Le réveil évangélique en Russie

Ce réveil, qui eut lieu en fin du 19e siècle, fut ainsi caractérisé par Joachim Muller: « Une percée de vraie vie évangélique, trop peu connue, qui se produisit à un point décisif de l’histoire de l’Eglise et de l’histoire mondiale. »

Comme d’autres mouvements du même genre, ce réveil remit en valeur les éléments essentiels du christianisme en revenant à la source.

1. Origines

Lord Radstock, un jeune noble anglais qui s’était converti en 1855 dans la guerre de Crimée où il avait été gravement blessé, devint un des promoteurs du réveil évangélique qui prenait de l’extension en Angleterre vers 1860. Une conviction prit racine dans son coeur: aller annoncer la nouvelle du salut en Russie! Aussi pria-t-il pour ce pays pendant des années.

A Paris, qu’il visitait souvent, il témoignait de sa foi auprès de connaissances dans des maisons privées. Il y rencontrait aussi des gens de la noblesse russe de passage à Paris. Une dame de la haute aristocratie apparentée à la maison impériale avait entendu parler de Lord Radstock; « cet original » lui étant antipathique, elle s’apprêtait un jour à partir avant une réception pour éviter de le rencontrer. Mais il arriva plutôt que prévu et ils eurent un long entretien. Très impressionnée par ce jeune homme qui n’avait rien du beau parleur, elle l’invita à Saint-Pétersbourg pour y faire part de ses convictions. Quand il reçut d’autres invitations semblables, il comprit que la porte de la Russie était ouverte pour lui.

Lord Radstock fit donc le voyage à Saint-Pétersbourg en hiver 1874, après des années de prière et d’attente. Sa prédication reposait entièrement sur la parole de Dieu. Non seulement il ne cherchait pas à captiver l’audience par un discours recherché, mais ne sachant pas bien le russe. il était obligé de s’adresser en anglais ou en français à des gens instruits appartenant généralement à la noblesse et qui fréquentaient une chapelle anglo-américaine. Certains d’entre eux commencèrent à s’ouvrir spirituellement, se repentirent, firent le pas de la foi en la rédemption par le sang de Christ et firent l’expérience de la joie résultant du salut trouvé.

2. Premières conversions

Quelques personnes s’étaient déjà converties, telles que la princesse Lieven mère, et le comte Korff, maître des cérémonies à la Cour, qui s’occupait déjà de la diffusion des Ecritures. D’autres avaient des ressentiments contre le prédicateur anglais, tels que le colonel Vassili Pachkof, ancien officier de la garde, homme du monde affable et immensément riche. Un soir que sa femme avait invité Lord Radstock chez eux, son mari dut l’entendre, bon gré mal gré, parler de ses expériences et de la joie du salut. L’entretien se poursuivit au salon après le dîner, ce qui déplut au colonel Pachkof; mais quel ne fut pas son agacement quand Lord Radstock proposa qu’on s’agenouille pour prier! Cependant, par politesse, il s’agenouilla aussi. Tout à coup, de façon totalement inattendue pour lui, il se rendit compte que ce qui avait été dit du fils prodigue le concernait personnellement: il était, lui, un fils prodigue, un pécheur perdu. Il comprit qu’à cause du sacrifice du Christ à la croix, Dieu lui accordait le pardon. Quand il se releva, Pachkof était un homme nouveau, racheté par le sang de Christ!

Vassili Alexandrovitch (c.-à-d. fils d’Alexandre) Pachkof commença maintenant à prêcher 1’Evangile en russe à un cercle sans cesse grandissant. Sa résidence sur le quai de la Néva devint un centre d’évangélisation où se pressaient pêle-mêle élégantes et cochers, riches et pauvres sur les chaises revêtues de soie. Les filles du colonel Pachkof, du comte Pahlen et de la princesse Galitzine avaient formé un choeur et interprétaient des chants de réveil.

Par la Parole proclamée avec clarté et une profonde conviction par Vassili Pachkof, le Saint-Esprit produisit des miracles de renouveau: des pécheurs se repentaient, des conversions eurent lieu, conversions qui opéraient une coupure entre « l’autrefois » et « le maintenant » et qui changeaient des vies, spectaculairement pour les uns, plus insensiblement pour les autres.

Pachkof visitait hôpitaux et prisons. Avec ses nombreux amis, il inaugura une série d’oeuvres sociales. Il y eut des cas de guérison par la prière et une possédée fut délivrée. Certaines conversions eurent du retentissement, notamment celles parmi les étudiants souvent révolutionnaires et nihilistes.

3. Progrès
Voici quelques flashes qui illustrent bien ce qui se passait alors:
– Le comte Bobrinsky, ministre des communications, entreprit de démontrer à Lord Radstock que la Bible était pleine de contradictions. Après quelque temps il confessa : « Chaque verset de la Bible que je citais pour appuyer mon argument devint une flèche contre moi. Maintenant, je suis né de nouveau. »
– La princesse Gagarine, ayant été convaincue par le tout est accompli de Jésus à la croix, se leva avec courage au milieu de connaissances et membres de sa famille pour répondre à un appel à la consécration.
– Une des conversions qui fit du bruit fut celle de la veuve du général Tchartkof, qui amena d’autres au Seigneur, dont une bohémienne qui se mourait à l’hôpital.
Plusieurs oeuvres virent e oui. Ainsi furent fondés une société de traités et un petit périodique, « Le travailleur russe ». De nombreux cantiques furent composés ou adaptés de l’anglais. Cela se passait sous Alexandre II, tsar tolérant qui était en contact avec les évangéliques et qui projetait une loi garantissant la liberté de conscience.
Grâce à l’orientation que sut donner Lord Radstock dès le début, les évangéliques russes sont restés fortement enracinés dans la parole de Dieu jusqu’à ce jour.

4. Conflits et opposition

Le réveil spirituel s’étendait non seulement à Saint-Pétersbourg, mais dans de nombreuses villes et en province. Le clergé de l’Eglise orthodoxe voyait avec déplaisir l’expansion de ce grand mouvement, où les prières aux saints et la vénération des icônes n’étaient plus pratiquées. Or en Russie, Eglise et Etat étaient profondément liés.

Le 1er Mars 1881 se produisit l’attentat qui coûta la vie au Tsar Alexandre II. Le gouvernement voyait des dangers partout et devint radicalement réactionnaire. Le jeune Tsar Alexandre III était sous l’influence du procureur du Saint-Synode, un grand ennemi du mouvement évangélique.

Pendant ce temps se produisirent, aux confins de l’immense Russie, des mouvements de réveil semblables, mais sous d’autres noms, et Pachkof rêvait d’une Alliance Evangélique qui les réunirait tous. Il loua un grand hôtel tout entier pour inviter des délégués de toute la Russie et paya les déplacements à ceux qui n’en avaient pas les moyens. Le 1er Avril 1884, près de cent délégués se réunirent, mais le troisième jour, ils furent tous arrêtés à la sortie par un important corps de police, enfermés dans la forteresse Pierre et Paul, puis renvoyés à leur lieu d’origine avec l’interdiction formelle de revenir. Le comte Korff, puis le colonel Pachkof furent convoqués par le ministre de la justice, pour les sommer d’arrêter toute activité religieuse, sous peine d’expulsion. Ne pouvant accepter cela, on leur donna deux jours pour quitter la Russie. Plus tard Pachkof mourut à Rome et Korff à Bâle.

En 1891, le ministre des cultes, Pobiedonostef, convoqua une grande conférence ecclésiastique à Moscou, tellement les autorités étaient alarmées devant les progrès rapides des hérésies baptistes, stundistes et « pachkovites ». Des statistiques prouvaient que sur les 41 diocèses, 28 étaient gravement « infectés » et que la « virulence de l’infection » était telle qu’elle dépassait la compétence du clergé. Y voyant un grave danger pour l’Etat, on imposa un code pénal dont je ne cite que l’article 196 « Celui qui répand les opinions des hérétiques ou dissidents ou les aide, sera puni de bannissement en Sibérie, Transcaucasie ou autres endroits éloignés de l’Empire.

On peut imaginer les persécutions, les emprisonnements, les transports inhumains, les camps en Sibérie, sans parler des tortures de beaucoup de ces « hérétiques ».

5. Des femmes qui portent le flambeau

A Saint-Pétersbourg, deux femmes continuaient avec un important groupe de croyants. La princesse Lieven mère reçut un jour la visite d’un adjudant général du tsar qui venait l’informer que le souverain ne désirait pas que les réunions continuent dans sa maison. La princesse parla très librement avec cet officier, que d’ailleurs elle connaissait, du salut en Christ et du bonheur d’être libéré, puis elle lui offrit un Nouveau Testament. Elle le chargea de demander à Sa Majesté à qui elle devait obéir en priorité: à Dieu ou à César ? La même démarche fut faite auprès de Mme Tchertkova, également veuve, et dont la résidence était un lieu de réunions évangéliques.

Quand on rapporta au tsar le résultat de ces démarches, il s’exclama: « On ne peut tout de même pas importuner ces deux veuves ! » C’est ainsi que les réunions chez elles continuèrent et même essaimèrent dans un autre quartier de la ville, où Mme Tchertkova avait fait transformer une villa en lieu de réunions.

Importunés par la surveillance de la police omniprésente, Kargel et Bobrinsky se retirèrent dans les provinces où ils continuèrent d’évangéliser. Quant aux réunions de Saint-Pétersbourg, elles se poursuivaient avec des frères qui, s’ils n’étaient souvent pas préparés, étaient brûlants de zèle.

6. Encouragements

Le passage de divers visiteurs encourageait et fortifiait les croyants, qui prenaient conscience de la grande communauté mondiale des rachetés.

Le Dr Baedecker, fameux évangéliste doté d’un flair de diplomate, obtint l’autorisation de visiter les croyants dans les prisons du Caucase et de la Sibérie, où il fit d’immenses voyages. Georges Muller, homme de foi bien connu, put lui aussi aller visiter et encourager les chrétiens persécutés.

La comtesse Hélène Chouvalof, épouse du chef suprême de la gendarmerie de l’Empire, était une femme originale. Croyante fervente, elle invitait des fonctionnaires supérieurs à dîner, dans le but de leur demander la grâce ou une réduction de peine pour tel ou tel croyant – et elle réussissait! En plus, elle organisait des réunions évangéliques au sous-sol de leur résidence, qui était donc celle du chef de la gendarmerie, alors qu’elles étaient strictement interdites…

7. Liberté religieuse de 1905

Suite à un soulèvement révolutionnaire de cette année, le Tsar Nicolas Il décréta la liberté de conscience. Ce fut en avril 1905 que, dans la grande salle de réunions de la princesse Lieven. un frère put donner lecture du manifeste accordant la liberté religieuse. Toute l’assemblée, les visages baignés de larmes de joie, se mit à genoux pour louer Dieu de ce cadeau si longtemps attendu.

C’est à cette époque que mon père était à l’oeuvre à Saint-Pétersbourg. Dans ses Mémoires, il raconte les événements extraordinaires de ces temps.

Rodolphe BRECHET

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)