L’instauration de la royauté en Israël

1 Samuel 8 et 12

L’HISTOIRE de l’indépendance d’Israël est coupée en deux parties. Du temps des juges, le pays était géré de manière décentralisée, puis dès l’avènement du premier roi, le pays glissa vers une administration centralisée. Ces deux périodes sont sensiblement de même longueur, puisqu’on compte trois siècles et demi de Josué à Samuel (1404- 1050), et quatre siècles et demi de Saül à Sédécias (1050-587). Ce changement politique a bien sûr affecté la vie sociale des Israélites, mais il a aussi modifié les rapports entre Israël et l’Eternel.

A première vue, le changement de régime découlait d’une insatisfaction du peuple avec les fils de Samuel. Les anciens reprochaient à Samuel la corruption de ses enfants : « Tes fils ne marchent pas sur tes traces» (1 Sam 8.5). Bien que l’accusation fût fondée («les fils de Samuel se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice », 1 Sam 8.3), le comportement fautif de Joël et d’Abiya n’était qu’un prétexte pour s’éloigner de l’Éternel, Israël voulant avoir un roi «comme les autres nations» (1 Sam 8.5). Tel est du moins le verdict de Dieu à Samuel: « Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux» (1 Sam 8.7). Fondamentalement, les causes du changement politique sont d’ordre spirituel.

Dieu se retire

Dieu ordonne à Samuel d’aller de l’avant et d’accepter la demande d’Israël : « L’Éternel dit à Samuel: Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira» (1 Sam 8.7). Pour comprendre la promptitude de Dieu à accepter «l’indépendance» de son peuple, il faut réaliser deux choses. D’une part, l’endurcissement envers l’Éternel n’est pas nouveau. Génération après génération, Israël a été rebelle. Ce constat est rappelé à Samuel par Dieu lors de la requête du peuple («Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour», 1 Sam 8.8), puis communiqué par Samuel au peuple lors de la confirmation de la royauté (1 Sam 12.8-13). D’autre part, la demande d’un roi n’exprime pas un rejet total de l’Eternel. Israël ne veut pas devenir idolâtre, mais souhaite simplement ne plus être sous la juridiction directe de Dieu.

Dieu accepte cet éloignement, mais fait avertir le peuple des conséquences. Puisqu’Israël désire avoir un roi comme les autres nations et que les rois du monde exploitent leur peuple, Israël tombera sous le joug d’un tel homme. Le roi, véritable tyran, s’appropriera ce qu’il voudra: « Il prendra vos fils… vos filles… vos champs… vos ânes… votre bétail… vos serviteurs… vos produits…» (1 Sam 8.11-17). De plus, puisqu’Israël ne veut pas d’une supervision directe de l’Éternel, celui-ci se tiendra en retrait de son peuple: «Ce jour-là vous crierez contre votre roi que vous vous serez choisi, mais l’Éternel ne vous exaucera pas» (1 Sam 8.18).

La rupture entre Israël et l’Éternel n’est pas totale, mais partielle. D’un côté, Israël ne veut plus être sous la juridiction directe de l’Eternel, mais désire néanmoins continuer à l’adorer, et de l’autre côté, l’Eternel ne répondra plus aux moindres requêtes de son peuple, mais ne l’abandonnera pas entièrement : « L’Eternel n’abandonnera pas son peuple, à cause de son grand nom, car l’Eternel a résolu de faire de vous son peuple» (1 Sam 12.22).

La théologie des délais

Dès l’instauration de la royauté, on constate que Dieu n’intervient plus aussi promptement que dans le passé. Du temps de Moïse, de Josué et des juges, Dieu jugeait son peuple au moindre péché, tout comme il le sauvait au premier signe de repentance. Par exemple, les murmures dans le désert étaient sanctionnés par des malheurs immédiats. Le péché d’Akan lors de la conquête de Jéricho entraîne la défaite de toute l’armée dans la bataille suivante (Jos. 7), mais sitôt le péché confessé et expié, Dieu redonne la victoire à Israël (Jos. 8). Du temps des juges, le lien de causalité reste très marqué. A la moindre repentance, Dieu intervient et envoie un juge pour chasser les envahisseurs.

La période des rois est différente. Dieu se tient en retrait de son peuple. Les jugements et les libérations sont généralement différés. Cette politique des délais ressort particulièrement dans 1-2 Rois. Au sujet des jugements différés, on peut relever les exemples suivants:

1. Le péché de Salomon entraîne le schisme de son royaume, mais seulement durant la vie de son fils («L’Éternel dit à Salomon: Puisque tu as agi de la sorte, et que tu n’as point observé mon alliance et mes lois que je t’avais prescrites, je déchirerai le royaume de dessus toi et je le donnerai à ton serviteur. Seulement, je ne le ferai point pendant ta vie, à cause de David, ton père. C’est de la main de ton fils que je l’arracherai», 1 Rois 11.11-12).

2. De même, le péché de Jéroboam entraîne la disparition de sa maison sous le règne de son fils («Lorsque Nadab fut roi, il frappa toute la maison de Jéroboam, il n’en laissa échapper personne et il détruisit tout ce qui respirait, selon la parole que l’Éternel avait dite par son serviteur Achija de Silo, à cause des péchés que Jéroboam avait commis et qu’il avait fait commettre à Israël, irritant ainsi l’Éternel, le Dieu d’Israël », 1 Rois 15.29-30; cf. 1 Rois 14.9-11).

3. Le roi Achab a péché plus que tous les rois qui l’ont précédé (1 Rois 16.30-33). Pourtant, malgré l’idolâtrie généralisée dès le début de son règne, et le massacre des prophètes de l’Éternel, Dieu ne juge Israël que par une absence de pluie, un jugement très progressif. Après la démonstration de la puissance divine au Carmel et le retour de la pluie, Elie doit de nouveau fuir pour sauver sa vie, car Achab n’a rien fait pour diminuer l’influence et le pouvoir de Jézabel. Malgré l’omniprésence du péché, Dieu délivre Achab de la main des Syriens à deux reprises (1 Rois 20). Ce n’est que le meurtre de Naboth qui entraîne, enfin, une parole de condamnation divine contre le roi («Voici, je vais faire venir le malheur sur toi; je te balaierai, je retrancherai même le moindre de ceux qui appartiennent à Achab», 1 Rois 21.21). Mais dès que le roi s’humilie, Dieu reporte la destruction de sa maison d’une génération («Et la parole de l’Éternel fut adressée à Elie, le Thischbite, en ces mots : As-tu vu comment Achab s’est humilié devant moi? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie; ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison », 1 Rois 21.28-29).

4. Après deux siècles d’infidélité, le royaume du Nord est finalement déporté en Mésopotamie par les Assyriens, mais ce jugement extrême se produit sous Osée, un des meilleurs rois que ce royaume ait eus! En effet, il est le seul avec Jéhu à n’avoir pas eu un comportement entièrement négatif («Osée fit ce qui est mal aux yeux de l’Eternel, non pas toutefois comme les rois d’Israël qui avaient été avant lui», 2 Rois 17.2).

5. Quant à la déportation du royaume de Juda, elle est fixée définitivement par les péchés de Manassé (2 Rois 21.10-15), quatre générations avant la fin. Même le zèle de Josias à réformer profondément le pays ne détourne pas la colère divine («Avant Josias, il n’y eut point de roi qui, comme lui, revienne à l’Eternel de tout son cour, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il n’en a point paru de semblable. Toutefois l’Eternel ne se désista point de l’ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause de tout ce qu’avait fait Manassé pour l’irriter», 2 Rois 23.25-26). L’invasion de Nébucadnetsar remonte ainsi directement aux péchés de Manassé («Cela arriva uniquement sur l’ordre de l’Éternel, qui voulait ôter Juda de devant sa face, à cause de tous les péchés commis par Manassé », 2 Rois 24.3). Notons encore que malgré ses péchés exécrables, Manassé a régné plus longtemps qu’aucun autre roi de Juda ou d’Israël, soit 55 ans (2 Rois 21.1)!

Si le jugement est souvent reporté à une génération ultérieure, le salut semble échapper aux justes. Ceux-ci sont confrontés à de grandes difficultés, souvent plus que les méchants.

1. La reine Jézabel fait tuer les prophètes de l’Éternel, et seul un petit nombre est sauvé. Elie vit constamment en exil et Naboth, le juste, est lapidé pour ne pas avoir cédé l’héritage de ses ancêtres (1 Rois 21). Tous les notables se plient aux plans machiavéliques de la reine. Le mal ne semble rencontrer aucune opposition.

2. Le roi Ezéchias est confronté à de grandes difficultés juste après avoir mené une réforme religieuse: «Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, entièrement comme avait fait David, son père. Il fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles… Il mit sa confiance en l’Eternel, le Dieu d’Israël ; et parmi tous les rois de Juda qui vinrent après lui ou qui le précédèrent, il n’y en eut point de semblable à lui, mais la quatorzième année du roi Ezéchias, Sanchérib, roi d’Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda, et s’en empara », (2 Rois 18.3, 5, 13). Le Chroniqueur consacre trois chapitres à décrire les réformes religieuses (2 Chr 29-31), avant de poursuivre par ces paroles étonnantes: «Après ces choses et ces actes de fidélité, parut Sanchérib, roi d’Assyrie, qui pénétra en Juda, et assiégea les villes fortes, dans l’intention de s’en emparer», (2 Chr 32.1).

3. Josias, l’autre roi en plus d’Ezéchias à avoir eu un comportement exemplaire (2 Rois 23.25), est lui aussi confronté à l’invasion d’armées étrangères. Quelques versets après avoir loué le roi, le narrateur rapporte sa mort dramatique au premier contact armé avec les Egyptiens («De son temps, le Pharaon Néco, roi d’Égypte, monta contre le roi d’Assyrie, vers le fleuve de l’Euphrate. Le roi Josias marcha à sa rencontre; et Pharaon le tua à Meguiddo, dès qu’il le vit», 2 Rois 23.29).

Dieu reste le maître. discrètement

Même si l’action divine est moins manifeste au temps des rois qu’au temps des juges, elle n’est pas absente. Dieu se réserve le droit de contrôler les grandes lignes de l’histoire du peuple élu. Ainsi, c’est lui qui oint les deux premiers rois. Les deux onctions se font, cependant, très discrètement. Samuel sert de porte-parole divin les deux fois. Pour Saül, aucun témoin n’assiste à l’onction, puisque son seul serviteur est expressément renvoyé (1 Sam 9.27). Après son appel, Saül peut voir toute une série de signes prophétiques qui confirment la parole divine, mais il est le seul à les voir (1 Sam 10), et il se garde d’en parler à quiconque. A son oncle qui l’interroge sur son entretien avec Samuel, il ne rapporte qu’un aspect secondaire: « Il (Samuel) nous a assuré que les ânesses étaient retrouvées. Et il ne lui dit rien de la royauté dont avait parlé Samuel », (1 Sam 10.16). Quand les Israélites comprennent que Saül doit régner, ils n’ont pour seul signe de l’appel divin que le choix du sort (1 Sam 11.20-21). Quant à David, il n’est oint que devant sa famille, Samuel ayant pris toutes les précautions pour ne pas alerter le roi Saül de sa démarche (1 Sam 16.1-13).

Durant la période de la royauté, Dieu se manifeste rarement par des prodiges. Par contre, l’activité prophétique est des plus intenses, Dieu révélant sa volonté aux rois et au peuple par l’intermédiaire de ses prophètes. Ainsi, il n’y a pratiquement pas de génération sans qu’un prophète se manifeste. Leurs propos concernent le présent et l’avenir. En effet, ils jugent et exhortent leur génération, mais en même temps annoncent des interventions divines généralement distantes dans le temps. Dieu annonce son contrôle de l’histoire… dans le temps.

Elisée est l’exception qui confirme la règle. Son ministère tranche avec celui des autres prophètes, car il est fait de miracles. Mais l’opposition entre Elisée et les autres prophètes touche plus à la forme qu’au fond. En effet, chaque prodige d’Elisée a une portée eschatologique. Elisée sauve et guérit pour annoncer le ministère de Jésus-Christ (voir PROMESSES no122 «Elisée, le prophète des signes»).

Dieu n’est jamais pris au dépourvu

La royauté a toujours fait partie du plan divin. La venue du Messie est l’axe dominant du plan divin rédempteur. Si Dieu indique à Samuel d’accepter la demande populaire d’un roi, c’est parce qu’il avait depuis longtemps planifié la royauté. Il utilise simplement le mal pour en faire du bien, le péché de l’homme pour accomplir son dessein. Même la demande du peuple rebelle «d’avoir un roi comme les autres nations» était déjà annoncée, puisque Moïse avait laissé des stipulations précises pour guider le peuple lorsque la situation se présenterait («Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m’entourent, – tu mettras sur toi un roi que choisira l’Éternel, ton Dieu… » Deut 17.14-20).

Aujourd’hui, nous vivons dans l’attente du royaume messianique. Le Christ est venu une première fois chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu (cf. Jean 1.11). Le roi a été rejeté et son royaume ajourné. Bien que les arrhes du royaume aient été données, la plénitude manque encore. Les théologiens parlent du déjà et du pas encore pour exprimer cette réalité.

D’une certaine manière, notre situation est identique à celle d’Israël du temps des rois. Dieu ne règne pas directement sur le monde, en raison du péché des hommes. Le Messie a été retranché. En conséquence, le temps de l’église est plus marqué par la parole divine que par les prodiges (bien que ceux-ci ne soient pas absents). Dieu ouvre fondamentalement au niveau de sa parole. Le Saint-Esprit éclaire les Saintes Écritures et les chrétiens doivent en priorité diffuser son message dans le monde entier.

Les chrétiens sont des étrangers et des voyageurs sur la terre dans l’attente d’être unis à leur Seigneur dans son royaume éternel (cf. 1 Pi 2.11; Apoc 21-22). Christ est «Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc 19.16). «Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit» (Dan 7.14).

D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)