Les nouvelles spiritualités

Introduction

Rue piétonne, au centre de Lyon. Une femme écoute attentivement la présentation de l’Évangile. Elle vient vers moi, rouge de colère, et me lance « Pourquoi parler d’un Dieu extérieur aux gens ? Vous êtes Dieu ! Je suis Dieu ! » avant de disparaître dans la foule. Cette scène aurait fait sourire il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, des hommes très en vue de notre société vantent les mérites d’une « nouvelle spiritualité » (NS) fortement imprégnée de pensées orientales.
Françoise Champion, chargée de recherche au CNRS, les qualifie au vitriol de « nébuleuse mystique-ésotérique » :
Nébuleuse : ces mouvements n’ont pas un contour précis. Des milliers d’associations différentes, dont nul référentiel n’homogénéise les pensées (pas de Bible, de clergé ayant autorité, etc.), forment un réseau informel. Réseau dispersé, mais bien réel.
Mystique-ésotérique : l’approche du spirituel est initiatique. L’individu entre par un rituel ou une expérience initiatique dans une dimension spirituelle intangible en d’autres circonstances. Cette mystique est influencée par les conceptions orientales, modifiées au goût des Occidentaux[note]Malédiction pour les Hindous, la réincarnation est au contraire une bénédiction chez les Occidentaux ![/note]. Elle s’appuie parfois sur des religions païennes anciennes telles que le culte des déesses mères, le chamanisme, etc.

Mesurer l’avancée des NS en Occident est difficilement possible. Certains adeptes sont aussi membres de religions classiques. La France compte 80 % de catholiques. Pourtant, 24 % des Français déclarent croire en la réincarnation (doctrine à l’influence orientale manifeste)[note]L’Express, n° 2378 (du 30 janvier au 5 février 1997), p. 30s.[/note]. Est-ce à dire que de nombreux catholiques (ou se disant tels) croient en la réincarnation ? Et que le ¼ des Français adhère aux NS ?

Les facteurs du succès

Deux raisons expliquent la percée des NS.

La fin (l’échec) des grands systèmes

Les débats politiques du passé n’ont plus d’intérêt. La génération de l’après-guerre ne s’est pas rassasiée des « Trente Glorieuses »[note]Expression qui désigne en Occident la période 1945-1975 marquée par une forte croissance économique, le plein emploi et un large accès aux outils modernes (automobile, objets ménagers, etc.). (NDLR)[/note], et constate la ruine des pays marxistes.
On observe une diminution de l’influence des systèmes chrétiens (catholiques), ce qui favorise la percée des NS. Cette déchristianisation est une seconde brèche. Françoise Champion constate : « La nébuleuse mystique-ésotérique est un (petit) sous-ensemble d’une vaste subculture où l’on trouve aussi bien toutes les médecines «douces», «parallèles» et les thérapies psychologiques «humanistes», «transpersonnelles», que la voyance, l’astrologie, etc. Le développement de cette subculture est lié [à la perte d’emprise accélérée des grandes institutions religieuses, et au statut actuel de la science et de la technologie]. Les deux autorités majeures en matière de contrôle des croyances, la science et les grandes institutions religieuses […] n’arrivent plus à imposer leur ligne de partage entre les croyances légitimes (orthodoxes) et les croyances illégitimes (ou hétérodoxes).[note]Françoise Champion, « Croire en l’incroyable : les nouvelles religiosités mystiques-ésotériques », Les nouvelles manières de croire, Éditions de l’atelier, 1996, p. 81-82.[/note] »

La « nouvelle » science

Un nouveau type de science se profile pour justifier une nouvelle spiritualité. La science s’éprend de repères qu’elle avait un temps jugés infantiles. Elle constate ses limites. Elle ne donnera pas le sens de la vie, parce qu’elle est trop « matérielle ».
« Seulement voilà, après Einstein sont venus d’autres génies, qui minèrent la vision «classique». En inventant la mécanique quantique, Niels Bohr et l’école de Copenhague scièrent à la base toute la science, de Descartes à Einstein. Depuis 1927, le statut du réel a fondu dans un brouillard vertigineux.[note]Patrice Van Eersel, « Nouvelle science, nouvelle spiritualité », Nouvelles Clés, fév.-mars 1994, p. 24.[/note] » Selon Basarab Nicolescu, physicien théoricien quantique, « il n’y a plus, selon les données actuelles sur lesquelles on peut s’appuyer, une objectivité totale ; et cela est lié à la faillite du scientisme »[note]Basarab Nicolescu, « Un scientifique nous parle de spiritualité », Terre du Ciel, oct.-nov. 1995, p. 40.[/note].
La science importe ou exporte du spirituel ! Elle croit constater dans les NS un sage compagnon qui l’aurait même précédée.

L’expérience prime

Les croyances essentielles sont difficiles à cerner. Puisqu’il n’y a pas de référentiel, presque tout est permis. C’est ce qui est d’ailleurs reproché aux croyants des NS : « L’adepte «mystique-ésotérique» croit à diverses croyances incroyables comme les «régressions dans les vies antérieures», les «sorties hors du corps physique», les communications avec des «guides spirituels». Il faut croire aussi au pouvoir de guérison des cristaux, aux «voyages astraux» (notamment dans le passé), aux tarots, en diverses pratiques de type magique, même si chez lui, les conditions psychologiques (de concentration, d’ouverture…) nécessaires à la réussite des pratiques l’emportent sur le respect des règles purement comportementales. »[note]Champion, op. cit., p. 73-74.[/note]
C’est l’une des nombreuses contradictions des NS qui cherchent à légitimer leurs croyances dans la science, tout en croyant… à l’incroyable ! C’est que le vrai n’est pas conçu d’une manière objective. Il est subjectif et passe par le vécu, par l’expérience.
Pire ! L’expérience est révélatrice du vrai : « Le bouddhisme, et en particulier le bouddhisme tibétain, nous propose une vision toujours révolutionnaire à ce jour, à savoir que la vie et la mort existent dans l’esprit et nulle part ailleurs. Mais ceci est tout simplement proposé. C’est la force et l’originalité de ces enseignements qui reposent essentiellement sur l’expérimentation individuelle. Ainsi, la vérité n’est pas imposée, mais bien au contraire, elle peut être découverte par soi-même au fond de cette existence. Voilà la voie. Maintenant la question est simplement de s’y engager. »[note]Gérard Riba, « Jouer avec l’esprit », Terre du Ciel, avr.-mai 1996, p. 37.[/note]

Que dit la Bible ?
Le Christ, Parole vivante, nous laisse une Parole écrite parfaite (2 Tim 3.16), dont la véracité ne dépend pas de la manière dont on vit son enseignement.
Une expérience ou une émotion spirituelle, même bouleversante, ne recevra pas toujours une approbation divine (Apoc 3.1). Pierre, présent lors de la transfiguration, minimise l’impact de cette expérience lorsqu’il la compare à l’enseignement prophétique qu’il prend pour « d’autant plus certain » (2 Pi 1.18-20).
Une expérience que Dieu approuve fait suite à l’appropriation d’une vérité révélée dans l’Écriture. La « naissance d’en haut » (Jean 3.3) fait suite à la confiance que l’on place en Christ pour le pardon de nos fautes. La joie du pardon suit la compréhension de la miséricorde de Dieu (Ps 51), etc.

Les croyances essentielles

Monisme / Panthéisme / Universalisme

Tout ce qui existe provient d’une seule source d’énergie divine. Tout ce qui existe est Dieu ; Dieu est tout ce qui existe. De là l’idée que l’homme est divin. La divinité n’est pas à rechercher dans des textes, ou dans les cieux. Elle est à trouver en nous-mêmes.
Puisque tout est Dieu, il n’existe qu’une réalité, difficile à cerner, mais abordable de tout côté. Aucun chemin n’est exclusif.

Que dit la Bible ?
Paul présente aux Athéniens un Dieu autonome, distinct de sa création (Act 17.24-25).
Le monde naturel révèle suffisamment l’existence d’un Dieu invisible et parfait (Rom 1.20), qui appelle les hommes à la repentance. Ceux qui refusent d’admettre son existence pour en tirer les conséquences, sont livrés à une spiritualité « folle » puisqu’en adorant la création, ils offensent le créateur (Rom 1.21-23).

Le karma / la réincarnation

Les actes bons ou mauvais forment un passif ou un actif que l’on appelle le karma(n). À la fin d’une vie, le karma détermine les punitions ou les récompenses attribuées à chaque individu, pour ses prochaines vies. Il se réincarnera immédiatement (pour les Tibétains), après 49 jours (Druzes), selon un cycle de 144 ans (Rosicruciens) ou de 1000 à 1400 ans (Théosophes). Mais l’homme meurt et renaît plusieurs fois afin de se purifier et mûrir.
Cette pensée est de plus en plus à la mode, car elle fait écho au sens de la justice de l’homme : celui qui a commis beaucoup de mal se réincarnera dans une condition difficile. Cela donne une explication rationnelle pour expliquer les inégalités fondamentales entre les hommes dès la naissance.

Que dit la Bible ?
La loi du karma s’oppose à la grâce : la première propose le paiement de nos fautes par des œuvres compensatoires, alors que le Père offre un pardon complet, puisque la dette de tout péché a été « payée » par son Fils mourant sur la croix (Héb 9.12 ; 10.10). L’homme ne peut parvenir à Dieu par ses propres efforts, mais uniquement par Christ (Tite 3.5 ; 1 Tim 2.5).
La Bible enseigne que nous ne passons qu’une seule fois sur terre — il n’y a pas de réincarnation (Héb 9.27). L’homme demeure dans son état à son décès : pécheur pardonné, il rejoint Dieu ; s’il ne s’est pas repenti, il demeure séparé de Dieu, pour toujours (Dan 12.2 ; Mat 25.46).

Les objectifs

L’éveil intérieur

La réalité est diffuse, difficilement saisissable. La vie a pour objectif de réaliser un éveil intérieur qui conduira à l’illumination. De nombreuses techniques sont proposées, de la drogue à la méditation transcendantale, en passant par le yoga ou les cercles de discussions ésotériques.
À mon sens, ce n’est pas un éveil, mais un endormissement de la volonté consciente pour un échange de valeurs, une influence des pensées et de l’esprit. Ces transformations ne sont pas neutres. Elles peuvent être dangereuses et conduire à de grands désordres psychiques. C’est une porte ouverte sur un monde ténébreux, dont le chef se présente en vêtements de lumière (voir 2 Cor 11.14)
Que dit la Bible ?
L’homme n’a aucune ressource personnelle pour découvrir la divinité. Profondément enraciné dans le péché (Rom 3.23), sa nature même est corrompue (Éph 2.1-3) et incapable même d’aspirer réellement à connaître Dieu (Rom 3.10-18). Il ne faut pas un éveil intérieur, mais un appel extérieur puissant — celui de Dieu ! — pour que l’homme découvre sa faute et la grâce que Dieu lui propose.
Le chrétien reçoit de Dieu un « équipement » suffisant pour vivre pleinement jusqu’à son arrivée dans la cité céleste. Béni de « toute bénédiction spirituelle » (Éph 1.3), ayant reçu « tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pi 1.3), étant « scellé du Saint-Esprit » (Éph 4.30), il est qualifié pour « toute œuvre bonne » par l’application de la Parole (2 Tim 3.17). Il ne lui manque aucune expérience spirituelle en dehors de ce que l’Écriture lui propose.

Le soin du corps

Le corps reçoit une attention dévouée, notamment par le biais des médecines douces. Celles-ci sont une vitrine alléchante pour la pensée des NS. Je ne veux pas dire que ces médecines sont nécessairement mauvaises. J’observe seulement que bon nombre d’entre elles font l’apologie des NS, et y conduisent parfois.

L’œcuménisme total

Les partisans des NS œuvrent avec intensité pour rapprocher les religions humaines. Ils organisent des congrès œcuméniques pour tenter de définir les points communs et de construire une plate-forme commune à toute religion. Ils croient à l’évolution de toutes les spiritualités vers cette plate-forme commune. Un prêtre jésuite, assez proche des NS, écrit : « L’Église a à apprendre des bouddhistes et des hindouistes, du confucianisme et du taoïsme, et de l’islam et du judaïsme. »[note]Boulad, S.J., « Espoir et soucis de l’Église de demain », Terre du Ciel, n° 27, déc. 1994-janv. 1995, p. 46.[/note] Cette convergence vise ainsi la création d’une seule foi…

L’entraide planétaire

Les intellectuels poussent les dirigeants politiques à créer un gouvernement mondial. Cette période, cet Âge Nouveau, est parfois appelé Nouvel Ordre Mondial, ou encore l’Ère du Verseau.
Cette mondialisation est dans l’ère du temps. Plusieurs essais d’unification planétaire (économique ou politique) ont eu lieu depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le désir d’en finir avec la guerre et l’injustice, de répondre aux problèmes écologiques, à la faim dans le monde, engendre une passion pour la construction d’une unité planétaire. Cette envie (louable, mais si dangereuse, car éloignée des peuples) est partagée par les responsables des NS, qui apportent ici et là une contribution significative à l’ensemble.

Comment aborder les adeptes des NS ?

On peut schématiser en répartissant les adeptes en trois catégories, et adapter l’approche en conséquence.

L’initié

C’est un homme dont la foi aux NS se fonde non sur un dogme ou une doctrine lue dans les livres, mais sur un vécu profond qui a bouleversé sa vie. Cette initiation pourra être une « expérience de mort imminente » (l’individu est laissé pour mort, se voit visiter l’au-delà, et reçoit divers enseignements[note]Voir F. Varak, La réincarnation, Éditions Clé, 1994, pour une évaluation de ces phénomènes.[/note]), une sortie du corps lors d’une méditation transcendantale, ou sous l’effet de la drogue, une rencontre avec des esprits ou des anges. La liste n’est pas exhaustive.
Il est stérile d’argumenter sur le terrain de la réalité de l’expérience. Plus intéressant est celui de la source de l’expérience. Toutes les expériences ont-elles la même valeur ? Certaines peuvent-elles être manipulées par des éléments spirituels négatifs ? Comment distinguer entre des influences spirituelles positives et des influences spirituelles négatives ?

L’intéressé

Il a tout lu sur la question — ou presque ! Il campe au pied des rayons ésotériques des librairies, et il est prêt à traverser la France pour entendre une célébrité du milieu s’exprimer sur la spiritualité orientale. Il n’a rien vécu de fort, mais pressent qu’il y a là la réponse au sentiment de désordre qu’il connaît dans son cœur.
C’est le terrain le plus propice à l’annonce de l’Évangile, car cet homme est en recherche. Pour peu qu’il trouve un chrétien respectueux (la perception du moindre orgueil disqualifiera le messager), il sera prêt à dialoguer. L’un des points les plus importants est la question du péché. Or, la compensation du mal selon le karma est injuste et dérésponsabilisante : le mal actuel sera toujours justifié par celui d’hier — et donc inévitable. D’autre part, on ne saurait aider ceux qui souffrent — ils doivent payer. Enfin, comment oser croire que le bien paierait le mal ? Faire le bien, c’est normal, pas méritoire !

L’innocent

C’est un homme qui croit ce que la mode enseigne. Il n’a ni vécu un événement fort ni réfléchi à la question. La réincarnation ? Ça l’arrange ! Mais il ne faut pas aller plus loin.
Pour l’aborder, on retombe sur des pistes classiques de l’annonce de l’Évangile.

Pour tous

L’amour. Ce que les chrétiens vivent (parfois), peu de gens le connaissent. S’aimer entre chrétiens, aimer ceux qui affirment des choses si aberrantes, est un devoir. Une nécessité. Lorsque j’étais attaché aux NS, je trouvais les conceptions de mon ami protestant tellement obsolètes. Mais son écoute, l’amour de ses amis, ont eu raison de mes préjugés.
Le péché. Il faut oser à nouveau dire clairement que le bien et le mal sont réels et distincts. La lecture des 10 commandements ou de Matthieu 5 sont des tuteurs utiles pour prendre conscience du sérieux et de l’étendue du mal.
L’Évangile. La grâce du Christ est un « scandale », une occasion de chute, pour les adeptes des NS. Leur système favorise l’orgueil (puisqu’on parvient par soi-même aux hautes sphères spirituelles). L’Évangile exige l’humilité. Des versets tels que Hébreux 9.27-28 ou Jean 14.6 peuvent « dynamiter » les cœurs endurcis pour les conduire à l’amour de Dieu. Proclamer l’Évangile, même si on ne peut le démontrer, c’est largement suffisant pour que la semence croisse sous l’influence du Saint Esprit.
« Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun. » (Col 4.6)

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)