L’espérance au travers l’épître aux Romains

La simple consultation d’une concordance, papier ou électronique, suffira pour montrer que c’est dans l’Épître aux Romains que le mot « espérance » (ou ses dérivés) se trouve le plus grand nombre de fois, parmi tous les écrits du N.T[note]Dix-sept fois. Rapporté au nombre de mots du livre, il en va différemment : des Épîtres comme 1 Thessaloniciens ou 1 Pierre ont proportionnellement plus de mentions.[/note].

Pourtant, cette Épître commence par un total désespoir (1.18-3.20) : l’humanité déchue y est décrite comme elle est aux yeux de Dieu : s’enfonçant toujours plus dans le péché, incapable de faire le bien. Qui plus est, la juste colère de Dieu envers l’homme révolté contre lui est révélée d’entrée (1.18). Aucune espérance ne semble ouverte devant l’homme. Seul l’attend un juste jugement : le jour de la colère est à la porte (2.5). Quelle espérance pourrait-il avoir ?

Cette condition humaine dramatique a été entrevue par plusieurs auteurs ou artistes profanes, de Nietzsche à Sartre : face à la condition humaine, face à la certitude de la mort, face à un Dieu dont on prétend qu’il n’existe pas, il ne reste que le désespoir. Sans espérance, à quoi bon vivre ? Pour quoi vivre ? Quel sens donner à la vie ? Mais notre Épître va ouvrir une porte…

L’espérance de la gloire de Dieu (5.1-11)

Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. (5.1-2)

Dans ces deux versets, l’apôtre résume l’enseignement qui précède (3.21-4.25). Par pure grâce, Dieu offre à l’homme une porte de sortie au désespoir de sa condition :

– Quant à son passé, il est justifié par la foi en Jésus Christ : Dieu ne lui met plus son péché sur son compte, mais il le crédite de sa propre justice en Christ.

– Quant au présent, il est dans la grâce de Dieu, dans sa faveur.

– Quant au futur, il a désormais une espérance. Sa situation actuelle n’est pas définitive : si la justification qui est la sienne est déjà totale, si la faveur divine ne lui sera jamais retirée, il n’en jouit pas encore à 100 % aujourd’hui. Dieu crée en lui une envie « de quelque chose de plus », d’une plénitude.

C’est cela, l’espérance de la gloire de Dieu. La gloire de Dieu, a-t-on dit, ce sont les attributs de Dieu manifestés, l’éclat de ses perfections. Notre condition actuelle ne nous permet pas de la saisir dans toute son étendue. Mais un jour le Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (1 Thes 2.12) nous illuminera de tout son être glorieux et nous serons définitivement comblés. Combien nous languissons après ce temps éternel du définitif et du complet !

Pour autant, Paul reste réaliste. En attendant cette gloire, nous connaissons tous plus ou moins des épreuves (5.3) et nous pouvons même nous en « glorifier » ! Non pas que Paul fasse l’éloge du masochisme, loin s’en faut, mais nous savons que les afflictions ont un but, à terme (Jac 1.2-3). Et deux aides nous sont proposées pour persévérer dans ces épreuves :

– la première est subjective : c’est l’amour de Dieu ressenti dans le présent dans le secret de notre cœur par le Saint Esprit (5.5), qui nous dit : « Dieu t’aime toujours autant, malgré les difficultés que tu traverses » ;

– la seconde est objective : le rappel du sacrifice de Christ dans le passé pour des hommes indignes, nous assure que cet amour n’est pas une illusion, mais a été démontré de la manière la plus claire possible (5.6-8).

Paul peut alors conclure par un raisonnement a fortiori (5.9-10) : si Dieu nous a déjà justifiés, il n’y a désormais plus aucune raison de craindre sa colère. En effet, les épreuves que nous traversons n’ont rien à voir avec cette colère ; elles nous conduisent au contraire à une relation plus directe et plus vivante avec Dieu (5.11).

L’espérance de la vie éternelle (6.22-23)

Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. (6.22-23)

Tout homme se voit proposer deux chemins. Le premier conduit vers la mort — la mort éternelle. Fondamentalement, un croyant l’a quitté en acceptant Christ comme Sauveur, mais il doit au quotidien actualiser ce choix en refusant de se livrer au péché. Le second chemin conduit vers la vie — la vie éternelle. Cette vie en est le but ultime et il espère avec certitude l’atteindre.

Mais dès aujourd’hui, le chrétien, justifié devant Dieu se livre volontairement comme esclave à Dieu pour le servir en sainteté. Chaque petite décision concrète de sa vie pour obéir librement à Dieu renforce cette espérance qu’un jour, cette vie qui est déjà en lui comme cadeau divin aura son plein développement, dans le service céleste éternel.

L’espérance de la gloire des enfants de Dieu (8.18-30)

J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité — non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise — avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. (8.18-25)

Dans ce développement, Paul fait un parallèle frappant entre la situation de la création et la situation des croyants, en employant les même termes : elle soupire (8.22) et nous aussi (8.23) ; elle attend (8.19), nous aussi (8.23a) ; elle sera libérée (8.21) et nous le serons aussi (8.23). Ce parallèle montre l’interaction qui existe entre la création et l’humanité : la chute de l’homme a eu des conséquences sur le monde physique que nous habitons (Gen 3.18) et elle continue à en avoir. Le Lévitique avertissait qu’une inconduite morale persistante pouvait conduire un pays à « vomir » ses habitants (Lév 18.28). Ainsi, l’état moral de nos contemporains pèse sur notre pays, qui attend sa libération.

Les soupirs et les souffrances de la création sont certainement mieux compris aujourd’hui, avec l’émergence des préoccupations écologiques. Comme chrétiens, nous ne pouvons qu’approuver ce désir de préserver notre environnement et y participer dans notre mesure. Mais nous savons par avance que ces efforts louables resteront toujours insuffisants[note]Il est au demeurant étonnant de constater que les partis écologistes sont souvent les plus en pointe pour promouvoir le laxisme moral — en totale incohérence avec l’interdépendance signalée.[/note]. Notre espérance n’est pas dans les bienfaits d’un Grenelle I ou II[note]Les « Grenelle de l’environnement » (I et II) rassemblent des engagements en faveur de l’environnement et de l’écologie, élaborés en France par le gouvernement et des ONG en 2007 et 2008.[/note], mais dans la « liberté de la gloire des enfants de Dieu », dans le jour où simultanément le péché sera éradiqué et la création libérée.

Sur le plan personnel, nous attendons « la rédemption de notre corps ». Le salut de notre âme est déjà acquis ; celui de notre corps, lui, est encore futur. Nous le constatons bien sous deux aspects : d’une part, notre corps est « faible », allant vers la décadence, susceptible de souffrir, d’être malade ; d’autre part, notre corps est aussi, hélas, l’instrument par lequel nous péchons (6.11-13). Nous attendons d’être libérés de ces deux « souffrances du temps présent » (8.18) : libérés d’une enveloppe mortelle pour revêtir une immortelle (1 Cor 15.51-54), et libérés de la présence du péché.

Face à un tel futur, notre attente est certainement vive : quand enfin jouirons-nous pleinement de cette liberté ? Mais cette attente se doit également d’être « persévérante ». Le cri est sur nos lèvres : « Viens ! », mais nous laissons au Dieu sage le choix du moment. Quoi qu’il en soit, l’issue est certaine et Paul peut conclure ce paragraphe en affirmant que nous sommes déjà (au passé !) glorifiés (8.30).

L’espérance joyeuse (12.12)

Servez le Seigneur. Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. (12.11c-12b)

À partir du chapitre 12, Paul passe à une partie plus exhortative. Parmi les 20 à 30 courts impératifs des versets 9 à 21, il demande aux Romains de se réjouir en relation avec leur espérance. La joie est déjà nôtre ici-bas (Jean 15.11 ; 17.13 ; Phil 4.4), mais elle reste partielle et entachée de tristesses (2 Cor 6.10). Alors il vient un jour où nous ne serons « que joyeux » (Deut 16.15 ; És 35.10 ; Apoc 21.4).

Comme il l’a déjà ébauché plus haut, Paul encadre cette joie de l’espérance par l’exhortation au service (voir 6.22-23) et l’encouragement à la patience dans l’épreuve (voir 5.3). Le service tout comme l’endurance dans les peines auront leur contrepartie dans la joie éternelle du Maître et du Sauveur du corps.

L’espérance du jour (13.11-14)

Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes : c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. (13.11-14)

Dans ce paragraphe, Paul présente le salut non pas comme déjà acquis (sens qu’il a par ailleurs, cf. 1.16 ou 10.9-10), mais comme à venir. Le champ ouvert par ce mot de « salut » est extrêmement vaste, même si nous le limitons trop souvent au salut « initial » : il va jusqu’à notre espérance qui est le parachèvement de ce salut. Il nous est déjà acquis (Éph 1.13), nous y travaillons (Phil 2.12) et il sera complet demain (1 Pi 1.9).

Paul utilise l’image du « jour » et de la « nuit » pour décrire notre condition et demander notre vigilance. Nous sommes « du jour », des « enfants de lumière ». Même si c’est encore la nuit de l’absence de Jésus Christ, nous sommes exhortés à nous conduire comme s’il était déjà là. Il est facile de saisir ce que cela implique concrètement : le « monde de la nuit » n’est que bien rarement en concordance avec les principes de l’Évangile ! Qu’il s’agisse de corruption ou de violence, la majeure partie des inconduites ont lieu de nuit, l’obscurité faisant peut-être croire inconsciemment que le Dieu de lumière n’y voit rien… Notre conduite doit trancher et être transparente, « comme en plein jour ».

Paul n’hésite pas à donner des exemples. Essayons de les transposer à notre siècle : les orgies (ou « excès ») font penser à toutes les drogues, légales ou non, dont on abuse ; l’ivrognerie fait penser au le binge drinking qui ravage les adolescents ; la luxure, à la pornographie omniprésente ; la débauche, à la généralisation de la sexualité hors mariage ; les querelles, à la violence de nos cités, en paroles ou en actes ; les jalousies, au consumérisme qui pousse à envier le gadget de l’autre. Nous qui avons une espérance, disons fermement halte à toutes ces addictions !

Le Dieu d’espérance (15.4,13)

Or tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. (15.4) Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit ! (15.13)

Dieu reçoit ici ce titre unique de « Dieu de l’espérance ». Il est, lui, personnellement, la source de l’espérance. En effet, lui qui connaît tous les temps, lui qui est hors du temps, maîtrise l’avenir comme le passé. Si notre espérance n’est pas fondée sur sa personne elle-même, elle est vaine.

Dieu est la base de notre espérance et, pour nous la rendre vivante, abondante, il veut nous remplir de joie et de paix. Avec la justice, ce sont les trois caractères du royaume de Dieu actuellement (14.17). Vivre chaque jour joyeusement et paisiblement, c’est donc anticiper sur terre le temps espéré du royaume en gloire.

Pour alimenter notre joie et notre paix, pour fonder notre espérance, nous avons une ressource : des exemples bibliques à méditer, en particulier dans les récits de l’A.T. La vie d’un Noé, d’un Abraham, d’un Job, d’un Jérémie, etc., sont des leçons d’espérance. Quelle source d’encouragement pour nous !

L’espérance concrète pour l’année (15.24)

Ayant depuis plusieurs années le désir d’aller vers vous, j’espère vous voir en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par vous, après que j’aurai satisfait en partie mon désir de me trouver chez vous. (15.23b-24)

Avant de donner de nombreuses salutations, Paul évoque à la fin de sa lettre ses projets de voyage en Espagne via Rome. Nous connaissons la suite… Paul est bien allé à Rome, mais pas comme il l’avait prévu !

Il est légitime de faire des projets en ce début d’année, de planifier des rendez-vous, des voyages, des occasions de service, etc. Mais sachons aussi accepter les contretemps, renoncer à des projets qui remplissaient le cœur (Job 17.11).

Paul sera prisonnier à Rome plusieurs années, et ce sera l’occasion pour lui d’écrire quatre lettres qui resteront pour l’édification des chrétiens de tous les temps. La « pleine bénédiction de Christ » (15.29) sera là, bien réelle, mais elle sera différente de celle qu’il avait anticipée. Aussi soyons assurés que, même si notre chemin n’est pas tout à fait conforme dans le détail à nos espérances, il concourt à notre bien (8.28).

L’espérance de la fin du mal (16.20)

Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! (16.20)

Même si le terme « espérance » n’y est pas, il semble approprié de terminer par cette promesse qui forme une première conclusion à cette lettre. Il est aujourd’hui ici-bas des mystères non élucidés — et la chute de Satan, ainsi que son action actuelle, n’en est pas le moindre. Mais un jour, la puissance maléfique qui agit encore et qui parfois nous voile l’espérance en nous gâchant le présent et en obscurcissant l’avenir, sera définitivement mise hors d’état de nuire. Quelle attente !

Le souhait final, donné deux fois (16.20b,24), fait écho à celui qui clôt l’ensemble de la révélation (Apoc 22.21). Dans ce temps de l’espérance qui nous sépare de la venue de notre Sauveur et Seigneur, sa grâce est là, chaque jour, et cela nous suffit.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)