Le phénomène musique

Si le titre peut surprendre, de prime abord il n’en deviendra que plus significatif au fur et à mesure que vous avancerez dans le développement que je vous propose, pour autant qu’il soit entendu que phénomène désigne ce qui se manifeste soit à la conscience par l’intermédiaire des sens (domaine de la physique), soit à la sensibilité affective (domaine du psychisme). A la fin de notre voyage dans le royaume de la musique, vous saurez mieux apprécier à quel point la musique est une de ces « perfections invisibles de Dieu qui se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde », pour emprunter à l’apôtre Paul ces paroles écrites aux croyants de Rome il y a près de deux millénaires; ce qui est valable pour l’oeil l’est aussi pour l’oreille.

Je n’ai évidemment aucunement la prétention de faire, en quelques pages, le tour du problème que soulève le phénomène musique. Aussi aimerais-je solliciter l’indulgence des musicologues professionnels et des amateurs avisés qui pourraient déplorer, dans mon article, l’absence de certains faits, de certains noms qu’ils auraient jugés essentiels. On voudra bien excuser le côté vulgarisateur de mon exposé: tout le monde n’est pas versé en matière musicale.

Le problème de la musique en tant que phénomène psychique a commencé à me préoccuper lors de mon séjour en Afrique équatoriale voilà bientôt trente ans. Comment, me disais-je, est-il possible que des Africains qui ne connaissent que la musique monophonique rythmée à gamme réduite (4 ou 5 tons) puissent goûter la musique polyphonique classique d’un Bach, Haydn, Mozart, sans avoir reçu la moindre initiation à cette musique qui, pourrait-on penser, doit leur être fermée? Certains de mes élèves africains en étaient arrivés à jouir de la musique classique à tel point que j’organisais de véritables petits récitals chez moi, mon piano tropique étant le seul moyen d’expression à ma disposition (il n’y avait pas encore de transistors en ce moment-là). J’ajouterai tout de suite que dès que je leur jouais les romantiques du 19e siècle, ils perdaient tout intérêt, sauf pour quelques pièces de Beethoven. Comme j’étais alors ignorant de certains faits avec lesquels je me propose de vous familiariser, les raisons de ce comportement m’échappaient. Par la suite, ces faits m’ont fait comprendre que la musique tonale, qui a trouvé son apogée dans le classicisme occidental, s’inscrit dans la condition humaine. Elle est donc indépendante des races et des cultures. On entend par musique tonale la musique qui est organisée selon les principes de la tonalité, où l’harmonie et la mélodie sont réglées par l’obligation de respecter un ton principal. Ainsi, une symphonie en la mineur est soumise aux lois inhérentes à cette tonalité.

Or il existe des musiques qui sont étroitement liées à des cultures ou à des races, musiques qui ne sont pas forcément goûtées ou comprises par des gens d’autres races ou cultures. Cependant, elles s’inspirent du même matériel tonal, ce qui expliquerait en partie pourquoi la musique classique tonale est accessible à des gens ne connaissant qu’une musique rudimentaire. Ils ressentent d’ailleurs la musique tonale de la période classique comme supérieure à la leur, aussi bien en tant que source de joie qu’absolument, pour autant qu’ils soient susceptibles de jouir de la musique tout court. Car, il ne faut jamais l’oublier, il y a des individus imperméables à la musique, soit par déficience organique (comme les daltoniens en ce qui concerne les couleurs), soit par constitution psychique.

On peut maintenant se poser la question d’où vient cette universalité de la musique tonale telle que je l’ai définie plus haut?

La première constatation qui me fit entrevoir une réponse à cette question, je la trouvai dans le livre d’Ernest Ansermet, « Les fondements de la musique dans la conscience humaine ». Ansermet, qui avait fait des études de mathématiques et de physique, qu’il enseigna pendant plusieurs années au gymnase classique de Lausanne, découvrit que le limaçon, cette partie en spirale de l’oreille interne humaine, est construit sur le logarithme 12.

Nous savons tous que la gamme tonale est constituée à partir d’une succession de 12 demi-tons. Mis en relation avec la découverte d’Ansermet, cela peut déjà paraître significatif. Mais cela le devient infiniment davantage du moment où l’on étudie les relations entre les tons de la gamme.

Les sons que nous percevons par notre oreille sont des vibrations transmises par le moyen de l’air. Ces vibrations, dont la fréquence par seconde varie considérablement, sont mathématiquement mesurables. Ansermet, ce mathé­maticien-musicien, montre la présence secrète d’une relation logarithmique dans la musique ce qui explique pourquoi, au sein de la conscience musicale, on ressent quelque chose de mathématique. Pour démontrer cette relation, il suffit de faire les réflexions qui suivent. (Que les lecteurs réfractaires aux mathématiques veuillent se reporter directement à la conclusion au para­graphe suivant).

Le nombre de vibrations par seconde (la fréquence) d’un ton donné est le double à l’octave supérieure de ce ton. Ainsi, si le la (troisième corde du violon) a une fréquence de 432, le la’ (octave supérieure) en a une de 864. La relation est arithmétique: 432+432=864 (addition). D’autre part, pour la conscience musicale (comme dit Ansermet), la quarte (quatrième ton de la gamme: re’ dans notre cas) et la quinte (cinquième ton: mi’), s’additionnent pour constituer une octave. Or, si l’on tient compte de la fréquence de la quarte (576) et de celle de la quinte (648), on constate que la fréquence de la quarte est 4/3 du la (432), et la fréquence de la quinte est 3/2 du même la; mais la multiplication (4/3 fois 3/2) donne 2 (relation géométrique), tout comme le rapport des 2 sons de l’octave (la et la’), qui peut s’exprimer par une addition dont le résultat est également 2 (1+1=2, simplification de 432+432=864).

Lorsqu’il y a correspondance, pour les mêmes chiffres, entre une série arithmétique et une série géométrique, comme c’est le cas ici, on parle d’une relation logarithmique. Ansermet en conclut que l’expérience musicale se laisse donc interpréter comme une structure logarithmique. Comme d’une part le limaçon de l’oreille humaine est construit sur le logarithme 12, et que d’autre part la fréquence des sons mise en relation avec la conscience musicale aboutit à une relation également logarithmique, on peut concevoir que deux ou un ensemble de sons émis en même temps seront ressentis comme une harmonie, créatrice de bien-être psychique, s’ils sont en relation logarithmique basée sur le chiffre 12. Voilà donc pourquoi tous les hommes de toutes races ont la capacité de jouir de la musique basée sur le système tonal que nous connaissons tous.

Si nous acceptons ce que la Bible nous dit, à savoir que Dieu a créé l’homme pour le placer dans une nature qu’il avait créée à son intention, nous devons conclure que le système tonal capable de former des harmonies qui réjouissent le coeur de l’homme, n’a pas été inventé, mais qu’il a été créé par Dieu et qu’il existe au même titre que la lumière, l’air et d’autres phénomènes naturels.

Dans ce contexte, la constatation qui a été faite par Alexandre Dénéréaz dans son livre « La gamme, ce problème cosmique » (Hug u. Co. Zürich) prend toute son importance. Mais avant de la communiquer, il y a lieu de rappeler quelques données astronomiques.

Des neuf planètes qui tournent autour du soleil, seul Pluton, la plus éloignée, ne se trouve pas sur le même plan elliptique, et de ce fait n’entre pas dans les considérations qui vont suivre. On peut calculer avec précision la distance moyenne de chaque planète du soleil. La distance terre-soleil étant 1, les distances entre le soleil et les quatre grandes planètes (Neptune, Uranus, Saturne et Jupiter), se situent, en gros, entre 30 et 5, et celles des petites planètes (Mercure, Vénus, Terre et Mars) entre 1/3 et 1,5.

Une fois de plus, que le lecteur qui trouve les détails d’ordre mathématique par trop ennuyeux se reporte directement à la conclusion. Je tiens à avertir que ce qui suit est rudimentaire, mais je puis espérer que ce sera suffisant pour comprendre comment Dénéréaz est arrivé à sa conclusion. L’idée principale consiste à comparer la distance des planètes du soleil aux distances des tons de la gamme sur une corde d’une longueur donnée. Grâce au résonateur acoustique de Hermann Helmholtz (19e siècle), sur lequel une corde de 100cm est tendue et accordée à do, on peut constater que, dans l’accord parfait majeur, les intervalles entre do-mi et mi-sol (mesurés en mm) forment entre eux une section d’or, aussi nommée « divine proportion », dont le rapport est de 618 sur 1000. Cela donna à Dénéréaz l’idée de faire intervenir la section d’or pour les distances des planètes du soleil. Il constata alors que ces distances sont exactement proportionnelles aux distances entre les tons de la gamme.

Sur le diagramme qui suit, les chiffres se trouvant sous les planètes représentent les distances de celles-ci du soleil. Les chiffres se trouvant entre les planètes représentent la différence entre leurs distances du soleil, chiffres qui correspondent exactement aux distances proportionnelles entre les tons de la gamme!

Tout comme le soleil est symbole de vie et de transformation, ainsi le fa dièse permet la modulation de la tonale à la dominante (de do à sol), ce qui peut se répéter en passant par les 12 tonalités. Sans soleil, pas de dynamisme: sans fa dièse, pas de modulation tonale, donc pas de dynamisme non plus.

Un calcul du même genre, dont je vous dispenserai, s’applique aux quatre petites planètes, à ceci près que la corde doit avoir la longueur de la section d’or de celle du résonateur de Helmholtz, donc 61,8cm, pour que les proportions entre les planètes et les tons de la gamme soient identiques. Mais alors que les distances entre les quatre grandes planètes s’accordent avec les distances entre les tons de la gamme du mode lydien (majeur), les mêmes données concernant les quatre petites planètes correspondent aux modes dorien (mineur), à savoir do-si bémol la bémol – sol (Mars – Terre -Mercure – Soleil) et phrygien (neutre), à savoir do – si bémol – la – sol (Mars -Terre – Vénus – Soleil).

Comme il est absolument impensable que ces corrélations mathématiquement mesurables et donc prouvables, entre le système des planètes et le système tonal, puissent être le jeu du hasard, on arrive à cette conclusion inéluctable: Le système tonal de la musique est conditionné par les distances des planètes du soleil. Il s’agit donc bien d’un phénomène cosmique, de là le titre du livre d’Alexandre Dénéréaz. Mais il en découle alors un autre fait significatif: On ne peut pas davantage changer le système des harmonies naturelles que l’on peut changer la distance des planètes par rapport au soleil.

Que n’enseigne-t-on pas ces merveilles aux élèves de nos écoles? Craindrait-on qu’ils s’inclinent devant Dieu, le Créateur de l’univers, pour l’adorer?

Dans le livre d’Ernest Ansermet cité au début, il y a un chapitre intitulé « Phénoménologie de Dieu ». Jean-Claude Piguet, dans son petit livre sur « Ernest Ansermet et les fondements de la musique » (Payot Lausanne), dit très justement que « Dieu est le centre caché du livre » d’Ansermet, et « qu’à partir de Dieu s’amorce le mouvement descendant qui conduit à la constitution, dans la conscience, des formes musicales ». Et plus loin cette phrase capitale: « Seul le christianisme, pour Ansermet, a permis à la musique occidentale d’accéder à sa vérité éthique« .

(à suivre)

Jean-Pierre SCHNEIDER

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)