Martin Luther À l’origine de la Réforme

Le 31 octobre 1517 est la date généralement retenue par les spécialistes pour définir les débuts officiels de la Réforme. C’est en effet ce jour-là que Martin Luther (1483-1546) s’est décidé à afficher sur la porte de l’église du château de Wittenberg ses fameuses 95 thèses, affirmations théologiques par lesquelles il s’oppose ouvertement aux nombreux abus de l’autorité pontificale et propose en échange une réforme radicale de l’Église.

1. L’action de Luther

Salué aujourd’hui comme le maître à penser d’un mouvement ecclésiastique réformateur — le protestantisme — Luther naît à Eisleben en 1483. Issu d’une famille de paysans saxons, il étudiera le droit et entrera en 1505 au couvent des Augustins à Erfurt où il se consacrera à deux recherches prioritaires dans sa vie :
• Une vie monacale passionnée : préoccupé par l’idée ambiante du salut, il s’astreint régulièrement à de sévères mortifications et privations.
• L’étude biblique systématique : Docteur en théologie, il obtient en 1513 la chaire d’Écriture sainte à l’Université de Wittenberg.
Vers 1515, il se met à commenter l’épître aux Romains où son attention est attirée par deux versets qui vont transformer toute sa pensée : « Car je n’ai point honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi ; selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. » (Rom 1.16-17)
À la suite de cette révélation, Luther comprend que le salut ne dépend aucunement de quelque œuvre de l’homme mais qu’il est un don gratuit que Dieu accorde à tous ceux qui se repentent et qui croient.
À la même époque (1515), le dominicain Tetzel (mandaté par le pape Léon X) parcourt l’Allemagne en vendant des indulgences censées accorder aux acheteurs (qui s’endettaient) le pardon des péchés et la garantie d’un salut éternel mais en réalité le produit de ce trafic était destiné au financement de la basilique Saint Pierre à Rome… Ce marchandage éhonté épouvante Luther qui réagit publiquement en affichant le 31 octobre 1517 sur l’église de Wittenberg 95 thèses pour manifester son opposition à de telles pratiques. En voici deux particulièrement explicites :
• 27 : Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu’aussitôt que l’argent résonne dans leur caisse, l’âme s’envole du purgatoire.
• 67 : Les indulgences dont les prédicateurs prônent à grands cris les mérites, n’en ont qu’un : celui de rapporter de l’argent.
Ce manifeste par lequel Luther espérait provoquer un simple entretien théologique et une profonde remise en question de l’église catholique a produit une réaction opposée et suscité les pires ennuis à son auteur. Appelé à s’expliquer devant les autorités ecclésiastiques, Luther sera confronté successivement à Augsbourg avec le légat pontifical Cajétan et à Leipzig, avec le théologien Eck : il est sommé de se rétracter sans aucune discussion !
Luther refuse d’obtempérer. La réaction est immédiate : en 1520, le pape Léon X lance contre lui une bulle d’excommunication que le réformateur brûle aussitôt en public à Wittenberg ! Le 3 janvier 1521, la rupture est consommée et Luther chassé.
Cette exclusion l’enhardit davantage dans ses convictions et ne l’empêche pas de rédiger trois autres manifestes clairement anticléricaux :
• À la noblesse chrétienne de la nation allemande (contre la suprématie romaine)
• La captivité de Babylone (contre les 7 sacrements)
• De la liberté du chrétien (contre l’église catholique)
Outre sa mise à l’écart de l’église catholique, Luther subira une seconde condamnation tout aussi lourde de conséquences : cité par l’empereur Charles-Quint devant la diète d’empire réunie à Worms en 1521, il est une nouvelle fois sommé de se rétracter.
Cependant Luther confirme devant princes et seigneurs réunis, l’autorité suprême de la Parole de Dieu : « Si l’on ne me convainc pas par le témoignage de l’Écriture ou par des raisons décisives, je ne puis me rétracter. Car je ne crois ni à l’infaillibilité du pape, ni à celle des conciles car il est manifeste qu’ils se sont souvent trompés et contredits. Ma conscience est liée à la Parole de Dieu. Je ne puis et ne veux rien révoquer car il est dangereux et il n’est pas juste d’agir contre sa propre conscience. Que Dieu me soit en aide ! Amen. »
Luther est alors condamné au ban de l’empire, c’est-à-dire qu’il est considéré comme « hors la Loi », ce qu’il demeurera jusqu’à sa mort, de 1521 à 1546 ! Il est alors « enlevé » pour être protégé et caché (sous le nom de Chevalier Georges) au château de la Wartbourg (près d’Eisenach) par le prince électeur de Saxe, Frédéric le Sage qui prend fait et cause pour le banni. Luther profitera de cette prison dorée pour débuter la traduction de la Bible en allemand (N.T. en 1522 et A.T. en 1534), ce qui fera de lui un des pionniers de la langue allemande moderne.
De retour à Wittenberg en mars 1522, il se mariera en 1525 avec Catherine de Bora dont il aura 6 enfants. Il n’exercera plus de ministère public (à cause de ses condamnations) mais développera une grande activité littéraire pour :
• Continuer son combat spirituel contre l’église catholique soutenue par les pouvoirs politiques en fixant les éléments essentiels du culte évangélique dans un traité intitulé La Messe allemande.
• S’opposer aux révoltes sociales contemporaines : il défendra la position des seigneurs allemands dans la guerre contre les paysans (1525).
• Lutter contre les excès de certains partisans un peu plus fanatiques de la Réforme comme les anabaptistes.
• Apporter une éducation spirituelle au peuple ignorant : il rédigera deux ouvrages importants en 1529 : Grand catéchisme et Petit Catéchisme.
• Composer un grand nombre de chorals exprimant la foi vivante dont le plus célèbre commence par cette confession : « C’est un rempart que notre Dieu : si l’on nous fait injure, son bras puissant nous tiendra lieu et de fort et d’armure… »

2. L’influence de Luther

La Réforme s’étend rapidement à travers l’Allemagne pour diverses raisons :
• Spirituelles : la soif de vérité « épurée » de beaucoup faisant suite à une religion oppressante noyée dans un fatras de légendes de saints et de multiples dévotions étrangères au pur Évangile.
• Politiques : l’opportunité de plusieurs princes électeurs allemands ne plus être soumis à la dictature vaticane ; opposition de mentalité latente depuis des siècles entre caractères germanique et latin.
• Pratiques : le développement de l’imprimerie a permis la diffusion de la pensée et des écrits de Luther qui ont largement débordé l’Allemagne…
Néanmoins, l’opposition impériale est tenace :
• 1526 : Première Diète de Spire où les autorités accordent la liberté de religion aux princes et aux villes qui ont choisi la « nouvelle religion ».
• 1529 : Seconde Diète de Spire convoquée par Charles Quint qui tente d’abroger le décret de 1526 : cinq princes représentant plusieurs villes libres rédigent une pétition contenant ces mots désormais célèbres « Chers Seigneurs, oncles, cousins et amis ; … si vous ne vous rendez pas à notre requête, nous protestons[note]Ce serait l’une des origines du mot « protestants ». L’autre explication résiderait dans la signification étymologique du terme latin protestare : « témoigner devant ».[/note] par la présente, devant Dieu, … que nous ne consentons ni n’adhérons… au dernier décret de Spire. »
• 1530 : Diète d’Augsbourg au cours de laquelle Philippe Melanchton (1497-1560), conseiller politique du prince Frédéric le Sage, gagné par les idées de Luther, sera chargé de rédiger en vue d’une paix religieuse, une confession de foi définissant la doctrine officielle des « protestants ». Cette Confession d’Augsbourg devient la confession de foi fondamentale de l’église luthérienne.
• 1555 : Paix d’Augsbourg, acte politico-religieux qui partage le territoire allemand entre luthériens et catholiques selon le principe que tous les sujets doivent adopter la religion choisie par leur prince-électeur conformément à l’expression latine « ejus regio, cujus religio », à telle région, telle religion ! D’après cette répartition, en 1555, les deux tiers du pays sont luthériens… Les pays nordiques sont rapidement touchés et deviennent bientôt luthériens à leur tour : Danemark, Norvège, Suède et Finlande.
• Schématiquement le milieu du XVIe siècle présente une Europe divisée en deux entre pays latins du Sud (à forte majorité catholique) et pays saxons du Nord (à forte majorité protestante), préfigurant les guerres de religion qui vont ensanglanter notre continent durant plus d’un siècle…

3. Conclusion

Martin Luther a donc été, au sein de l’Église du XVIe siècle, l’élément détonateur de ce mouvement rénovateur connu aujourd’hui sous le terme générique de « protestantisme » mouvement spirituel aux multiples facettes… Mais Luther ne fut pas seul dans le renouveau spirituel. Parmi ses nombreux successeurs adeptes d’une foi renouvelée, citons : Philippe Melanchton (1497-1560) ordonnateur de sa pensée ; Jean Calvin (1509-1564) ; Ulrich Zwingli (1484-1531) ; Pierre Viret (1511-1571) ; Guillaume Farel (1489-1565) ; John Knox (1505-1572) et Guy de Brès, né à Mons et auteur de la confession belgica en 1560.
Pour terminer, notre intention n’est certainement pas d’apporter quelques critiques à l’égard de Martin Luther vu l’importance de son intervention dans l’évolution de l’Église et son impact dans le cadre de l’Histoire de l’humanité. Tout chez ce fidèle serviteur de Dieu est grandiose et son œuvre demeurera indélébile. Cependant, qu’il nous soit permis de relever quelques détails qui ont peut-être soustrait au mouvement réformateur initié par Luther des avancées intéressantes et suscité en contrepartie quelques déboires…

Révolte des paysans (1525)

La position (plus politique que religieuse) prise par Luther est sujette à caution. Le réformateur ayant été défendu par les princes allemands lors de ses condamnations, a pris fait et cause en leur faveur manifestant ainsi une attitude fort conservatrice face aux excès révolutionnaires de certains dont les anabaptistes (emmenés par Thomas Munzer) qui soutenaient les revendications paysannes. Les princes vainqueurs de ce conflit dramatique affirment alors de plus en plus leur autorité et interviennent directement dans les affaires religieuses.

Émergence d’églises nationales

Cette suprématie des princes va entraîner une nouvelle structure politico-religieuse des églises luthériennes. À la différence de l’église catholique dont le but a toujours été d’assujettir l’État à l’Église (conférant ainsi au pape une sorte de primauté sur les nations) dans chaque pays où le luthéranisme a triomphé (en particulier en Europe du Nord) on assiste à l’installation d’églises nationales autonomes qui « fonctionnent » en partenariat avec les autres églises tout en conservant leurs prérogatives.

Divergence à propos de la Sainte-Cène

Une controverse néfaste a d’abord opposé Luther à Zwingli concernant l’interprétation spirituelle du dernier Repas du Christ ; controverse qui s’est amplifiée ensuite avec Calvin… Le manque flagrant de cohésion de la part des réformateurs au sujet de la Sainte-Cène a empêché le mouvement protestant d’offrir un « front commun » cohérent face à l’église catholique.

Petit rappel des diverses conceptions théologiques :

• Catholique = transsubstantiation : présence charnelle réelle de J.-C.
• Luthérienne = consubstantiation : présence effective invisible de J.-C.
• Zwinglienne = symbolisation : allusion symbolique de la présence de J.-C.
• Calviniste = spiritualisation : présence spirituelle authentique de J.-C.
Prolifération des églises protestantes
Un des fondements de la réforme luthérienne affirme que seule l’Écriture Sainte a autorité en matière de foi (« Sola Scriptura »). À la limite, cette revendication permet à chacun(e) une libre interprétation des textes bibliques qui a provoqué au cours des siècles une profusion de mouvements protestants parallèles (et parfois opposés) se réclamant tous utilisateurs d’une même source inspiratrice : la Bible. Par conséquent, il n’est pas possible de parler d’un protestantisme unitaire mais bien d’un protestantisme aux multiples facettes.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)