Le rôle de la famille dans le Christianisme (1)

ETHIQUE PRATIQUE

1re partie

A. Introduction

Tout d’abord, quelques remarques préliminaires nécessaires avant d’entrer au cour du sujet; ces remarques concernent le deuxième terme de notre titre : Le rôle de la famille dans le christianisme.

Qu’entendons-nous par «christianisme » ? Il s’agit de bien distinguer entre ce qu’on peut appeler le «christianisme historique» et une version travestie qui s’est manifestée dès le début de l’Eglise. Je vais donc parler de la véritable Foi Chrétienne, non de son travesti, de son apostasie.

Comment distinguer l’original de la version travestie ? Nous donnerons ici quatre réponses.

Réponse 1

Il faut examiner l’attitude du croyant face à la Bible. La Bible – le Tanak juif (l’Ancien Testament) et le Témoignage Apostolique (le Nouveau Testament) – est-elle la Parole inspirée de Dieu, et en tant que telle, l’autorité finale pour l’enseignement de la Foi Chrétienne? Ou la Bible juive et chrétienne n’est-elle qu’une parole humaine, certes utile et qui nous inspire, mais forcément faillible, comme toute entreprise humaine, et en aucun cas normative pour tous les hommes, en tous lieux et en tout temps? La question de l’autorité finale est au coeur de toute foi religieuse. Cette autorité n’est-elle qu’humaine, comme dans la version «moderne» frauduleuse de la Foi Chrétienne? Est-elle uniquement rationnelle, scientifique, expérimentale, bref «critique» à l’égard de la révélation divine? Ou l’autorité du Tanak et du Témoignage Apostolique est-elle pleinement divine, comme l’affirme la Foi Chrétienne Historique pour laquelle l’autorité finale est inscrite dans la texture verbale même des Saintes Écritures? Ainsi, dans la perspective de la Foi Chrétienne Historique, le critère absolu pour définir le rôle de la famille sera l’enseignement de la Bible, tel qu’on le trouve dans le Tanak et dans le Témoignage Apostolique. Cette vérité normative ne peut se trouver ni dans l’expérience indépendante de l’Église ni dans l’expérience autonome de l’homme, elle ne se rencontre ni dans les leçons de l’histoire ni dans la sociologie. Je m’empresse d’ajouter ici qu’il n’est absolument pas question de négliger toute information utile que l’on peut, à la lumière de l’Écriture Sainte, glaner dans ces différents domaines de la recherche humaine.

Réponse 2

La Foi Chrétienne a un caractère historique. Je veux dire par cela que, dès le début de l’histoire, la confrontation entre la Foi Chrétienne Historique et les erreurs qui n’ont cessé de l’attaquer, ont conduit à une meilleure compréhension tant de ses croyances fondamentales que des erreurs qui ont constamment cherché à la détruire. La Foi Chrétienne Historique confesse donc d’une seule voix la confession de foi fondamentale de l’Église primitive: le Symbole des Apôtres, la Confession de Nicée, les définitions du Concile de Chalcédoine, qui sont toutes restées fidèles à leur fondement scriptural. Dans notre entreprise de définition du rôle assigné à la famille par le christianisme, nous tiendrons compte de cette accumulation à travers l’histoire de sagesse doctrinale soigneusement formulée. Les attaques dirigées contre la famille, par exemple, celles d’hier comme celles d’aujourd’hui, nous ont permis de mieux comprendre la nature, le caractère et la fonction de la famille.

Réponse 3

La Foi Chrétienne Historique tient à une épistémologie réaliste. Ce qui veut dire que le contenu intellectuel de la Foi peut être déterminé par la formulation de concepts soigneusement définis. Donc, si ces concepts sont vrais dogmatiquement, les affirmations de leurs contraires sont nécessairement fausses. En ce qui concerne la famille, il est donc possible, du point de vue de la Foi Chrétienne Historique, non seulement de définir avec précision l’origine, le caractère, le rôle, les obligations et la finalité religieuse de la famille, mais il est aussi possible de réfuter les déformations qui l’ont attaquée à travers les siècles et qui aujourd’hui cherchent désespérément à la détruire.

Réponse 4

La Foi Chrétienne Historique n’est pas simplement une doctrine, une théorie, mais la vie, une façon de vivre, une obéissance éthique, sociale et personnelle, reçue comme un cadeau de Dieu. Elle cherche donc à se conformer à la volonté révélée de Dieu, à sa Loi, contenue dans l’Écriture entière, le Tanak et le Témoignage Apostolique. Ceci veut dire que dans le contexte de la Foi Chrétienne Historique, le rôle de la famille doit être représenté dans l’histoire et qu’il doit faire preuve de sa vérité en se manifestant concrètement dans la vie de tous les jours de la société. Il est clair que la restauration des structures créationnelles et des fonctions de la famille passeront par la destruction de leurs imitations et contrefaçons qui réapparaissent régulièrement au cours de l’histoire.

Ces quelques remarques préliminaires étant faites, nous allons pouvoir aborder notre thème: Le rôle de la famille dans le christianisme. Le rôle que la Foi Chrétienne Historique assigne à la famille ne peut être correctement appréhendé sans une bonne compréhension de son origine et de son caractère, de ses obligations et de sa finalité. Voyons brièvement chacun de ces aspects.

B. L’origine de la famille 2

L’Écriture, le Tanak et le Témoignage Apostolique, nous dit que la famille, comme l’homme lui-même, la terre et la mer et tout ce qu’elles contiennent, est une créature, c’est-à-dire une forme sociale créée directement par Dieu, et que ses membres – chacun d’entre nous, sans exception – sont en fin de compte redevables à Dieu de la façon dont ils traitent cette institution. La famille a donc le caractère d’une forme substantielle permanente (comme les espèces biologiques ou les éléments chimiques) et par conséquent, comme pour toutes les formes créées, elle ne pourra jamais être détruite par l’homme. Et nous pouvons en tirer les conclusions suivantes : la famille créée est constitutive de la race humaine et, même si elle est aujourd’hui durement attaquée, elle ne peut disparaître; tout être humain, de par sa nature même, appartient à la famille ; tous les humains, sans tenir compte de leurs croyances religieuses (ou irréligieuses) ne peuvent pas plus échapper à ce cadre divinement établi qu’ils ne peuvent s’arrêter de respirer, ou refuser d’utiliser leur système digestif, ou encore se passer de leur circulation sanguine. Cette permanence de la famille à laquelle on ne peut échapper est la raison de notre rencontre ici à Genève (en des temps plus anciens, une citadelle exemplaire de la Foi Chrétienne Historique), car ce qui nous a rassemblés aujourd’hui, c’est notre conviction commune de la nature fondationnelle de la famille, famille qui, en tant qu’institution créationnelle, nous inclut tous dans la perspective de son autorité. Ce qui nous console dans la bataille que nous livrons tous pour la défense de la famille créée, c’est son caractère indestructible, aussi indestructible que l’ordre universel luimême. Comme ils sont vains et futiles, les efforts de ceux qui cherchent à la détruire! La nature même que Dieu leur a donnée les force, de génération en génération, à ré-établir la famille. Nous ferons bien de commencer nos considérations sur le rôle de la famille dans le christianisme par l’écoute tout d’abord du témoignage de la Torah, telle qu’il est consigné dans le livre de la Genèse, puis par l’écoute du témoignage du Messie Luimême, tel qu’il est rapporté par le témoignage apostolique de Marc sur l’origine divine et le caractère créationnel de la famille.

L’Eternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis.[…] Et l’homme dit: Cette fois c’est l’os de mes os, la chair de ma chair. C’est elle qu’on appellera femme, car elle a été prise de l’homme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. (Gen 2.18; et 23-24).

Dieu créa l’homme à son image: il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui rampe sur la terre. (Gen 1.27-28).

Voilà pour la Torah, voyons maintenant le Témoignage Apostolique:

Les Pharisiens l’abordèrent et, pour l’éprouver, lui demandèrent s’il est permis à un homme de répudier sa femme. Il leur répondit : Que vous a commandé Moïse ? Moïse, dirent-ils, a permis d’écrire un acte de divorce et de répudier (sa femme). Et Jésus leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cour que Moïse a écrit pour vous ce commandement. Mais au commencement de la création, Dieu fit l’homme et la femme; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux (époux) deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. (Marc 10.2-9)3.

Nous voyons donc que la Torah et le Témoignage Apostolique, tant Moïse que Jésus-Christ, témoignent de la divine origine de la famille créationnelle, de son unité fondamentale, de sa permanence et de son caractère strictement exclusif et monogame. Car la famille, création de Dieu, est une forme substantielle bien réelle, «une seule chair», qu’«aucun» homme (y compris bien sûr le Population Council de New York et les lobbies homosexuels du monde entier!) ne doit s’aviser de «séparer», c’est-à-dire de détruire. Les deux aspects de la famille ressortent du texte de la Genèse:

a. la communion et l’aide mutuelle entre mari et femme, si merveilleusement et si délicatement décrites dans le Cantique des Cantiques, dans le dernier chapitre des Proverbes et au chapitre cinq de l’Epître de Paul aux Ephésiens ;

b. la consommation naturelle du mariage dans la procréation de nombreux enfants, la fécondité étant toujours considérée dans la Bible comme une bénédiction divine 4. Les écrits du Témoignage Apostolique, le Nouveau Testament, font abondamment écho à ces enseignements du Tanak.

C. Le caractère (ou structure) de la famille

L’idée que l’on se fait aujourd’hui du modèle de la famille, c’est à dire la famille occidentale moderne constituée par l’union temporelle de deux partenaires fonctionnellement interchangeables, accompagnés de un, ou tout au plus, de deux enfants dont la conception a été explicitement désirée et «planifiée», est une idée très éloignée de la vérité. La famille biblique chrétienne a un caractère bien différent. Elle est surtout une institution hautement complexe et organisée. Par certains aspects, on peut dire qu’elle est monarchique, par d’autres, aristocratique, et par certains côtés on peut même considérer qu’elle a un caractère démocratique.

Elle est tout d’abord monarchique. Mari et femme sont tous deux créés à l’image de Dieu. A cause de la chute, ils sont tous deux également pécheurs et les objets du jugement de Dieu comme de sa grâce. A cet égard, il n’y a pas de différence spirituelle fondamentale entre homme et femme 5, ce qui n’exclut pas qu’il y ait une hiérarchie dans la structure de la famille. L’institution de la famille est en fait strictement monarchique dans le sens que le mari, loin d’être «l’égal» mathématique de son épouse, est assurément son supérieur institutionnel. Tant le Tanak que le Témoignage Apostolique sont clairs sur ce point : l’homme est légalement le chef de la femme. L’explication de cette hiérarchie conjugale est de nature fondamentalement religieuse: le Tanak et le Témoignage Apostolique nous enseignent tous les deux que la relation entre le mari et sa femme constitue une image de la relation entre Dieu et sa création, entre le Seigneur Dieu et son peuple, Israël, et entre Jésus- Christ – la seconde personne de la Trinité – et son peuple de la nouvelle alliance, l’Église Chrétienne. Cette dernière est constituée d’hommes et de femmes de toutes nations, qui, par leur foi en leur Messie, sont devenus héritiers des promesses faites à Abraham. Le rétablissement de la structure biblique de la famille doit donc s’accompagner d’un rejet total de l’égalitarisme pseudo-mathématique professé par la société contemporaine, en particulier en ce qui concerne la relation entre mari et femme. Il nous faut absolument revenir à la structure hiérarchique de la famille biblique. Mais comme il ressort clairement de l’enseignement tout entier de la Bible, cette hiérarchie structurelle et institutionnelle ne tolère en aucun cas la domination tyrannique du mari sur sa femme. Elle ne tolère pas non plus la domination féministe de l’homme par la femme, telle qu’on la connaît aujourd’hui dans nos sociétés occidentales. Mais ce qui est encore pire, c’est une famille (ou une société) menée par les caprices des enfants 6 Ce dont il est question ici, c’est de la structure de ces institutions – dans ce cas, la famille -. Il ne s’agit pas de l’infériorité ou de la supériorité intrinsèque de différents êtres humains. La lecture du dernier chapitre du livre des Proverbes et un examen attentif du rôle vital joué par les femmes dans le ministère de Jésus-Christ et dans celui de l’Apôtre Paul devraient amplement suffire à nous éclairer ce point.

Mais la famille biblique est également structurée de manière hiérarchique, aristocratique. Si le père est, comme nous l’avons vu, le Roi de la famille, son épouse en est la Reine. C’est la raison pour laquelle en Occident la cérémonie du mariage chrétien a été pendant si longtemps célébrée comme un couronnement (jusqu’aux temps de Breughel l’Ancien au XVIe siècle). C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui dans la tradition orthodoxe. Ensemble, mari et femme forment le gouvernement de la famille. La famille chrétienne n’est donc pas gouvernée par la seule autorité monolithique (moniste) du Père et Mari, mais par une sorte de système de gouvernement à deux chambres. L’autorité de l’épouse fait contrepoids à celle du mari, mais elle reste subordonnée à l’autorité du mari. C’est pour cela que le Témoignage Apostolique parle du péché originel non pas comme du péché d’Eve, mais comme du péché d’Adam, parce que, en tant qu’époux, c’était lui qui en dernier lieu, était responsable envers Dieu de tout ce qui se passait sous son autorité. La raison théologique de cette forme de double gouvernement – une garantie contre l’absolutisme arbitraire masculin – se trouve dans le fait que si d’une part l’homme est personnellement créé à l’image de Dieu, d’autre part, la famille est créée à l’image de la famille céleste, la Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, trois Personnes divines, Dieu 7.

Enfin, dans la perspective chrétienne, la famille a, jusqu’à un certain point, un caractère démocratique. Non pas que dans la famille ce soit la majorité des votes qui établisse la loi ou la vérité, comme c’est le cas partout aujourd’hui en Occident, où est pratiquée une forme pervertie de la démocratie qui en fait n’est rien d’autre qu’une divinisation de l’Homme et du Nombre. Mais dans les familles chrétiennes (famille au sens large), tous les membres, enfants et parents, domestiques et employés 8 – étant tous créés à l’image de Dieu – ont droit, selon leur âge et leur condition, à s’exprimer quant aux affaires de la famille. Ceci naturellement sous la direction des parents et de l’autorité finale du père. Là aussi nous observons les effets bénéfiques du modèle divin de la famille, la Trinité. Car dans la structure de la famille biblique, ces deux éléments aussi ressortent: ceux de l’unité et de la diversité. L’apport des enfants à la gestion de la famille ira en grandissant avec l’âge jusqu’au moment où l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme; et ils deviendront une seule chair. Ils établiront donc une nouvelle famille sur le modèle de base qu’ils ont reçu de leurs parents. Cette nouvelle branche de la famille, en se détachant du tronc patriarcal, s’ouvre à l’innovation. Et son attachement au modèle de base lui assure la continuité. Cette structuration complexe et cette diversité au sein du modèle biblique de la famille produisent une institution extraordinairement dynamique et flexible, capable d’agir en commun (les ordres doivent être suivis!) et dotée de la force nécessaire pour résister aux prétentions totalitaires des institutions plus larges de la société, qu’elles soient de nature politique ou religieuse.

J.-M.B.

N.D.L.R.: Nous terminerons cet exposé dans le numéro suivant de PROMESSES.

Notes
* Ce texte et celui qui suivra dans le prochain numéro constituent un chapitre dans le livre de Jean-Marc Berthoud à paraître prochainement aux Editions de l’Age d’Homme sous le titre «Foi chrétienne et politique»
1 Etude lue à l’occasion du Deuxième Congrès Mondial des Familles à Genève, du 14 au 17 novembre 1999.(N.d.l.r.: nous avons légérement écourté la partie A. de l’Introduction avec l’autorisation de l’auteur). Pour un exposé plus complet des thèses développées ici, voyez le livre de Jean-Marc Berthoud, L’Ecole et la famille contre l’utopie (L’Age d’Homme, Lausanne, 1997) en particulier sa première partie, qui traite spécifiquement de la famille.
2 Sur le thème du fondement biblique de la famille, je vous recommande la lecture de deux brillantes dissertations, très détaillées, sur l’application concrète des Dix Commandements: Pierre Viret, L’Instruction Chrétienne en la Loi et l’Evangile, qui pour la première fois depuis 1564 va bientôt être publié à nouveau en cinq volumes aux Editions de l’Age d’Homme, à Lausanne, et: Rousas John Rushdoony, The Institutes of Biblical Law, Vol. I, Presbyterian and Reformed, Philadelphia, 1973, Vol. II, Law and Society, 1982 and Vol. III, The Intent of the Law, 1999, tous deux publiés par Ross House Books (P.O. Box 67, Vallecito, California 95251).
3 Voir aussi les versets suivants: Mat 19.3-9, I Cor 6.16; Eph 6.31.
4 Voir entre autres les Psaumes 127 et 128.
5 Cette «égalité» spirituelle s’applique aussi à d’autres catégories sociales. Elle n’abolit pas les distinctions et hiérarchies créationnelles et sociales telles que celles que cite l’apôtre Paul entre hommes libres et esclaves, Grecs et Juifs, Chinois et Africains, soldats et officiers, enfants et parents, etc. Voir Gal 3.28 et Col 3.11.
6 Sur ce sujet vital, voyez l’enseignement du prophète Esaïe et notre étude: «L’Humanisme: la confiance en l’homme, ruine des nations. Ésaïe chapitre 3», dans Résister et Construire, No 41-42 1998 (Case postale 468, 1001 Lausanne, Suisse).
7 Voyez entre autres, Eph 3.14-15
8 Dans la société biblique, et en d’autres temps de l’histoire de la chrétienté, les esclaves étaient inclus dans la famille élargie, ou ménage.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)