Le vrai défi: le témoignage de Jésus

A. Une religion qui fait du bruit

Le voisinage des musulmans et les nombreuses références à l’islam dans l’actualité – parfois à tort, car on confond volontiers musulman, arabe et pro-palestinien – suscitent de nombreuses questions auxquelles une abondante littérature et des médias diversement inspirés tentent de répondre. Pourquoi l’islam? Pourquoi des Européens, des Africains, des Américains d’aujourd’hui se convertissent-ils à l’islam? Y a-t-il des parallèles à souligner entre ses succès du début et l’intérêt qu’il semble susciter encore aujourd’hui? Voici quelques axes de réflexion qui peuvent nous encourager à approfondir notre foi, à retrouver notre zèle d’évangélistes et à contempler Dieu à l’oeuvre dans un contexte difficile où le croyant doit encore souvent payer son espérance de sa liberté.

B. L’islam naît dans un monde qui ne connaît plus Jésus

Qui est le Christ ? Qui disons-nous qu’il est ?

On se souvient des deux questions posées par Jésus de Nazareth à ses disciples, alors qu’ils prenaient un peu de recul dans le territoire de Césarée de Philippe :

« Qui dit-on que je suis ? » et « Qui dites-VOUS que je suis ? » Il n’est pas exagéré de dire que toute relation à l’Evangile et au christianisme véritable est contenue dans la réponse honnête à ces deux questions.

Depuis qu’il existe des disciples et des auditeurs de Jésus, ces deux questions – et plus particulièrement la seconde – ont défini les rapports entre les hommes et le Christ, et mesuré de façon objective le contenu de leur foi.

Oppositions au Christ

Certains ont choisi l’opposition au Christ et ont persécuté son Eglise véritable comme ce fut le cas pour les autorités juives contemporaines de Jésus et, à un degré moindre, pour les rabbins qui ont fixé la Tradition qui posera les fondements du Judaïsme talmudique. D’autres ont affiché une indifférence, un intérêt intellectuel ou philosophique pour Jésus, en posant des questions auxquelles ils se gardaient bien de répondre. Ces derniers ont davantage servi l’Eglise lorsqu’ils sont restés à l’extérieur, à l’instar de Gamaliel et peut-être de Nicodème.

D’autres encore ont décidé d’apporter des réponses originales, ou d’opérer un tri dans les paroles du Christ qu’ils étaient prêts à accepter, lorsqu’ils n’inventaient pas tout simplement une révélation rivale qui ne se réclamait du Christ que pour mieux le marginaliser. Ce sont au départ des sectes dites « judéo-chrétiennes » comme celle d’Elxaï, qui prétendait avoir reçu une révélation complémentaire dans un Livre, puis de plus en plus fréquemment des sectes dites « gnostiques » dont les enseignements s’appuient en partie sur des « évangiles » pseudépigraphiques1. Plus près de nous, on pourrait citer les Mormons.

Dans ce groupe, on trouve aussi des faux-docteurs ou des docteurs imprudents qui répandent par leur enseignement des interprétations erronées de l’Evangile véritable, ou qui introduisent dans la doctrine chrétienne des notions empruntées à la philosophie païenne. C’est le cas de la plupart des controverses sur la nature de Christ qui ont divisé l’Eglise du IVe au VIIIe siècle : la plus célèbre est l’arianisme, qui nie la divinité du Christ et qui inspire encore aujourd’hui les Témoins de Jéhovah et leurs variantes russellistes2. C’est le cas aussi de bien des courants au sein des écoles modernes de théologie, qui s’attaquent au témoignage de l’Ecriture, qui nient les miracles ou qui privilégient de nouveaux types de miracles au détriment de l’Evangile de la grâce. Chaque fois retentit cette question fondamentale : « Qui dites-VOUS que je suis ? »

C. L’islam naît de l’isolement de l’Arabie et des querelles internes de la chrétienté

L’islam est né dans une sorte de "no man’s land", de glacis entre l’empire romain affaibli par les invasions germaniques et son éternel rival, l’empire perse, affaibli par la pression des peuples de l’Asie Centrale et les intrigues de palais. Sans faire partie des territoires conquis par le christianisme ou par la chrétienté, l’Arabie était parcourue ou choisie comme lieu de retraite par les partisans de divers courants et par des moines zélés à la piété parfois spectaculaire. L’Arabie était en relation commerciale avec des régions dont les gouvernants se faisaient les champions des diverses doctrines: la Mecque est « coincée » entre les tribus juives d’Arabie et du Yémen, les monophysites3 d’Ethiopie et d’Egypte, les nestoriens4 de Mésopotamie, les jacobites5 de Syrie, les « orthodoxes » melkites d’Asie Mineure et de Palestine6, sans compter les sectes « baptistes » de Bassorah et les sectes gnostiques7 d’Egypte. Partout les combats politiques font largement appel aux allégeances religieuses, les contradicteurs et les insoumis sont bannis par l’armée et même des moines jouent parfois le rôle de milices pour orienter les décisions des Conciles. Mais si près de l’Evangile et de ses contrefaçons, l’Arabie reste au VIIe siècle une terre ignorée par les missionnaires, méprisée par les stratèges, qui ne possède pas même un Evangile de Marc dans sa langue…

A l’époque de Muhammad, le polythéisme8 astral et le culte des pierres « bétyles » ne sont plus aussi attractifs pour les Arabes. L’influence monothéiste9 du judaïsme a profondément marqué les tribus, dont certaines ont embrassé le judaïsme ou une des formes du christianisme. On parle de personnages qui adorent un seul dieu appelé « le Miséricordieux ». Même à la Mecque, carrefour des diverses croyances et conservatoire des divinités païennes, on entend la formule « Allahou akbar », « Allah est plus grand » (que toutes les autres puissances spirituelles).

Dans les pays où l’islam s’installera en maître, on trouve également les mêmes influences monothéistes juives et chrétiennes, les mêmes controverses sur la nature réelle du Christ et la même instrumentalisation du religieux par le politique. L’Afrique du Nord est malade des querelles montanistes10, donatistes11 ou pélagiennes12, meurtrie par l’invasion des Vandales aryens13, qui chassent et tuent tous les évêques orthodoxes, et déçue par la main-mise politique de la lointaine Byzance. On ne dira jamais assez le tort causé par le témoignage scandaleux de nations dites chrétiennes, lorsqu’elles soutiennent des pouvoirs injustes, refusent de satisfaire à des aspirations légitimes ou encouragent des statu quo qui privent des hommes de l’espérance, moteur de tout vrai progrès.

D. L’islam s’affirme là où l’on conteste le témoignage que l’Ecriture rend au Christ

L’affirmation de la pleine et entière divinité de Jésus est le coeur de l’Evangile et de la confession des martyrs. Elle a pour corollaire la foi dans le mystère de la Trinité (ou tri-Unité), telle qu’elle a été formulée dans le symbole attribué à Athanase14 :

« C’est ici la foi catholique15 (c’est à dire de tous les chrétiens où qu’ils soient) : que nous adorions un Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité ; sans confondre les personnes et sans diviser la substance. Car autre est la Personne du Père, autre est celle du Fils, autre est celle du Saint-Esprit. Mais la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit n’est qu’une, leur gloire est égale, leur majesté coéternelle. Tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit. Le Père incréé, le Fils incréé, le Saint-Esprit incréé. Le Père infini, le Fils infini, le Saint-Esprit infini. Le Père éternel, le Fils éternel, le Saint-Esprit éternel. Et cependant ils ne sont point trois éternels, mais Un Eternel. Comme aussi il n’y a point trois incréés, ni trois infinis, mais Un Incréé et Un Infini. Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu et cependant ils ne sont point trois dieux, mais Un Dieu…»

Pour le chrétien

Le mystère de la Trinité découle de la Révélation. Ce n’est pas à l’homme d’expliquer Dieu, ni de comprendre comment fonctionnent l’univers et les sphères spirituelles, alors qu’il n’est qu’une créature limitée et pécheresse. Le chrétien croit simplement ce que Dieu lui dit de lui-même et cela suffit à sa foi, sinon à sa raison.

Pour l’islam

Le point de vue est tout différent.

Soumis à toutes les influences centrifuges des religions et des sectes monothéistes et en pleine réaction contre un polythéisme qui découlait notoirement de l’absence de prophètes et de Révélation, Muhammad a opté pour un culte raisonnable, éloigné des extrêmes, selon l’affirmation du Coran volontiers reprise par les musulmans modérés.

Il a donc pris position vis à vis de Jésus en acceptant certaines traditions qui lui paraissaient inoffensives (même si elles attribuaient à Jésus des miracles invraisemblables comme ceux des évangiles apocryphes de l’enfance) et en refusant avec beaucoup d’énergie les doctrines qui pouvaient servir de fondement à une prééminence du judaïsme ou du christianisme.

La préexistence glorieuse du Christ avant Sa naissance à Bethléhem et l’accomplissement des prophéties messianiques sont passés sous silence.

La mort et la résurrection de Jésus sont absolument niées.

Le titre de Fils de Dieu est rejeté comme blasphème et la notion de Trinité, volontairement ou involontairement assimilée à la triade Dieu-Marie-Jésus, est déclarée ridicule et indigne de Jésus (qui l’aurait rejetée lui-même, d’après le Coran).

Le rôle dévolu à Jésus d’après le Coran est celui de simple prophète envoyé aux factions juives qui se sont divisées à son sujet. Il n’a aucune prééminence sur les prophètes de l’Ancien Testament ou sur les patriarches, mais il pourrait avoir annoncé la venue de Muhammad et la Tradition lui confère un rôle dans les événements de la Fin du Monde.

Jésus est instrumentalisé par l’islam pour contrer le judaïsme et pour confondre la chrétienté.

Bible et Coran

Pour éviter que le témoignage de la Bible puisse contredire le Coran, Muhammad affirme que Sa Révélation est la dernière, la plus complète, en réalité toute suffisante (ce qui va au-delà de la position similaire de l’épître aux Hébreux) et la Tradition ajoutera une insinuation selon laquelle le texte biblique aurait été manipulé. Elle formulera l’interdiction – d’une portée plus que symbolique – de traduire le Coran dans les langues vernaculaires. Le Coran est mis « hors de portée » en ce qui concerne son usage, sa critique et toute contestation ou interprétation. Déclaré « inimitable », il va dans la pratique évoluer vers le rôle du Logos, réalité incréée demeurant éternellement auprès de Dieu et « incarnée » historiquement par la révélation que l’ange Gabriel en aurait faite à Muhammad. On pourrait facilement comparer dans ce processus le Coran au Christ et Muhammad à Marie. Les rites de l’islam feront le reste pour que rien ne subsiste de l’Evangile du Sauveur qui donne sa vie en rançon du péché.

E. Conclusion

Là où le message libérateur de Jésus n’est plus prêché et vécu quotidiennement, dans le témoignage d’une Eglise qui confronte et interpelle les acteurs sociaux et politiques dans la paix et l’amour, le terrain est préparé pour l’islam… et le désert qui avance sera difficile à reconquérir!

Notes

1 C’est à dire dont l’auteur réel se cache derrière un nom usurpé d’apôtre, comme l’Évangile dit de Thomas.
2 Vient du nom du fondateur de cette secte, Charles-Taze Russel, né en 1852, qui fonda la société « Tour de garde » en 1881.
3 Hérésie née au 5e siècle. Pour ses adeptes, il n’y a qu’une seule nature de Christ, son humanité ayant été absorbée par sa nature divine ; elle est en contradiction avec Héb 2.17.
4 Adeptes de Nestorius que enseignait que Jésus était deux personnes séparées, possédant deux natures séparées ; cette secte est déclarée hérétique par le Concile d’Éphèse en 431.
5 Monophysites et disciples de Jacob Baradaeus (500 – 578) niant également les deux natures (humaine et divine) de Jésus.
6 Chrétiens syriens et égyptiens qui ne voulaient pas comdamner l’hérésie monophysite, tout en acceptent l’enseignement du Concile de Chalcédoine de 451 (voir Promesses n° 144 Les controverses doctrinales, « Le Credo de Chalcédoine » p.32-33).
7 Mouvement des premiers siècles après J.-C. aux vues dualistes et complexes dont les « connaissances secrètes » furent transmises par « initiation » ésotérique; pour eux la matière était mauvaise et, en consquence, ils niaient l’humanité de Jésus.
8 Croyance en plusiuers dieux.
9 Qui no reconnaît qu’un seul Dieu.
10 Mouvement charismatique associé à Montanus, au 2e siècle, mettant l’accent sur l’effusion du St-Esprit par extase et sur le parler prophétique ; Tertullien était montaniste ; se répandit en Asie mineure au 2e siècle ; fut condamné par l’Église.
11 Mouvement séparatiste nord-africain provenant de Donatus en 355, qui s’opposait à la réintégration des chrétiens qui abandonnaient les Écritures sous la persécution.
12 Fausse doctrine propagée par Pélage, un moine anglais du 5e siècle, enseignant que la nature humaine est essentiellement bonne ; met l’accent sur la capacité humaine et la libre volonté pour arriver à vivre sans péché ; c’est la négation de la corruption totale de l’homme conçu et né dans le péché (Ps 51.7 ; Rom 3.9-18 ; 7.14-25).
13 Nom donné, au début de notre ère, à différents groupements de Germains orientaux ; ils passent le Rhin en 406, entrent en Gaule et en Espagne ; sous Geiséric (428 – 477), ils passent en Afrique et s’installent en Numidie en prenant Carthage (439). Ils sont finalement vaincus en 534 par le Byzantin Bélisaire ; ainsi l’Afrique devient byzantine.
14 293 – 371, évêque d’Alexandrie, défenseur vigoureux, en 325, des enseignements du Concile de Nicée sur Jésus-Christ, éternellement divin et pleinement Dieu, étant « de la même substance » (homoousios). Il combattit l’arianisme et fut persécuté, voire même banni avec d’autres opposants à cette hérésie. Les plus anciens manuscrits du « Symbole d’Athanase » remontent aux 8e et 9e siècles. Un psautier de Cambridge l’attribue à Athanase. D’autres pensent plutôt qu’il fut écrit par d’autres mains, mais dans l’esprit d’Athanase. La première rédaction remonterait au 5e siècle et fut adopté dans son texte définitif vers 850 selon d’autres. Il s’agit des deux doctrines essentielles da la foi chrétienne, trinitaire et christologique.
15 « Universelle » provenant du mot grec « katholikos » dans le sens de « général » ; à ne pas confondre avec « catholique romain ».

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)