Les quatre fléaux d’Ézéchiel

Ézéchiel 14.12-23 :

La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots :
La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : 13Fils de l’homme, si un pays péchait contre moi en se livrant à l’infidélité, et si j’étendais ma main sur lui, si je brisais pour lui le bâton du pain, si je lui envoyais la famine, si j’en exterminais les hommes et les bêtes, 14et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, ils sauveraient leur âme par leur justice, dit le Seigneur, l’Éternel.
15Si je faisais parcourir le pays par des bêtes féroces qui le dépeupleraient, s’il devenait un désert où personne ne passerait à cause de ces bêtes, 16et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, eux seuls seraient sauvés, et le pays deviendrait un désert.
17Ou si j’amenais l’épée contre ce pays, si je disais : Que l’épée parcoure le pays ! si j’en exterminais les hommes et les bêtes, 18et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais eux seuls seraient sauvés.
19Ou si j’envoyais la peste dans ce pays, si je répandais contre lui ma fureur par la mortalité, pour en exterminer les hommes et les bêtes, 20et qu’il y ait au milieu de lui Noé, Daniel et Job, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais ils sauveraient leur âme par leur justice.
21Oui, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Quoique j’envoie contre Jérusalem mes quatre châtiments terribles, l’épée, la famine, les bêtes féroces et la peste, pour en exterminer les hommes et les bêtes, 22il y aura néanmoins un reste qui échappera, qui en sortira, des fils et des filles. Voici, ils arriveront auprès de vous ; vous verrez leur conduite et leurs actions, et vous vous consolerez du malheur que je fais venir sur Jérusalem, de tout ce que je fais venir sur elle. 23Ils vous consoleront, quand vous verrez leur conduite et leurs actions ; et vous reconnaîtrez que ce n’est pas sans raison que je fais tout ce que je lui fais, dit le Seigneur, l’Éternel (Éz 14.12–23).  

La prophétie d’Ézéchiel sur les quatre fléaux

Jeune sacrificateur déporté en Babylonie, Ézéchiel reçoit une série de visions montrant la gloire de l’Éternel, dénonçant les péchés des Juifs restés à Jérusalem et annonçant le départ prochain de la gloire et la chute de la ville (Éz 1 à 11). Ensuite, dans une série de treize oracles, Ézéchiel développe les raisons du jugement du peuple.
Le troisième oracle (Éz 14.12-23) annonce quatre terribles fléaux que « le Seigneur, l’Éternel »[note]L’expression est caractéristique du livre : la combinaison hébraïque Adonaï Yahvé se trouve 287 fois dans l’A.T., dont 210 fois dans le seul livre d’Ézéchiel.[/note]  va envoyer sur Jérusalem : la famine, les bêtes féroces, l’épée et la peste. Pour marquer l’irrévocabilité de sa décision, Dieu ajoute que la présence de trois hommes justes comme Noé (qui avait sauvé sa famille), Daniel (dont l’action avait permis d’épargner les sages de Babylone et ses trois amis) et Job (qui avait intercédé pour ses amis) ne pourrait même pas arrêter le jugement.
Dieu annonce qu’il n’épargnera qu’un « reste », pour témoigner du bien-fondé du jugement. Les exilés comprendront alors que les malheurs qui ont atteint Jérusalem sont mérités et seront « consolés ».

La réalisation historique

Après un cycle de révoltes et d’allégeances détournées envers l’Égypte, le petit royaume vassal de Juda est envahi par son suzerain, Nebucadnetsar, qui veut en finir avec lui. Au début de l’année 588 av. J.-C., les armées babyloniennes commencent le siège de Jérusalem qui durera environ deux ans (2 Rois 25.1-2).
Ce siège est dramatique et entraîne une famine aiguë (2 Rois 25.3). La fuite des soldats de l’armée juive et de son roi Sédécias se solde par une tuerie : les Babyloniens les font passer par le fil de l’épée. Selon la parole de Jérémie, leurs cadavres sont dévorés par les bêtes sauvages (Jér 34.20). La peste n’est pas spécifiquement mentionnée, mais le manque d’eau potable lors d’un siège entraîne généralement des maladies contagieuses ; Jérémie l’avait d’ailleurs prédit (Jér 21.6-7).

La raison des quatre fléaux

« Ce n’est pas sans raison » que j’envoie ces fléaux dit l’Éternel (Éz 14.23). Ces raisons, nous les trouvons dans la portion symétrique de cette section d’Ézéchiel, au chapitre 22[note]Nous retenons l’approche de Brian Tidiman (Le livre d’Ézéchiel, tome 1, CEB, p. 174) qui démontre brillamment le plan en chiasme des 13 sections des ch. 12 à 24, avec au centre la démonstration de la responsabilité individuelle (Éz 18). À la section 3 (« De rares justes échapperont au jugement », 14.12-23) correspond la section 11 (« De rares hommes émergeront du creuset du jugement, 22.1-31).[/note] . Dieu y récapitule les péchés des habitants de Jérusalem (Éz 22.1-12) et y dresse un réquisitoire imparable contre toutes les classes de la société (Éz 22.23-31). Il justifie ainsi son jugement imminent (Éz 22.13-22).
Les versets 6 à 12 énumèrent quatre séries de péchés :
– des péchés sociaux (v. 6-7) : meurtres, mépris des parents, maltraitance des étrangers, oppression des faibles ;
– des péchés cultuels (v. 8-9) : mépris du sanctuaire, profanation du sabbat, calomnie, idolâtrie ;
– des péchés sexuels (v. 10-11) : impudicité, violence, adultère, inceste ;
– d’autres péchés sociaux (v. 12) : corruption, usure, extorsion
– et le péché suprême : l’oubli de Dieu.

Dieu se doit d’exercer sa justice, l’expression de sa juste colère envers le peuple qui porte son nom. Les quatre fléaux ne l’ont pas atteint par hasard ou arbitrairement.

Les reprises dans le N.T.

Les fléaux d’Ézéchiel se retrouvent dans plusieurs textes de l’A.T. [nopte]Dans des ordres variés et parfois en omettant l’un des quatre ou en le remplaçant par un autre. Cf. Lév 26.21-26 (les quatre y sont), 1 Chr 21.12 ; 2 Chr 20.9 ; Jér 21.7 ; 24.10, etc. (Jérémie omet souvent les bêtes sauvages) ; Éz 6.11 ; 7.15 ; 12.16 ; 33.27.[/note] qui concourent pour annoncer le jugement qui est finalement tombé sur le peuple de Jérusalem en 586 av. J.-C. Mais ce jugement local ne faisait qu’anticiper et mettre en évidence une situation bien plus générale.
Dans son discours sur la montagne des Oliviers, Jésus annonce que, jusqu’à son retour, « il y aura, en divers lieux, des famines » et des guerres (symbolisées par l’épée chez Ézéchiel).
Lorsque l’Agneau ouvre le livre scellé de sept sceaux, la rupture du quatrième fait paraître un cheval verdâtre monté par « la mort ». Elle a le pouvoir sur le quart de la terre de « faire périr les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre » (Apoc 6.8) — précisément les quatre fléaux d’Ézéchiel ! Ici comme souvent ailleurs, l’Apocalypse reprend des thèmes et des expressions des prophètes.

L’application à la situation actuelle

Le monde subit à une échelle bien plus large que le petit royaume de Juda les quatre fléaux d’Ézéchiel. Tous n’affectent pas simultanément et dans les mêmes proportions chaque nation à chaque époque. Toutefois les troubles qu’ils évoquent sont bien présents ! Le propos d’Ézéchiel donnait d’ailleurs un principe général qui allait bien au-delà du seul cas particulier d’Israël en –586 : « Si un pays… » (Éz 14.13)
La situation du monde en 2021 montre l’actualité des propos du prophète :
 La « famine » ou les troubles économiques : en baisse jusqu’en 2015, la faim dans le monde tend à augmenter à nouveau. 9 % des êtres humains, soit environ 700 millions de personnes, sont sous-alimentés. La crise du Covid-19 renforce cette tendance négative. Au-delà des seuls problèmes de malnutrition, la baisse de croissance dans le monde observée en 2020 a été sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, avec son cortège de paupérisation, chômage, fragilité des entreprises, endettement des États, montée des inégalités, etc.
 Les « bêtes sauvages » ou les troubles écologiques : le monde est en train de prendre conscience de la réduction dramatique et rapide de la biodiversité : plus des 2/3 des vertébrés auraient disparu depuis 1970 [note]Rapport Planète vivante 2020 du WWF. Il s’agit des populations d’animaux, pas du nombre d’espèces différentes.[/note].  Le monde devient peu à peu un « désert ». Les zoonoses (maladies et infections transmises à l’homme par les animaux) ne cessent de se répandre : elles seraient la cause de 75 % des nouvelles maladies humaines. Même si l’origine exacte du Covid-19 n’est pas encore connue à la date de la rédaction de cet article, plusieurs indices pointent vers une transmission liée à la destruction de zones d’habitat primaire qui conduirait des animaux sauvages à se rapprocher des zones habitées et favoriserait les contacts potentiellement dangereux.
 « L’épée » ou les troubles politiques : l’indice du risque politique publié par l’assureur-crédit français Coface montre un doublement en tendance du nombre de conflits dans le monde par rapport au début des années 1990. La montée des populismes, y compris dans des démocraties qui semblaient solidement établies, est une source grandissante de préoccupation, tout comme la dérive autoritaire d’autres régimes.
 La « peste » ou les troubles sanitaires : l’actualité est telle qu’il n’est presque pas nécessaire de les mentionner ! Qui aurait pensé qu’une pandémie puisse infecter des centaines de millions de personnes, faire des millions de morts, face à l’arsenal médical dont le monde croit disposer ? D’autres maladies surgies récemment, comme le sida ou le virus Ébola, ont laissé démunis.

Comment réagir comme chrétiens dans un tel contexte ?

Quatre attitudes nous paraissent appropriées :
 La prudence : il serait facile de s’ériger en procureur et de dénoncer tel péché comme cause évidente de tel fléau dans tel pays. Le lien direct que faisait Ézéchiel entre les drames que vivait Jérusalem et l’état moral de ses habitants n’est sans doute pas évident à tracer aujourd’hui. Les troubles évoquées ci-dessus touchent d’ailleurs, plus ou moins, tous les pays, et les péchés dénoncés par le prophète se retrouvent hélas partout.
 La patience : elle est recommandée aux martyrs du cinquième sceau, qui suit la mention des quatre fléaux (Apoc 6.9-11). Les fidèles du temps d’Ézéchiel, tels Jérémie, subissaient eux aussi dans une mesure les conséquences de l’infidélité générale. Nous ne sommes pas immunisés contre les troubles qui secouent le monde, mais nous pouvons trancher par notre « espérance persévérante » (1 Thes 1.3) et notre confiance dans la souveraineté de notre Dieu. La compassion : au cœur du développement d’Ézéchiel, nous lisons cette exclamation divine : « Est-ce que je désire vraiment la mort du méchant ? » (Éz 18.23) Ayons le même cœur que notre Dieu pour être touchés des souffrances que ces fléaux entraînent et pour proclamer le salut toujours offert.
 La justice personnelle : Noé, Daniel et Job « sauveraient leur âme par leur justice » disait le prophète. Nous qui nous savons justifiés devant Dieu, cherchons à vivre davantage en pratique à la hauteur de notre appel. Nous ne sommes pas immunisés contre les quatre catégories de péchés dénoncés par Ézéchiel ; mais, par l’action de l’Esprit en nous, nous pouvons vivre dès aujourd’hui la justice du royaume de Dieu (Mat 6.33 ; Rom 14.17), en attendant le jour où il sera pleinement établi et où tout fléau fera définitivement partie du passé.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)