Le phénomène de la musique (2)

      Il convient à présent de citer un livre qui, pour être intéressant, doit pourtant être abordé avec beaucoup de réserve. Il s’agit de « La prophétie musicale dans l’histoire de l’humanité » d’Albert Roustit (éd. Horvath), qui stipule que l’évolution de la musique correspondrait à la progression de l’histoire humaine, et même à la progression de la révélation du plan de Dieu par rapport à l’humanité. Faire de l’histoire de la musique une « prophétie » en rétrospective paraîtra évidemment suspect, puisque le propre de la prophétie est de prédire ce qui va se passer avant que cela n’arrivent, et non après. Aussi pourrait-on tout au plus parler d’une coïncidence remarquable, à tel point d’ailleurs qu’il vaut à peine de s’y arrêter un peu.

      En fait, ce qui se dégage du livre de Roustit, c’est qu’on peut constater un certain parallélisme entre L’épanouissement de la musique et la révélation de Dieu dans l’histoire. C’est étonnant, il est vrai. Examinons cela de plus près, mais non sans avoir fait quelques réflexions préliminaires.

      L’homme fut créé parfait par Dieu, la Bible nous l’affirme d’emblée. Créé à l’image de Dieu, le premier couple avait donc, entre autre, une compréhension parfaite de la musique. Le péché intervenu plus tard a entraîné la discorde dans tous les domaines, et la discordance aussi dans la musique. Comme le disent Georges Salet et Louis Laffont dans « L’évolution régressive » (éd. franciscaines Paris) : « Ce n’est pas l’animal qui est devenu progressive­ment homme », mais il y a eu dégénérescence vers l’animalité. L’homme avait perdu de sa perfection, aussi bien dans le domaine moral que dans celui de la connaissance. IL a dû redécouvrir peu à peu quantité de trésors, dont celui de la musique.

      Dans son livre, Roustit prend l’emploi successif des harmoniques comme base pour tracer le parallélisme énoncé plus haut. De quoi s’agit-il ? On dit qu’un son est harmonique quand sa fréquence est un multiple entier de celle d’un son de référence. Si, par exemple, ce dernier est un do, le do’ (une octave plus haut) en sera un harmonique, car sa fréquence est le double de celle du do. Vous pouvez facilement en faire l’expérience sur un piano. Appuyez lentement mais à fond sur une touche du clavier, sans faire frapper le marteau, puis frappez courtement une touche une octave plus bas, et vous entendrez vibrer les cordes de la première touche que vous tenez enfoncée. Vous pouvez aussi faire sonner une quinte : Abaissez la touche du sol, puis frappez celle du do, et vous entendrez le sol. Plus la distance entre l’harmonique et le son de base est diminuée, plus il devient difficile d’entendre l’harmonique. La tierce (mi – sol) s’entend encore bien, mais la septième (si bémol – do’) et la neuvième (ré – mi’) sont moins audibles. Cependant, sur le résonateur de Helmholtz déjà mentionné, il est possible de les entendre parfaitement.

      Comme il y a 12 tons à la gamme, les harmoniques s’épuisent avec le 12e, même si, théoriquement, il y en aurait davantage. J’espère ne pas trahir la pensée de Roustit en la résumant comme ceci : Au cours des siècles, les harmoniques sont successivement entrés dans la musique de telle manière que ce furent d’abord ceux dont le son de base est le plus éloigné qui firent leur apparition, pour aboutir aux plus rapprochés du son de base. Roustit constate alors que les périodes historiques pendant lesquelles un certain harmonique est employé jusqu’à l’apparition du prochain deviennent, elles aussi, toujours plus courtes. Fort de cette observation, il établit un parallélisme qui, s’il ouvre des perspectives insoupçonnées, le conduit à certains aboutissements irrecevables, tel celui qui lui fait commencer l’ère chrétienne six siècles avant Jésus-Christ (p.71). C’est un danger que court tout esprit systématique qui entreprend de prouver une thèse qui lui est chère, danger qui consiste à plier les données à sa thèse pour la prouver. Roustit n’y a pas échappé. Par contre, son livre contient quelques points qui lui semblent dignes de votre attention. Entre autres, il propose une explication du fait que la musique a atteint son sommet au temps de la Réforme, et montre la signification de l’apparition de la musique sérielle dans notre siècle.

      Quelques mots sur la forme la plus ancienne de la musique Roustit constate que toute l’antiquité reste sous le signe de l’homophonie : il v a des mélodies, mais pas d’harmonisation. Encore aujourd’hui, on peut entendre de la musique parfaitement homophonique en Egypte, musique qui se réclame d’ailleurs de son antiquité (ceux qui ont regardé l’émission « L’Egypte ou le murmure des pyramides » de la TV suisse romande, le 26 août 1975 à 20.20h., ont pu s’en rendre compte). Or, pendant cette longue période, Dieu s’est révélé comme le Dieu unique par les prophètes de son peuple, lsraël (Toi seul tu es Dieu, Ps.36.1O). La musique hébraïque antique utilisait le chromatisme, signe de raffinement esthétique, musique d’où sortira le chant des chrétiens du Moyen-Age, dit grégorien, qui emploie le troisième harmonique, la quinte. Et c’est précisément par le Christ que Dieu, l’unique, s’est révélé comme Trinité (Père, Fils, Saint-Esprit).

      Aux 16e et 17e siècles, le cinquième harmonique, la tierce, s’établit, et c’est l’éclosion de la musique de Bach, Haendel, Haydn. Ce n’est pas un hasard dit Roustit, que la musique la plus pure, la plus parfaite, la plus harmonieuse, soit éclose peu après la redécouverte de la Bible, Parole de Dieu, en quoi il rejoint la pensée d’Ansermet. Bach a chanté l’amour, le salut, la grâce de Dieu par une musique entièrement digne des perfections de Dieu.

      Jusqu’à 1800, le septième harmonique règne: il permet la modulation de la tonale en la sous-dominante (p. ex. de do en fa en passant par le septième harmonique (si bémol). Mozart suit Bach et Haydn. Ces musiciens, entre autres, représentent le sommet de la musique tonale. Serait-ce un hasard que la musique a pu s’élever à la plus haute sublimité justement dans la partie du globe ou la Parole de Dieu avait pris de l’emprise comme nulle part ailleurs ?

      Qu’en est-il de la musique sérielle ou dodécaphonique après Strawinsky qui, en employant le onzième harmonique, a mené la musique tonale à la limite de la consonance naturelle ? Déjà il a fait éclater l’harmonie dans son « Sacre du printemps », et le rythme a pris une place prépondérante, comme dans les musiques primitives. Déjà il y a polytonalité (plusieurs tonalités se superposent). Avec Messiaen et emploi du douzième harmonique, c’est la transition qui mène au-delà de la musique tonale. Car au-delà du douzième harmonique il n’y a plus de développement possible. Sur le plan harmonique, tout a été dit. Schönberg, qui a d’abord Composé dans la tradition tonale ( »Verklärte Nacht »), a cherché une nouvelle voie. Il est le père de ce qu’on nomme « musique sérielle » ou « dodécaphonisme », parce qu’à la place de mélodies, d’harmonies et de rythme, il y a des séries où les douze demi-tons doivent se suivre sans cohérence ni consonance (la dissonance étant la règle), et sans rythme régulier. Bien entendu, il n’y a pas de tonalité du tout (il n’y a plus de pièces composées p. ex. en do mineur, ou en mi bémol majeur); il n’y a même plus polytonalité, la conception de tonalité étant simplement absente. C’est de la musique atonale. S’il y a « mélodie », son point de départ n’est plus la gamme, mais les 12 demi tons (si ce n’est des quarts de tons) piqués ici et là dans l’espace musical, sans relation tonale aucune. En notation musicale, cela donne un tracé de zigzag.

      Tout cela explique pourquoi on est si désemparé en en tenant cette sorte de musique, car elle est dépourvue de ce qui fait l’essence de toute musique dont l’homme peut jouir de par son anatomie, son psychisme et son intégration au système planétaire, vu qu’il habite bel et bien sur la planète Terre. Pour encore citer Ansermet avec J-Cl. Piguet « Les dodécaphonistes. imposent à la conscience musicale d’habiter non plus sur la terre, mais dans l’épure où ils ont projeté la musique. Or les lois de la musique sont celles de la terre et la musique impose ses structures spatiales à qui veut la comprendre et la connaître, il ne sert de rien de faire comme si la musique obéissait à un autre espace, exactement comme il ne sert de rien, quand je me promène, de faire comme si j’étais oiseau et poisson. Et c’est ce qu’imaginent les dodécaphonistes… » Ailleurs, Ansermet les nomme « les atomistes de la musique: l’atome musical, c’est le son; la pluie des atomes, c’est l’échelle chromatique ; l’arrangement des atomes, c’est la série. »

      Pour le dire un peu brutalement, n’importe quel musicologue, après s’être soigneusement débarrassé de tout vestige tonal, après avoir relégué la mélodie, l’harmonie et le rythme au grenier d’un passé révolu, peut faire de la musique atonale. S’il a quelques notions de l’emploi des bandes magnétiques cela lui sera utile pour mêler à sa musique l’élément électronique. Quelques bouts de ferraille en feront de la musique concrète.

      Un musicien atonal connu, que je ne veux pas nommer ici m’a dit qu il lui avait fallu cinq ans pour commencer à comprendre le mécanisme de cette musique. Elle semble donc réservée à une toute petite « élite »… Schubert a écrit sa première symphonie à seize ans, sans études musicologiques – et quelle réussite frémissante d’inspiration sublime! Sans le génie, qui a inspiré tous les grands musiciens du passé, la musique devient un art cérébral qui n’a besoin ni d’inspiration ni de génie. Est-ce encore de l’art ? Est-ce encore de la musique ? J’aimerais citer quelques phrases que l’on peut écouter sur un disque qu’Ansermet avait édité, portant le titre « Ce que chacun devrait savoir de la musique » (Decca 191.001) : « La loi tonale est en réalité une donnée naturelle, humaine de la musique, et si on en sort, on sort de. ce que l’on a toujours appelé musique. Je sais bien qu’on fait de la musique dodécapho­nique, sérielle concrète etc. bon, que les gens que cela amuse le fassent, mais c’est tout autre chose que ce qu’on a appelé jusqu’ici musique… Il y a trop de gens, et à commencer par les musiciens, et surtout les musicologues, qui croient que c’est tout simplement une autre musique, comme la musique chinoise, hindoue, etc.; non, ce n’est plus de la musique au sens où on a entendu le mot « musique » jusqu’ici. »

      Il m’a semblé indispensable de vous communiquer ces réflexions et témoignages sur cette musique de notre siècle qui, Ansermet dixit, n’est plus de la musique. Car il est tout de même important de savoir pourquoi elle est tellement déroutante. L’impression qu’elle laisse la plupart du temps est celle d’une confusion, d’un désordre provoqué par un mélange d’éléments hétéroclites ou encore d’une niaiserie insipide. En fait, elle porte clairement la marque du « diabolos », celui qui désunit (Petit Robert), le calomniateur (Dauzat) : N’est-elle pas un hideux travestissement, une véritable calomnie de la musique que Dieu a créée pour réjouir le coeur de I’homme ? N’est-elle pas à inscrire dans le cadre de l’apostasie des temps de la fin ? Comme nous l’avons vu, quand l’homme redécouvre la vérité cachée dans la Bible, Parole de Dieu, la musique atteint son plus haut sommet. Quand homme, par contre, se détourne délibérément de cette vérité, reniant Dieu du même coup, la musique subit une déformation, une corruption telle qu’elle devient un tourment, qu’elle est détournée de sa vocation essentielle d’élever l’âme. Mais l’homme a besoin de musique pour vivre, il lui faut donc une musique populaire qu’il comprenne et dont il puisse jouir: de là l’éclosion d’une musique populaire au début de ce siècle, qu’elle ait son nom jazz, folklore, chanson (pop = populaire), qui pourtant, elle aussi, a tendance à dégénérer, n’échappant pas à la corruption générale.

      Le rythme de cette musique Là devient un battement envoûtant qui rappelle certaines musiques africaines, qui peuvent mener à un état de transe d’inspiration occulte. Le nouveau « jazz » est devenu indigeste le rythme ne coule plus, il n’y a plus que des bribes de mélodie, et le tout produit une sensation de malaise, voire d’irritation. Ce qu’on nomme la musique Pop, le Rock et le Beat, est souvent d’inspiration satanique. Le musicien pop Jimmy Page disait que le Rock’n Roll doit libérer « les sources de puissances magiques », même si c’est dangereux…, pour avoir part à la réalité démoniaque. L’expression « rock and roll » veut dire quelque chose, comme « faire l’amour en se roulant », car la musique Pop a pris naissance dans les bordels du Louisiana. Le Beatle le plus influent, John Lennon, était sataniste. Lors d’une séance spirite à Hambourg en 1976, il disait: « Je sais que les Beatles auront du succès comme aucun autre groupe avant eux. Je le sais, car j’ai vendu mon âme au diable pour cela » (Journal Pop No. 23). Je rappelle ici sa phrase devenue célèbre « Nous sommes déjà maintenant plus célèbres que Jésus. » C’est cela, l’esprit des derniers jours qui s’élève au-dessus de tout ce qui est Dieu (2 Thes 2.4). Quand on veut donc adapter les chants chrétiens à une sauce Rock, c’est de l’inconscience, mais qui peut avoir des résultats très négatifs. Aucune musique d’inspiration satanique ne saurait être « sanctifiée » pour servir l’Evangile.

      Il est frappant de constater que tous les arts ont subi cette influence de désintégration et de dégradation. Rookmaaker l’a magistralement démontré dans son livre « Art moderne et la mort d’une culture ». Non seulement la peinture, mais aussi la sculpture, et même la photographie, par le biais d’objectifs déformants et de filtres dénaturants, sont devenus, comme la musique, d’abominables distorsions des beautés créées par Dieu. L’anti-beau a remplacé le beau. Des phénomènes parallèles se trouvent dans la littérature et l’art dramatique (théâtre, cinéma). C’est qu’en voulant se passer de Dieu, on abandonne du même coup les valeurs morales. « La musique se trouve aujourd’hui réduite à un exercice technique, comme l’amour a été réduite à une technique physiologique » Piguet). « La musique risque donc d’être demain sans éthos » Ansermet). Notre temps est marqué par cette absence d’éthique, mais aussi, par une croissance phénoménale de connaissances dans les domaines techniques de la science. La connaissance augmentera, dit le prophète Daniel en parlant des temps de la fin (12.4). Esaïe, en parlant des sages de note monde, dit que Dieu réduit leur science à de la démence (41.25,Dhorme). Les hommes, ayant perdu la relation avec Dieu, ne savent pas employer cette masse de connaissances pour le bien de l’humanité, qui vit sous la hantise d’un anéantissement global. Jamais l’humanité entière ne s’est trouvée dans une impasse aussi désespérée, où toutes les valeurs vitales sont menacées de destruction. Le temps est venu . de détruire les destructeurs de la terre, dit le voyant de Patmos (Apoc 11.18) en parlant de l’intervention future du Christ dans l’histoire humaine.

      Une composition de Messiaen porte le titre significatif de « Quatuor pour la fin du Temps ». Oui, l’art occidental est un des signes que le temps tel que l’humanité l’a connu depuis le déluge touche à sa fin. Il y a un sentiment de vide, de désemparement, une attente d’un renouveau sans lequel le monde entier sombrerait dans le néant. Le monde attend la venue du Sauveur, du Christ, qu’il s’en rende compte ou non. Quant à vouloir déterminer jusqu’à l’année probable de ce retour, comme le fait Roustit à partir d’un calcul faisant intervenir la section d’or, après avoir arbitrairement fixé la fin du Moyen-Age à l’an 1453 prise de Constantinople par les Turcs), pour aboutir à l’an 1996 – nous ne pouvons que repousser avec énergie de telles aberrations. Il nous suffit de savoir qu’il y a une espérance concrétisée dans la promesse du rétablissement des choses par le Christ, Sauveur du monde dans un sens beaucoup plus complet que ce qu’on annonce souvent. La musique elle-même sera renouvelée, car il nous ait parlé d’un « chant nouveau » qui sera chanté et loué par des êtres célestes et par les habitants de ta terre qui suivent l’Agneau partout où il va (Ps 96.1 et Apoc 14.1 -4). Peut-on conjecturer que cette musique sera nouvelle parce que Dieu, ayant créé une nouvelle terre et de nouveaux cieux (Apoc 21.1), les distances ente les planètes et le soleil seraient autres, avec la conséquence que tout le système musical serait changé? Perspectives émerveillantes !

      Finalement, la musique, comme toutes les créations parfaites de Dieu, est insaisissable dans son essence. Ansermet – pour citer cet éminent musicologue une dernière fois – fait un parallèle bien à propos entre le chrétien et le musicien : Le chrétien témoigne de Dieu par Dieu lui-même – par l’Esprit; le musicien témoigne de la musique par la musique, en faisant. Et à la question : Qu’est-ce finalement que la musique ? – il répond : Elle est le langage du coeur.

      Que la musique, cette admirable création de Dieu, puisse continuer à faire chanter notre coeur à la louange de Celui qui revient bientôt, pour éclater en un nouveau cantique à sa contemplation !

Jean-Pierre SCHNEIDER

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)