Les deux sacrements

Ce que nous croyons
Adaptation d’esquisses de Stuart OLYOTT par Jean-Pierre SCHNEIDER

Seuls deux actes symboliques ou < sacrements » furent institués par Jésus-Christ, qui donna l'ordre de les observer dans son Eglise. Ces deux actes sont l'expression extérieure, visible, d'une réalité spirituelle intérieure. Nous n'employons le mot « sacrement » que pour sa commodité technique (acte sacré). L'application d'un sacrement est dépourvue de tout effet spirituel ou autre qu'il aurait par lui-même et ne confère donc aucune grâce par lui-même; il ne peut avoir de valeur que pour celui qui croit en Jésus-Christ, qui a donc déjà été gracié et qui lui appartient, comme nous le verrons par la suite.

A. Le Baptême

1. Vocabulaire

Le mot « baptiser » vient du verbe grec « baptizo » qui veut dire « tremper », « immerger », avec la connotation de « périr ». Le nom « baptisma » (baptême) ne se trouve pas dans la littérature juive ou païenne et semble avoir été une innovation chrétienne pour désigner le baptême de repentance, différent du baptême de purification que le juif pieux s’administrait lui-même.

2. Le baptême de Jean

Jean parut, il baptisait dans le désert et prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés (Marc 1.4).

Ce baptême avait une double signification. D’une part, il marquait un tournant vers Dieu: repentance implique conversion; d’autre part, il anticipait le baptême d’Esprit Saint et de feu que le Messie exercerait (Mat 3.11).

3. Le baptême de Jésus

En se soumettant au baptême de Jean, Jésus signifiait et effectuait sa solidarité avec l’homme pécheur. Le ciel ouvert et l’approbation divine notifiaient l’initiation de l’oeuvre du salut entreprise et accomplie par Jésus, en même temps que par la révélation du royaume de Dieu.

4. La signification du baptême

Il est administré à des personnes converties au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et suivi de l’enseignement de la loi de Christ (Mat 28.19-20), ou tout simplement au nom de Jésus-Christ (Actes 2.38). Aussi Paul spécifie-t-il: . . .vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ (GaI 3.27). Etre en Christ équivaut à être un membre de son corps, l’Eglise. Le baptême signifie donc l’appartenance à l’Eglise de Jésus-christ.

La signification profonde du baptême est clairement énoncée dans Rom 6.1-11: … nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme le Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Le croyant est donc identifié à Jésus-Christ, car par la nouvelle naissance opérée par l’Esprit il a reçu la vie même de Christ: Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi… (GaI 2.20). Cela implique clairement que le baptisé, étant croyant, a déjà reçu le baptême du Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent (Act 5.32).

Le baptême signifie avant tout qu’il y a identification spirituelle avec Jésus-Christ, puisque la vie de Christ est devenue celle du croyant, qui doit se considérer, non seulement crucifié et ressuscité avec Christ (Rom 6.11), mais virtuellement aussi monté au ciel avec lui: …. il (Dieu) nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus (Eph 2.6).

Seule l’immersion du baptisé dans l’eau fait ressortir la signification symbolique de cet acte: mort et enseveli avec Christ, mais ressuscité avec lui en ressortant de l’eau comme d’un tombeau. Le baptême par immersion était pratiqué dans l’Eglise apostolique. Ainsi il est dit lors du baptême de l’eunuque éthiopien par Philippe: Quand ils furent remontés hors de l’eau (Act 8.39). « Tous les baptêmes que l’Evangile nous rapporte se font par immersion » (Kuen, « Je bâtirai mon Eglise », p.l65). Il n’est pas étonnant que le sens du baptême ait été perdu de vue avec l’abandon de l’immersion.

5. Qui peut être baptisé?

Il ressort clairement de ce qui précède que le baptême ne peut s’appliquer qu’à des chrétiens nés de nouveau, scellés par le Saint-Esprit. Le commandement de Christ aussi bien que tous les exemples dans le livre des Actes le démontrent clairement, tout comme le fait que le baptême était pratiqué tout de suite après la conversion.

Le baptême des nourrissons n’avait même pas effleuré la pensée des auteurs sacrés du NT. Ce ne fut d’ailleurs que vers le 4e siècle que le pédo-baptisme commençait à supplanter celui des adultes. Il n’existe aucun ordre de le pratiquer. Il n’y en a aucun exemple dans tout le NT. Les passages tels que Marc 10.14 ou 1 Cor 7.14 n’ont rien à voir avec le baptême.

Ceux qui invoquent les passages où des familles entières furent converties (Act 11.14) ou baptisées (16.15,33; 18.8) oublient qu’il faut tenir compte de l’analogie de la foi. Elle nous montre que le baptême est toujours administré à ceux qui ont cru. Deux exemples de baptêmes de « familles » suffiront pour illustrer ce point:

Le récit de la conversion de Corneille (Act 10) nous apprend qu’il avait appelé chez lui ses parents et ses amis intimes; à ces gens, Pierre dit: quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole… Il (Pierre) ordonna de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Les nourrissons, n’ayant pu ni écouter ni croire la parole, ne furent donc pas baptisés.

Au geôlier de Philippe, Paul et Suas dirent: Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. Puis ils leur annoncèrent la parole du Seigneur, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens… et il se réjouit avec toute sa famille d’avoir cru en Dieu. S’il y avait eu des nourrissons baptisés avec eux, il aurait fallu les réveiller en pleine nuit pour qu’ils puissent écouter la parole et se réjouir avec le geôlier d’avoir cru en Jésus.

Faire appel à la circoncision pour défendre le baptême des nourrissons prouve qu’on n’a pas compris la différence entre le peuple de Dieu de l’ancienne et celui de la nouvelle alliance. Tout garçon juif avait droit, de par sa naissance charnelle, à être circoncis en signe de son appartenance au peuple élu. Par contre, l’enfant né de parents chrétiens n’est pas pour autant enfant de Dieu, même si la bénédiction de Dieu repose sur lui d’une manière particulière. Cela ressort sans ambiguïté du texte suivant: … (Christ) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu (Jeanl.12).

La raison principale pour laquelle on a eu l’idée de baptiser des petits enfants doit être en relation avec la sacramentalisation du baptême, qui conférerait une grâce par lui-même (ex opere operato) si administré par une personne « consacrée ». On pensait ainsi assurer le salut de l’enfant et en faire un membre de l’église en question. Le NT ne connaît rien de semblable.

Examinons encore la question du rebaptême:

Voici quelques phrases citées du livre d’A. Kuen,« Le baptême » (S.P.B. 1970, p.l99): « Le baptême des enfants n’a rien de commun avec ce que la Bible appelle baptême, sauf le nom. Tout est différent: la forme, les bénéficiaires, la signification et la valeur des deux actes. Le baptême des nourrissons n’est ni un engagement, ni une expression extérieure d’une expérience intérieure,… ni une profession de foi,… ni un acte d’obéissance… On ne peut donc pas parler de rebaptiser… Le baptême de Jean était certainement plus proche du baptême chrétien que le baptême des nourrissons, pourtant Paul n’a pas hésité de rebaptiser les disciples d’Ephèse… » Ailleurs (p. 195): « Dans la Bible, le baptême est toujours cité après la foi. Donner le baptême par anticipation, c’est comme si on donnait le baccalauréat par anticipation à tous les nouveau-nés!

6. Ce que le baptême ne fait pas

a. Le baptême ne confère pas le salut.

L’homme est sauvé par le moyen de la foi. …c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres… (fût-ce l’oeuvre que constitue l’acte du baptême) (Eph 2.8-9). La parole de Jésus dans Jean 3.5 associe baptême et régénération (naître de nouveau). La phrase principale dans Tite 3.5 devrait être traduite ainsi: Il nous a sauvés par le bain caractérisé par la régénération et le renouveau opéré par le Saint-Esprit. Jac 1.18 indique le moyen que le Saint-Esprit emploie pour opérer cette régénération: Le Père des lumières… nous a engendrés… par la parole de vérité. Et plus loin Jacques évoque la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes.

b. Le baptême ne purifie pas.

1 Pi 3.21 doit être compris dans son contexte. L’eau du déluge typifie à la fois le jugement (la croix) et le salut (l’eau portait l’arche). Le baptême appliqué sans la foi du baptisé peut tout au plus laver la chair. En réalité, le croyant est sauvé par ce que le baptême symbolise: la mort et la résurrection de Jésus.

Le symbole et la réalité sont si étroitement liés que le symbole est quelquefois utilisé à la place de la réalité. Le baptême, dit Pierre, est l’engagement d’une bonne conscience devant Dieu. Autrement dit, l’acte du baptême représente l’engagement du baptisé de vivre ce que le baptême symbolise.

Nous concluons que personne n’est sauvé par le rite du baptême.

B. La sainte Cène

1. Vocabulaire

Le mot latin « coena » désignait le repas principal des Romains. Les expressions suivantes font allusion à la Cène: la fraction du pain (Act 2.42), rompre le pain (Act 20.7), la communion (à partir de 1 Cor 10.16), la table du Seigneur (1 Cor 10.21).

Le mot eucharistie, utilisé par l’Eglise romaine, veut dire « action de grâces » et exprime donc un sentiment de reconnaissance. Ce mot avec ses dérivés se trouve plus de 50 fois dans le NT. Paul l’utilise particulièrement dans ses introductions aux épîtres à propos des valeurs spirituelles des églises, ou alors dans un sens absolu, comme dans Eph 5.20: Rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père…

La raison pour laquelle on a commencé, au 2e siècle, d’utiliser eucharistie en relation avec la Cène se trouve dans les paroles par lesquelles Jésus l’institua: Il prit la coupe, rendit grâces (eucharistésas) et dit… Ensuite, il prit le pain, et après avoir rendu grâces (eucharistésas), il le rompit… (Luc 22.17-20).

2. La signification de la Cène

L’institution de la sainte Cène est rapportée dans Mat 26.26-29, Marc 14.22-25, Luc 22.15-20 et 1 Cor 11. 23-25. Il ressort de ces textes que la Cène est un repas commémoratif, un symbole de communion avec le Christ crucifié, comme le dit 1 Cor 10.26.

Il ne peut être question de boire le sang de Christ ou de manger son corps dans un sens littéral, vu que quand le Seigneur institua ce repas, son sang n’avait pas encore coulé et son corps n’avait pas encore été rompu. Ceci est mon sang et ceci est mon corps ont la même signification symbolique que quand Jésus dit je suis le chemin, je suis la porte, je sus la lumière, ou quand Jean dit Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.

Jésus avait scandalisé ses auditeurs en leur disant: Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous (Jean 6.53). C’est qu’ils avaient pris ses paroles à la lettre. Jésus dut alors préciser: Cela vous scandalise? …C’est l’Esprit qui vivifie. La chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie (v. 61-63). Par cette explication, Jésus enlève tout fondement à l’interprétation littérale de ses paroles, et du coup aussi aux paroles par lesquelles il institua la sainte Cène.

Le Seigneur n’est pas physiquement présent quand la Cène est célébrée; il l’a été une seule fois: quand il l’institua. Aucun miracle de transformation n’a lieu lorsque la Cène est célébrée.

Il en découle que la « transsubstantiation » enseignée par l’église romaine, qui dit que le vin et le pain sont transformés en sang et en corps de Jésus, est une erreur, tout comme la « consubstantiation », qui enseigne la présence réelle, simultanée du corps et du sang de Jésus.

La sainte Cène est un rappel du prix que notre salut a coûté au Seigneur; elle nous rappelle que la nouvelle alliance, l’alliance de la grâce, a été scellée par son sang; et elle constitue une annonce de la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Cor 11.23-26), parole qui indique que la Cène doit être pratiquée jusqu’à son retour, ce qui en fait aussi un repas d’espérance.

3. Qui peut prendre la sainte Cène?

Tout enfant de Dieu, membre du corps de Christ, donc de son Eglise, peut prendre la Cène, qui exprime et confirme, tout comme le baptême, une réalité spirituelle par un acte concret. « Dans l’Eglise primitive ne prenaient part à la sainte Cène que les croyants qui persévéraient dans la doctrine des apôtres et dans une vie conforme à la parole de Dieu » (A. Kuen, op. cité, p. 264).

Qu’entend Paul par manger le pain et boire la coupe indignement? Le chrétien qui se sent indigne, dont le coeur le condamne, devrait-il s’en abstenir? Non, car Dieu est plus grand que notre coeur et connaît tout, dit 1 Jean 3.20. La seule dignité du chrétien lui vient d’avoir été revêtu de la justice de Dieu: Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, de sorte qu’il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus (Rom 5.1 et 8.1).

Il faut relire tout le passage de 1 Cor 11.17-34 si l’on veut comprendre ce que Paul entend par indignement. Je vous invite à le faire avant de continuer. – La clé se trouve dans le v.29: Celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. En quoi consiste ce discernement?

J’y vois deux aspects:

a. Dans un sens très réel, le pain représente le corps de Jésus rompu pour nous. Ne peut le manger dignement que celui qui discerne dans le corps de Jésus crucifié celui du Fils de Dieu qui. lui-même innocent de tout péché, a expié le péché dans son corps à la croix, celui donc qui sait qu’il a été délivré de ses péchés par le sang de Jésus (Apoc 1.5b).

b. Mais le corps du Seigneur, c’est aussi l’Eglise. Tout participant au repas du Seigneur doit pouvoir discerner en ceux avec qui il partage le pain et le vin, des membres du corps de Christ, des frères et soeurs dans la foi. Cela exclut d’emblée les divisions et les querelles, les rancunes dues aux fautes non pardonnées. N’oublions pas que la Cène se prenait, dans l’Eglise apostolique, au cours d’un repas commun, et à Corinthe, nous apprend le texte, certains se goinfraient et s’enivraient alors que d’autres n’avaient rien à se mettre sous la dent.

Puisque prendre la Cène sans discerner le corps entraîne le jugement de Dieu, il faut que chacun s’examine soi-même, car celui qui se juge lui-même ne sera pas jugé par le Seigneur, vu qu’il a opéré lui-même la correction nécessaire en se jugeant.

4. Ce que la sainte Cène n’est pas

Elle n’est pas un sacrifice. Elle ne fait que commémorer le sacrifice de Jésus-Christ accompli il y a deux millénaires une fois pour toutes (Héb 7.27).

La participation à la Cène ne procure pas le pardon; elle ne peut être célébrée que par ceux à qui le pardon, et donc le salut, a été accordé par grâce,… par le moyen de la foi (Eph 2.8).

Conclusion

Les deux sacrements institués et ordonnées par le Seigneur Jésus-Christ, seul Chef de l’Eglise, font partie intégrante de la vie de l’Eglise. Ils n’ont de valeur que quand ce qu’ils symbolisent est déjà devenu une réalité pour ceux qui y participent. Ils peuvent être administrée par les anciens ou tout autre membre masculin d’une église locale qui en aurait reçu le mandat.

Le baptême peut être considéré comme le signe visible de l’entrée dans l’Eglise de Jésus-Christ.

La sainte Cène, qui est la participation au pain et au vin qui symbolisent le corps et le sang de Jésus-Christ, se pratiquait chaque dimanche par l’Eglise apostolique réunie pour le culte (Act 20.7).

Voici ce qui nous est dit de la première église locale, à Jérusalem:
Ceux qui acceptèrent la parole furent baptisées… ils persévéraient
dans l’enseignement des apôtres,
dans la communion fraternelle,
dans la fraction du pain (la Cène)
et dans les prières.
Act 2.41-42

Adaptation d’esquisses de Stuart OLYOTT par Jean-Pierre SCHNEIDER

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)