L’évangile de la prospérité

Le sujet que je présente est difficile car il est indéniable qu’il y a dans les mouvements liés à l’évangile de la prospérité des choses bonnes et attrayantes, de superbes prédications sur internet, des prédicateurs doués, etc. Toutefois n’oublions pas que le mensonge « tient » uniquement par la part de vérité qu’il contient et que la séduction se doit d’être séduisante.

L’image publique du mouvement

Les promoteurs les plus connus du mouvement[note]

Selon le rapport du CNEF, les personnalités marquantes actuelles du mouvement, aux États-Unis, sont : Kenneth Hagin (Rhèma Bible Church, Tulsa) ; Kenneth & Gloria Copeland (Forth Worth, Texas) ; Robert Tilton (Word of Faith Church, Texas) ; Joël Osteen (Lakewood Church, Houston) ; Jerry Savelle (associé de Copeland) ; Charles & Frances Hunter (City of Light, Texas) ; Charles Capps (Arkansas), Joyce Meyer (Hand of Hope, Saint-Louis), Creflo Dollar (C.D.Ministries). On doit aussi citer les noms de Oral Roberts, Peter Wagner, John Wimber, George Otis Jr., T.L. Osborn…

En 2017, Benny Hinn, le leader mondial des miracles et de l’évangile de la prospérité, menant un train de vie royal (vacances à Dubaï à 25 000 dollars la nuit), a été lâché par son neveu et collaborateur qui a dénoncé sa théologie hérétique : https://www.youtube.com/watch?v=SljEaO9RD3I. Suite à une crise cardiaque et à un rêve où il n’était pas reçu au ciel par le Seigneur, Benny Hinn se remet en question : il vient d’abandonner la pratique de l’évangile de la prospérité qu’il dénonce dorénavant comme « une folie et une offense au Saint Esprit ». Attendons pour voir s’il va restituer au peuple de Dieu les dizaines de millions de dollars détournés…[/note]possèdent de somptueuses villas, de grosses voitures de luxe, des universités, des hôpitaux, des chaînes de télévision avec des millions de téléspectateurs, ils annoncent « leur évangile » dans tous les coins du monde grâce à leur jet privé, lors de « croisades de miracles et de guérisons » qui réunissent des dizaines de milliers d’auditeurs, ils pensent être la quintessence, le flambeau et la gloire des chrétiens des temps de la fin… Ce sont les « hommes du plein évangile », en clair de « l’évangile de la prospérité ». Ils semblent avoir réussi un exploit que notre Seigneur Jésus Christ déclarait lui-même impossible : servir Dieu et, en même temps les richesses.

L’évangile de la prospérité

L’évangile de la prospérité a ses racines dans l’avidité naturelle du cœur humain. S’il trouve son origine dans l’église pentecôtiste aux États-Unis[note]Selon le rapport du CNEF, les personnalités marquantes actuelles du mouvement, aux États-Unis, sont : Kenneth Hagin (Rhèma Bible Church, Tulsa) ; Kenneth & Gloria Copeland (Forth Worth, Texas) ; Robert Tilton (Word of Faith Church, Texas) ; Joël Osteen (Lakewood Church, Houston) ; Jerry Savelle (associé de Copeland) ; Charles & Frances Hunter (City of Light, Texas) ; Charles Capps (Arkansas), Joyce Meyer (Hand of Hope, Saint-Louis), Creflo Dollar (C.D.Ministries). On doit aussi citer les noms de Oral Roberts, Peter Wagner, John Wimber, George Otis Jr., T.L. Osborn…En 2017, Benny Hinn, le leader mondial des miracles et de l’évangile de la prospérité, menant un train de vie royal (vacances à Dubaï à 25 000 dollars la nuit), a été lâché par son neveu et collaborateur qui a dénoncé sa théologie hérétique : https://www.youtube.com/watch?v=SljEaO9RD3I. Suite à une crise cardiaque et à un rêve où il n’était pas reçu au ciel par le Seigneur, Benny Hinn se remet en question : il vient d’abandonner la pratique de l’évangile de la prospérité qu’il dénonce dorénavant comme « une folie et une offense au Saint Esprit ». Attendons pour voir s’il va restituer au peuple de Dieu les dizaines de millions de dollars détournés…[/note], il a grandi avec les télévangélistes américains et a inondé le monde grâce à la mouvance pentecô-charismatique dite de « la troisième vague ».  Ce mouvement, très hétérogène, comporte de nombreuses « écoles », si bien que chacun pourra contester en bonne conscience l’un ou l’autre des aspects sur lesquels j’attire votre attention.

Le principe de base est souvent le « dominionisme[note] Cf. https://soyonsvigilants.org/dominionisme-theologie-de-la-domination/ Selon les nombreuses nuances de « l’évangile de la prospérité », certains ne relient pas automatiquement la possession des richesses à l’objectif de « dominer le monde ».[/note] » tiré de Genèse 1.28 : « Dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui se meut sur la terre. » L’explication est la suivante : Il y a une « guerre spirituelle » entre Dieu et ses anges, et Satan et ses démons. Le chrétien devrait aider Dieu dans cette guerre et accéder au pouvoir spirituel et politique. L’Évangile devrait être « puissant » et se manifester obligatoirement par des « signes et prodiges », sans oublier « le nerf de toute guerre », l’argent. « L’argent appartient à Dieu » mais, comme nous sommes des « enfants de Dieu », nous nous devrions de ne plus mener une vie de pauvreté et de misère qui déshonore Dieu, mais une « vie de princes » car c’est à cela que nous serions appelés.

Originaire d’un « pays riche » (l’Amérique), l’évangile de la prospérité a généré rapidement des émules et suscité de nombreuses convoitises de la part de « ceux qui estiment que la piété est une source de gain » (1 Tim 6.5). De nombreux pays sont touchés et même des « pays pauvres » — comme en Afrique — car la formule « Salut, Guérison, Richesses » est une « formule gagnante » aussi simple que séduisante.

Essayons de comprendre le fonctionnement de ce nouvel évangile inconnu de la Bible et des apôtres.

La logique de la prospérité

Elle s’appuie principalement sur deux interprétations tendancieuses de la Bible :

  • La richesse est acquise au chrétien, avec le salut. Elle est l’une des composantes de la « bénédiction d’Abraham » accordée aux païens par l’œuvre de Christ (Gal 3.14). Dieu veut que ses enfants prospèrent matériellement (3 Jean 2), et qu’ils connaissent la réussite, y compris financière (Jos 1.8 ; 1 Chr 20.20 ; Néh 2.20 ; Ps 1.3). « La pauvreté vient de l’Enfer. La prospérité vient du Ciel.[note]Benny Hinn, TBN du 6 novembre 1990.[/note]
  • La doctrine dite de la « compensation ». La technique est de planter un « don semence », « une semence de foi » (cf. Luc 6.38 ; Marc 10.28-30). Dieu se devrait non seulement de vous la rendre, mais de vous la rendre au centuple : « Apprenez à planter l’argent dans le service de Dieu, et il vous rendra une moisson abondante d’argent »[note]T.L. Osborn, La vie comblée, p. 161, cité par Jean-Claude Chabloz et Paul Arnéra, « Le faux évangile de la prospérité », ICHTHUS n° 75 avril-mai 1978, p. 27.[/note]. « Plantez une grosse semence, confessez le résultat, et vous libérez les forces surnaturelles de Dieu. [note]Benny Hinn, TBN du 6 novembre 1990.[/note]

Les ressources financières

  1. L’Église et la dîme

Il n’y a pas que des mouvements charismatiques qui imposent cet impôt aux membres de leurs églises. Mais en ce qui concerne les leaders, ils sont en général à la tête de « megachurches » de milliers de membres. Prenons une église « moyenne » de 5 000 membres. Sur la base d’un salaire moyen de 2 000 euros, cela représente 12 millions d’euros de revenus par an ! L’enseignement est limpide : « Si on n’est pas fidèles dans nos dîmes, on est en train de déshonorer Dieu. Chaque fois qu’on écrit sur un chèque notre dîme Dieu le voit. La dîme c’est un principe divin qui amène la bénédiction dans notre vie terrestre. [note]Jérémy Sourdril, « Prières inspirées ». https://emcitv.com/jeremy-sourdril/video/la-recompense-de-ceux-qui-donnent-dime-offrandes-45823.html et d’autres émissions sur le même thème.[/note]

Les Épîtres ne mentionnent jamais la dîme car le chrétien est sous un régime différent de celui de l’A.T. (1 Cor 16.2)[note]Voir sur ce sujet l’article de D. Shutes dans ce numéro.[/note]

  1. La télévision et internet

Il suffit de faire des appels précis sur sa chaîne de télévision[note] Jimmy Swaggart, un télévangéliste pentecôtiste très connu avait 500 millions d’auditeurs…[/note]. Voici un exemple récent : Pour financer l’achat de son dernier avion, estimé à 54 millions de dollars, le prédicateur Jesse Duplantis a fait un appel aux dons dans une vidéo diffusée le 21 mai 2018 sur son site internet : « Nous croyons en Dieu pour un Falcon 7X tout neuf pour aller partout dans le monde sans escale », affirme le télévangéliste, qui se tient devant des photos de ses trois avions…[note]https://www.20minutes.fr/monde/2281463-20180531-etats-unis-televangeliste-veut-acheter-jet-prive-lance-appel-dons[/note]

  1. Les croisades de guérison et de miracles

Le Seigneur et ses apôtres ont fait de très nombreuses guérisons et Dieu est toujours puissant pour faire des guérisons aujourd’hui, selon sa souveraineté mais il n’y a aucun exemple biblique nous autorisant à « prêcher la guérison ». C’est une dérive dangereuse. Au cours de ces réunions, on place généralement la collecte avant le moment de guérison et on pousse indécemment à la générosité : « Je veux réunir ces 80 000 F ce soir ! … je veux vous mettre au défi… “Donnez et l’on vous donnera” … il ne s’agit pas de donner ce que vous pouvez donner ! Donnez ce que vous ne pouvez pas. Si vous pensez que vous pouvez donner 500 F mais pas 1000, donnez-en 1000. C’est là que se trouve la bénédiction et cela est vrai. »[note]Kenneth E. Hagin, Rachetés de la pauvreté … de la maladie … de la mort, 1986, p. 7-8.[/note]

Beaucoup de ces guérisons sont des illusions qui ne tiennent pas dans le temps et qui ne résistent pas aux contrôles.

  1. Les éditions de livres, vidéo, gadgets évangéliques, etc.

Plusieurs ont, en parallèle, des maisons d’édition où une multitude de livres aux titres alléchants, sont publiés… et parfois même diffusés par nos « librairies évangéliques ».[note]

Voici quelques titres (à ne pas recommander !) en relation avec notre sujet :

Les clefs bibliques de la prospérité financière, de Kenneth Hagin,

La prospérité est la volonté de Dieu, de Gloria Copeland,

Les finances surnaturelles du royaume, de Tijo Thomas…[/note]

Ces livres, parfois diffusés par millions d’exemplaires, sont un apport financier certain. De plus ils participent activement à la diffusion de cet évangile séducteur.

Les dérives doctrinales de l’évangile de la prospérité

Il s’agit d’une synthèse qui regroupe l’ensemble des dérives les plus graves de ces mouvements sur des points fondamentaux. Précisons bien que tous ne peuvent pas être accusés de toutes ces dérives blasphématoires. Ces dérives touchent à :

  • La Bible : Elle est officiellement reconnue comme la Parole de Dieu mais, en pratique, les discours des leaders, les diverses prophéties et visions supplantent l’enseignement clair de la Bible. Il n’y a pas d’étude sérieuse de la Parole mais une manipulation de quelques versets hors contexte pour soutenir l’enseignement donné.
  • Dieu : Il est parfois présenté comme « non trinitaire »[note]De Branham qui était modaliste unitarien à Benny Hinn qui disait qu’il y a 9 personnes en Dieu… (émission du Orlando Christian Center, 13 octobre 1990). Cité par http://www.amourdelaverite.com/Benny%20Hinn%20-%201e%20Partie.shtml   [/note]. Dans le meilleur des cas Dieu, ayant perdu sa puissance et sa souveraineté[note] « Dieu ne peut rien faire sur cette terre si nous ne lui donnons pas la permission par la prière. »  Frederick Price, cité par Gary E. Billey          .  http://www.rapidnet.com/~jbeard/bdm/Psychology/char/more/w-f.htm[/note], est au service de l’homme.[note]Ken L. Sarles, « A Theological Evaluation of the Prosperity Gospel », Bibliotheca Sacra, October-December 1986, p. 343 : « Dans le mouvement de la prospérité l’homme est devenu celui qui commande et Dieu celui qui sert. »[/note] Les dérives principales sont en rapport avec le Saint-Esprit souvent assimilé à une « onction puissante » qui n’a pas de rapport avec l’Esprit de notre Dieu. On va jusqu’à vouloir la récupérer parfois en se couchant sur la tombe d’anciens leaders charismatiques ![note]Cf. https://soyonsvigilants.org/pratique-consistant-a-chercher-lonction-sur-des-tombes/Benny Hinn a fait de même. https://lesarment.com/2015/07/lonction-des-cimetieres-nouvelle-derive-de-lhyper-charismatisme/#_ftn1  https://www.youtube.com/watch?v=vHcRI60j0HI&feature=youtu.be[/note]
  • L’homme : Il est parfois divinisé : « Je suis un homme-Dieu ! … Cet homme spirituel qui est en moi est un homme-Dieu… Dites : Je suis né d’en haut ! Je suis un homme-Dieu ! Un homme-Dieu ! Sur le modèle de Jésus ! Je suis un surhomme ! »[note]Benny Hinn, Trinity Broadcasting Network, le 6 décembre 1990, http://www.tbn.org.[/note] « Tout ce que Jésus était, nous le sommes ! »[note]] Benny Hinn, The Berean Call, 1992, Media Spotlight Special Report, février 1994.[/note]
  • Jésus Christ : Il est le « Fils de Dieu » mais pour certains il n’est pas « Dieu le Fils ». Pour d’autres il s’est vidé (kénose) entièrement de sa divinité. Quant à son œuvre : « Le sang qui été répandu des veines de Jésus ne nous a pas rachetés… »[note]Kenneth Copeland, Personal letter from Kenneth Copeland, Forth Worth, Texas, mars 1979, cité par Simon Keglo, « La théologie de la prospérité : un salut bradé ? », FacRéflexion, n° 42-43, p. 11-12.[/note] mais il a été le premier être humain à naître de nouveau … quand il était en enfer.[note] https://craigbrownsreformedtheology.files.wordpress.com/2011/09/clip-7-joyce-meyer.mp3 Suite à des protestations, Joyce Meyer a renoncé à enseigner cette hérésie.[/note]
  • Le salut : Il doit se concrétiser par des expériences spirituelles tangibles dont, pour beaucoup, la première est « le parler en langues » qui est la porte d’entrée obligatoire pour accéder aux manifestations spirituelles[note]Toutefois, ceux qui promeuvent le « parler en langues » ne soutiennent pas tous l’évangile de la prospérité.[/note]. Malgré cela le salut n’est jamais définitif, il peut toujours se perdre.

Les effets pervers de l’évangile de la prospérité

« Le succès est disponible ici et maintenant… Il dépend de vous de venir et de le recevoir. Si vous n’avez pas le succès, c’est votre faute et non celle de Dieu. […] Vous déterminez votre niveau de succès. Vous faites le choix… Dieu a placé la balle dans votre camp. C’est vous qui donnez le mouvement. »[note]Robert Tilton, God’s Laws of Success, Word of Faith Publications, 1983, p. 28, 60.[/note]

Les effets d’un tel message sont destructeurs pour beaucoup.

  • Non seulement la déception est au rendez-vous pour ceux qui se laissent prendre mais on y ajoute une culpabilité intolérable. Voici le discours tenu : « Vous avez donné 100 euros et vous n’en avez pas reçu 10 000 ? Il y a deux possibilités : soit vous n’avez pas donné tout ce que vous pouviez donner et nous vous invitons à le faire sans tarder, soit c’est parce que vous n’avez pas la foi, car pour nous ça marche ! »[note]Cf. Gloria Copeland, God’s Will is Prosperity, 2012.[/note]
  • La Parole de Dieu est discréditée. On lui fait dire ce qu’elle ne dit pas et on dit aux déçus de « voir directement avec Dieu » car c’est lui qui a fait la promesse !
  • L’ensemble des chrétiens sont discrédités aux yeux des incrédules à cause des scandales financiers, des scandales sexuels, des faux miracles, des fausses prophéties[note]Pierre Grenard, « Argent et sexe… Ils ont cassé la tirelire du bon Dieu », Paris Match, 10 juillet 1987. C’est le moment de la généralisation des « télévangélistes » en Amérique et de l’éclosion des « empires financiers » sur les traces d’Oral Roberts. Il en est toujours de même. http://www.connaitre-la-verite.com/yonggi-cho-condamne-pour-detournement/[/note] ou des « paroles d’autorité » creuses, aussi fausses que prétentieuses, dont la dernière, à l’heure où j’écris ces lignes, est : « J’arrête le coronavirus, au nom de Jésus Christ. »
  • L’Église pauvre et souffrante est totalement méprisée quand elle n’est pas tout simplement ignorée. Les pays en guerre, les chrétiens persécutés, les camps de réfugiés, les pauvres qui sont toujours avec nous (Marc 14.7) sont ignorés ; ils ne sont pas une terre de mission car peu propices à la récolte de fonds. Ces gens-là seraient sous la malédiction de Dieu.[note]Kenneth Hagin, Rachetés de la pauvreté … de la maladie … de la mort.[/note]
  • C’est une exploitation savante et éhontée de la crédulité humaine à des fins mercantiles, c’est le glissement de la foi biblique vers la superstition religieuse. Nous sommes appelés à partager avec les pauvres (2 Cor 8.13-15) mais dans ce faux évangile les pauvres sont toujours dépouillés au profit des riches (Jac 5.1-3).
  • C’est une des nombreuses séductions de la fin des temps ; c’est une caractéristique de l’église de Laodicée qui proclame : « Je suis riche et je me suis enrichie » (Apoc 3.17) et qui ne se rend pas compte que le Seigneur est dehors et qu’il frappe encore à la porte d’un cœur.[note] C’est l’expérience de Costi Hinn qui reconnaît qu’il n’était pas né de nouveau lorsqu’il était assistant de son célèbre oncle, Benny Hinn. http://www.ultimechoix.net/de-levangile-de-prosperite-a-jesus-christ-le-neveu-de-benny-hinn-raconte-sa-conversion/[/note]

Le message de la Bible est clair : « … des hommes corrompus dans leur intelligence et privés de la vérité, qui estiment que la piété est une source de gain. Or la piété avec le contentement est un grand gain […] alors ayant nourriture et vêtement nous serons satisfaits […] Mais ceux qui veulent devenir riches tombent en tentation et dans un piège […] C’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent ; pour s‘y être livrés certains se sont égarés de la foi […] Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses. » (1 Tim 6.5-11)

Y a-t-il des aspects positifs dans l’évangile de la prospérité ?

  • La puissance financière énorme de ces milieux leur donne des moyens d’action exceptionnels. Au sein d’un mélange subtil de bonnes choses et de mauvaises choses, certains auditeurs, par la grâce de Dieu, acceptent le message de la réconciliation avec Dieu par l’œuvre de Jésus Christ…
  • Une partie des sommes considérables collectées sont utilisées pour « l’œuvre » qui peut parfois apporter — comme au Brésil et parfois ailleurs — une amélioration sociale significative : mise en place de cantines, d’écoles du dimanche ou simplement d’écoles. Il y a aussi la diffusion d’une morale chrétienne et une entraide entre « croyants ». Ceux qui n’ont pas d’argent à donner viennent aider gratuitement à la construction de leur église ou à toute autre œuvre au profit de la mission… et cela crée un lien social positif.

* * *

Alors que conclure ? Si Paul, privé de liberté, dans les tristesses, les privations et les afflictions, trouvait sa joie « dans le Seigneur », nous devons l’imiter et, face au faux évangile de la prospérité, dire avec lui : « Toutefois, de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ est annoncé ; et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai. » (Phil 1.18)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)