Linguistique et théologie

Joël Freyche, agrégé de l’Université

Le problème doctrinal est un divorce étrange entre
      « Vous êtes morts » du verset 3, et
      « Faites mourir » du verset 5.

Pour comprendre la pensée du Saint-Esprit et de l’apôtre, il faut :
A) envisager I’OPPOSITION entre la vie cachée de Christ, « en haut » (ano, verset 1) et les membres qui sont « sur la terre » (épi tes ges, verset 3) : la vie « d’en haut » est une LOI qui ne peut, là où elle existe, que se manifester « sur la terre », c’est-à-dire pratiquement.

B) comparer « est cachée » (kekruptal, verset 3) avec « cherchez », (zeteite, verset 1) lesquels aussi présentent, par leur valeur d’aspect, les deux mêmes faces du problème, conduisant à la solution divine. Le premier est un Perfectum (sens : une vie engendrée, ACOUISE) , le second, un Infectum (sens : une action qui se déroule, une recherche constante, quotidienne, de la même eau vive). La source est là, ouverte ; profitons-en ; puisons régulièrement et sans nous lasser, sachant qu’elle est OUVERTE.

Voilà, en gros, ce que, sur ce point particulier, la connaissance des ASPECTS du verbe grec peut nous révéler.

Mais passons maintenant à l’étude de l’impératif du verset 5 : « faites mourir »>

C’est un aoriste-impératif exprimant l’idée verbale pure et simple. Ayec la particule (oun c’est pourquoi) , fréquente en grec, qui le suit, il doit se traduire ainsi : « Faire donc entrer dans la mort » (note 2), non « Faites mourir ».

Le « c’est pourquoi », ou « donc » de nos traductions demande à être précisé. Son véritable sens est « Cela étant », c’est-à-dire, la réalité divine posée par le verset 3 : « votre vie est cachée », c’est un don acquis vous êtes en Christ, un être nouveau ; cela étant, faites entrer dans la mort ce qui est encore sur la terre, en attendant votre montée corporelle avec LUI dans les cieux. L’idée de tiraillements, de lutte incessante, sorte de manichéisme où Satan aurait le même poids que Jésus ressuscité, se trouve exclue par le texte bien traduit et bien compris.

Pour citer un ou deux exemples concrets, disons qu’il s’agit de quelque chose d’analogue à ces soubresauts d’une vie animale déjà frappée à mort, comme dans le cas typique de la grenouille décapitée qui bondit encore, des cellules ou des poils d’un corps mort qui survivent quelque temps à la cessation profonde de la vie.

Faute de cette compréhension et de cette obéissance au FAIT décisif de la résurrection de Christ, nous étant ressuscités avec LUI, on s’expose à « rebâtir » plus ou moins consciemment l’édifice du vieil homme (Gatates 2 : 18) , à encourager les cellules morbides à proliférer.

Les « aspects », (terme de linguistique) dont il est parlé ici, correspondent, mais de fort loin, dans l’Indo-européen d’où est sorti le grec avec la plupart de nos langues occidentales, â nos modes actuels (note 1). Il n’y avait ni Présent, ni Passé, ni Futur, mais un « Infectum » et un « Perfectum »

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Note 1 : En grec, les aspects ont évolué; mais dans la langue du Nouveau Testament, il en reste de profondes empreintes

Note 2 : Ordre général, sans précision de temps. Comparez le français : « Tournez à droite »


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