Les chants du Serviteur dans le Nouveau Testament

Cet article est inspiré par l’introduction d’un ouvrage publié uniquement en anglais, Songs of the Servant, IVP, qui développe un commentaire profond et riche de ces quatre textes d’Ésaïe.

« Voici, un Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, venu à Jérusalem pour adorer, s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Ésaïe. L’Esprit dit à Philippe : Avance, et approche-toi de ce char. Philippe accourut, et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : “Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a point ouvert la bouche. Dans son humiliation, son jugement a été levé. Et sa postérité, qui la dépeindra ? Car sa vie a été retranchée de la terre.” L’eunuque dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? Est-ce de lui-même, ou de quelqu’un d’autre ? Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. » (Act 8.27-35)

Le premier disciple d’Afrique fut amené à Christ par le moyen d’un exposé biblique. Le ministre des finances d’Éthiopie avait été déjà attiré vers le judaïsme ; à travers l’explication de Philippe, il vint à comprendre à la fois le texte ancien qu’il était en train de lire et qui était Jésus.

Et qu’était-il, ce texte ? Puisque Luc le cite longuement dans son récit des Actes, il est aisé à reconnaître : c’était le passage si connu d’Ésaïe 52.13-53.12 qui décrit un mystérieux serviteur de l’Éternel, souffrant et triomphant. Ce texte est habituellement intitulé « le 4e chant du Serviteur », car il y a au moins trois autres passages dans la seconde partie du livre d’Ésaïe duquel il a été rapproché. Le premier de ces chants (És 42.1-9) commence par la même formule que le 4e (És 52.13-53.12) : « Voici mon serviteur » (És 42.1 ; 52.13). Le 2e (49.1-13) et le 3e (50.4-11) montrent des affinités marquées de langage et de pensée avec le premier et le 4e. Ils se réfèrent sûrement tous au même personnage et il ne serait pas incorrect de dire que le « passage » au sens large sur lequel Philippe a basé sa prédication était l’ensemble des chants du Serviteur.

Leur utilisation par Philippe (ou plutôt leur utilisation par le Saint-Esprit en faisant de Philippe son instrument) n’est pas un cas isolé. Cette histoire est plus que le récit d’un touchant incident : il est aussi une illustration significative de la façon dont l’Église primitive considérait ces passages prophétiques et de la place centrale qu’ils tenaient dans la pensée et le témoignage chrétiens, à une époque où la flamme de l’Esprit commençait à se répandre.

Le Serviteur dans la prédication apostolique

Voyez les preuves que nous donne l’Église de Jérusalem peu après la Pentecôte. En l’espace de deux chapitres, Jésus est appelé le Serviteur quatre fois (Act 3.13,26 ; 4.27,30). En fait, ce titre est tellement prééminent que certains commentateurs ont dit que la christologie — la doctrine de la personne de Christ — était alors premièrement une « paidologie » (de pais, le mot grec pour serviteur). Jésus fut prêché d’abord comme le Serviteur. Pierre donne un résumé clair de l’enseignement du 4e chant dans le discours courageux qu’il adresse à la foule : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, qui était d’avis qu’on le relâche. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez fait mourir le Prince de la vie, que Dieu a ressuscité des morts ; nous en sommes témoins. » (Act 3.13-15).

Encore abasourdis par la fantastique expérience qu’ils venaient juste de traverser à la Pentecôte, les disciples se sont reposés sur les prophéties du Serviteur comme sur une parole ferme qui annonçait par avance les faits de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus et qui révélait avec une clarté incomparable leur signification.

Quand le témoignage à Christ s’étendit aux non-juifs, le titre de « Serviteur » perdit la suprématie initiale ; nous ne le trouvons plus dans la suite des récits des Actes. Les titres « Christ », « Seigneur », « Fils de Dieu », furent utilisés à la place. Parce que ces titres étaient déjà utilisés dans le monde païen, ils étaient plus compréhensibles par des gens peu familiers de l’A.T. que le terme de « serviteur ». Le titre de « serviteur », plus qu’aucun autre, requiert une connaissance de l’arrière-plan vétéro-testamentaire pour être compris. Les écrits des apôtres, cependant, montrent que le thème du serviteur resta très important et que les chants du Serviteur jouèrent un rôle décisif dans la formation de la compréhension de Jésus par les chrétiens.

L’importance de ce thème peut être vue dans la Première Épître de Pierre, autant que dans son discours à Jérusalem. L’apôtre se base fortement sur le dernier chant du Serviteur. Pour aider ses lecteurs, dont la plupart étaient païens, il donne une interprétation de plusieurs versets, en les appliquant à la vie chrétienne : « Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude ; lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement ; lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes. Mais maintenant vous êtes retournés vers le berger et le gardien de vos âmes. » (1 Pi 2.21-25)

Paul n’est pas moins dépendant des chants d’Ésaïe que ses collègues de Jérusalem. Dès sa visite à Antioche de Pisidie au cours de son premier voyage missionnaire, il se réfère au 2e chant du Serviteur comme étant accompli par son action missionnaire (Act 13.46-47 ; cf. És 49.6). Écrivant à l’Église à Rome, il cite la complainte d’Ésaïe : « Seigneur, qui a cru à notre prédication ? » (Rom 10.16 ; cf. És 53.1). De ce texte, il tire le principe que « la foi vient de ce qu’on entend », ce qui en retour donne un puissant motif pour prêcher Christ. Il tire encore du même chant du Serviteur son principe de se concentrer sur les champs missionnaires non encore évangélisés (Rom 15.20-21 ; cf. És 52.15). Dans tous ces cas, Paul justifie son activité missionnaire — une question brûlante pour lui personnellement.

Nous entendons un écho très clair des chants du Serviteur dans deux autres passages qui marquent des développements clés dans la théologie de Paul, dans la façon dont Paul comprend l’Évangile (« mon évangile », comme il pourra l’appeler). Le premier cherche à établir le grand parallèle et le grand contraste entre les deux Adam : entre le premier Adam et Christ, qui est le nouvel Adam (Rom 5.12-21). Dans ce passage, Paul met en contraste la rébellion fatale, la désobéissance de notre premier père, avec la soumission obéissante de Christ à la volonté du Père. En Christ, les hommes, quoique pécheurs, peuvent maintenant être « constitués justes ». Cette justification, ou cet acquittement, des « beaucoup », est le fruit d’un seul acte d’obéissance d’un seul homme, Jésus Christ. Et c’est précisément le message du dernier chant du Serviteur, qui utilise même des termes identiques : le Serviteur juste « justifiera beaucoup d’hommes » (És 53.11).

Paul met aussi l’accent sur l’obéissance de Christ (et l’obéissance est la caractéristique de tout serviteur) dans la célèbre hymne de Philippiens 2.5-11, qu’il a soit écrite lui-même, soit adaptée à sa lettre. Contrairement à Adam qui a convoité l’égalité avec Dieu, Jésus-Christ est venu pour servir. Il s’est humilié jusqu’à la mort même ; il a livré sa propre vie pour servir les autres. Parce qu’il a accepté ce chemin de souffrances, il a été élevé, exalté le plus haut possible. On pourrait presque se dire qu’on est en train de lire le dernier chant du Serviteur dans une autre version, tant les deux hymnes se ressemblent.

Encore et toujours, dans le N.T., nous rencontrons des citations ou des allusions aux chants du Serviteur. L’Évangile selon Matthieu à deux reprises, indique que des passages relatifs au Serviteur ont été accomplis dans le ministère de Jésus. Le premier est cité en relation avec ses miracles de guérison, qui sont un fruit de son sacrifice (Mat 8.17 ; cf. És 53.4). La seconde citation illustre le rejet par Christ de la publicité bruyante que le peuple voulait lui faire (Mat 12.15-21 ; cf. És 42.1-4). L’Épître aux Hébreux aussi souligne l’affirmation du prophète : « Il a porté le péché de beaucoup d’hommes » (Héb 9.28 ; cf. És 53.12). Et Jean, comme Paul, rappelle la prédiction d’Ésaïe sur l’endurcissement de cœur d’Israël (Jean 12.37-38 ; cf. És 53.1).

Jean rapporte aussi la phrase magnifique par laquelle Jean-Baptiste salua Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jean 1.29). Ce titre, « l’Agneau de Dieu », nous renvoie probablement à de nombreux « types » de Christ dans l’A.T. Mais il peut difficilement être séparé des chants du Serviteur qui comparent le Serviteur à une brebis soumise conduite à l’abattoir. L’Agneau de Dieu allait ôter (ou « prendre », les deux sens sont présents) le péché du monde ; le Serviteur allait supporter les péchés des coupables, les péchés de beaucoup. Il pourrait y avoir un jeu de mot dans le terme « Agneau », même si cette suggestion n’est pas très attestée : des érudits ont signalé que le même mot araméen talya’ peut signifier à la fois « agneau » et « serviteur ».

Cette avalanche de références bibliques devrait être suffisante pour notre démonstration : dans toutes les parties du christianisme néo-testamentaire, on trouve des passages sur le Serviteur qui sont une clef pour comprendre l’œuvre de Jésus.

Alors la question se pose : Comment cela se fait-il ? Pourquoi ces auteurs sont-ils si unanimes ? On pourrait répondre : « C’est simple, parce que c’est évident ! » Les descriptions d’Ésaïe collent si bien au Jésus historique qu’on ne peut pas faire autrement que les rapprocher.

Quand les yeux d’un aveugle sont ouverts, cependant, on doit souvent lui apprendre à voir, même ce qui semble évident. Les Évangiles montrent clairement que Pierre et les autres n’ont pas innové en appliquant les prophéties du Serviteur à Jésus. Jésus lui-même l’avait fait le premier. Pierre a juste suivi son Maître : il avait appris à voir.

Le Serviteur dans la compréhension de Jésus sur lui-même

Jésus fut le premier à voir que le Serviteur n’était autre que lui-même. C’est en faisant référence à la fonction et la personnalité du Serviteur qu’il a interprété sa propre messianité. La christologie de Jésus — la façon dont, comme Messie, il a vu sa propre personne et sa mission — a été résumée ainsi : Jésus a rejeté l’attente habituelle, matérialiste, du Messie ; sa vision était plutôt un mélange équilibré du concept messianique avec deux autres personnages décrits dans les pages de l’A.T.1

Le premier est le Fils de l’homme que Daniel vit en vision (Dan 7.13-14) : il y eut un être céleste, entrant dans la présence de l’Ancien des jours, le Dieu éternel lui-même, à qui le pouvoir royal, un pouvoir incorruptible, fut donné, c’est-à-dire la domination sans fin, contrairement à celle d’un roi terrestre.

L’autre figure était le Serviteur souffrant d’Ésaïe. Jésus comprit que le Christ, le Fils de l’homme et le Serviteur étaient une seule et même personne, lui-même. Beaucoup de ses contemporains juifs attendaient un Messie simplement humain, un autre David, un héros qui pourrait délivrer Israël de son joug politique sous les Romains. Jésus vit que le véritable Messie n’était pas seulement le Fils de David, comme le Messie royal devait l’être, mais aussi le Seigneur de David (Mat 22.41-45). Le chemin du triomphe pour ce Messie, par lequel son royaume éternel pourrait être établi, ne passait pas par des exploits militaires ; il vaincrait ses ennemis, comme Ésaïe l’avait prévu, en se livrant lui-même à une mort expiatoire.

Plus d’une fois au cours de son ministère, Jésus fit allusion aux chants du Serviteur. Une fois, Jacques et Jean réclamèrent le privilège de s’asseoir de chaque côté de Jésus quand il viendrait dans sa gloire. Jésus les reprit et ajouta, de manière significative, que le chemin vers la gloire dans son royaume est à l’opposé total de ce qu’il est dans ce monde : pour les dominateurs humains, l’exercice de l’autorité veut dire écraser les autres, mais le premier parmi ceux qui suivent Jésus doit être serviteur de tous. Alors vient la phrase décisive : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. » (Marc 10.45) C’est un résumé du dernier chant du Serviteur, avec, encore, ce mot caractéristique : « beaucoup ».

Pendant le dernier repas, Jésus trouva une autre occasion de rappeler un passage sur le Serviteur. Notre Seigneur avait averti ses disciples des ténèbres qui allaient bientôt tomber sur eux. Il avait utilisé un langage figuré qu’ils ne comprirent pas. Alors il leur dit aussi clairement que possible : « Il faut que cette parole qui est écrite s’accomplisse en moi : “Il a été mis au nombre des malfaiteurs.” Et ce qui me concerne est sur le point d’arriver. » (Luc 22.37 ; cf. És 53.12) La façon dont Jésus cite ce texte est des plus intéressante. Il révèle pourquoi Jésus a si souvent utilisé cette expression : « Il faut » De façon répétée, depuis que Pierre l’a confessé comme le Christ à Césarée de Philippes, Jésus dit à ses disciples peu clairvoyants que le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, souffrir, mourir puis ressusciter. Pourquoi Jésus dit-il « doit » ? Certains textes répondent : parce que l’Écriture l’indiquait. Mais quelle Écriture, plus précisément ? D’ordinaire, cela ne nous est pas dit. Seulement ici, cela est révélé : c’était dans les chants du Serviteur que Jésus a trouvé ce chemin.

Assurément, d’autres passages de l’A.T. peuvent être pris comme des prophéties de la croix ; cependant aucun n’a la clarté et la précision des chants du Serviteur. Si l’on met de côté un nombre indéfini de « types », plusieurs Psaumes (par ex. : 22, 69) indiquent de façon poignante à l’avance ce qu’allaient être les souffrances du Messie ; mais ils sont indirectement messianiques (car certaines phrases ne sont applicables qu’au roi de l’A.T. ou au fidèle souffrant). Seul Zacharie est presque aussi clair qu’Ésaïe : rappelez-vous le berger rejeté, le compagnon de l’Éternel contre lequel l’épée doit se réveiller ; celui qui a été percé ; la fontaine ouverte pour le péché et l’impureté (Zach 11 ; 13.7 ; 12.10 ; 13.1). Les prophéties de Zacharie, cependant, ne sont pas faciles à comprendre par tout le monde. Zacharie lui-même rappelle les chants d’Ésaïe dans sa vision du jour absolu et définitif des expiations, où l’Éternel ôtera « l’iniquité de ce pays, en un jour » (Zach 3.9) : dans cette vision, celui qui doit venir reçoit un double titre : « mon serviteur, le germe » (Zach 3.8). Ce titre réunit le Serviteur souffrant des chants et le Fils de David promis par Jérémie (Jér 23.5).

Ainsi nous sommes renvoyés aux chants du Serviteur. À travers eux, notre Sauveur a trouvé les lignes directrices de sa mission. Sur quel terrain saint nous nous trouvons quand nous étudions ces chants ! Qu’il est émouvant d’imaginer Jésus méditer sur ses passages, sachant que c’était la volonté du Père et le chemin pour lui !

 

  1. Il nous est difficile de concevoir comment Jésus a pu « apprendre », puisque, en tant que Fils, l’omniscience de Dieu était sienne de toute éternité. Et pourtant, cette vérité est révélée dans la Bible : Bien qu’il soit le Fils, il a dû apprendre (cf. Héb 5.8). Peut-être a-t-il décidé, comme il a laissé de côté sa gloire, de ne pas faire usage de sa divine omniscience. C’est un sujet difficile. En aucun cas, nous devons prendre garde de ne rien retrancher de la réalité de l’humanité de Christ : Il est venu comme l’un de nous. Comme nous confessons à juste titre l’absolue divinité de Christ, nous pouvons oublier plus facilement qu’il est venu en chair, un homme sous la discipline de l’apprentissage. Il ne lisait pas les Écritures seulement pour les appliquer à d’autres. Comme homme, il avait besoin d’elles : elles étaient pour lui la voix du Père – et particulièrement dans ces mots d’Ésaïe, une voix claire et précise – si terriblement claire et précise.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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