Le repas du Seigneur

 

Il peut arriver à chacun de nous de nous réunir pour le repas du Seigneur avec un sentiment d’irréalité.
Nous obéissons à l’ordre du Seigneur, mais sans qu’il revête grand sens pour nous.
Nous ne ressentons rien de particulier et les silences sont davantage peuplés de pensées vagabondes que de pieuses méditations.

C’est pourquoi il est très important de revenir au fondement et d’exposer le sens du repas du Seigneur, ce qu’il représente, et quelle est sa place dans la vie du chrétien et de l’Église.

1. Le repas du Seigneur symbolise notre unité dans le seul corps de Christ

Paul introduit le repas du Seigneur en 1 Corinthiens 10 dans le contexte de la question des viandes sacrifiées aux idoles : est-il possible pour les chrétiens d’en manger ou non ? Or Paul ne veut pas qu’ils mangent de la nourriture offerte aux idoles, si c’est dans le cadre d’un culte idolâtre (1 Cor 10.14-22).
L’unique pain et l’unique coupe expriment notre unité de communion. Le premier sens du pain est de nous rappeler le corps de Jésus percé à la croix ; mais le N.T. parle aussi du corps de Christ comme symbole de l’Église. Ce texte lie les deux sens et fait ainsi un lien symbolique entre le pain et l’Église. Quand nous prenons le pain, nous témoignons donc que nous sommes un seul corps, une seule Église, tout comme le morceau de pain a été pris d’une seule miche.
C’est dans ce contexte que Paul en vient aux reproches accablants de 1 Corinthiens 11.17-22. Si, ailleurs dans l’Épître, Paul concède aux Corinthiens des points positifs, son langage ici est cinglant : « En donnant cet avertissement, ce que je ne loue point, c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires » (11.17).
« Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions — et je le crois en partie, car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous » (11.18-19). Paul reconnaît que les divisions dans l’église n’échappent pas à la souveraineté de Dieu et qu’elles ont un certain but, en mettant en évidence ceux qui sont des imposteurs. Néanmoins l’église reste responsable de démontrer son unité.
« Donc lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas du Seigneur ; car, quand on se met à table, chacun commence par prendre son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre » (11.20-21).  Pour comprendre ce texte, rappelons que le dimanche n’était pas chômé à l’époque et que l’église devait se réunir le soir. Les plus riches arrivaient les premiers avec un repas plantureux tandis que les esclaves arrivaient après, sans souvent avoir pu prendre à manger. Les divisions sociales étaient donc transférées dans l’église au moment même où aurait dû se vivre un moment fondamental d’expression de son unité.
D’où les reproches sévères de Paul : « N’avez-vous pas des maisons pour y manger et boire ? Ou méprisez-vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela je ne vous loue point. » (11.22) « Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu’un a faim, qu’il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour attirer un jugement sur vous. » (11.33-34). Le repas du Seigneur n’est pas le moment de se mettre en valeur, ou de satisfaire ses appétits physiques, mais le moment de démontrer notre unité.
Aujourd’hui, le contexte a changé : nous arrivons tous plus ou moins à l’heure et personne n’apporte un copieux repas. Mais ne nous arrive-t-il pas parfois d’apporter nos divisions, nos hiérarchies, nos antipathies, nos tensions ? Au moment même où nous rappelons que nous, des pécheurs devant Dieu, sommes par la grâce de Dieu un seul corps, nous mettrions toutes ces dissensions sous le tapis et cet acte d’unité deviendrait une hypocrisie ?
Alors que nous mangeons et buvons ensemble, c’est le moment d’affirmer notre unité, de confesser notre arrogance, de nous aimer les uns les autres.

2. Le repas du Seigneur nous rappelle la mort de Jésus

« Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez » (11.23-25).
Vous savez aussi bien que moi que la signification précise du repas du Seigneur a fait l’objet d’amères querelles au cours de l’histoire de l’Église. Il est cependant clair que l’accent est mis avant tout sur le souvenir de la mort de Christ. Je suis persuadé que l’une des raisons pour laquelle le Seigneur, dans sa grande sagesse, a donné cet acte si simple est qu’il a vu que l’Église serait inévitablement occupée de multiples sujets qui, si légitimes soient-ils, éloigneraient les chrétiens de l’essentiel. Au cours d’une année, il est nécessaire d’enseigner l’église locale sur les grandes doctrines chrétiennes ; il faut s’occuper du bâtiment, de l’administration de l’église ; il est indispensable de prendre soin des relations entre les membres, etc. Ainsi la vie d’une église peut être tellement occupée qu’elle ne consacre que quelques minutes pour méditer sur la mort du Fils bien-aimé de Dieu. Alors par ce simple geste, Jésus nous ramène au centre : « Faites ceci en mémoire de moi. » Dans un sens, il est triste qu’il doive le formuler ainsi : pourrions-nous l’oublier, lui ? Comment pourrions-nous ne pas être touchés par l’amour de Dieu quand nous nous souvenons de Jésus et de sa mort ?

3. Le repas du Seigneur est le sceau de la nouvelle alliance

Tant chez Luc que chez Paul, ces mots sont ajoutés : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » (11.25). À travers ces simples mots se profile tout un pan de théologie biblique : l’ancienne alliance a été remplacée par la nouvelle ; la loi de Dieu est écrite sur nos cœurs, dans le langage de Jérémie ; Dieu nous a donné un nouveau cœur, dans le langage d’Ézéchiel ; l’Esprit est répandu sur toute chair, hommes et femmes, jeunes et vieux, dans le langage de Joël.
Quelle joie : nous participons à la nouvelle alliance ! Dieu est fidèle à son alliance et il ne peut rompre ses engagements, scellés par la mort de Christ. C’est pourquoi Paul peut dire : « Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Phil 1.6)..

4. Le repas du Seigneur a une fonction d’évangélisation

« Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (11.26). Le verbe « annoncer » est celui que Paul utilise habituellement pour prêcher, évangéliser, proclamer. Pourtant, pouvons-nous penser, le repas du Seigneur est destiné aux chrétiens et les non-croyants en sont exclus ; mieux vaut programmer des réunions spécifiques à leur intention. La vision du N.T. est différente : des non-croyants étaient présents dans tous les types de rassemblements, y compris le culte avec cène. Cela ne signifie pas qu’ils la prenaient, mais le repas du Seigneur peut et doit avoir une fonction d’évangélisation.
Un de mes amis, pasteur d’une église où passent de nombreux non-croyants introduit le moment du repas du Seigneur ainsi : « Le moment que nous allons vivre va vous paraître sans doute un peu étrange. Nous allons prendre un peu de pain et le manger en même temps ; nous allons prendre un peu de vin et le boire ensemble. Nous le faisons, parce que Jésus nous a demandé de le faire. Ce n’est pas un cérémonial magique ou une potion de vie éternelle. Nous le faisons, parce qu’il est fondamental pour nous de revenir régulièrement à la mort de Jésus et à sa signification. » Puis, très simplement, il explique les bases de l’Évangile. Il conclut : « Si vous n’êtes pas chrétien, ce serait un blasphème que d’y participer ; mais en nous observant, nous les chrétiens, prendre ces éléments, non parce que nous serions meilleurs mais parce que nous nous savons pardonnés par Christ qui a donné sa vie pour nous, vous voyez concrètement l’Évangile, la bonne nouvelle du salut. »

5. Le repas du Seigneur est une anticipation temporaire

« Vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (11.26b). Nous ne continuerons pas à prendre le repas du Seigneur pendant l’éternité. Lorsque les nouveaux cieux et la nouvelle terre paraîtront, plus personne ne prendra la cène.
Les anciens Juifs, en célébrant la Pâque (qui a de nombreux liens avec le repas du Seigneur), avaient l’habitude de dire : « l’année prochaine à Jérusalem ». Ils avaient été dispersés sur la surface de la terre et regardaient à la fois en arrière pour célébrer la sortie d’Égypte et en avant vers l’établissement du royaume de Dieu à partir de Jérusalem. Les chrétiens, eux aussi, regardent en arrière vers la croix de Christ et en avant vers le retour du Seigneur. Car notre but ultime n’est pas de nous réunir autour de la table du Seigneur pour commémorer sa mort mais, sur la base de sa mort, d’être tous dans la présence même du Christ ressuscité sur une terre renouvelée au temps du banquet messianique, pour toujours. Chaque participation au repas du Seigneur est une anticipation du moment où nous le verrons face à face.

6. Le repas du Seigneur est une occasion de s’examiner soi-même

« C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur » (11.27). Quand le texte emploie le mot « indignement », cela ne signifie pas que nous soyons dignes ou indignes par nous-mêmes, mais il concerne la manière dont nous nous approchons. C’est un adverbe qui décrit la façon dont nous venons et non un adjectif qui désignerait ce que nous sommes. Évidemment, nous sommes indignes : c’est pour cela que Christ est mort ! S’approcher de façon « digne » n’implique en rien qu’il y aurait quelque bonté intrinsèque en nous ; mais comment pourrions-nous nous souvenir que Jésus a dû mourir pour nos péchés tout en cultivant le péché en nous ? Comment me souvenir que Jésus a dû payer pour ma rancœur quand je cultive de la rancœur ? Comment me souvenir que Jésus a souffert pour mon égoïsme alors que je me centre sur moi-même ?
Nous sommes des pécheurs indignes mais pardonnés, qui ont reçu le droit de s’approcher du repas du Seigneur mais qui n’ont pas le droit de nourrir des péchés dans leur vie. Il est blasphématoire de prendre les éléments qui pointent vers le corps et le sang du Seigneur, signifiant par-là que nous acceptons son pardon, et de tolérer des habitudes pécheresses que nous refuserions de reconnaître et d’abandonner. La cène est une opportunité pour s’examiner soi-même : « Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (11.28).

7. Le repas du Seigneur nous avertit du jugement de Dieu

« Celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (11.29-32).
Paul écrit qu’un certain nombre de maladies et même un certain nombre de décès dans l’église de Corinthe ne sont rien d’autres que le jugement explicite de Dieu sur ceux qui osent s’approcher de la table du Seigneur avec tant de légèreté. Dieu prononce des jugements temporels pour purifier son Église afin qu’elle ne soit pas condamnée avec le monde. Je sais que ce langage nous effraye aujourd’hui. Insistons sur le fait que toute maladie, encore moins tout décès, n’est pas la conséquence directe d’une désobéissance (comp. Jean 5.14 et 9.3). Mais cela n’écarte pas totalement cette possibilité. Et si j’osais, je dirais que de tels jugements sont le signe de la miséricorde et de la puissance de Dieu dans l’Église et que leur absence est plutôt le signe que Dieu s’est terriblement éloigné puisqu’il laisse faire.
Un de mes professeurs avait commencé comme pasteur d’une église de campagne, dont les membres étaient là avant tout par tradition et dans laquelle la cupidité, l’immoralité sexuelle et la cruauté s’étalaient. Après avoir prêché pendant des mois, il était complètement découragé ; toute mesure de discipline était impossible car les plus pécheurs étaient au pouvoir. Alors, pendant trois mois, il a prié chaque jour en pleurant le Seigneur qu’il le retire de cet endroit et envoie quelqu’un de plus capable de faire face à la situation ou sinon qu’il purifie l’église. Et dans les trois mois qui suivirent, sur 200 membres, il y eut 34 décès et l’année suivante il baptisa 200 personnes. Je ne suggère pas que nous fassions monter de telles prières trop vite… Mais le Seigneur aime son Église et il s’élève contre quiconque veut la détruire.
Alors examinons-nous pour abandonner nos péchés — péchés par commission, péchés par omission, péchés dans nos pensées, péchés dans nos paroles, pour aller nous repentir auprès de ceux que nous avons offensés. Et ensuite approchons-nous, joyeusement et librement, du repas du Seigneur pour nous souvenir de la mort de Jésus, la base de toutes nos bénédictions présentes et futures.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)