Maladie et guérison

La santé et la maladie font partie intégrante de notre existence. Pourtant, nous redoutons généralement la souffrance, et le cas échéant, cherchons à guérir au plus vite. Du début à la fin de l’A.T., la maladie est un thème fréquent (9 mentions dans le Second livre des Rois !). Il en est de même dans le N.T. (17 guérisons opérées par Jésus dans le seul Évangile selon Luc). Mais tous ces récits ne font pas de la Bible un ouvrage de médecine : Jésus n’a jamais promulgué ni une doctrine ni une pratique en matière de procédés thérapeutiques ! Et nous serions bien empruntés pour établir des méthodes curatives sur la base des guérisons apostoliques mentionnées dans les Actes (ch. 3, 5, 8, 19, 28).

Dans les épîtres, la maladie et la guérison n’occupent pas une très large place. Mais à l’heure qu’il est, on assiste à une surenchère dans certaines sphères du monde évangélique où la guérison est perçue comme un droit fondamental du chrétien. Dès lors, la confusion et les conflits d’opinion vont bon train : est-il normal de tomber malade ? faut-il toujours espérer la guérison ? La palette de réponses est variée.

Le sujet mérite notre réflexion. Pour limiter notre étude, nous nous focaliserons sur Jacques 5.13-18, le seul passage des Épîtres qui traite spécifiquement du sujet et qui suggère le chemin à suivre dans le traitement d’un certain type de maladie. Approchons ce texte avec le maximum d’objectivité et par le menu, en écoutant Jacques, le demi-frère de Jésus, qui fut un responsable important de l’église de Jérusalem.

Le texte dans la traduction Louis Segond, Nouvelle édition de Genève 1979

13. Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques.
14. Quelqu’un parmi vous est-il mala¬de ? Qu’il appelle les anciens de l’église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ;
15. la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné.
16. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière agis¬sante du juste a une grande efficacité.
17. Élie était un homme de la même na¬ture que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois.
18. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit.

Voici ce que révèle l’analyse détaillée de ce passage, à partir des textes originaux.

Verset 13

« est-il dans la souffrance » : litt. souffre-t-il (le verbe signifie : être dans une mauvaise situation, être réduit aux extrémités, cf. 2 Tim 2.3,9 ; 4.5). Le terme a un sens large.
« qu’il prie » : La solution aux contrariétés, aux persécutions, aux problèmes est simplement la prière. Et pour celui qui est dans la paix de la joie, qu’il chante et adore avec louanges !

Verset 14

« est-il malade » : Le verbe utilisé (être faible, malade) a donné l’adjectif « asthénique », qui indique un manque de force, de vitalité physique ou psychique, un état de dépression, de faiblesse (Petit Robert). Jacques fut conduit à employer ce mot pour décrire un chrétien réduit à un état continuel de fatigue et de faiblesse, surtout physique et/ou psychique (cf. 1 Cor 2.3 ; 15.43 ; 2 Cor 10.10 ; Héb 4.15 ; 5.2 ; 7.28). Ce verbe est employé 20 fois (surtout dans les Évangiles et dans les Actes) pour évoquer la faiblesse, la maladie physique (sans précision quant à la nature du mal), et au moins 12 fois pour désigner ceux qui sont faibles, affaiblis psycho-spirituellement (Rom 4.19 ; 8.3 ; 14.1,2,21 ; 1 Cor 8.9,11,12 ; 2 Cor 12.10 ; 13.3,4,9). Une situation psycho-spirituelle asthénique d’abattement engendre souvent apathie et fragilité physiques. Jacques n’a utilisé ni le terme maladie au sens physique dans la majorité des réf. du N.T., ni paralysie. Le contexte doit nous servir d’arbitre pour opter entre le sens de maladie physique grave, ou de faiblesse spirito-psycho-somatique. Nous penchons pour cette dernière acception, forts :
– des douze références parallèles citées ci-dessus,
– de la mention d’Élie dans les versets 17 et 18 (cf. 1 Rois 18-19) : celui-ci n’a pas été malade physiquement, mais plutôt psychiquement et spirituellement, pour un temps limité.

« qu’il appelle les anciens de l’Église » : L’« asthénique » lui-même prend l’initiative (et non ses proches) d’appeler les anciens. Deux titres sont donnés aux hommes qui occupaient cette fonction : le premier désigne un homme d’un certain âge ayant acquis une vaste expérience de la vie, sachant parler et agir avec sagesse ; le second, littéralement « évêque », s’applique à celui qui surveille, administre (cf. 1 Tim 3.1-7 ; Tite 1.5-9 ; Act 20.17,28 ; Phil 1.1). Le titre d’anciens désigne les membres d’un collège de dirigeants aux qualités dûment reconnues .

« en l’oignant d’huile » : Le verbe « oindre » n’est pas celui utilisé pour faire une onction sacrée ; il veut dire : frictionner, graisser, enduire, étaler ou appliquer de l’huile sur le corps pour le détendre, le renouveler ou soigner des plaies (cf. Luc 10.33-34). L’huile d’olive (avec son action apaisante) et le vin (comme désinfectant) comptaient parmi les agents thérapeutiques les plus courants de la médecine populaire. Cette onction est donc de nature médicale ; elle suggère que les anciens étaient autorisés à admettre l’utilisation de médicaments en parallèle à leur secours spirituel et fraternel. La recommandation de Jacques n’a pas toujours été comprise ainsi : la pratique actuellement très répandue qui consiste à verser quelques gouttes d’huile sur la tête ou sur le front du malade en lui imposant les mains de manière rituelle ne me semble pas suivre son enseignement dans ce cas précis.

« au nom du Seigneur » : En prononçant le nom du Seigneur, les anciens reconnaissent publiquement que leur acte et leur autorité honorent la volonté du Seigneur, et non la leur. Prier « au nom du Seigneur » ne tient ni de la magie, ni du ritualisme. De plus, ce n’est pas l’énonciation de ces mots qui va opérer la guérison. « Au nom du Seigneur, je te guéris » n’est pas une formule dont la récitation mécanique va automatiquement être accompagnée d’un miracle.

Verset 15

« la prière de [la] foi » : Chacun des anciens dûment qualifiés doit avoir confiance que le Seigneur va guérir l’« asthénique ». Au préalable, ils vont se renseigner pour bien saisir le fond de la situation, avant de se lancer dans cette entreprise de si haute importance. Il se peut que les anciens, discernant l’état moral et spirituel du demandeur, concluent que le Seigneur a un autre plan que la guérison (cf. 1 Cor 5 ; 2 Tim 4.20). La « prière » (e??? : requête basée sur un besoin légitime) « de [la] foi » est exigée des anciens entourant le malade. Trop souvent des guérisseurs itinérants, lors de grandes réunions, proclament leur capacité de guérir tout visiteur de tout mal. Lorsqu’une guérison ne s’effectue pas, on déclare : « C’est la faute du malade qui n’a pas assez de foi ! » … et tout le monde s’en contente. Or, Jacques précise que ce sont les anciens locaux qui doivent manifester la foi nécessaire à la guérison (cf. Marc 2.3-5). Toute la scène se passe en privé chez le faible-malade, pas en plein air devant des milliers de gens « traités » à la chaîne. Notons bien que c’est la « prière de [la] foi » et non l’onction qui agit efficacement !

« sauvera » : Le sens étymologique du verbe est « délivrera, émancipera » l’affaibli de son état de faiblesse, de fatigue ; ce contexte n’a rien à voir avec l’acte du salut éternel. Le Seigneur va le relever, le restaurer à sa vigueur antérieure.

« le malade » : C’est ici l’adjectif verbal substantivé du verbe ??µ?? (être fatigué ; être souffrant), employé ailleurs dans le N.T. uniquement en Héb 12.3-4 et Apoc 2.3, où il s’agit de la fatigue, de la lassitude, de l’épuisement résultant des assauts constants du monde, des incroyants ou des faux frères pour faire tomber l’enfant de Dieu. Ces assauts sans fin sapent la résistance jusqu’à produire la lassitude, le manque de force pour résister. Un frère affligé d’un tel burn-out a besoin de l’aide directe des anciens.

« et s’il a commis des péchés » : C’est une éventualité ; dans le cas où il serait accablé par le poids de péchés particuliers, il est bon qu’il les confesse devant Dieu, après en avoir parlé aux anciens.

« il lui sera pardonné » : Celui qui est devenu captif d’un péché réitéré, cause de son affaiblissement, sera pardonné après s’être repenti par une confession sincère. Quelle promesse de valeur (cf. v. 16) !

Verset 16

« Confessez donc vos péchés les uns aux autres » : Attention, la confession du péché, lorsqu’elle est nécessaire, fait partie intégrante du processus de guérison dans le cas de ce verset, afin que le péché soit pardonné et que le malade soit rétabli. On peut penser que cette confession a lieu après l’appel aux anciens. Voici le déroulement possible de la démarche du malade : il appelle les anciens, expose sa condition psycho-somatique déficiente, reconnaît (ou non, s’il n’a rien sur la conscience) qu’une habitude de pécher l’a amené dans sa condition ; un adjuvant médical est utilisé si nécessaire, tandis que tous prient, chacun à son tour, pour le malade, mais aussi pour soi-même, car chacun se reconnaît pécheur. Les anciens se souviendront probablement de « petits » péchés d’attitude intérieure, de tel ou tel propos déplacé, de telle décision égoïste, à avouer au Seigneur, afin qu’eux aussi soient purifiés et fortifiés dans leur être tout entier, en vue de pouvoir prier avec foi. Notons que tous les noms et les verbes dans ce verset sont au pluriel ! Tous viennent dans l’humilité, prêts à admettre leurs lacunes et leurs manquements les uns devant les autres. L’orgueil et l’attitude de supériorité des anciens, face au frère en piteux état, sont formellement exclus. Les anciens n’ont en eux-mêmes aucune puissance inhérente pour guérir, ils sont eux aussi pécheurs par nature. L’humilité et la compassion authentiques sont donc de mise.

« afin que vous soyez guéris » : Jacques affirme que la confession et la prière par tous sont les clefs de la guérison de l’homme asthénique. Une confession publique ou privée de péchés qui ne serait pas authentique n’est qu’une comédie, une honte. Mieux vaut ne rien dire du tout ou rester à la maison si l’honnêteté n’y est pas. Par ailleurs, il n’y a rien dans la procédure décrite par Jacques qui ressemblerait à une séance de guérisons à la chaîne sans confession explicite des péchés, et sans considération à l’égard d’un éventuel appui médical.

« la prière agissante du juste a une grande efficacité » : Les mots s’accumulent avec force. D’abord « la prière » (le mot ici diffère du v. 15 et désigne une requête, une supplication, une intercession pour un besoin particulier), puis l’adjectif verbal « agissante » (tiré du verbe e?e???? : être efficace), puis le mot « juste » (qui désigne tout individu justifié en Christ au moment de sa conversion, « en règle » avec le Seigneur), et finalement, l’expression « a une grande efficacité » (a beaucoup de puissance, de robustesse) : voilà un assemblage plein de promesses et d’encouragement.

Versets 17, 18

Jacques termine ses instructions inspirées en prenant un exemple tiré de la vie d’Élie (1 Rois 17-18). Le prophète est très affaibli dans sa marche avec l’Éternel à un moment crucial de sa vie. Toutefois, il a vu intervenir la main de l’Éternel avec puissance en réponse à sa foi, exprimée vigoureusement dans une simple prière. Son exemple replace chaque croyant devant la réalité centrale de tout notre texte, mais aussi de toute notre marche chrétienne : si nous faisons confiance à notre Dieu et Sauveur, si nous sommes intègres devant lui, il y a en lui pleine réserve de miséricorde, de puissance et de sagesse pour répondre à tous nos besoins, à toute détresse, et pour nous relever si nous sommes tombés. Dieu peut nous secourir sans médiation humaine, mais il peut aussi nous diriger vers ceux à qui il a confié la responsabilité de diriger notre église locale. Dans ce dernier cas, c’est Jacques qui nous dévoile la marche à suivre.

En guise de post-scriptum :

Notre article laisse volontairement dans l’ombre toute une série de situations auxquelles les versets de Jacques 5 n’apportent pas de réponse explicite. Par exemple : Qu’en est-il des bébés malades ? des personnes atteintes d’un cancer incurable ou de la maladie d’Alzheimer ? des infirmes de naissance ? etc. Il est évident que la question de la santé, de la maladie et de la guérison comporte de nombreux aspects qui mériteraient une étude beaucoup plus approfondie. Des médecins chrétiens ont du reste écrit d’excellents ouvrages à ce propos.

Qu’il nous suffise ici de rappeler l’exemple de l’apôtre Paul, par le moyen duquel Dieu accomplit des guérisons spectaculaires (jusqu’à une résurrection !). Affligé en lui-même d’une douloureuse (et peut-être rebutante) maladie chronique, il pria à plusieurs reprises pour en être délivré. Sans résultat. Mais Dieu lui fit comprendre la raison de ce non exaucement, et lui révéla ce grand secret : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (cf. 2 Cor 12.6-10)

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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