Les deux avènements

24 Car Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. 25 Et ce n’est pas pour s’offrir lui-même plusieurs fois qu’il y est entré, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire mais pour offrir un autre sang que le sien ; 26 autrement, il aurait fallu qu’il ait souffert plusieurs fois depuis la création du monde; mais maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seule fois pour effacer le péché par son sacrifice. 27 Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement, 28 de même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut.
(Hébreux 9.24-28)

Lorsqu’on évoque l’avènement de Christ, on pense plus naturellement à son retour en gloire. Or le dernier verset d’Hébreux 9 souligne la dualité de l’avènement de Jésus : il est venu et il reviendra. Entre les deux avènements, il y a des ressemblances et des différences, dont nous allons exposer brièvement la portée pour nous.

Des différences

Une venue pour les péchés et une venue sans péché

L’auteur de l’Épître aux Hébreux met l’accent sur le contraste entre la première venue de Christ « pour les péchés » et sa seconde venue, « sans péché ».

• Le premier avènement a eu comme objet principal, sinon unique, le traitement du problème du péché. L’ange l’avait d’ailleurs expliqué dès la communication du nom que le Sauveur devait porter : « Tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mat 1.21) Le péché, d’après l’attestation scripturaire constante, est le problème entre Dieu et les hommes, entre les hommes entre eux et à l’intérieur de la propre nature des hommes. Le péché est le détournement dont nous nous sommes rendus coupables à l’égard de Dieu en lui refusant la reconnaissance (dans son double sens de gratitude et de confession) de sa souveraine bonté. Or notre tendance spontanée est d’esquiver le péché et de reporter sur quelque autre facteur la causalité de ce qui ne va pas dans notre monde et en nous-même. Nous cherchons de fausses excuses et écartons la pointe de l’accusation. Cette tendance apparaît dès l’aube de l’histoire humaine et elle est toujours vivace. Il me semble que notre culture contemporaine accroît encore la force de cette tentation.

Le péché est donc la réalité qu’il fallait traiter en priorité pour que la situation de l’humanité par rapport à Dieu puisse être améliorée. L’heure pour laquelle Christ est déjà venu est celle de la croix, la croix sur laquelle il a ôté le péché du monde. Les Évangiles sont en quelque sorte des préfaces pour le récit de la croix qui y tient une place majeure, tout à fait à l’opposé des traditions littéraires des biographies de l’Antiquité. Et cela parce que Jésus-Christ est venu « pour le péché ».

Une grave dérive menace la foi évangélique lorsque le péché, avec la solution apportée par la croix à ce problème, cesse d’être au centre de la prédication. Si l’exemple de Jésus-Christ est mis avant son œuvre pour nous, si l’incarnation devient plus centrale que l’expiation, ce n’est déjà plus tout à fait la bonne nouvelle qui retentit ; la dérive est indubitable. C’est comme si le problème majeur était la différence entre la nature divine et la nature humaine, la distance entre le ciel et la terre. Or cette distance existait déjà en Éden, dans l’harmonie du premier rapport que Dieu avait institué par sa création ; ce n’était pas et ce n’est pas en soi un problème. Le vrai problème est le mésusage et l’abus de sa liberté qu’a fait la créature : le péché.

• Le second avènement sera « sans péché » (litt.). Cette mention signifie d’abord la pleine et définitive efficacité de la croix. C’est « une fois pour toutes » que Jésus-Christ a porté les péchés. « Tout est accompli » à cet égard, comme il l’a crié lui-même. Et s’il revient « sans péché » (9.28), c’est qu’il n’y a plus de problème du péché à résoudre. Il y a apporté, en donnant sa vie, en versant son sang, une solution définitive, sans besoin d’aucun complément ou d’aucune répétition. Le mal est déjà totalement vaincu. Le second avènement inaugurera la manifestation de cette victoire déjà acquise. Il sera possible à ce moment-là de voir toute la portée de la croix, qui a commencé à être mise en évidence par la résurrection et qui continue de l’être dans la vie de ceux qui reçoivent l’Esprit du Ressuscité. Mais la pleine élimination du mal — nous le savons assez ! — doit attendre le second avènement.

Il me semble que ce que l’Écriture nous révèle — si solennellement que nous ne pouvons pas l’atténuer — du châtiment éternel qui attend ceux qui se seront fermés à cette bonne nouvelle, doit être compris d’une façon qui respecte la plénitude de la victoire remportée lors de la première venue de Jésus-Christ. Rien ne soutient, dans l’Écriture, l’idée, devenue assez commune, que les réprouvés grinceraient des dents contre Dieu, qu’ils persisteraient ainsi dans la révolte et la porteraient au paroxysme. Au contraire, le temps de la patience passé (cette tolérance inouïe de Dieu), ils ne peuvent plus narguer le Seigneur par qui seul ils ont l’être, ils ne peuvent plus pécher. En subissant leur jugement, ils satisfont la justice divine — qu’ils reconnaissent désormais, comme l’enseignent Phil 2.11 et Col 1.20 (où la « réconciliation » ne signifie pas le salut mais la remise en ordre pacifiée : la fin de la guerre par la totale victoire de Dieu). Le grincement des dents doit sans doute être compris du remords total qui est le leur1.

Une venue en faiblesse et une venue en puissance

• À cause de sa mission d’Agneau de Dieu portant les péchés du monde, Jésus-Christ est venu en faiblesse, dans la misère. Il a renoncé à faire usage contre ses ennemis de sa puissance royale. Il s’est abstenu d’engager les légions d’anges qui étaient à sa disposition pour sortir du mauvais pas (Mat 26.54). Jésus a choisi la voie de la pauvreté ; il est venu pour servir et donner sa vie.

• Mais sa seconde venue sera dans sa gloire. L’éclat de son avènement foudroiera l’adversaire : « Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. » (2 Th 1.7-8) « Il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise les vases d’argile. » (Apoc 2.27)

À cause de la forme qu’a prise la première mission de Jésus-Christ, certains s’imaginent qu’il faut renverser le concept de pouvoir. Comme ce concept n’est pas bien reçu parmi les intellectuels de notre génération, ils saisissent l’occasion de suggérer que l’humilité de Jésus lors de sa première venue représente un refus du pouvoir comme tel. Or la lecture de l’ensemble du N.T. ne soutient pas cette vue. Si Jésus-Christ est venu dans la faiblesse, non pas pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jean 3.17), sans faire usage de sa force, c’était la sagesse mystérieuse et cachée du Seigneur pour l’expiation des péchés. Après cela, il a dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Mat 28.18) Et il exercera ce pouvoir lors du second avènement. Son exercice sera un service, car il usera de sa force pour le bien. Mais ce n’est pas un changement du concept : c’est une voie mystérieuse, unique, que la sagesse inouïe de Dieu a conçue pour que le mal commis envers le Saint et le Juste soit la victoire même sur le mal.

Une venue voilée et une venue visible

• Une autre différence concerne la façon dont il « apparaîtra » (litt. « sera vu »). Certes Jésus a bien été vu par ses contemporains lorsqu’il a prêché aux foules, guéri des malades, circulé sur les routes de Galilée… Mais son humilité même, sa chair faible, ont été comme un voile pour la plupart de ses contemporains — et même une occasion de chute. De sorte qu’ils n’ont pas vu qui il était réellement.

• En contraste, lors du second avènement, il « sera vu » dans sa gloire de Fils de Dieu, Seigneur des seigneurs et Roi des rois. Il sera vu, là où il n’avait été qu’entrevu par certains à qui cela avait été donné. « Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux », a dit Jésus à Pierre quand ce dernier a eu l’intuition juste de la véritable identité de Jésus (Mat 16.17). La plupart se sont achoppés à l’apparence. Nous-mêmes le voyons par le regard de la foi, mais cette vue est à travers bien des brumes et des obscurités. Nous l’aimons quand même, sans l’avoir vu (1 Pi 1.8). La foi n’est pas encore la vue. Le second avènement sera enfin la vision vers laquelle nous languissons : « Nous le verrons tel qu’il est » dans sa gloire (1 Jean 3.2). « Tout œil le verra » (Apoc 1.7) mais Hébreux souligne qu’il sera vu en particulier de ceux qui l’attendent pour leur salut, qui ne l’auront jusque là qu’entrevu par la foi et qui seront comblés par la vision qui leur sera accordée. C’est là notre espérance. Un chant d’enfant dit : « Je sais qu’un jour mes yeux verront Jésus ». Un brave chrétien se trompait et chantait : « Je sais qu’un jour mes yeux verra Jésus ». Sans le vouloir, il énonçait une profonde vérité : « Jésus verra nos yeux. » Non seulement nous le verrons de nos yeux, mais lui aussi plongera son regard dans nos yeux à nous et nous dira peut-être, comme Pascal l’imaginait : « J’ai versé telles gouttes de sang pour toi. »<sup<2

Des ressemblances

Au-delà des différences entre les deux avènements, il y a aussi des ressemblances qui méritent d’être soulignées.

Deux venues personnelles

Jésus est venu dans notre temps et dans notre espace, comme un individu humain, avec un corps. Il reviendra comme un individu humain. Notre espérance est l’attente d’une venue corporelle et personnelle de Christ.

Ne réinterprétons pas ce qui est dit du futur avènement comme un symbole réconfortant qui pourrait orienter la vie, mais qui n’aurait pas de réalité littérale. Son retour n’est pas un mythe, une figure de style : c’est celui de l’homme Jésus.

Deux venues au temps fixé par le Père

La première venue de Christ a eu lieu à un moment bien défini de l’histoire. Les promesses se sont accomplies selon le calendrier de Dieu. Son second avènement aura lieu à un moment tout aussi défini, que Jésus, dans les jours de son humiliation, a déclaré ne pas connaître lui-même (Mat 24.36).

Hébreux 10.38 interprète les versets d’Habakuk2 en marquant un temps fixé : « Encore un peu, un peu de temps : celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. » La vision se réalisera finalement par l’avènement de Jésus3. Nous devons attendre ce temps fixé avec la patience et la persévérance de la foi (« le juste vivra par la foi »), même s’il paraît tarder.

Il en fut de même pour le premier avènement. Certaines prophéties pouvaient laisser penser que la venue du Messie aurait lieu beaucoup plus tôt : par exemple, à la lecture d’Ésaïe 40 à 66, il ne semble pas que les deux serviteurs de l’Éternel — Cyrus et le vrai Serviteur qui va libérer spirituellement le peuple — soient séparés par plus de cinq siècles ! Au calendrier de Dieu, il y avait là un espace de temps qui n’était pas spécifiquement indiqué dans les prophéties d’Ésaïe. Il faut attendre Daniel 9 pour le comprendre. Ceux qui attendaient le Messie ont donc dû patienter, rester fermes dans la foi.

Plusieurs paraboles du Seigneur avertissent que le laps de temps entre les deux avènements pourra paraître long. Pierre parle de « moqueurs » qui railleront ce délai. Après presque 2000 ans, nous constatons la nécessité de la patience. La victoire est acquise ; nous avons une pleine assurance de cette seconde venue « sans péché », mais nous ne maîtrisons pas le calendrier. Nous avons à nous placer dans la même attitude que ces croyants qui, sur la base des promesses de l’A.T. attendaient le Messie.

Dans ce temps de patience, des « signes » nous sont donnés. Ils ont commencé à être visibles dès la génération du ier siècle : « Cette génération ne passera point, que tout cela n’ait commencé à arriver. »4 (Mat 24.36) Ces signaux révèlent que notre vieux monde n’est qu’en sursis ; ils nous encouragent dans l’attente, sans nous fixer de date précise. Sans doute les verra-t-on s’intensifier au moment final ; mais il serait illusoire de prétendre connaître « le jour et l’heure ». Attendons avec confiance, en recevant les signes qui nous sont nécessaires pour faire face à l’adversité.

Le second avènement est proche et, comme les Juifs pieux qui attendaient « la consolation d’Israël » et vivaient d’une façon intègre, soyons de ceux qui attendent la venue glorieuse de notre Seigneur et Maître qui nous regardera avec amour face à face.

1 Pour bien entendre ce message de la fin du péché, je crois approprié de l’associer à un autre trait du châtiment éternel : la fixité de cette forme d’existence, selon qu’elle est seconde mort. 2 Blaise Pascal, Pensées, 553. 3 La vision qui doit venir chez Habakuk est interprétée par l’auteur d’Hébreux comme la venue d’une personne : « celui ». 4 Traduction littérale de l’aoriste ingressif du verbe « arriver ».

 

  1. Pour bien entendre ce message de la fin du péché, je crois approprié de l’associer à un autre trait du châtiment éternel : la fixité de cette forme d’existence, selon qu’elle est seconde mort.
  2. Blaise Pascal, « Pensées », 553.
  3. La vision qui doit venir chez Habakuk est interprétée par l’auteur d’Hébreux comme la venue d’une personne : « celui ».
  4. Traduction littérale de l’aoriste ingressif du verbe « arriver ».

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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