L’exode à travers l’Écriture (L’exode « plus plus »)

Moïse joue le rôle principal, instrument choisi par Dieu, médiateur humain du rapport entre Dieu et Israël

L’exode du peuple d’Israël hors d’Égypte, raconté dans le livre qui prend, dans la version grecque, e mot pour titre[note]Exodos, « sortie » en grec ; en hébreu, on nomme seulement le livre par ses premiers mots, « Voici les noms… ».[/note] est l’Événement fondateur, l’Événement par excellence, dans la première partie de la Bible. C’est par lui que la famille de Jacob, réduite en servitude par le Pharaon, a été libérée (rachetée), constituée en nation, établie dans l’Alliance du SEIGNEUR (YHWH), selon le régime qu’on appelle « Ancienne Alliance ou Testament »[note]L’expression est Cf. 2 Cor 3.14, développé en Héb 8.13.[/note].
Dans l’événement au sens large, on peut distinguer quatre volets principaux. En chacun d’eux, Moïse joue le rôle principal, instrument choisi par Dieu, médiateur humain du rapport entre Dieu et Israël.

● Il y a d’abord (I), le départ lui-même, préparé par les Dix Plaies, et marqué par la Pâque, dont la fête sera célébrée annuellement pour en maintenir la mémoire.
● Il y a ensuite (II) l’action divine qui permet d’échapper au Pharaon, la traversée de la Mer des Roseaux (c’est la traduction du nom dans l’orignal hébreu ; « Mer Rouge » vient de la traduction grecque).
● Puis (III) le récit nous est fait de la longue nomadisation dans le désert, avec les combats, les murmures, et surtout les délivrances accordées par le SEIGNEUR.
● Dans ce temps (IV), le texte parle de la conclusion de l’Alliance, avec le don de la Tôrâ, « l’Instruction » qui inclut de nombreuses lois et règles : non seulement de teneur morale, mais aussi cultuelles-rituelles et socio-politiques.

Or, on observe dans l’histoire telle que Dieu la structure une disposition assez régulière : la répétition des schémas que Dieu a mis en œuvre une première fois : il fait à nouveau ce qu’il a déjà fait, il suscite des institutions et des serviteurs et plus tard en suscite de semblables ; il se montre ainsi le même Dieu, fidèle à lui-même. Deux exemples suffiront, pris au début et à la fin de l’A.T. : si l’histoire commence avec la création du premier Adam, c’est par le Nouvel Adam, le Deuxième Homme venu du ciel (1 Cor 15.47), que Dieu réalise son dessein; si Malachie annonce le nouvel Élie (Mal 3.23), c’est aussi un nouveau Malachie: Dieu dit « mon messager » (3.1), or c’est le nom même que nous avons transcrit « Malachie » (mal’àkhî). Ce nouvel Élie-Malachie est bien sûr venu sous le nom de Jean, le Baptiste. Ces deux exemples montrent que la répétition ne reste pas dans l’identique : en général, elle implique un progrès, un « plus », voire un « plus plus ».
Une forme particulière de la structure de répétition dans le progrès revêt une importance capitale. Beaucoup des choses que le SEIGNEUR a faites, suscitées, ordonnées, dans l’A.T., il les a conçues comme les figures annonciatrices, les « types », de celles qu’il allait faire, susciter, ordonner, dans le N.T. Le « plus » ou « plus plus » de la répétition a signifié un changement de plan, un passage du plan « charnel », au sens d’Hébreux 9.10, au plan de l’accomplissement spirituel ; c’est comme le passage d’une ombre qui se profile à la réalité qui projetait cette ombre et qu’on ne voyait pas encore (Col 2.17) ; le « nouveau » est le
« véritable » (comme le mot est souvent employé chez Jean (Jean 4.37 ; 6.32 ; 15.1).
Cette structure s’applique à l’exode. Le thème du « nouvel exode » est l’un des plus riches et déterminants de l’Écriture, démultiplié selon les distinctions que je viens de proposer. Sous la conduite du Nouveau Moïse, le peuple de Dieu est d’abord libéré ou racheté : c’est l’accomplissement du type de la Pâque dans le royaume de Dieu (cf. Luc 22.16). Son baptême correspond symboliquement à la traversée de la mer (1 Cor 10.2). Peuple pèlerin dans le monde, il connaît quelque chose comme le désert (Héb 3 par exemple, ou Apoc 12.14). Et, bien sûr,
les disciples de Jésus sont avec lui dans la « Nouvelle Alliance ».
Le présent essai veut faire ressortir le développement du thème du nouvel exode dans l’Écriture — au moins à titre suggestif. Il est possible de le retrouver presque partout, tant il est riche et central[note]Le théologien qui, entre tous, l’a montré est le professeur Rikki WATTS, à partir de sa thèse Isaiah’s New Exodus and Mark, réédité dans la série Bible Studies Library, Baker, 2000. Ses rapprochements ne manquent pas de validité, mais certains sont quand même moins forts et persuasifs que d’autres.[/note] ; nous devons nous contenter des données et passages pour lesquels l’évidence est éclatante, incontestable.

Le nouvel exode dans le Pentateuque

Le Pentateuque lui-même suggère la pensée du nouvel exode quand il annonce la venue d’un prophète « comme Moïse » (Deut 18.15,18). La prédiction est à double détente. En premier lieu, le singulier « un prophète » doit se comprendre comme l’équivalent d’un pluriel (un prophète à la fois). La promesse faite par Moïse vise l’envoi, dans les générations suivantes, de prophètes qui rempliront à leur échelle la fonction de Moïse, autant de petits Moïse : le contexte immédiat le montre, car ces prophètes permettront au peuple de se passer des médiums et des devins pour connaître la voie à suivre, et des critères sont mentionnés (v. 20-22). Élie représente tous ces prophètes, lui à qui Dieu s’est révélé comme à Moïse au mont Horeb (1 Rois 19). Mais cet accomplissement ne suffit pas, car aucun de ces prophètes n’a atteint la stature de Moïse, n’a été pleinement « comme lui » (Deut 34.10). Très tôt, les croyants ont compris que devait venir un Nouveau Moïse, le Prophète. Même les Samaritains, qui n’ont reçu que le Pentateuque, l’ont attendu, en le nommant le Tàhév (Restaurateur), comme la femme de Sychar l’exprime[note]En Jean 4.25, elle l’appelle « Christ » (messie) parce qu’elle parle à un juif[/note]. Pierre, en Actes 3.22-26 atteste qu’il est venu en la personne de Jésus. Le Pentateuque, cependant, n’en dit pas plus, et c’est chez les prophètes que le thème émerge vraiment et se développe.

Le nouvel exode dans les livres prophétiques

Osée paraît le premier. Il annonce un retour au désert pour l’épouse adultère qu’est la nation d’Israël, « comme au jour où elle remonta d’Égypte » (2.17). L’alliance au Sinaï avait été le mariage avec le SEIGNEUR, il va de nouveau faire la cour à sa « femme » et reconquérir son cœur (2.16). Osée joue habilement des deux sens du retour au désert : c’est la désertification de la terre fertile, en punition des cultes
« naturistes »[note]Au sens technique des sciences des religions : idolâtrant les forces de la nature[/note] de cette fertilité (2.7-15), et en même temps un recommencement, un nouvel exode. Que la chose implique une répudiation (1.6,8 et 2.4) avant restauration suggère que le changement sera radical — et Paul commentera ces versets en Romains 9.25-26. Osée associe encore la pensée de l’exode à l’exil qui sera la punition de retour au désert : ce ne sera pas, littéralement, une captivité égyptienne mais assyrienne (11.5), bien que la libération puisse en être dite d’Égypte, sans doute dans un sens symbolique (11.11).

Michée ne recourt guère au thème. Quand il évoque, cependant, le retour de l’exil (7.12), il a cette promesse : « Tu jetteras au fond de la mer tous leurs péchés » (7.19). C’est ici la différence, le « plus » du nouvel exode : il libère non plus des chars égyptiens engloutis par la mer, mais des péchés.

L’immense contemporain de Michée, Ésaïe, est le chantre et théologien du nouvel exode. Déjà dans ses prophéties de jeunesse, dans le « livret de l’Emmanuel », il l’associe au messianisme davidique. Le retour de l’exil, dont la menace s’alourdit, sera une « acquisition » par Dieu comparée à la première : « le Seigneur étendra une seconde fois la main » (11.11), ce qui rappelle la formule « à main forte et à bras étendu ». La comparaison est expresse au v. 16. L’action sur les eaux est complexe (11.15) mais elle correspond à celle de la Mer des Roseaux ; l’assèchement[note]C’est le sens probable du verbe « desséchera » ( ‘eyàm), un hapax (i.e. mot figurant uniquement dans ce verset dans tout l’A.T. hébreu), selon le dictionnaire de Samuel Lee.[/note] est dû au Souffle/Esprit du SEIGNEUR, et non plus simplement au fort vent d’est (Ex 14.21), ce qui suggère un changement de plan. Un cantique suit (ch. 12) comme en Exode 15.
C’est dans le puissant ensemble des prophéties ultérieures qu’Ésaïe offre son orchestration du thème. Le retour de l’exil babylonien[note]Babylonien, car Babylone a absorbé l’Assyrie, et les Judéens ont rejoint dans l’exil les Israélites du Nord déportés avant eux dans la grande région par les Ésaïe le voit d’avance.[/note] est expressément comparé à l’exode, mais avec accent sur le « plus » : « Ne vous souvenez pas des événements anciens » (43.16), car Dieu va faire une œuvre encore plus magnifique (43.16-21) ! Le nouvel exode est libération des captifs (42.7, etc.) et traversée du désert (dès 40.3), marquée par les miracles.

Deux apports sont très remarquables :

● Le nouvel exode est d’une telle ampleur qu’il s’élargit en nouvelle création. La pensée n’est peut-être pas très loin lors du premier exode, avec la maîtrise sur la nature, et, spécialement, le partage des eaux de la mer qui rappelle la séparation des eaux en Genèse 1.6s. Mais Ésaïe le proclame très fort. Après avoir rappelé la victoire sur l’Égypte et le miracle de la mer (51.9-10) et le pouvoir cosmique du SEIGNEUR (51.13,15), il annonce la fondation de (nouveaux) cieux et d’une (nouvelle) terre (51.16), annonce qu’il réitérera en 65.17 (préparée en 42.5,9 et la vision de la destruction du monde ancien, 34.4 et 51.6).
● Le second apport est double, et concerne la dualité ! Ésaïe révèle par qui Dieu opérera le nouvel exode. Il va susciter deux hommes à cette fin, on ne peut plus différents l’un de l’autre. Le premier est introduit au ch. 41 : c’est le guerrier conquérant qui a su fédérer les Mèdes et les Perses, Cyrus, nommé en 44.28 et 45.1. Cyrus le Grand, en effet, après sa victoire sur Babylone, libère à partir de 539-538 « les captifs de Sion », et permet par son décret leur retour en terre promise, à travers le désert. Mais derrière lui, introduit au chapitre 42, se profile un autre libérateur, qui ne fait pas, lui, grand bruit dans le monde (42.2) et se signale par sa miséricorde (42.3). Il libère (42.7 ; 49.9 ; 61.1) et conduit le peuple racheté à travers le désert (49.10). Qui est ce Serviteur du SEIGNEUR ? Il faut être myope pour ne pas le reconnaître : c’est évidemment le Nouveau Moïse ! Il dispensera sa Tôrâ (42.4) ; en lui une alliance (forcément nouvelle) sera conclue (42.6 ; 49.8). Mais observons ici le « plus », le « plus plus » ! Le SEIGNEUR lui dit que la mission de Moïse, cantonnée à Israël, ce serait bien trop peu pour lui (49.6). Le nouvel exode du Nouveau Moïse est pour toutes les nations (49.6 et déjà 42.6). Il sera l’agent de la nouvelle création, car la formule de 51.16a, « Je te couvre de l’ombre de ma main », renvoie à la deuxième grande prophétie du Serviteur (49.2).[note]La traduction « normale » de 16b est « pour planter des cieux et pour fonder une terre » (préposition l, dont le premier sens est « pour », et infinitif des verbes). Le Serviteur en est l’Agent, comme de la transmission de la Parole de Dieu à Sion. Si beaucoup de versions ne rendent pas ainsi (contrairement à Darby et à Chouraqui), c’est qu’elles n’ont pas bien compris la mission du Serviteur.[/note]
Et cette amplification maximale n’est peut- être pas encore le plus important : la mission du Serviteur sera paradoxalement de souffrir — jusqu’à la mort. C’est ainsi qu’il triomphera et libérera. Pourquoi donc ? La captivité dont il délivrera ne sera pas celle de Babylone — le Serviteur juste justifiera les coupables en subissant à leur place leur peine, en portant leurs péchés (52.13-53.12).

Ésaïe nous fait discerner un raffinement de la « répétition » typologique. Assez souvent, la réalité nouvelle que préfigurait l’ancienne est double : d’abord une nouvelle figure, et enfin la réalité visée. Le schéma pourrait alors se dessiner :

a/a’-A’

● Le premier exode est « a » ;
● le retour de l’exil, permis par Cyrus, nouvel exode encore charnel, est « a’ » ;
● le nouvel exode, nouvelle création, grâce au Serviteur, est « A’ ».[note]On retrouverait, par exemple, ce schéma pour le Temple : celui de Salomon, » a » ; celui de Zorobabel agrandi par Hérode, « a’ » ; le vrai Temple qu’est le Corps du Christ, « A’ ».[/note]

À noter : « a’ » ne montre pas de « plus » par rapport à « a » : au contraire, plutôt un « moins » ; il ne faut pas que les fidèles croient l’accomplissement arrivé avec « a’ ». Impossible dans le présent survol de chercher encore d’autres raffinements concernant le nouvel exode, mais il y en a — comme la note d’Ésaïe 52.12, qui contraste avec Exode 12.11 (la hâte que rappelait le pain non levé) ; le nouvel exode « a’ » s’est effectivement réalisé sans précipitation (retour de l’exil), et « A’ », l’application du bénéfice de la mort du Christ Jésus s’étale dans le temps: elle se déroule encore aujourd’hui !

Jérémie parle, bien sûr, abondamment du retour de l’exil, mais c’est essentiellement sa grande prophétie de la Nouvelle Alliance (31.31-34) qui relève du thème du nouvel exode: avec le parallèle et le contraste (« a »/» A’ », avec le « plus » de l’écriture dans le cœur).

Ézéchiel 20.33-38 évoque l’exode, avec la formule « à main forte et à bras étendu » (20.33) et la mention « désert des peuples » (20.35), qui indique déjà la transposition. L’élément ajouté est le tri entre les individus, pour bénéficier du don de Dieu. Le trait n’est pas absent du retour de l’exil (« a’ ») : le retour n’a pas été massif, et a été le fait de volontaires (Jér 3.14 le prédisait). Le trait est caractéristique du nouvel exode en Christ (« A’ ») : seuls y prennent part ceux qui mettent personnellement leur foi en lui !

Le nouvel exode dans les Évangiles et les Actes

C’est d’abord le parallèle entre Jésus et Moïse, et surtout dans l’Évangile selon Jean, qui relève du thème du nouvel exode. Dans les discours des premiers temps de l’Église, outre l’identification de Jésus comme le Prophète promis en Deutéronome 18, déjà notée, on discerne cette intention chez Étienne, qui raconte la vie de Moïse en montrant la même attitude envers lui qu’envers Jésus (Act 7.20- 44). Plus centralement encore, l’Église comprend les événements si étranges qui viennent de se produire à la lumière d’Ésaïe 53 : elle comprend que Jésus est le Serviteur[note]On se rappelle le commentaire d’Oscar Cullmann, proche de la boutade : dans les premiers chapitres des Actes, on trouve, plus qu’une christologie, une « paidologie » (le mot pais, paidos, étant utilisé dans la LXX pour le Serviteur en Ésaïe, et ainsi en Actes 13,26 et 4.27,30.)[/note] qui, par sa mort volontaire, a remporté la victoire sur le mal et racheté ceux qui croiront en lui. Sans être très expresse, la pensée de l’exode est impliquée.
La concentration sur les prophéties d’Ésaïe a été préparée par leur mise en valeur dans l’enseignement de Jésus lui-même : il semble bien y avoir trouvé (dans les cheminements humains auxquels il a consenti) quel itinéraire le Père voulait qu’il suivît, il a compris qu’il était le Serviteur. Cette conviction l’habite aux approches de la Passion (cf. Luc 22.37).  La Pâque, moment clé de l’exode, appartient au contexte le plus proche de la cène — avec la mention expresse de la Nouvelle Alliance. Toutes ces données évoquent la pensée du nouvel exode[note]Luc 31 en appelant la mort de Jésus exodos encourage dans ce sens.[/note], sans braquer sur elle, en ces termes, le projecteur. Quant au rapport à Moïse dans les Synoptiques, l’autorité de Jésus enseignant, « Mais moi je vous dis », peut le poser en donateur de Tôrâ (voir aussi Mat 19.7-9), mais ce n’est pas explicite ; certains perçoivent dans la répétition chez Matthieu cinq fois de la formule « Il advint quand il eut achevé… » (7.28 ; 11.1 ; 13.53 ; 19.1 ; 26.1) une volonté de correspondance avec le Pentateuque, les cinq livres de Moïse — la proposition ne fait pas l’unanimité. Les quarante jours de la tentation au désert, sans manger, sont le pendant des quarante jours de Moïse sur la montagne, et des quarante ans d’Israël, mis à l’épreuve… La référence d’Osée 11.1, qui concerne l’exode, est appliquée au retour d’Égypte de l’enfant Jésus, qui récapitule l’histoire d’Israël en sa biographie (Mat 2.15).
Jean, d’emblée, marque le parallèle et le « plus » : la Loi donnée par Moïse, la grâce et la vérité advenues par Jésus- Christ (1.17).[note]Le passage, comme je l’ai plaidé ailleurs, fait écho à Ex 6 avec son contexte, « grâce » et « vérité » pouvant traduire les termes employés dans ce dernier passage.[/note] C’est le discours sur le Pain de vie (Jean 6) qui présente la manne, don caractéristique du premier exode, comme la figure du don du Christ, avec accent sur le « plus plus » de l’antitype, par exemple en 6.32. On peut noter le qualificatif « véritable » (alèthinos) pour la réalité substantielle contrastée avec le type. Deutéronome 8.3 indiquait déjà que la manne représentait la Parole du SEIGNEUR ; c’est comme le Verbe fait chair, et par sa prédication, que Jésus se donne à « manger » par la foi. Pour le salut, cependant, il précise qu’il a fallu l’acte particulier du don de sa chair pour la vie du monde (6.51b): qu’il vise par ces mots son sacrifice sur la croix ressort de l’emploi du futur (au moment où il parle), et la mention du sang dans les versets qui suivent.

Le nouvel exode dans les Épîtres et l’Apocalypse

Avec de telles fondations dans l’enseignement de Jésus, il n’est pas étonnant que le thème du nouvel exode soit présent dans les Épîtres du Nouveau Testament. Il l’est de façon inégale.

Pierre (1 Pi 2.21-25) exalte le modèle du Serviteur, ce qui touche au thème, au moins indirectement. Surtout, il reprend pour l’Église les titres conférés à Israël en vertu de la conclusion de l’alliance au Sinaï, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple d’acquisition [pour Dieu] » (2.9, reprenant les termes d’Exode 19.6 selon la LXX pour « sacerdoce royal » et « nation sainte » et d’Ésaïe 43.21 pour les deux autres, « peuple que j’ai acquis », ayant le même sens que l’expression différente en Ex 19.5, « peuple qui est ma possession personnelle »).

Chez Paul, le cantique sur le dépouillement consenti par Celui qui était de condition divine et a revêtu la livrée de l’esclave (Phil 2.6-11) fait penser au Serviteur d’Ésaïe, en qui nous avons reconnu le Nouveau Moïse[note]doulos est une traduction normale du mot ’èvèd employé par Ésaïe, bien que la LXX ait choisi pais.[/note]. Pour ne rien dire de la mention des magiciens égyptiens s’opposant à Moïse (2 Tim 3.8), le grand contraste entre le ministère, mosaïque, de la lettre des commandements écrits sur des tables de pierre, et le ministère apostolique de l’Esprit, qui les écrit sur les cœurs (2 Cor 3.6-18), ressortit au thème
du nouvel exode. Paul sait aussi que le Christ est « notre Pâque » (1 Cor 5.7). Toutefois, nul ne contestera que le grand passage paulinien sur le nouvel exode soit l’admonition fort développée en 1 Corinthiens 10.1-13. Pour avertir les Corinthiens du danger de la participation aux banquets, plus ou moins cultuels, dans les temples païens, Paul tire les leçons des récits de l’Exode, et désigne les événements du temps de Moïse comme les types des réalités chrétiennes (v.6, tupoi). Il s’agit de montrer que les privilèges accordés par Dieu, si grands soient- ils, n’épargnent pas les châtiments, si manque l’obéissance de la foi. Pour faire ressortir la relation (a/A’ selon les symboles que nous avons introduits), l’apôtre nomme le type par le nom de l’antitype : baptisés pour Moïse (10.2), formule décalquée de « baptisés pour Christ ».[note]« Pour » traduit eis, comme il est très normal de traduire cette préposition Traduire « en, dans » n’a aucun sens dans le cas de Moïse ; le procédé-décalque de Paul montre que pour lui eis Christon, avec « baptiser », signifie « pour Christ », « par référence au Christ ».[/note]. La manne, nourriture « spirituelle » (10.3) — soit au sens de « surnaturelle », soit, plus probablement, au sens de « typologique, portant une signification spirituelle » — préfigurait la nourriture spirituelle dont parle Jean 6, et que le pain de la cène représente à son tour. C’est la traversée de la Mer des Roseaux qui préfigure le baptême, rupture avec le « monde ». Le type est double : « dans la nuée et dans la mer ». Or, la nuée est un symbole de l’Esprit.[note]Agg 2.5 : l’Esprit est « debout », forme du verbe ’àmad dont dérive le mot pour la colonne de la nuée dans l’Exode. En 2 Cor 3.17, il faut comprendre la présence du SEIGNEUR, avec qui s’entretenait Moïse et que concrétisait la colonne de nuée, Ex 33.9, comme l’Esprit. Je rejoins ici Meredith G. KLINE, Images of the Spirit, Baker, 1980, 15, qui renvoie à une dissertation de son fils (Meredith M.), et à J. LUZARRAGA, Las Tradiciones dela nube en la biblia y en el judaismo primitivo, Biblical Institute Press, 1973.[/note]
Il semble donc possible de comprendre que l’enveloppement double (et protecteur) des Israélites par la nuée et par la mer est type du double baptême de l’initiation chrétienne : d’abord dans l’Esprit, ensuite dans l’eau. On voit jusqu’où Paul pousse la typologie.

L’Épître aux Hébreux implique le nouvel exode dans son centre : l’interprétation typologique du rituel du Grand jour des expiations au tabernacle (Héb 9), bien que le sacerdoce du Christ soit selon Melchisédech et non pas selon Aaron ; l’association avec la pensée de l’exode, cependant, ne ressort pas immédiatement. Cette association est plus évidente en Hébreux 3, avec la comparaison de Moïse et de Jésus (3.1-6), et ensuite une exhortation qui met en œuvre la même stratégie que 1 Corinthiens 10 (stratégie qui se prolonge en Hébreux 6). Et l’on revient, très explicitement à la typologie avec le contraste des deux montagnes : du Sinaï de la loi à Sion, montagne et cité de la grâce (12.18-24).

L’Apocalypse, enfin, est un tel tissu de réminiscences vétéro-testamentaires que le thème du nouvel exode ne peut en être absent. Nous l’avons noté pour la femme au désert (12.14), et son sauvetage malgré le flot qui pourrait l’engloutir (12.15-17) fait penser au miracle de la mer. Les deux témoins, pendant la même période qui me semble représenter le temps de l’Église, produisent les miracles d’Élie et de Moïse (11.5s.) ; la meilleure interprétation (à mon avis) y voit le témoignage prophétique des chrétiens, sans cesse supprimé par la persécution et sans cesse ressuscité par l’Esprit du Seigneur. La manne est mentionnée (2.17), et le cantique nouveau que chantent les rachetés sur la mer de cristal (cf. Ex 24.10), est « le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et de l’Agneau » (15.3). C’est la plénitude de la justice libératrice, dont l’exode hors du pays d’Égypte n’était qu’une figure, et de la présence bienveillante, que nous pouvons chanter, et chanterons dans l’éternité, à la gloire de Jésus, le Nouveau Moïse, le Serviteur, l’Agneau.
* * *
Le nouvel exode n’est que l’un des thèmes principaux par lesquels Dieu nous fait connaître l’œuvre de sa grâce dans l’histoire. Il suffit déjà pour nous faire goûter quelle symphonie les Écritures, mises par écrit par des gens si divers, constituent dans leur unité et leur diversité !

 

 

 

 

 

 

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)