L’empire des pulsions libérées

La liberté figure parmi les plus hautes valeurs de l’humanité et constitue une des aspirations les plus profondes des êtres humains. La recherche de la liberté semble inscrite dans le cœur de l’homme. Il est normal et légitime qu’il en soit ainsi, car il n’y a point de dignité humaine sans liberté.

La liberté est célébrée plus que jamais auparavant dans l’histoire. Les droits de l’homme dérivent de cette proclamation et servent d’étendard à la civilisation occidentale. En dépit de cela, les asservissements de toute nature qui enchaînent les hommes ne régressent pas et paraissent au contraire se multiplier. Le mal sous toutes ses formes s’étend. Une des grandes causes de cette situation délétère réside assurément dans le déploiement sans précédent de la liberté octroyée à nos pulsions instinctives.

VOUS AVEZ DIT « LIBERTÉ » ?

Pour bien comprendre ce qu’est la liberté « pulsionnelle », il convient de la comparer à d’autres types de libertés, ce d’autant plus que nos sociétés occidentales – qui s’éloignent progressivement de leur héritage judéo-chrétien et qui érigent de plus en plus l’incertitude en vertu suprême – ne savent plus véritablement ce qu’est la liberté ou ignorent qu’il existe plusieurs types de libertés dont certaines sont antinomiques.

La Bible présente, éclaire et développe presque tous ces types de libertés avec une pertinence qui souligne son incroyable richesse. Beaucoup de penseurs se sont inspirés des enseignements bibliques sur la liberté sous toutes ses formes pour élaborer leurs propres théories à ce sujet.

LIBERTÉ ET DÉPENDANCE SONT-ELLES COMPATIBLES ?

Le sens le plus profond et le plus ontologique de la liberté surgit du cœur de la relation entre Dieu et l’homme, sa créature. Pour Dieu, incarnation de la liberté absolue par son omnipotence et source de toute vraie liberté, aucun être humain n’est totalement libre. Les Écritures révèlent que pour l’homme, la liberté la plus fondamentale, qui est une liberté proprement théologique, revient à choisir une dépendance. Dans un texte magistral, Paul écrit ceci : « Lorsque vous (les chrétiens) étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice … Étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu … » (Rom 6.20 et 22). Ainsi, aux yeux de Dieu, la liberté essentielle consiste à choisir entre la libération à l’égard du péché par la foi en Jésus-Christ – qui implique une soumission au Dieu trinitaire et la persistance dans l’asservissement au péché et aux déterminismes de tous ordres qui permet de rester libre (non sans conséquences !) à l’égard des exigences divines.

LIBRE MALGRÉ LES CHAÎNES

Dans un autre sens, très noble, la liberté signifie l’autonomie de l’être « intérieur » envers les circonstances extérieures. Dans cette optique, un chrétien emprisonné pour sa foi peut rester libre en dépit des persécutions qu’il subit. Cette liberté pourrait être qualifiée de psychologique.

LIBERTÉ ET CONSCIENCE MORALE

La liberté de conscience, quant à elle, dérive de la conscience universelle décrite par l’apôtre Paul : « Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi,… une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Rom 2.14-15). Ce texte a certainement influencé Jean-Jacques Rousseau dans ce passage de son œuvre : « Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal : le meilleur de tous les casuistes est la conscience. […] Jetez les yeux sur toutes les nations du monde, […] vous trouverez partout […] les mêmes notions du bien et du mal […] Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises. » La liberté de conscience est ainsi la liberté de suivre sa conscience sans en être empêché ni par l’État, ni par la société, ni par autrui. Pour faire court, c’est la liberté de faire le bien. C’est exactement dans cet esprit que Tocqueville écrivait, il y a près de deux siècles : « Mais il est une liberté civile et morale (opposée à la liberté corrompue…) : c’est la liberté de faire sans crainte tout ce qui est juste et bon. »

LIBRE COURS AUX PULSIONS ELEMENTAIRES ?

Au sens le plus simple, la liberté pulsionnelle est la faculté de faire n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où. De manière rudimentaire, la liberté d’agresser les gens en pleine rue ou la liberté de tout dévaster sur son passage lors d’une manifestation relève à l’évidence de la liberté pulsionnelle. Plus subtilement, chaque fois qu’une personne utilise un rapport de force qui lui est favorable pour mépriser les droits légitimes et la dignité d’autrui, elle déploie une liberté de type pulsionnel. Les Écritures décrivent implicitement cette liberté, notamment lorsqu’elles commandent de ne pas faire « de la liberté un prétexte de vivre selon la chair » (Gal 5.13) ou de ne pas faire « de la liberté un voile qui couvre la méchanceté » (1 Pi 2.16). La liberté pulsionnelle est ainsi la latitude de laisser libre cours aux méchantes pulsions de la nature humaine. C’est en quelque sorte la liberté de faire le mal.

De manière aussi ambiguë qu’hélas nécessaire, le fonctionnement des régimes démocratiques s’abreuve aux deux sources de la liberté de conscience et de la liberté pulsionnelle. Il est vrai que la liberté de conscience se trouve à l’origine des classiques libertés individuelles de pensée, de religion, d’association, de presse et d’opinion qui, de proche en proche, ont donné naissance à la démocratie. C’est l’immense mérite de la Réforme que d’avoir mis en œuvre ce remarquable processus historique par sa théologie et ses justes exhortations. Mais la démocratie effective s’appuie aussi sur la liberté pulsionnelle, car elle est compétition entre des acteurs qui recourent à des moyens souvent fort éloignés de l’angélisme ! Par ailleurs, une société qui réprouverait toutes les manifestations de la liberté pulsionnelle serait très oppressive et même franchement invivable.

UNE LIBERTÉ QUI PARALYSE

Toutefois, trop de nos contemporains oublient que nos sociétés démocratiques ne peuvent intégrer qu’une liberté pulsionnelle restreinte, canalisée et sélective sous peine de sombrer dans le chaos. Pire, l’Occident subit les assauts répétés et toujours plus corrosifs des vagues successives de revendications d’une liberté pulsionnelle presque totale. La quête suprême ne porte plus tant sur les libertés individuelles classiques que sur la libération, le maître mot de ce début de millénaire. S’il subsiste un attachement à la liberté, c’est à celle qui est devenue le droit de satisfaire n’importe quel désir.

Intellectuellement, ce mouvement a été initié par le Siècle des lumières, lorsque les libertés individuelles ont été définies partiellement contre les normes divines. Il a connu une nouvelle impulsion avec Mai 68 et son fameux « Il est interdit d’interdire ». Nos sociétés ne cessent d’étendre à tous les domaines de la vie cet acquis culturel. Beaucoup trop de personnes et de groupes sociaux se prévalent des protections souvent excessives que l’État de droit accorde aux violents pour donner le champ libre à leurs instincts débridés. Au nom d’une liberté pulsionnelle désordonnée et ravageuse, des ego boursouflés et rebelles s’opposent par principe à toute autorité légitime. L’anarchie et les blocages en résultent, les actions politiques sont plus difficiles à mener, les entreprises plus malaisées à gérer, les cellules familiales perdent en stabilité.

L’EMPIRE EXCLUSIF DES PULSIONS

Il y a plus. A l’heure où nos sociétés deviennent plus tolérantes à l’égard de la liberté pulsionnelle, elles tentent de mettre en cause, parfois avec succès, certaines expressions très légitimes de la liberté de conscience, telles que la liberté religieuse ou la liberté pour le personnel médical de ne pas participer à des avortements. La législation des États est de moins en moins inspirée par le droit naturel dérivé de la conscience et toujours davantage par un droit positif sociologique déterminé substantiellement par l’aspiration à une grandissante liberté pulsionnelle.

Il ne fait guère de doute qu’une liberté pulsionnelle trop envahissante aboutit à l’anomie (absence de loi ou d’organisation, disparition des valeurs communes à un groupe), et à l’anarchie, lit du totalitarisme.

L’EMANCIPATION DES PULSIONS DANS L’ECLAIRAGE PROPHETIQUE

Oserons-nous notre conclusion ultime ? Une liberté pulsionnelle débridée et étendue risque très malheureusement de susciter l’apparition de l’Antichrist dont parle la Bible. Prophétiquement, cette liberté pulsionnelle constitue douloureusement un des signes majeurs de la venue de l’immonde bête. Trois brefs tableaux prophétiques permettent d’établir un lien entre l’émergence de l’Antichrist et la liberté pulsionnelle.

L’Écriture affirme d’abord que cet Antichrist ne pourra surgir avant que l’apostasie ne soit arrivée (2 Thes 2.3). Dans le même passage, ce dictateur universel est ensuite qualifié d’« homme impie », ce qui signifie littéralement « celui qui est sans loi ». À la fin des temps plus qu’à toute autre époque, les hommes « appelleront le bien mal et le mal bien », et prendront plaisir à l’injustice (cf. Rom 1.25 ; És 5.20-23 ; 2 Thes 2.12 ).

L’apostasie est un renversement de la vérité. La liberté pulsionnelle remonte à la chute de l’homme. Mais en terre culturellement chrétienne, et même ailleurs, elle a été très longtemps contenue et vécue sans être revendiquée intellectuellement. Certaines de ses manifestations les plus grossières sont aujourd’hui affichées et assumées. On répudie l’hypocrisie qui trouvait sa seule connotation positive dans l’hommage rendu par le vice à la vertu. Cette situation montre, avec d’autres évolutions en cours, que l’humanité pourrait être entrée dans le temps de l’apostasie. Par ailleurs, depuis maintenant quelques décennies, les hommes confondent de plus en plus la liberté de conscience avec la liberté pulsionnelle, en partie parce qu’ils veulent réprimer la première — dans laquelle ils discernent plus ou moins consciemment l’insoutenable regard de Dieu sur leur âme — et promouvoir la seconde — dans laquelle ils voient une libération à l’égard de tous les asservissements archaïques. Il est pour le moins plausible qu’il s’agisse là d’un indice de l’irruption progressive de ce temps où, par dérèglement intellectuel et éthique, on inversera le bien et le mal. Finalement, la croissance continuelle de la liberté pulsionnelle qui veut rompre avec toute loi risque bien de s’incarner logiquement et de trouver sa quintessence culminante dans celui que l’apôtre Paul désigne comme le « sans loi ».

L’humanité peut encore se laisser interpeller, s’interroger, réhabiliter les catégories du bien et du mal et restaurer la prééminence de la liberté de conscience sur la liberté pulsionnelle. Toutefois, si elle ne change pas de cap, elle sera immanquablement amenée à donner raison à Montesquieu lorsqu’il dit :

« Il n’y aura plus d’amour de l’ordre, plus de vertus… Plus le peuple paraîtra tirer avantage de sa liberté, plus il s’approchera du moment où il doit la perdre. »

Note de la rédaction :

L’article de Jean-Pierre Graber, si lucide et si clair, nous rappelle indirectement le sens de notre mission. N’est-ce pas à nous, disciples de Jésus-Christ, qu’incombe la tâche de montrer le chemin de la liberté véritable, et de dénoncer tout processus d’émancipation qui mène à une forme aggravée d’esclavage moral et spirituel ? À tous les « enfants prodigues » de notre génération qui ont choisi de suivre leur propre voie et qui s’épuisent en expériences de néant, il convient de rappeler les conditions de la réussite, telle que Dieu l’a définie. Ceux qui vivent loin de lui affirment parfois fièrement : « Nous n’avons jamais été esclaves de personne », mais Jésus leur déclare solennellement :

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. […] Quiconque pratique le péché est esclave du péché. […] Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres » (voir Jean 8.31-36).

Comme le fils de la parabole (cf Luc 15.11-32), certains rentreront peut-être en eux-mêmes et formeront le projet de retourner vers leur Père céleste dans la repentance et la foi. Ainsi échapperont-ils à la perte éternelle, et accèderont-ils à la vie authentique : celle que l’on passe avec et en Dieu.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)