Le point central de la Bible (Romains 3.21-26)

Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a point de distinction. Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a destiné à être, par son sang pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience ; il montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus.       (Romains 3.21-26)

Martin Luther décrivait ce passage comme « le thème principal et le point central de l’Épître aux Romains et de la Bible tout entière » [note]Commentaire sur Romains 3.23 inscrit dans la marge de sa Bible.[/note].

Ce paragraphe fait immédiatement suite à une longue section (1.18-3.20) dont le but principal consiste à démontrer que tous,Juifs et Grecs, encourent la juste colère de Dieu : nous sommes donc tous condamnés. L’argument que Paul avance entre profondément en conflit avec la pensée moderne. Le message le plus difficile à communiquer aujourd’hui est ce que la Bible dit à propos du péché. Ce mot amuse et n’a plus aucune connotation de honte. Notre culture contemporaine façonne de mille façons l’idée que le péché est quelque chose que chacun a le droit de définir, que ce soit sur le plan personnel ou collectif. Ce qui est péché pour un groupe donné ne l’est pas pour un autre.

À n’en pas douter, le péché est une réalité sociale qui se répercute sur les autres. Mais le mal que nous avons commis n’a pas qu’une dimension horizontale ; la nature du problème est le fait que nous avons offensé Dieu. En conséquence, notre plus grand besoin pour être sauvés est de trouver un moyen par lequel nous pouvons être réconciliés avec Dieu.

Pour ce qui est d’être à la hauteur des normes morales divines, Paul déclare que personne ne les respecte parfaitement. Même lorsque nous faisons du bien, nous agissons le plus souvent indépendamment de Dieu parce que nous nous plaçons au centre de l’univers. Tous les maux qui ont souillé les sombres couloirs de l’histoire humaine résultent de cet insatiable désir d’indépendance. Tout vient de ce que je me dis :« C’est moi qui suis Dieu. »

Pour Dieu, l’idolâtrie est une offense suprême et grave qui dénature et rabaisse son être. Chaque fois que nous commettons un péché, Dieu est la personne que nous offensons le plus.

Si nous n’arrivons pas vraiment à reconnaître l’état de perdition dans lequel nous gisons en tant qu’êtres humains, nous aurons beaucoup de mal à comprendre la suite du passage.

Ce court texte (3.21-26) traite la question de savoir comment un homme peut être regardé juste aux yeux du Dieu saint, sachant à la lumière de la section précédente que sa condition est misérable.

  1. La justice de Dieu manifestée en Christ est directement liée à l’alliance de l’Ancien Testament (3.21)

Paul introduit son argumentation par les mots : « Mais maintenant ». À quel changement Paul fait-il référence ? Selon une opinion courante (bien que fausse), le Dieu de l’A.T. serait un être sévère et courroucé, « mais maintenant », dans le N.T., il fait particulièrement preuve d’amour et de bonté. Cette opinion est une grave erreur :

  1. Bien que l’A.T. renferme de nombreuses manifestations de jugement, nous y trouvons aussi une abondance d’expressions de bonté, de générosité, d’amour et de grâce de la part de Dieu (cf. Ps 103.8,9,13,14).
  2. Ce point de vue fait fi des textes du N.T. qui parlent de la colère divine. Il est vrai que Jésus enseigne de tendre l’autre joue, mais les descriptions les plus frappantes de l’enfer viennent de sa bouche même. Dans l’A.T., les manifestations de la colère de Dieu sont de nature temporelle et sont décrites principalement en termes historiques. Les images du N.T. sont présentées essentiellement en termes eschatologiques et apocalyptiques. Comme la plupart des gens ne croient pas vraiment que ces images reflètent une quelconque réalité, on n’éprouve aucune frayeur en les lisant. Notre culture est axée avant tout sur l’instant présent. Nous redoutons davantage les jugements temporels (vieillesse, maladie, guerre, …) que le jugement dernier. Le N.T. amplifie les deux thèmes de la colère et de l’amour de Dieu. La croix manifeste de manière extraordinaire l’amour de Dieu, mais elle révèle tout autant sa colère contre le péché.
  3. L’argument de Paul est le suivant : dans l’histoire du salut, avant l’événement de la croix, le peuple de Dieu était sous la loi de Moïse ; en vertu des dispositions de l’ancienne alliance, il était impossible de concevoir la justice de Dieu indépendamment des nombreuses règles constitutives de cette ancienne alliance. « Mais maintenant » la même justice de Dieu se manifeste d’une manière différente, en dehors de cette alliance de la loi.

Toutefois, même si la justice de Dieu se manifeste « sans la loi », elle est « attestée dans la loi et les prophètes ». L’A.T. annonçait et prophétisait la venue de Christ et son œuvre. La nouvelle alliance est l’accomplissement de l’ancienne (cf. 1 Cor 5.7 ;Héb 9-10).

  1. Tous les êtres humains, sans distinction de race ou de nationalité, ont accès à la justice de Dieu moyennant la foi (3.22-23)

Le verset 22 comprend une répétition :« foi » et « croient » qui ont la même racine grecque. Pour mieux saisir, traduisons ainsi : « la justice de Dieu par la confiance en Jésus pour tous ceux qui se confient en lui ». Pourquoi Paul se répète-t-il ? La raison se rattache au mot « tous » : tous sont sous l’empire du péché, tous sont condamnés, tous ont besoin de la justice de Dieu. La seule façon dont la « justice de Dieu » peut remédier à toute l’ampleur du besoin universel de salut, est d’être disponible à tous, sans distinction de nationalité, mais à la condition qu’ils croient. C’est ce principe qui constitue en partie la nouveauté de la « nouvelle alliance ».

En tant que chrétiens, nous sommes sans doute habitués à cette vision universelle de la grâce de Dieu. Mais nous avons besoin d’en ressentir à nouveau le merveilleux. Tous sont à la fois condamnés et rachetables.

Comment cette réalité nouvelle se traduit-elle concrètement ? Si le voisinage est pluriethnique, idéalement, il faudra sans doute faire en sorte que cette diversité ethnique se voie nettement dans l’assemblée : une communauté de croyants différents, qui forment pourtant une incroyable union et unité en Jésus-Christ. Cette profonde universalité doit transcender nos goûts personnels sur le plan de la musique, de la nourriture ou de l’habillement. Elle doit déborder des considérations sociales, nationales, économiques, intellectuelles ou autres.

Le même principe doit aussi orienter notre évangélisation. Jésus lui-même n’enseigne-t-il pas qu’il n’y a aucun mérite à être l’ami de ceux qui nous ressemblent, que même les non-croyants en sont capables ? Nous avons besoin du secours de la grâce divine pour transcender ce genre de limitations.

  1. La source de la justice de Dieu découle du don de Jésus-Christ comme victime propitiatoire pour nos péchés (3.24-25a)

Deux termes méritent une explication un peu plus détaillée :

La rédemption

À notre époque, un tel mot appartient au vocabulaire religieux. Dans l’Antiquité, la notion de rachat (ou de rédemption) était courante. On la trouve amplement dans la Bible et dans le monde gréco-romain on « rachetait » fréquemment des esclaves. À l’époque, beaucoup étaient réduits à l’esclavage parce qu’ils avaient fait faillite. Si vous perdiez tout ce que vous aviez emprunté, vous deviez vous vendre et devenir l’esclave de quelqu’un. Mais un « rédempteur »pouvait payer le prix de votre rachat via un temple païen qui prélevait un petit pourcentage. L’esclave racheté devenait la propriété de la divinité du temple. Cet artifice juridique permettait de déclarer qu’une personne conservait son statut d’esclave tout en étant affranchie de l’esclavage dans le domaine humain. Au moyen de cette terminologie, Paul déclare que les chrétiens ont été rachetés de l’esclavage du péché et, de ce fait, sont devenus les esclaves de Jésus-Christ (6.16-19).

Paul n’a pas encore expliqué comment cette rédemption s’opère. Quel que soit le prix du rachat, il n’est certainement pas payé littéralement au péché. La réponse est la propitiation.

La propitiation

La propitiation est l’acte par lequel une personne (en l’occurrence Dieu) devient propice ou favorable à quelqu’un.

Dans le paganisme ancien, les hommes devaient rendre propices les dieux capricieux. Par exemple, avant de voyager en mer, on offrait un sacrifice propitiatoire à Neptune dans l’espoir qu’il permettrait de voyager en toute sécurité.

Dans la Bible, le péché est d’abord et avant tout une offense infligée à Dieu. Certes, il doit être effacé : c’est le but de l’expiation. Mais le Dieu qui a été offensé doit aussi obtenir satisfaction : c’est le rôle de la propitiation. C’est pour cela que le premier commandement consiste à aimer Dieu de tout son être. Nous le violons chaque fois que nous enfreignons n’importe quel autre commandement. Si vous fraudez le fisc, trompez votre conjoint, etc., c’est toujours Dieu qui est la partie la plus offensée. Le péché revêt un caractère si exécrable parce qu’il est une offense contre lui.

La Bible présente un Dieu qui se dresse face à nous avec un regard à la fois de colère (qui est le résultat inévitable de la confrontation de sa sainteté avec notre péché) et d’amour (non parce que nous en sommes dignes ou que nous sommes aimables, mais parce qu’il est un Dieu qui aime).

Une différence fondamentale sépare cependant la propitiation du paganisme et celle du christianisme. Dans la première, un être humain offre une victime propitiatoire en sacrifice afin de se rendre une divinité favorable. Dans la seconde, Dieu le Père offre Jésus comme victime propitiatoire afin de se rendre lui-même favorable. Il est donc à la fois l’agent et l’objet de la propitiation : il pourvoit lui-même au sacrifice, de manière précisément à détourner sa colère de nous. Dieu le Père est ainsi celui qui offre la victime propitiatoire et celui pour qui elle est offerte et Dieu le Fils est lui-même la propitiation offerte. Dieu envoie donc par amour son Fils comme victime pour nos péchés afin de détourner sa colère de nous.

  1. La justice de Dieu se manifeste par le moyen de la croix de Christ (3.25b-26)

Dieu n’a pas destiné Christ comme victime propitiatoire d’abord et avant tout pour nous sauver ou prouver son amour. Il l’a fait « afin de montrer sa justice ». La justice divine se met en œuvre en Christ, lequel porte notre malédiction et la peine de nos péchés en son propre corps sur le bois. Pour cette raison, les chrétiens disent que la colère de Dieu est satisfaite. Cette expression ne signifie pas que, dans son ciel, Dieu arbore un air béat et repu, mais que les exigences de sa sainteté sont remplies par le sacrifice de son propre Fils. Il rend la justice tout en justifiant l’impie (4.5). C’est le point central de l’Évangile.

La propitiation est ce qui lie ensemble toutes les analogies bibliques qui servent à décrire la croix. Par exemple, la croix nous réconcilie avec Dieu. Pourquoi devons-nous être réconciliés ? Parce que nos péchés nous ont séparés de lui. Cette séparation est causée par la justice de Dieu, laquelle condamne nos péchés. Notre péché nous sépare de lui. Rendre Dieu propice malgré notre péché permet donc de nous réconcilier avec Dieu.

La description d’un Dieu qui destine son Fils à être une victime propitiatoire ne constitue pas un exemple de « violence cosmique faite à un enfant » : Dieu maltraitant son propre fils[note]Opinion de S. Chalke et A. Mann qui rejettent les notions de substitution pénale et de sacrifice propitiatoire.[/note]. Ne pensons pas que le Père soit en conflit contre Christ, assouvissant sa colère sur lui. Dieu prouve son amour en voyant Christ. Cette intervention s’inscrit dans la nature même de l’incarnation et du mystère de la Trinité. Le Père souffre de perdre son Fils, mais il le fait par amour pour son peuple. Le Fils, quant à lui, prouve son amour envers nous en obéissant à la volonté de son Père et en se conformant à son plan merveilleux.

La croix est le lieu où la colère et la miséricorde se conjuguent, où la sainteté et la paix s’embrassent. La croix est le moment le plus fort de l’histoire de la rédemption. Par la croix Dieu manifeste sa colère sur lui-même : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même » (2 Cor 5.19). Voyons-nous comme les objets de l’amour profond de Dieu, déclarés justes par Dieu lui-même, parce qu’il a offert son Fils Jésus à la croix comme victime propitiatoire pour nos péchés.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)