour lui dans cette mouvante et imposante assemblée?

La tentation de se rebiffer contre une place aussi humiliante est grande. Mais le chrétien a été prévenu : « Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 13.16 ; 15.20). Au reste, l’expérience nous apprend que le monde trouve toujours prétexte à s’opposer au témoignage des croyants. Si ceux-ci sont fervents, on les accusera d’exaltation ou d’illuminisme ; s’ils sont modérés, ce seront des faibles ; s’ils sont fidèles, on en fera des réactionnaires ringards ; s’ils sont dévoués dans le cadre de leur église, on les réduira à des sectaires bornés ; s’ils sont sympathiques, serviables et généreux, ce seront de braves gens, mais on refusera à leur Sauveur le privilège de les avoir rendus tels. Reconnaissons que vivre en chrétien n’est pas de tout confort.

Trop tard pour être entendus ?

Informé de l’ingratitude du combat, le chrétien l’est aussi des fruits attendus de son service. Tant que le Chef de l’Église ne l’a pas reprise à lui, le croyant peut compter sur des percées et des victoires spirituelles réelles : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35) ; « Faites tout sans murmures ni discussions, pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie » (Phil 2.14,15,16a). Tel est le plan du Maître pour ses disciples, afin que ceux-ci offrent au monde des vies d’authentiques chrétiens, fermes, unis et pleins d’espoir malgré l’hostilité ou l’indifférence. Pourquoi donc le message de l’Évangile est-il en perte de crédit ? Pourquoi le chrétien reste-t-il souvent désemparé, comme sur la touche, devant l’évolution de notre société ? Essayons d’y réfléchir.

1. Attention virus !

Depuis une quarantaine d’années, le dogme chrétien est soumis à un redoutable travail de sape. On nous dira qu’il en a toujours été ainsi. Oui et non. Oui, parce la vérité biblique a toujours été contrée et contestée au nom d’autres positions (religieuses, scientifiques, politiques, etc.). Non, parce que la nature de l’idéologie postmoderniste est foncièrement inédite : le chrétien ne se trouve plus face à des adversaires auxquels il faudrait opposer des contre arguments soigneusement choisis ; c’est le droit d’avoir ses arguments à lui qui lui est refusé. En effet, dans un monde où règnent les principes d’incertitude et de pluralisme, c’est la possibilité même de se référer à une vérité absolue, certaine, normative, qui est proscrite. La mode impose une réduction au particulier ; elle n’admet pas de réalité transcendante au-delà du Moi. Un tel minimalisme spirituel est bien évidemment incompatible avec la Révélation biblique et tout son message.

Malheureusement, ce présupposé culturel a pesé très lourd sur la capacité de mobilisation et de rayonnement des chrétiens. Les « flambeaux » se sont mués en timides « lumignons qui fument ». L’engourdissement spirituel et les soucis de la vie ont fait le reste, et beaucoup de croyants sont devenus incapables de remplir leur mission de sentinelles, de hérauts de Christ (cf. Mat 26.36-46 ; Luc 21.34). Plus grave encore : le croyant du 21ème siècle est parfois devenu, à son insu, le vecteur efficace (la « mule » ?) de notions et de comportements manifestement séculiers et profanes. Pareilles à des virus, ces attitudes infectent sa relation avec Dieu, et son témoignage. En voici les symptômes les plus fréquents :

a) L’appauvrissement de la connaissance

Le refus postmoderne de la pensée rationnelle et structurée, ainsi que la négligence de l’étude systématique de l’Écriture (sans parler de l’abandon de la lecture tout court) sont ici en cause. Cette orientation en phase avec l’esprit du temps flatte évidemment notre paresse innée, et nous autorise le moindre effort. La connaissance biblique se rétrécit comme une peau de chagrin. Conséquence : le chrétien évangélique connaît moins bien « son livre » qu’un témoin de Jéhovah ou qu’un mormon. Sa foi est sans vigueur, parce que sous-alimentée.

b) Le ramollissement de la conscience

Le relativisme moral qui prévaut aujourd’hui, la banalisation des perversions en tous genres, ainsi que le mépris général dans lequel le monde tient la Révélation biblique, contribuent à aliéner le croyant de ses semblables. Comme Lot au milieu de Sodome, il s’afflige de l’état moral de la cité, mais ne trouve pas la force de la quitter. Quand, de plus, il ne connaît la Parole de son Dieu qu’au travers de vagues souvenirs de catéchisme ou de prédications vite oubliées, il se résigne plus facilement à la dépravation ambiante. Même s’il ne pratique pas tout ce qui se fait autour de lui, le chrétien n’en est plus franchement choqué. Quant aux libertés qu’il s’octroie, aux choses qu’il regarde (des heures durant), aux accoutrements provocants qu’il (elle ?) se permet, au langage qu’il utilise, on n’ose plus y faire allusion : ce serait empiéter sur sa sacro-sainte sphère privée.

c) L’effacement du discernement

L’extrême variété des points de vue possibles, l’éclatement des frontières et des valeurs traditionnelles, mais surtout les effets conjugués d’une intelligence mal éclairée et d’une conscience émoussée, peuvent rendre le chrétien incapable de s’orienter, de comprendre les temps dans lesquels il vit, de distinguer entre l’utile et le futile. Il ne perçoit plus clairement sa vocation. Il va dès lors se laisser guider par les circonstances ou par le discours persuasif de la première vedette (évangélique) venue. Sa capacité de démêler le vrai du faux, le bien du mal, l’essentiel du superficiel, le réel de l’artificiel, la spiritualité biblique des spiritualités d’en bas, s’en trouve sérieusement compromise.

d) La surévaluation des émotions

L’habitude généralisée de mesurer la validité (et même la vérité) d’une pensée ou d’une expérience en fonction de la qualité de l’émotion qu’elle engendre ou du plaisir qu’on en retire, finit par déteindre sur le chrétien. Pour lui aussi, la tentation de privilégier le « fun » et le « cool », l’ambiance, voire les sensations fortes, est bien présente. Tout ce qui ne l’émeut pas est suspect, ennuyeux, sans contenu. C’est ainsi que l’on peut expliquer l’engouement délirant de certains milieux évangéliques pour une musique (presque) aussi assourdissante, martelée, délurée et sensuelle que celle des discos branchées (ne dit-on pas que la louange dynamique et authentique, c’est comme ça ?…) Ce besoin impératif de sensations explique aussi la soif d’expériences « décoiffantes » avec Dieu : signes, prodiges, miracles, révélations spéciales, etc. Mais les émotions sont de dures maîtresses : elles en exigent toujours plus, jusqu’à épuisement du sujet.

e) La distorsion des textes bibliques

Malgré l’éparpillement extrême des pensées, notre société postchrétienne est pourtant habitée d’une obsession invétérée : elle ne cesse de produire des ouvrages, des films, des avis, des controverses, autour de thèmes tels que la Bible, Dieu, Jésus-Christ, et le vrai sens de l’Évangile. On pourrait presque s’en réjouir, si les interprétations ainsi popularisées, et les hypothèses avancées, ne constituaient pas, la plupart du temps, de grossières distorsions du sens évident des textes sacrés. Ainsi, par exemple, le théologien suisse Eric Fuchs qui, se fondant sur les propos de l’apôtre Paul : «Il n’a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ » (Gal 3.28), en vient à justifier l’union homosexuelle non seulement dans la société, mais dans l’Église. Il ne voit pas d’objection à ce qu’un pasteur soit un homosexuel actif. Au passage, il critique la lecture « fondamentaliste » (c’est-à-dire littérale) des textes bibliques (voir l’article Tous saints ? Les homosexuels aussi ? de J-F. Mabut et A. Dupraz, Tribune de Genève du 1er nov. 2004). Dans ce climat de maltraitance des textes bibliques, et devant la sophistication de certains arguments fallacieux, le chrétien moyen se sent dépassé, et se garde bien d’entrer dans l’arène du débat, laissant le champ libre aux falsificateurs de tous poils.

f) La dispersion de l’énergie

Notre Occident voué aux dieux de la consommation est aussi un hypermarché culturel, psychologique, mystique et religieux. L’offre et la demande sont infinies. Plus question de se soumettre, sa vie durant, à une seule ligne de pensée ou de conduite. De même que le divorce et les relations sentimentales éphémères sont devenus la norme, les « expériences » destinées à garantir le mieux-être et l’épanouissement personnel seront aussi nombreuses, diverses et bigarrées que nécessaire. De divertissements en thérapies, de séminaires en voyages initiatiques, de cures de bien-être en spectacles éblouissants, l’Occidental du 21ème siècle se multiplie et s’éreinte. Et le croyant, pour être sûr d’être à la page, se met à vivre au même rythme, sous la même contrainte. Oh ! bien sûr, il ne troquera pas facilement sa foi contre une religion exotique, mais dans le cadre de son église, de son temps libre, de ses centres d’intérêt, il sera à l’affût des nouveautés, des modes, des choses à voir absolument, comme s’il craignait de ne vivre qu’à moitié en se calmant un peu.

Qui se sent indemne de la mentalité du siècle présent ? Le catalogue des virus de notre foi devrait nous amener à la constatation : l’impact de notre témoignage passe par une reconquête de notre identité, par un assainissement de notre position face au monde, par une redécouverte de notre héritage ?

2. Retrouver notre place

Nous ne pouvons ici qu’esquisser une orientation nouvelle. Dans un livre fort intéressant intitulé Les défis de la postmodernité (Éd. Emmaüs, 2002, CH-1806 Saint-Légier), Alfred Kuen fixe les termes de sa réflexion entre deux pôles :

– d’une part, la nécessité pour le croyant immergé dans la mentalité postmoderne de ne pas s’y conformer, selon l’injonction de l’apôtre Paul : « Ne vous conformez pas au monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rom 12.2) ;
– d’autre part, la nécessité de tenir compte de cette mentalité dans son approche de ses semblables. Selon Paul toujours : « Je me fais tout à tous, afin d’en conduire au moins quelques-uns au salut par tous les moyens » (1 Cor 9.22).

Après avoir soigneusement analysé les implications de la position postmoderniste dans le monde et dans l’Église, A. Kuen nous propose d’exploiter le mieux possible les failles et les grandes détresses provoquées par le vide existentiel et normatif de notre époque. Il affirme que le désarroi actuel crée des opportunités nouvelles pour l’évangélisation, mais que cette dernière ne doit pas hésiter à prendre parfois des chemins inhabituels (voir chap. 10 : Comment se faire « tout à tous »). Pour autant, l’auteur reconnaît que l’adaptation au monde actuel a ses limites, et que le message chrétien ne saurait être simplement assaisonné au goût du jour : « Tout notre enseignement et toute notre prédication devront tourner autour des vérités centrales de l’Évangile. Le christianisme contient une part intellectuelle non négociable qu’il nous faut enseigner… Dans le Nouveau Testament les chrétiens ne dialoguent jamais comme si les deux parties étaient censées chercher la vérité : ils proclament celle qu’ils ont découverte en Jésus. Mais ils le font avec humilité » (p. 178). Suit un catalogue de conseils pour rétablir le courant entre les chrétiens et leur génération.

Toutefois, A. Kuen est bien conscient qu’avant toute « méthode » de communication du message biblique, c’est l’état spirituel du croyant qui constitue la priorité absolue. « C’est dans la mesure où nous serons vraiment nous-mêmes, vivant notre foi comme la Parole de Dieu le demande, que nous aurons le maximum d’impact sur nos contemporains » (p. 191). Et l’auteur de citer 1 Pi 2.11-12, et un peu plus loin, Rom 3.10-14 et Ph 2.14-16a (déjà cité au début de notre article).

Ainsi donc, trouver notre juste et utile place dans ce monde requiert un triple combat :

– le combat pour une vie personnelle entièrement conforme à la volonté de Dieu ;
– le combat pour une vie d’église conséquente et convaincante ;
– le combat pour une évangélisation sage, aimante, et sans compromis (cf. p. 194).

Si, dans les grandes lignes, nous pouvons suivre la présentation d’A. Kuen, dont l’approche est sûrement celle de beaucoup d’évangéliques, nous nous permettons cependant de suggérer que le chrétien en panne de témoignage efficace verse trop rapidement dans la mise en application de recettes de communication (si ce n’est de marketing, voire de manipulation psychologique). Il sous-estime la valeur déterminante de sa communion avec Dieu, de sa consécration dans le cadre de sa vie d’église et de la fidélité qu’elle implique dans toutes sortes d’œuvres plus ou moins cachées. Il fait parfois peu de cas de la transmission de « tout le conseil de Dieu », y compris des éléments les moins populaires de ce message (prédication centrale de Jésus Christ crucifié pour nos péchés et ressuscité pour notre justification ; cf. 1 Cor 1.21-23, 30 ; 2.2 ; Rom 4.25). En d’autres termes, on se hâte vers des fruits rapides, mais on néglige d’affermir les racines et de soigner l’arbre. D’où des résultats de qualité incertaine.

En relisant attentivement les versets de départ d’A. Kuen dans leur contexte (c’est-à-dire Rom 12 à 16 et 1 Cor 8 à 13), on est frappé par l’insistance de Paul sur deux thèmes prioritaires : la relation des croyants avec leur Dieu, et celle des croyants entre eux. Les relations des croyants avec le monde en général ne viennent qu’ensuite.

Cet équilibre implique que le croyant s’attache d’abord à regagner le terrain que la mentalité postmoderne lui a volé. Les maux que nous avons brièvement passés en revue (appauvrissement de la connaissance biblique, ramollissement de la conscience morale, effacement du discernement, surévaluation des émotions, distorsion des textes bibliques, dispersion de l’énergie) sont autant de handicaps graves, dont on ne guérit pas du jour au lendemain. Leur élimination exige la repentance, le retour à une vie d’authentique dépendance de Dieu, le réajustement de nos priorités, la réflexion éclairée par la Parole et par l’Esprit, le rééquilibrage de nos émotions, le réexamen de notre engagement dans la famille, dans l’Église et dans le monde. Devant l’influence ravageuse de notre société impie sur nos esprits, et devant l’ampleur de notre mission, nous pouvons soupirer : « Qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor 2.16 b) La réponse du Seigneur ne sera pas autre qu’il y a 2000 ans : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Cor 12,9 a). Dans cette perspective, et avec une telle provision, qui peut prétendre que le chrétien n’a plus sa place aujourd’hui ?

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)