Le Saint-Esprit donné (3)

Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations

II. Les moyens de l’Esprit

B. L’écoute de la foi

1. L’enseignement du NT

a) L’apôtre Paul posait cette question aux chrétiens de la Galatie (3.2): Est-ce en pratiquant la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou en écoutant avec foi?

Le terme «écouter» a en grec la connotation de «rapport message». Or le message est objectif, alors que l’écoute est subjective. Ainsi donc, le message de l’évangile exige la foi, mais comme il est plus que la loi, il donne aussi la foi exigée. C’est un message-écoute de foi: la foi vient avec le message.

Dans l’introduction de sa lettre aux Romains, Paul nomme l’Evangile un message où Dieu s ‘y révèle par la foi et pour la foi (1.17). Cela revient à dire que, non seulement le don de Dieu est reçu par la foi initialement, mais qu’il est toujours reçu «pour» la foi (afin de susciter la foi).

Autrement dit: Dieu nous donne sa justice et son acceptation, son Esprit et sa présence – et ceci continuellement -, non pas en réponse à un quelconque effort de notre part, aussi louable qu’il soit, mais en réponse à notre foi.

b) Pour nous faire comprendre ce qu’est la foi, Paul la met constamment en contraste avec les oeuvres de la loi. La foi est présentée comme le contraire de l’oeuvre. La foi est quelque chose que Dieu fait, que Dieu nous met à même de faire, quelque chose qui est reçu sans qu’il n’y ait ni mérite ni «faire» de notre part. Voilà pourquoi Paul parle de la foi de Jésus-Christ (selon le texte grec; c’est une foi qui vient donc de Jésus).

La déduction est contraignante: si la foi émane de Dieu par l’écoute de l’Evangile, elle est l’oeuvre et le don de Dieu. Aux Galates, qui voyaient en la foi un acte humain, Paul décrit la foi comme étant venue à eux (3.25). Paul combattait ainsi l’idée que pour avoir la plénitude, il fallait la foi et l’obéissance, ce qui mettait en cause la toute-suffisance de la foi comme unique base pour la justification (Rom 5.1) et comme source effective des oeuvres bonnes.

Il fallait ensuite que l’apôtre Paul se défende contre l’accusation que, par sa doctrine de la foi seule, il préconisait en fait l’immoralité. Non! dit Paul; car si la foi est suffisante, c’est justement parce qu’elle identifie le croyant avec Christ, qui est pleinement suffisant pour garder le croyant de toute immoralité. Voici comment Paul explique cela aux Galates (2.20; 3.11-14):

Je suis crucifié avec Christ (le vieil homme pécheur est mort), et ce n ‘est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (identification: réception de la vie de Christ, qui est éternelle); ma vie présente dans la chair je la vis dans la foi au Fils de Dieu (pas question de s’abandonner au dérèglement moral)… Le juste vivra par la foi (Sa Vie correspond à la vie de Christ, qui nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous… afin que… par la foi, nous recevions la promesse de l’Esprit).

c) Significatif aussi est le fait que dans l’écoute de la foi, le Saint-Esprit entre par le plus passif des organes majeurs de la personne: l’oreille, qui ne crée ni n e-met rien, qui ne fait que recevoir ce qui lui est donné. Du côté humain, l’écoute de la foi est la seule et unique condition pour recevoir le don de Dieu; ce n’est pas quelque chose qu’on fait. L’écoute de la foi est rendue possible par la présence du message de la foi.

Comme toutes les conditions pour la réception de l’Esprit furent remplies par l’oeuvre de Christ en dehors de nous-mêmes, et comme le moyen utilisé par l’Esprit est le message de l’oeuvre de Christ qui nous atteint par la parole d’autrui, de même l’écoute qui reçoit le don rendu possible par l’oeuvre de Christ n’a pas besoin de faire appel à une puissance engendrant la foi, autre que la puissance inhérente en le message de la foi. C’est là toute la gloire de l’Evangile: il n’est pas seulement une parole concernant le salut; il est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom 1.16).

Dieu dispense son Evangile non en vue d’une action, mais en vue de l’écoute de la foi – de la «foi-écoute» -‘et même cette écoute, il la donne.

2. Conséquences d’une doctrine erronée

a) La foi vue comme une oeuvre

L’erreur cruciale de la doctrine pentecôtiste aussi bien que charismatique consiste à faire de la foi un accomplissement nécessaire pour recevoir l’Esprit en récompense. Ralph M. Riggs écrit dans «L’Esprit lui-même» (1949), après avoir précisé que le Saint-Esprit est reçu comme un don absolument gratuit: «Nous n’avons qu’à étendre notre main dans la foi, nous saisir de lui, nous l’approprier et le recevoir comme nous appartenant.»

Les trois expressions soulignées annulent l’affirmation du don gratuit, puisque la foi elle-même est le prix par lequel il est obtenu. On trouve toujours à nouveau l’idée erronée que «plus nous convoitons le don de Dieu, plus nous sacrifions pour l’obtenu; plus nous l’apprécierons une fois que nous l’avons obtenu».
 Selon cet enseignement, ce n’est pas la foi hormis les oeuvres, mais la foi après les oeuvres: «D’abord il faut être en ordre avec Dieu. Ensuite (!) nous cessons de faire des efforts et nous lui demandons le don que nous recherchons. Il attend que nous en arrivions là.» Encore une fois, c’est l’idée que Dieu attend et que l’homme agit.

Selon le NT, Dieu lui-même établit une relation «en ordre» avec lui par Christ, et ceci à l’exclusion de nos efforts et non en conséquence de ceux-ci. C’est Dieu qui vient à l’homme avec son don par l’Evangile, et non les hommes qui viennent quémander auprès de Dieu. Qui a donné le premier pour qu’il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui et pour lui! (Rom 11.35-36).

S’il faut d’abord faire quoi que ce soit avant de pouvoir recevoir le don de Dieu, il cesse d’être un don, il devient un dû. La foi authentique produit les oeuvres bonnes, comme le disent Paul, Jacques, les autres apôtres et les réformateurs avec eux.

Luther écrivait ces paroles bien connues dans sa préface à l’épître aux Romains: «O! la foi est une chose vivante, active, puissante, de sorte qu’il est impossible qu’elle ne produise pas continuellement ce qui est bien. La foi ne demande pas s’il y a des bonnes oeuvres a faire, mais avant qu’on puisse demander, la foi les a déjà faites.»

b) La foi vue comme une appropriation

Voici l’argument dont se sert le raisonnement fallacieux: Il est vrai que le don de Dieu n’est reçu que par la foi, tout comme, dans un certain sens (?), l’Esprit. Il est pourtant aussi nécessaire de faire un second acte de foi pour s’approprier entièrement (?) le Saint-Esprit, afin d’obtenir puissance, sanctification, victoire et la plénitude de l’Esprit. Car par la première foi n’ont été obtenus que grâce, justification et pardon des péchés.

Il y aurait donc une foi ayant pour objet Jésus-Christ en vue du salut, et une foi ayant pour objet le Saint-Esprit en vue de la puissance et de la consécration; cette seconde foi serait nécessaire parce que le don de Dieu exigerait une «appropriation». Il faut en déduire qu’il y aurait une foi (la première) procurant la grâce sans puissance.

La raison principale qui est avancée pour expliquer que le don reçu par la foi primaire serait insuffisant n’est pas l’insuffisance de Christ (qu’on ne veut pas dénigrer), mais l’insuffisance d’appropriation du croyant. «Appropriation» a le sens de «faire d’une chose sa propriété, acquérir une chose». C’est justement ce que la foi en Dieu n’est pas: «faire» plutôt que recevoir. Un don qu’on doit acquérir, qu’on doit «faire sien», n’est plus simplement reçu comme une grâce; il devient le résultat d’un effort. Ainsi l’oeuvre du salut est en fin de compte transférée de Dieu à l’homme, quelle que puisse être l’orthodoxie de ce qui précède l’acte d’appropriation.

Quand l’appropriation prend la place de la réception, il s’agit peut-être bien d’une oeuvre intentionnellement pieuse, mais ce n’est plus ce que le NT entend par la foi.

c) La foi vue comme un absolu

Finalement, la foi est souvent synonyme d’un abandon total. L’argument est le suivant: De même que l’on est justifié, ré généré et sanctifié par la foi, de même on doit recevoir le baptême du Saint-Esprit par la foi, pour autant qu’on se soit abandonné à Dieu en tous points.

En fait, on sépare la justification et la sanctification puisque, avant qu’on puisse vraiment recevoir le Saint-Esprit, il faudrait obéir totalement à l’exigence de l’abandon «en tous points».

Cela est exprimé clairement par Wade Horton: «Personne ne peut recevoir ou maintenir l’expérience pentecôtiste s’il n’obéit pas à toute la volonté de Dieu… Seulement une fois que le croyant s’est entièrement consacré et a obéi pleinement, l’Esprit entrera; une fois donc que toutes les conditions auront été remplies» («Pentecost Yesterday and To-day», 1964). Dans ces conditions, l’Esprit n’entrera jamais, puisque le croyant est laissé à lui-même pour opérer une consécration totale sans l’Esprit, ce qui lui est évidemment impossible.

Même si le langage utilisé par le pentecôtisme relève de la pure piété quand il parle de l’abandon à Dieu et de la consécration chrétienne, il ne s’agit plus de la foi néotestamentaire dans sa simplicité. Car les absolus d’abandon et de consécration exigés par la doctrine pentecôtiste appellent les chrétiens, non à la grâce en Christ, mais à une recherche acharnée et futile de trouver dans leur coeur des absolus qui n’y sont pas.

La foi telle qu’elle est définie par le NT est souveraine et suffisante. Elle est évoquée avec concision par Luther: «Crois et tu l’as reçu» («Glaubst du, so hast du»). C’est la doctrine du NT dans sa pureté. Aussitôt qu’on y ajoute: «Crois absolument (abandonne-toi, livre-toi, vide-toi) et tu l’auras» (langage d’apparence ultra-pieuse), on replace le croyant sous le poids de la loi et de l’impossible. Ce n’est certes pas par hasard que l’apôtre Paul ne lie jamais la foi à un adjectif ou un absolu.

3. Observations supplémentaires: «La foi seule» dans l’Evangile de Jean

Nous terminons nos réflexions sur la parfaite suffisance de la foi en Christ que le NT connaît par un texte de l’Evangile de Jean.

 Voici l’annonce programmatique dans Jean 7.37-39:

Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s ‘écria: Si quelqu ‘un a soif qu ‘il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit qu ‘allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n ‘était pas encore donné, parce que Jésus n ‘avait pas encore été glonfié.

La foi en Jésus a pour résultat le don du Saint-Esprit. C’est l’enseignement unanime, clair et simple du NT. La foi en Christ et la réception de l’Esprit sont corrélatives. La foi n’est jamais «en l’Esprit»; ici elle est deux fois en Jésus. Pour recevoir le Saint-Esprit, Jésus-Christ est le seul objet de la foi; c’est toujours par la foi que Christ est reçu.

Le texte cité enseigne aussi que l’Esprit donné en réponse à la foi n’est nullement anémique; au contraire, il coule du croyant comme des fleuves d’eau vive.

N’y voir qu’un filet d’eau sans puissance fait bien peu de cas de la foi en Christ. Car la formulation pentecôtiste dit: la foi en Christ mène à la vie, alors que la foi ultérieure en l’Esprit résulte en puissance spirituelle, attestée par «le parler en langues». Mais selon Jean 7, la foi en Jésus ne produit pas seulement un filet d’eau propre à humecter la langue du croyant; au contraire, celui-ci reçoit du Christ aussi bien l’existence et la vivification spirituelle que la puissance spirituelle, donc aussi la puissance nécessaire au service.

Si la foi en Jésus ne confère pas la pleine réception de l’Esprit, comment le croyant saurait-il s’abandonner, se consacrer, faire toutes sortes de sacrifices, puis avoir une foi suffisante pour recevoir la «plénitude de l’Esprit» (le «baptême du Saint-Esprit»)? Ce n’est que parce que l’Esprit a été pleinement reçu qu’abandon, consécration et sacrifices sont possibles. Sinon, il s’agit d’une parodie de l’Evangile de la grâce.

La foi toute simple en Christ reçoit de Dieu tout ce qu’il a à donner. La foi qui ne repose pas sur ce principe rend l’Evangile inopérant.

En conclusion, voici encore une affirmation de Luther, citée par Karl Barth dans «Der Heilige Geist und das christliche Leben» (Le Saint-Esprit et la vie chrétienne): «Dieu ne veut pas nous voir donner notre confiance ou vouer notre coeur à quoi que ce soit d’autre, quelque saint ou rempli d’Esprit que ce soit, qu’à Christ seul dans sa parole.»

Responsable de la traduction-adaptation du texte de Bruner:
J.-P. Schneider

Au prochain numéro: III. Un seul baptême

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)