Le parler en langues : signe inaugural du lancement de l’Église Actes 2.1-11

Dans cet article, l’auteur exprime une perspective non charismatique d’un phénomène très répandu dans le christianisme. Il n’a pas la prétention de détenir la vérité absolue ni de répondre à toutes les questions liées au parler en langues, que ce soit la xénoglossie ou la glossolalie. Il ne déprécie pas l’authenticité de la foi ou la piété des chrétiens qui pratiquent la glossolalie. Cependant, il nous invite à analyser les Écritures et à ne pas tirer nos pratiques de l’expérience des autres ou des parties descriptives de la Bible (non normatives), mais il nous propose de puiser dans les enseignements didactiques (prescriptifs) que nous trouvons dans les évangiles ou dans les épîtres.

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.
Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. Ils étaient tous dans l’étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres : Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? » Actes 2.1-11.

La souveraineté de la venue de l’Esprit (1-2)

Il s’est écoulé dix jours entre le moment où Jésus est monté au ciel et le jour de la Pentecôte. Les disciples attendaient que la promesse de Jésus s’accomplisse. Ils étaient rassemblés dans le même lieu et, comme tous les bons Juifs, ils s’apprêtaient à célébrer la fête de la Pentecôte.
Dieu n’a pas résolu d’envoyer son Esprit à n’importe quel moment. Ce jour n’a pas été décrété par hasard.
Dieu a lui-même choisi un jour où des dizaines de milliers de Juifs étaient présents à Jérusalem. La Pentecôte était l’une des trois grandes fêtes juives célébrées annuellement à Jérusalem. Le terme « pentecôte » vient du grec « pentekoste » qui signifie cinquantième jour. Cette fête avait lieu cinquante jours après le premier dimanche qui suivait la Pâque (Lév 23.15-16). Elle complétait la fête de Pâque. À cette occasion, les Juifs offraient les prémices de leur moisson (Lév 23.20) pour remercier Dieu de sa générosité à leur égard, lui qui leur avait donné la terre promise, un pays d’abondance.
Par la venue de Jésus sur terre, la signification de cette fête va changer. Jésus va, par son Esprit, remplacer la loi qui était gravée sur des tables de pierre : il va graver la loi directement dans le cœur des croyants. La terre promise est le symbole d’un royaume terrestre physique, qui va, lui, être remplacé par un royaume céleste, réel mais invisible. La terre promise des croyants de la nouvelle alliance ne se trouve pas sur terre mais auprès de Dieu, dans le ciel. Les bénédictions physiques et matérielles qui étaient liées à l’obéissance à la loi vont devenir des bénédictions spirituelles liées à l’obéissance de Jésus.
Les disciples s’attendaient à la venue de l’Esprit sans savoir où et quand il viendrait. Un jour, ils étaient assis, probablement en train de discuter les uns avec les autres. Dans son commentaire sur les Actes, John MacArthur souligne que « la position assise montre qu’ils n’étaient pas en train de prier sinon ils auraient été debout ou à genoux ». Pourquoi ce détail est-il important ? Parce que cela souligne le côté passif des disciples à cet instant précis : certes, ils attendaient l’Esprit, mais ils ne s’étaient pas réunis pour prier dans le but de faire descendre plus rapidement l’Esprit sur eux.
« Tout à coup, il vint du ciel… » : cette expression est là pour illustrer la soudaineté imprévisible de la venue de l’Esprit. Les disciples s’attendaient à la venue de l’Esprit mais d’une part, ils ignoraient totalement le moment où il allait venir et d’autre part, ils ne savaient pas sous quelle forme il viendrait. Précis, Luc indique la source, le lieu symbolique d’où vient l’Esprit : il vient du ciel. Grâce à cette précision, il nous enseigne que l’humain n’y est pour rien dans le cours de cet évènement. L’Esprit ne vient pas d’en bas mais d’en-Haut, du ciel, de Dieu lui-même. Luc montre ainsi la totale souveraineté de Dieu dans la venue de l’Esprit.

Les manifestations de la venue de l’Esprit (2b-3)

Luc ajoute d’emblée une précision quant au son : il s’agit d’un bruit fort, « comme celui d’un souffle violent ». Il vient de se produire quelque chose d’inédit, hors du commun et donc très difficile à décrire avec des mots usuels. Aussi, pour que ses lecteurs comprennent bien ce qui se passe, Luc utilise une comparaison. Il dit que le bruit était « comme » un souffle et que les langues « semblaient » de feu.
Le bruit était si fort qu’il ressemblait au bruit d’une tempête et les langues ressemblaient à des sortes d’objets incandescents, des petites flammes ! Par ces manifestations surnaturelles et inédites, c’est sur lui-même que Dieu cherche à attirer l’attention du peuple juif, et non sur les miracles. C’est un peu comme une maîtresse d’école : lorsqu’elle veut que les enfants l’écoutent avec attention, elle va hausser le ton ou bien taper dans les mains, ou faire quelque chose d’inhabituel afin d’attirer l’attention, pour que les élèves arrêtent leurs activités et se rassemblent autour d’elle. D’ailleurs, il me semble qu’au travers des manifestations surnaturelles qui ont lieu à chaque transition importante de l’histoire :
1. Dieu montre qu’il est seul à l’initiative des alliances : à chaque fois que Dieu inaugure une nouvelle ère, qu’il conclut une nouvelle alliance, il fait en sorte qu’il n’y ait aucun doute possible sur l’origine de cette alliance. Il tient à montrer aux croyants qu’il est à l’initiative de ces transitions. Les manifestations viennent toujours du ciel et elles sont toujours inimitables.
2. Dieu désire susciter le respect de ses enfants : par les miracles, il attire le regard de ses enfants, il les rend attentifs aux événements qu’il est lui-même en train de dérouler : il ne veut pas qu’ils admirent simplement les phénomènes surnaturels mais il veut les amener à la repentance, à une sainte crainte de son nom, à un respect de sa parole. Et lorsque ce n’est pas le cas, le signe de bénédiction se transforme en signe de jugement (Luc 10.11-14).
À la Pentecôte, on assiste à une transition de l’alliance de la loi (ancienne alliance) vers la nouvelle alliance (alliance de l’Esprit à l’ère de l’Église). Jusque-là, le salut et l’adoration du Dieu d’Israël étaient réservés à un seul peuple, qui avait une seule loi donnée dans une seule langue. On ne pouvait adorer Dieu qu’en respectant des rituels précis qui n’étaient que l’ombre des choses à venir.
Le jour de la Pentecôte, Dieu inaugure une nouvelle ère. Dorénavant, avec l’Évangile, toutes les nations de la terre auront accès au Dieu d’Israël, dans toutes les langues. Grâce au sacrifice de Jésus et à la venue permanente de l’Esprit, Dieu va permettre à des hommes, des femmes et des enfants de toutes les nations de pouvoir entrer dans une alliance éternelle leur permettant d’adorer le Dieu d’Israël sans avoir besoin d’accomplir les rituels liés à l’ancienne alliance. Par le don de l’Esprit,
Dieu va sceller son alliance en gravant sa loi dans le cœur des croyants, leur permettant d’obéir à ses commandements de manière libre, volontaire et durable (Jean 14.15-17).

3. Dieu ne nous invite pas à reproduire les signes spectaculaires mais le signe de l’alliance : les manifestations surnaturelles ne sont pas à imiter ou à rechercher parce qu’elles interviennent d’une manière souveraine et exclusivement divine.
Dans l’ancienne alliance, le peuple n’a pas été appelé à reproduire le « spectacle » (c’est le terme utilisé en Exode 3.3 et 20.18) mais à respecter le signe de l’alliance qui était la circoncision. De même, dans la nouvelle alliance, les croyants ne sont pas appelés à reproduire ce qui vient souverainement d’en-Haut — les langues de feu ou le parler en langues qui étaient visibles et audibles à la Pentecôte afin d’attirer l’attention du peuple juif — en revanche, les croyants sont invités à respecter le signe de la nouvelle alliance qui n’est plus la circoncision des enfants issus des douze tribus d’Israël, mais la repentance et la foi en Jésus-Christ matérialisées physiquement par le baptême et la cène. Les disciples de Jésus, issus du judaïsme, n’avaient pas encore pleinement conscience des implications que cela venait d’engendrer. Ce qui est certain, c’est que grâce à ce spectacle « son et lumière », le peuple juif rassemblé à Jérusalem était maintenant attentif. Il était prêt à écouter le message.

La preuve de la venue de l’Esprit (4-10)

Le « spectacle » auquel ont assisté les disciples était comme une mise en scène divine dont le but était d’attirer l’attention sur un autre miracle, aussi extraordinaire que le premier, mais qui allait se manifester au travers des disciples eux-mêmes. Jusque-là, le Saint-Esprit était venu par intermittence : il saisissait certains croyants et les utilisait pour certaines œuvres précises. À partir de cette première Pentecôte, le Saint-Esprit va agir de manière permanente dans les croyants, il va faire sa demeure en eux (Jean 14.16-17). Pour bien montrer que ce phénomène n’est pas le fruit d’une hallucination collective, Dieu va opérer un miracle extraordinaire, quelque chose d’inimitable. Le texte dit que « les disciples qui reçurent l’Esprit saint se mirent à parler en d’autres langues » (Act 2.4).
Les langues dont il est question ici sont des langues humaines intelligibles. Des Juifs pieux, venus de différentes nations, comprenaient les disciples qui s’exprimaient dans les langues maternelles des Juifs.
On dénombre quinze dialectes dans la liste. Lorsque les disciples se mirent à parler dans toutes ces langues, ce fut un miracle extraordinaire. Ce phénomène s’appelle la « xénoglossie » ou « xénolalie ». Il désigne la faculté de parler une langue étrangère (humaine) sans l’avoir apprise. Ce phénomène ne doit pas être confondu avec la « glossolalie », qui est un langage inarticulé ne correspondant généralement à aucune langue existante (comprise par certains comme une langue céleste, la « langue des anges »).
La glossolalie représente la très grande majorité des parlers en langues pratiqués dans les églises actuelles.
C’est un phénomène qui ne s’observe pas seulement dans les églises charismatiques ou pentecôtistes.
Il est présent dans beaucoup d’autres spiritualités, notamment chez les mormons, les musulmans, les montanistes, les animistes, etc. Ce phénomène existait bien avant la Pentecôte car on en trouve des traces dans l’antiquité. Un article de Mat Auryn [note]Site consulté le 03/08/2022 : https://www.patheos.com/blogs/matauryn/2017/12/11/glossolalia-paganism/[/note] note des expressions de « la glossolalie dans le paganisme et l’occultisme ». Dans trois dialogues différents, Platon fait référence à un discours extatique inintelligible, tout comme Virgile dans l’Énéide. Les sibylles et les pythies étaient également connues pour leur pratique de la glossolalie et de la parole extatique en état de transe.
Dans notre texte, il ne s’agit pas de glossolalie mais bien de xénoglossie. Tous ceux qui parlaient dans une autre langue terrestre que la leur étaient des Galiléens, c’est-à-dire des gens sans instruction, qui n’avaient ni étudié ni appris les langues des nations avoisinantes. C’est comme si je me mettais subitement à parler allemand ou norvégien alors que je n’ai jamais appris ces langues : ce serait un miracle incontestable, puisque personne ne converse quotidiennement et usuellement une autre langue sans l’avoir apprise. Le langage est un phénomène très complexe.
Certains commentateurs, quant à eux, pensent qu’il s’agissait plutôt d’un miracle de réception que de transmission : c’est-à-dire que les disciples parlaient comme habituellement en hébreu ou en araméen, et ceux qui les écoutaient les entendaient miraculeusement dans leur langue maternelle. Le miracle ne résidait que dans la compréhension.
Je n’adhère pas à cette interprétation car Luc me semble assez explicite : « Ils [les disciples] furent tous remplis d’Esprit saint et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer ». (Act 2.4) L’emphase est sur ceux qui sont remplis d’Esprit saint, c’est-à-dire les disciples de Jésus. Le texte précise « selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » : le Saint-Esprit remplit les disciples pour qu’ils parlent. Il ne remplit pas les non-croyants pour qu’ils comprennent. « La multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue » (Act 2.6) « Comment les entendons-nous chacun dans notre propre langue maternelle ? » (Act 2.8). « Nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu ! » (Act 2.11). Les Juifs qui rendaient un culte habituellement à Dieu en hébreu (ou en araméen) entendaient leurs frères juifs communiquer dans leurs langues maternelles.
Notez que le fait d’assister à un miracle extraordinaire ne provoque pas instantanément leur foi. Bien au contraire. La suite du discours de Pierre (2.14-40) nous montre que le miracle des langues va avoir un effet radicalement différent selon « la terre » (le cœur) dans laquelle il tombe (Mat 13.4-8). En fait, le parler en langues avait un double objectif :
1. Il attirait l’attention des Juifs convertis en confirmant l’ouverture du salut à toutes les nations de la terre, comme cela était annoncé dans l’A.T. (Jér 31.31-34 ; 32.40 ; Ez 36.25ss). C’était l’annonce d’une nouvelle alliance meilleure que celle de la loi, et donc un signe de bénédiction pour eux.
2. Il attirait l’attention des Juifs inconvertis en confirmant leur exclusion du Royaume (Mat 21.43).
C’était l’annonce d’une mauvaise nouvelle et un signe de jugement pour eux (Es 28.11 ; 1Co 14.21).

Conclusion

Le miracle de la Pentecôte est un moment clé dans l’histoire de la rédemption : il s’agit là de l’inauguration officielle de l’Église. Le feu d’artifice, la coupure du ruban ou le vin d’honneur qui accompagnent l’inauguration d’un nouvel espace sont là pour marquer l’évènement. Ils accompagnent la fête mais n’en sont pas le fondement, et les invités ne sont pas appelés à les reproduire. Le parler en langues a fait partie des éléments visibles et audibles de la venue souveraine, surnaturelle de l’Esprit sur les croyants.
Cependant, il ne doit pas supplanter l’élément central de la Pentecôte, qui est la venue permanente du Saint-Esprit dans les croyants et l’ouverture du salut à toutes les nations. La marque distinctive des croyants ne réside pas dans leurs dons, si extraordinaires qu’ils puissent être, mais dans l’amour qu’ils ont les uns pour les autres (Jean 13.35), dans leur mise en pratique de la parole de Dieu (Jean 8.31) et dans le fruit de l’Esprit manifesté au quotidien (Jean 15.8 ; Gal 5.22).

Est-ce que le parler en langues est la preuve de la présence de l’Esprit dans la vie de quelqu’un ?

Voici onze raisons pour lesquelles je crois que le parler en langues n’est pas la preuve de la présence de l’Esprit dans la vie d’un croyant :
1. Le livre des Actes nous raconte une histoire : la fondation et l’expansion de l’Église dans le monde juif et païen. Cette histoire est unique et par définition, elle ne peut se reproduire une deuxième fois.
Elle n’est donc pas normative. Les récits historiques peuvent illustrer ou expliquer une doctrine biblique, mais ne peuvent jamais en être le fondement. Nous devons donc être prudents avant d’appliquer ou de vouloir reproduire des faits qui avaient un caractère unique et/ou exceptionnel.
2. Le livre des Actes ne nous rapporte que trois cas de parler en langues en relation avec la réception de l’Esprit (Actes 2.3-11 ; 10.46 ; 19.6). Or chacun de ces cas peut être considéré comme « exceptionnel ».
Tous les trois se rapportent à la venue initiale de l’Esprit dans des croyants, donc à leur conversion, et non à une seconde expérience « post-conversion ».
3. En focalisant notre attention sur les trois fois où des groupes de personnes ont parlé en langues, nous oublions les onze autres cas qui n’ont été marqués par aucun signe particulier y compris les 3 000 conversions immédiatement après le message de Pierre à la Pentecôte (voir tableau récapitulatif).
4. Dans aucun des cas, ceux qui ont reçu les langues ne les ont recherchées, elles leur furent données souverainement par Dieu et en présence d’un apôtre.
5. Les langues ne furent pas données à des individus choisis ou spécialement préparés dans le but de les reproduire et de les pratiquer, mais à des groupes entiers. À chaque fois, tout s’est passé inopinément, au cours d’une seule et même réunion, au début de leur expérience chrétienne.
Dans tous ces cas, le don des langues a été accordé comme une preuve que le Saint-Esprit a été donné à chaque groupe — et non comme un signe du baptême ou de la plénitude de l’Esprit donné à un seul individu.
6. Une seule fois, dans les Actes, le parler en langues est associé à la plénitude de l’Esprit (Act 2). Après la Pentecôte, aucune de ces expériences de la plénitude de l’Esprit n’est marquée du signe des langues : ni Pierre devant le sanhédrin
(4.8), ni les diacres (6.5), ni les disciples qui ont prié ensemble (4.31), ni Étienne (7.55), ni Barnabas (14.1), ni Paul à son baptême (9.17), ni les disciples d’Antioche (13.52) qui, tous, furent « remplis de l’Esprit ».
Aucun d’eux n’a ensuite parlé en langues. On ne peut donc pas prétendre que le parler en langues soit un signe normal ou nécessaire et encore moins obligatoire afin de savoir si l’on est rempli ou non de l’Esprit.
7. Sur les quatorze récits de conversions mentionnés dans le livre des Actes, un seul passage associe le parler en langues au baptême de l’Esprit (Actes 10.46). Alors pourquoi rendre ce passage normatif et pas les autres récits ?
8. Certains enseignent en outre que l’on ne peut être véritablement chrétien si l’on ne parle pas en langues, signe du baptême de l’Esprit. Pourtant, Paul enseigne que le baptême de l’Esprit a pour objectif de nous intégrer au corps du Christ (1 Cor 12.13). Alors, un homme peut-il être chrétien sans faire partie du corps ? Impossible, car « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas » (Rom. 8.9).
9. Pour l’apôtre Paul, les langues ne sont pas un signe pour les croyants (1 Cor 14.22) mais elles sont un signe pour les non-croyants. Elles n’ont donc pas le rôle de révélateur de la vie de l’Esprit.
10. Les dons spirituels sont donnés souverainement aux croyants, par Dieu, et différemment aux uns et aux autres (1 Cor 12.4, 11). Les croyants n’auront donc jamais tous le même don. Il n’est donc pas nécessaire de rechercher une « deuxième expérience » pour obtenir le don des langues (1 Co 12.30).
11. Le signe distinctif du croyant rempli de l’Esprit est décrit dans Galates 5.22  : «  amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » et ce n’est pas la manifestation du parler en langues. On reconnaît un arbre à ses fruits, pas à ses dons (Mat 7.20-23).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)