L’intégration des jeunes dans l’église

L’auteur habite Puidoux (VD) Suisse, il est marié à Marie-Françoise et leurs enfants ont 19, 18 et 14 ans. Enseignant à 50 % dans une école secondaire (élèves de 14 ans), il poursuit aussi un ministère de formation dans les églises Action Biblique, où il a été à plein temps comme responsable de jeunesse durant 15 ans. Il exerce également un ministère pastoral au sein de l’Eglise Evangélique Action Biblique à Vevey, Suisse.

I. L’ÉCRITURE NOUS ENSEIGNE

A. L’église locale

L’église locale est la preuve visible de l’existence de l’Église de Jésus-Christ. Ce rassemblement visible est soumis au temps et aux circonstances, est affecté par les faiblesses et les luttes de ceux qui le constituent, est la cible d’un intense combat spirituel.

Ainsi l’Écriture nous indique que l’église locale s’exprime (Mat 18.17), que certains peuvent la ra-vager (Act 8.3), qu’elle se rassemble (Act 11.26), qu’elle peut être maltraitée (Act 12.1), qu’elle prie (Act 12.5), qu’elle a des anciens (Act 14.23), qu’on peut la convoquer (Act 14.27), qu’elle peut accompagner certains (Act 15.3), recevoir d’autres (Act 15.4), qu’elle peut faire un choix (Act 15.22), qu’on peut en prendre congé (Act 15.30). Elle peut être saluée (Act 18.22), être édifiée, être réunie, être persécutée, être chargée, on peut lui écrire, on peut en être chassé et on peut l’abandonner…

C’est de l’intégration à cette église-là dont traite cet article, et non pas de l’intégration à l’Église universelle, corps de Christ invisible. Bien entendu, ne peut être réellement intégré à l’église locale que celle ou celui qui fait déjà partie de l’Église universelle. Les simulateurs ou les faux-semblants sont un jour ou l’autre démasqués.

B. La jeunesse

La question de l’enseignement de la jeunesse traverse l’Ancien et le Nouveau Testament, avec une insistance et une précision qui devrait attirer et retenir toute notre attention ! Cet enseignement est la base de la conservation et de la transmission de la foi.

Qui est responsable de l’enseignement spirituel de la jeunesse ? En premier lieu les parents (Deut. 4.9-10 ; 6.6-7 ; 11.19 ; 31.12-13 ; Jos 4.21-22 ; Ps 34.12 ; 78.5-8 ; Prov 31.1 ; 1.8 ; Es 38.19 ; Joël 1.3 ; Eph 6.4). Mais c’est aussi une responsabilité qui incombe à chacun (Ps 22.31-32 ; Prov 22.6 ; Matt 18.14 ; 19.14 ; Marc 10.14 ; Luc 18.16). Enfin, le pasteur ou les surveillants dans l’Église locale ont une responsabilité particulière (1 Tim 5.1 ; Tite 2.6).

Quelle est la meilleure méthode à utiliser pour cet enseignement si essentiel et précieux ? La Parole de Dieu nous laisse une grande liberté ; cependant elle nous exhorte sur sa fréquence et son intensité (Deut 6.7), sur sa qualité (Ps 78.3-4), sur son importance (Mat 25.40,45), sur son urgence (Mat 18.14).

Le choix des méthodes, lui, est laissé libre, il ne me semble que suggéré dans l’Écriture :

– Vous appréciez les rencontres rassemblant les participants de tous âges ? L’Écriture vous donne raison, tant dans l’A.T. que dans le N.T. Du temps de Josias, Esdras et Néhémie, dans les ras-semblements autour du Seigneur, dans les rencontres des églises du 1er siècle, nous voyons des groupes multi-âges et familiaux.

– Vous préférez enseigner les enfants et les jeunes séparément, selon leurs besoins et leurs capaci-tés ? La Bible vous donne aussi raison ! “Exhorte les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en toute pureté” (1 Tim 4.11 ; voir aussi Deut 4.9 ; 1 Tim 5.5). Le Seigneur de même a reçu les enfants en particulier.

– Vous êtes “accros” des retraites, des week-ends de jeunes, des séminaires sur des thèmes parti-culiers ? Le Seigneur a ouvert la voie en prenant ses disciples à part, pour les enseigner sur un sujet précis (voir Mat 17, Marc 6 et Luc 9).

N’entrons pas dans des querelles stériles pour définir si telle ou telle méthode est bonne ou moins bonne, recommandable ou non-recommandable. Celles que j’ai suggérées sont présentes dans le texte biblique. Au fil des années, j’ai remarqué que toutes peuvent conduire à de bons résultats spirituels. Ne perdons pas de vue que l’objectif est essentiel, mais que les méthodes peuvent être diverses1.

C. L’intégration des jeunes2

Quelle définition donner à l’expression “intégration dans l’église” ? En caricaturant, ce n’est pas “assistance régulière du jeune à toutes les réunions de l’église”, ni "concordance de vue entière en-tre le jeune et le conseil d’anciens de l’église”, ni "obéissance aveugle du jeune au style directif du pasteur”, ni "copie conforme par le jeune du comportement des parents dans l’église” ! Peut-être pourrait-on entendre cette réflexion: “en fait l’intégration dans l’église est l’ensemble de ces défini-tions”. Ce n’est pas cela non plus !

Voici trois pistes de réflexion (sous forme de textes bibliques) qui peuvent mener à une définition de “l’intégration dans l’église” :

– “En recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez” (1 Thes 2.13). L’intégration dans l’église ne saurait résulter de la seule parole des hommes, ni d’une passion naturelle, telle l’intégration dans un club de sport ou un orchestre. L’intégration dans l’église résulte de l’action de la Parole de Dieu inscrite dans un cœur qui se laisse convaincre sur l’importance de l’église locale. La cooptation, l’amitié, les di-verses activités peuvent accompagner, ou précéder ce travail de l’Esprit de Dieu, mais ne le remplaceront jamais ! L’influence excessive d’un leadership, la manipulation psychologique, voire l’abus spirituel, ou de fausses doctrines spirituelles peuvent momentanément paraître pro-duire un semblant d’intégration. Mais c’est seulement par l’enseignement de la Parole, par l’exemple d’une vie chrétienne crédible, que la Révélation convaincra, de la jeunesse à la vieillesse.

– “Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui” (Col 2.6-7). Cette conviction personnelle progressive concernant la Parole de Dieu se fait en ces deux étapes distinctes et successives dans le temps: l’accueil du Seigneur, puis la marche en Jésus-Christ et l’enracinement sur un fondement solide.

– “Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous mar-chions en nouveauté de vie” (Rom 6.3-4). Cette construction personnelle d’un fondement solide mènera inévitablement au baptême d’eau et à la pratique de la marche dans l’expérience de la mort à soi-même, seule voie existante pour la découverte de la marche en nouveauté de vie. C’est une démarche dynamique, qui implique progression et découverte. Mais c’est aussi une démarche difficile: quel chemin à parcourir !

D’où cette définition de “l’intégration dans l’église”: “état personnel de celui ou celle qui aura à cœur d’obéir à la Parole de Dieu, qui aura comme objectif de marcher en relation étroite avec son Seigneur, qui aura expérimenté le renoncement à lui(elle)-même dans une marche en nouveauté de vie”. Cette définition permet de mesurer notre faiblesse en tant qu’être humain face à une réelle “intégration dans l’église”. Un jeune peut faillir, un chrétien adulte peut faillir, un pasteur peut faillir !

La question inévitable est alors: comment donc parvenir à conduire les jeunes dans cette expé-rience ? Mais tout d’abord examinons la situation qui prévaut actuellement dans l’environnement de notre jeunesse.

II. LA SITUATION ACTUELLE

A. Le regard des aînés sur la jeunesse et l’état de la société

Un pasteur, C. Blumhardt, disait au début du XXe siècle : "Aujourd’hui, le Christ est comme pétri-fié." Et la situation a certainement empiré aujourd’hui ! Comment donc cette “pétrification” se mon-tre-t-elle ?

Un journal chrétien a prétendu récemment que la moitié des enfants et des jeunes issus de famille chrétienne se distancent de la foi ou l’abandonnent entièrement ! Un Christ pétrifié ne peut réchauf-fer les cœurs. Pour de nombreux jeunes, il semblerait que l’attachement à la foi chrétienne est lié au fait d’avoir dans l’église de bons copains, de s’éclater au groupe de jeunes, de rencontrer dans la communauté la musique ou le sport. Un Christ pétrifié ne saurait transmettre par lui-même une quelconque motivation.

Plusieurs de nos jeunes craignent de confesser trop fortement la foi de leurs parents, c’est parfois le seul domaine où ils démontrent une timidité récurrente… Ils remettent à plus tard un engagement personnel trop significatif, sans cependant vouloir se détourner de la foi en Jésus-Christ.

Pourquoi donc rencontrons-nous tant de jeunes bien disposés, mais incapables de placer les priorités spirituelles, incapables de se soumettre réellement à la Parole de Dieu ? Que ce soit dans le maintien de la pureté sexuelle, dans la gestion de leur temps libre, dans le fait de tenir un engagement pour-tant accepté initialement ?

Il est vrai que la situation actuelle vécue par notre jeunesse est plus difficile que celle qu’a vécue la jeunesse des périodes passées, au vu d’une évolution très rapide, particulièrement dans les 10-15 dernières années. F. de Coninck définit l’homme moderne comme un "homme flexible, qui change d’avis comme de chemise", incapable de s’ancrer, sans modèle de référence et comme un "homme fragile". Notre jeunesse est en prise directe avec ces nouvelles données de vie : dans bien des cas, cela ne lui déplaît pas, puisque cette situation entre en résonance particulière avec les élans de sa nature pécheresse, de sa chair rebelle à l’autorité ! La richesse matérielle, le luxe technologique, la variété des loisirs, les multiples possibilités dans tous les domaines, sont incontournables pour les jeunes d’aujourd’hui (ex. les téléphones mobiles !). Cela conduit la jeunesse — et trop souvent no-tre jeunesse aussi — à réagir ainsi: je prends ce que je veux et je vis ce qu’il me plaît de faire.

Cet “homme flexible” donne raison au texte de Jér. 17.9 : "Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est incurable, qui peut le connaître ?".

Il est certain que notre jeunesse chrétienne pâtit de cet environnement nouveau et difficile. Chacun se définit ses propres cercles de vie, et les manœuvre à sa guise… Ce regard sur notre société peut paraître particulièrement sombre. Il permet cependant de mieux comprendre pourquoi l’intégration des jeunes dans nos églises locales n’est pas simple… Notre vision pourra néanmoins s’éclairer un peu lorsque nous examinerons quelques remèdes.

B. Le regard d’un jeune sur la situation actuelle

Un autre regard est donné par le mémoire universitaire d’un jeune chrétien évangélique, Daniel Ei-cher, “Les jeunes et l’église – Analyse marketing des facteurs démotivants chez les jeunes chré-tiens”. Son analyse est basée sur 12 entretiens personnels et sur le dépouillement de 66 questionnai-res remis à des étudiants universitaires de 19 à 26 ans, chacun d’eux se déclarant au préalable per-sonnellement chrétien.

Il ressort de ces entretiens cinq facteurs qui semblent expliquer la démotivation des jeunes quant à leur fréquentation de l’église ou leur foi personnelle: 1. la faible interaction dans le culte, 2. le peu de dynamisme de la vie d’église, 3. des chrétiens vus comme moralistes ou légalistes, 4. l’église n’est pas une priorité, 5. on peut vivre sa foi sans aller à l’église.

Par ailleurs, un responsable de GBU, que cite Daniel Eicher, donne quatre caractéristiques fréquen-tes chez les jeunes qui abandonnent la foi:

– des attentes déçues, vis-à-vis de Dieu ou des chrétiens, ces attentes pouvant être bonnes ou faus-ses ;
– un copain ou une copine non-chrétien(ne) ;
– une manière de penser non-chrétienne (surtout chez les étudiants en sciences humaines) ;
– peu de contacts avec les chrétiens, soit par manque de temps (mais c’est rare), soit par manque de volonté.

III. COMMENT AGIR ET REAGIR ?

Daniel Eicher note : “L’absence de recherche spirituelle n’a pas été évoquée comme un facteur de démotivation important chez les jeunes. Un besoin religieux continue bel et bien d’exister. Il s’agit maintenant pour les milieux ecclésiastiques de prendre connaissance des aspects qui démotivent les jeunes et d’y remédier dans la mesure du possible. L’objectif étant d’être fidèle (au message) et adapté (aux jeunes). La question du choix entre "adaptation et fidélité" est une mauvaise question typique: il s’agit bien d’être fidèles ET adaptés, bref, vivants, c’est-à-dire en relation avec nos contemporains, les jeunes… et les autres.”

Je résume les pistes d’action et de réaction en 4 points qui peuvent nourrir notre réflexion à l’inté-rieur de nos Églises :

1. Un devoir de relation : n’importe quel jeune en contact avec nous devrait savoir que si tout se ferme pour lui, nous resterons toujours à l’écoute, toujours heureux de l’accueillir et de l’aider, quelles que soient les circonstances qu’il a consciemment choisies ou qu’il subit, quel que soit son état ! L’amour sincère rend la relation possible et crée la disponibilité nécessaire.
2. Un devoir d’enseignement : notre message tient la route, et, pour autant qu’un jeune souhaite l’écouter, il sera, sans aucun doute possible, sauvé, libéré, régénéré ! À nous de poursuivre dans la voie de l’enseignement biblique avec une pleine conviction (Jér 6.16).
3. Un devoir d’accompagnement : ce troisième point est lié aux deux premiers : il est impossible de maintenir une relation personnelle et de transmettre un enseignement sans passer du temps avec le jeune. Le devoir d’accompagnement répond à un besoin essentiel du jeune: disposer d’un modèle crédible.
4. Un devoir de résistance : le chemin de la vie chrétienne authentique passe par l’expérience de la mort à soi-même, seule voie de la régénération spirituelle (Gal 5.17) Une personne qui est un modèle crédible résiste au jeune de multiples manières, “en toute douceur et en instruisant” (2 Tim 4.2). Cette résistance s’effectue, dans la mesure des possibilités, en faisant autrement plutôt qu’en luttant contre ! Ainsi le jeune peut progressivement choisir ce qui lui convient réellement plutôt qu’en étant brimé dans ses désirs qui lui paraissent, contrairement à nous, très légitimes…

CONCLUSION

La lutte pour l’intégration des jeunes dans l’église locale est une lutte spirituelle. Elle se passe à genoux, et demande de notre part et de la part des responsables de jeunesse dans nos églises dispo-nibilité et consécration.

Je termine par une phrase du travail de Daniel Eicher : “Les principales motivations d’un jeune pour qu’il se rende à l’église régulièrement seront: augmenter ses connaissances bibliques et grandir dans la foi d’une part, retrouver d’autres chrétiens (jeunes ou non) et faire partie d’une communauté où il se sente bien et soutenu, d’autre part. Plus un jeune aura intériorisé le message de l’Évangile, plus il donnera une large place à l’église.”

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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