L’enseignement de Jésus : Le sermon sur la montagne et l’argent

Le texte qui suit est tiré d’un livre de Craig Blomberg, Ne me donne ni pauvreté ni richesse… publié aux éditions Excelsis, collection Terre nouvelle. L’auteur est professeur de Nouveau Testament à la faculté de théologie de Denver. Ce livre examine l’ensemble des textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments qui traitent du sujet de l’argent et des richesses, ainsi que l’éclairage donné par les écrits apocryphes inter-testamentaires, et cela en général dans l’ordre de leur apparition chronologique. Loin de se cantonner à un strict examen exégétique des textes, l’auteur prend soin de donner des applications actuelles des divers textes qu’il étudie. De plus, en conclusion de son ouvrage, Craig Blomberg n’hésite pas à se dévoiler et à donner une série de recommandations pratiques. L’ouvrage se conçoit à la fois comme un ouvrage de référence (grâce en particulier à des index complets) et comme un panorama équilibré de l’approche biblique de ce sujet difficile.

Pour plus de simplicité de lecture, l’extrait qui suit ne reprend pas toutes les notes de bas de page, qui renvoient à divers ouvrages et donnent des citations complémentaires. Les intertitres ont été rajoutés par la rédaction de Promesses pour plus de lisibilité.

Nous remercions vivement les éditions Excelsis pour leur aimable autorisation.

Les destinataires du sermon

La première grande occasion où Jésus enseigne en détail à ses disciples l’attitude qu’ils doivent adopter face aux richesses de ce monde est le sermon que Matthieu et Luc placent, sous des formes différentes, au début du ministère de Jésus. Que chacune de ces versions soit une collection de paroles disparates — de différents moments du ministère de Jésus on le résumé d’un original plus long prononcé en une seule occasion, elles touchent sur de nombreux points notre étude sur les biens matériels. Le contexte de Matthieu 5.1-2 et Luc 6.17 doit cependant être gardé à l’esprit : Jésus s’adresse d’abord à ceux qui sont déjà ses disciples, et il les considère comme une communauté. Les principes du sermon sur la montagne ne sont pas donnés comme une constitution de gouvernement, ni même simplement comme des directives pour des individus, mais comme un manifeste adressé à ceux qui ont déjà pris l’engagement de suivre Jésus dans un contexte « d’Eglise ».

Les béatitudes

Les deux versions du sermon commencent par des béatitudes, et ces béatitudes commencent par une déclaration de Jésus concernant les « pauvres ». Le mot grec ptöchos décrit quelqu’un qui n’est pas seulement juste en dessous du seuil de pauvreté, mais qui est dans la misère. Dans la Septante, ptöchos traduit souvent le mot hébreu ‘anàwîm. Le contexte, qui associe souvent piété et pauvreté, explique à coup sûr la différence entre les « pauvres » de Luc (Luc 6.20) et les « pauvres en esprit » de Matthieu (Mat 5.3). Il n’y a pas de contradiction entre Matthieu et Luc ; chacun d’eux met en avant un aspect différent d’un mot qui a à la fois une dimension matérielle et spirituelle. Luc 6.22-23 montre clairement que pour Luc, ceux qui sont bénis dans les béatitudes ont des traits spirituels autant que matériels : « Heureux serez-vous quand les hommes vous haïront, vous rejetteront, vous insulteront, vous chasseront en vous accusant de toutes sortes de maux, à cause du fils de l’homme. »

De même, il ne serait pas juste de définir Matthieu 5.3 en y supprimant tous les éléments de misère matérielle. La suite du sermon indiquera clairement les obligations de ceux qui ont plus de biens matériels que ce qui leur est nécessaire (voir en particulier Luc 6.25-34). Comme le fait remarquer Carson, les deux auteurs décrivent « ceux qui, à cause de privations économiques persistantes et de contraintes sociales, n’ont confiance qu’en Dieu »1.

On retrouve dans la suite des béatitudes cette même double approche des traits matériels et spirituels de ceux que Jésus considère comme heureux. On peut « pleurer » à cause d’une affliction spirituelle ou physique (Mat 5.4). La troisième béatitude fait allusion au Psaume 37.11 où « les humbles » sont les Israélites fidèles opprimés par les méchants qui semblent bénéficier davantage que les autres des produits de la terre (Mat 5.5). Ceux qui ont faim et soif de justice aspirent à voir les autres rendus justes devant Dieu, ainsi qu’à voir la sainte volonté de Dieu accomplie avec justice sur la terre (5.6), et ainsi de suite. Pourtant, en même temps, la section suivante du sermon, qui qualifie les disciples de sel et de lumière, leur rappelle que le monachisme n’est pas pour eux un choix d’actualité. Le mode de vie contre-culturel recommandé par les béatitudes doit être adopté au vu et au su de tout le monde, de sorte que d’autres puissent glorifier Dieu (5.16).

La nouvelle loi

La dernière moitié de Matthieu 5 présente différentes antithèses, dans lesquelles Jésus oppose, sur des questions éthiques essentielles, sa conception à celle de la Torah (5.21-48). Nous lisons notamment en Mat 5.42 : « Donne à celui qui te demande, ne tourne pas le dos à celui qui veut t’emprunter. » Dans le contexte, Jésus interdit l’échange d’insultes, comme la gifle donnée du revers de la main droite sur la joue droite d’une personne (5.39), et les représailles contre ceux qui voudraient faire un procès aux disciples (5.40). Au verset 41, il demande d’accompagner sur deux kilomètres le soldat romain qui aurait réquisitionné un Juif pour transporter son matériel. Le verset 42 a probablement un contexte historique précis, empêchant qu’on le lise isolément, de façon absolue. Dans la mesure où l’année sabbatique, contrairement au jubilé, était pratiquée, au moins occasionnellement, on pouvait hésiter à accorder un prêt à l’approche de cette période. C’est probablement dans cette perspective que Jésus dit que l’on ne doit pas donner aux pauvres en tenant compte de ce qu’ils pourront rendre (voir le parallèle de Luc 6.30 : « Donne à tous ceux qui te demandent, et si quelqu’un te prend ce qui t’appartient, n’exige pas qu’il te le rende »). Et même si l’on généralise au-delà de cette situation particulière, comme Augustin l’a signalé il y a des siècles, Jésus ne dit pas ce qu’il faut donner à celui qui demande. Le contexte de la dernière antithèse (Mat 5.43-48) est une invitation à l’amour des ennemis plutôt qu’au calcul de son propre intérêt : cela oriente aussi notre interprétation du verset 42. Le parallèle partiel de Luc 6.34-35 fait probablement référence aux prêts sans intérêt, et le mot qui est parfois traduit par « mendier » en Mat 5.42 signifie plus littéralement « demander ». Tout cela suggère que Jésus n’exige pas de ses disciples, que ce soit de son temps ou aujourd’hui, qu’ils donnent aux mendiants tout ce qu’ils leur demandent. Ce qui est le mieux pour eux n’est pas nécessairement ce qu’ils demandent. Mais dans la mesure où l’on peut déterminer les besoins physiques ou matériels authentiques d’une personne, il faut veiller à l’orienter vers le genre d’aide qui aura de bonnes chances de remédier à sa situation. Allant à l’encontre du principe de réciprocité qui dominait l’Antiquité, Jésus incite au minimum ses disciples à éviter la mentalité du « donnant-donnant ». […]

Les richesses et le souci du lendemain

Matthieu 6.19-34 (voir Luc 11.34-36 ; 12.22-34 ; 16.13) oppose longuement les richesses terrestres aux richesses célestes. Comme dans la parabole du riche insensé, il s’agit d’une image d’accumulation inutile — des richesses conservées là « où elles sont à la merci de la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les murs pour voler » (Mat 6.19). Jésus ne veut pas dire que l’on ne peut ni conserver ni protéger ses biens, mais que nous devons déterminer exactement lesquels nous sont vraiment nécessaires. Les versets 22-23 continuent en soulignant comment la façon dont nous gérons nos finances a des répercussions sur tous les autres domaines de notre vie. Nos motivations se révèlent à nouveau être toutes puissantes. D’où la conclusion du verset 24 : on ne peut en fin de compte servir Dieu et Mammon (« les biens matériels »). On peut à juste titres penser que le matérialisme est le plus grand concurrent du christianisme authentique à qui il dispute les cœurs et les âmes de millions de personnes dans le monde d’aujourd’hui ; y compris dans l’Eglise visible.

Les versets 25-34 nous demandent en revanche de ne pas nous inquiéter au sujet de nos besoins matériels. Nous devons avoir confiance en Dieu et en sa façon souveraine de prendre soin de nous, parce qu’il accorde encore plus de valeur aux humains qu’au reste de la création, et qu’il sait ce dont nous avons besoin. Le commandement le plus important de cette section se trouve au verset 33 : « Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus. » On peut entièrement spiritualiser cette promesse ou en reporter l’accomplissement à la fin des temps, ce qui ne correspond pas au contexte immédiat qui décrit quelqu’un qui s’inquiète au sujet de ses besoins matériels présents ; on peut aussi prendre les pluriels du verset 33 comme s’adressant à la communauté des disciples de Jésus dans son ensemble (comme c’est d’ailleurs le cas de l’ensemble du sermon, nous l’avons déjà signalé).

En cherchant d’abord ce qui est juste aux yeux de Dieu, la communauté des rachetés va par définition aider les pauvres qui sont en son sein. La juxtaposition remarquable de Luc 12.33 et du parallèle lucanien (12.31) de ce texte est un argument en faveur de cette conclusion : « Vendez ce que vous possédez, et distribuez-en le produit aux pauvres. Fabriquez-vous des bourses inusables… » Appliquer sérieusement ce principe à l’Eglise d’aujourd’hui nécessiterait une telle transformation de la plupart des communautés chrétiennes que peu semblent prêtes à l’envisager. Mais comme Schmidt le remarque : « Rester immobile parce que la fin est trop loin reviendrait à oublier que la vie du disciple est un voyage. »2 Et pour ceux qui craignent une application trop radicale de ce texte, il ajoute : « Beaucoup d’entre nous pourraient parcourir une distance considérable avant que quelqu’un ne suspecte notre obéissance d’extrémisme. »

Demander et recevoir

Enfin, Jésus encourage ses disciples à demander, chercher et frapper, parce qu’ils recevront, trouveront et qu’on leur ouvrira la porte (Mat 7.7-8). La théologie dite de la prospérité applique parfois ces versets de façon à suggérer que la personne dont la foi est suffisante peut recevoir tout ce qu’elle demande dans la prière, particulièrement dans le domaine matériel. Pourtant, le parallèle lucanien montre bien qu’au niveau spirituel, la bonne chose par excellence que Dieu promet à ceux qui la lui demandent est le Saint-Esprit (Luc 11.13). La période dans laquelle nous vivons est marquée par le « déjà » et le « pas encore », c’est-à-dire que Dieu peut en effet parfois accéder à nos requêtes matérielles. Mais le raisonnement de Matthieu 7.9-11 est du type : « à combien plus forte raison… ». Jésus passe de quelque chose d’exclusivement matériel (7.9-10) à quelque chose de d’abord spirituel (7.11). Il vaut également la peine de mentionner que l’expression « vous recevrez » de 7.7 traduit un verbe passif à la troisième personne du singulier. Le texte grec ne mentionne pas le sujet de ce verbe. Il pourrait donc bien s’agir d’un passif divin : « demandez et Dieu vous donnera. » Ce qui laisse à la volonté souveraine de Dieu le choix de ce qui est donné ! La partie centrale du sermon de Jésus se termine par la fameuse règle d’or de 7.12. Pour l’appliquer dans le domaine économique, il faudrait certainement agir à l’égard de ceux qui ont besoin d’aide avec la générosité dont nous aimerions les voir faire preuve à notre égard lorsque nous en avons besoin.

1D.A. Carson, Matthew, Expositor’s Bible Commentary, vol. 8, Frank Gaebelein éd., p. 131.
2Thomas E. Schmidt, « Burden, Barrier, Blasphemy : Wealth in Matt 6:33, Luke 14:33, and Luke 16:15 », Trinity Journal, 9–1988, p. 188.

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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)