Le parler en langues

Cet article est adapté d’un enseignement oral sur les dons spirituels.

Peu de passages du N.T. évoquent le parler en langues : outre les trois chapitres 12 à 14 de 1 Corinthiens, seuls trois textes des Actes le mentionnent, ainsi que la finale de l’Évangile selon Marc : « ceux qui auront cru […] parleront de nouvelles langues » (Marc 16.17).

Le jour de la Pentecôte, les 120 ont parlé les langues courantes de tous les Juifs rassemblés pour cette fête alors qu’ils ne les connaissaient pas. C’est l’Esprit qui leur donnait de s’exprimer ainsi (Act 2.5-11). L’Esprit est ensuite descendu sur Corneille et ses amis (Act 10.44-46) qui ont parlé de nouvelles langues. La dernière mention (Act 19.6) concerne des disciples de Jean qui s’étaient mêlés aux chrétiens et n’avaient pas reçu le Saint-Esprit ; après avoir été instruits, l’Esprit est venu sur eux et ils ont parlé en langues.
Le « parler en langue » est désigné par deux mots :
– la glossolalie, mot français « forgé » à partir des deux mots grecs, signifiant « parler » et « langue » ;
– la xénoglossie, mot français forgé aussi à partir de deux mots grecs signifiant « parler dans des langues étrangères ».
Certains font la différence entre les deux mots : la xénoglossie serait le phénomène qui a eu lieu lors de la Pentecôte (Act 2) et serait distincte du « parler en langues » dont il est question en 1 Corinthiens 14, désigné comme de la glossolalie.
Notons que le phénomène de la glossolalie a été observé par des psychologues lors de certains troubles et qu’il n’est pas rare dans la diversité des expressions religieuses du monde.1.

1. La nature du parler en langues

Le débat

Selon la conception classique, qui est aussi celle du pentecôtisme originel (position que plusieurs assouplissent), le parler en langues consiste à émettre des paroles sous l’inspiration miraculeuse du Saint-Esprit dans une langue qu’on ne connaît pas soi-même, qui existe ou qui a existé.
Une opinion différente a fait de nombreux adeptes, à partir d’arrière-plans très divers : la glossolalie courante n’est pas la xénoglossie. Le parler en langues est la simple émission de sons successifs qui n’ont pas en eux-mêmes un caractère linguistique. Les libéraux catholiques ou protestants, en cohérence avec leur refus de toute intervention surnaturelle, assimilent à de la simple glossolalie tous les phénomènes du N.T., y compris celui de la Pentecôte. D’autres, en particulier parmi les chrétiens charismatiques, limitent la xénoglossie à la Pentecôte et voient dans les autres passages de la glossolalie. Certains, s’appuyant sur 1 Corinthiens 13.1, qualifient la glossolalie de « langue des anges ». Une de leurs motivations vient des résultats d’études linguistiques qui démontrent, à partir de l’examen de centaines d’enregistrement de parlers en langues, que ces émissions ne possèdent pas les structures propres à toute langue mais ont leur propre structure, très simple, qui n’est pas linguistique [note]Voir en particulier William J. Samarin, Tongues of men and angels: the religious language of pentecostalism. Macmillan, 1972.[/note]. D’où la tentation de qualifier de « langue des anges » ce type de parler pour en sauvegarder le caractère surnaturel et non humain.

L’appréciation

Ces derniers tenants du parler en langues abusent de la clause de 1 Corinthiens 13. Paul ne dit pas que quiconque ait parlé la langue des anges dont c’est d’ailleurs la seule mention biblique ; il se place dans une situation purement hypothétique, comme dans la suite du texte (personne ne connaît tous les mystères !).
La différence entre la Pentecôte et la situation à Corinthe s’explique facilement par le fait que l’auditoire à Corinthe était beaucoup plus homogène que lors de la fête à Jérusalem et ne connaissait que peu de langues étrangères. D’autres arguments peuvent être ajoutés : Pierre fait un parallèle précis entre ce qu’il avait vécu à la Pentecôte et ce qu’il a observé chez Corneille (Act 11.15) ; or les termes d’Actes 10 et 11 sont les mêmes qu’en 1 Corinthiens 14. Le phénomène de Corinthe, souvent appelé « glossolalie », est donc bien de la « xénoglossie ».
De plus, deux éléments de 1 Corinthiens 14 indiquent que Paul a bien en vue des langues réelles :
– d’une part, quand il parle des « diverses langues » (14.10) ou du « sens de la langue » (14.11) : le caractère significatif de toutes les langues du monde n’a de pertinence dans ce débat que si les langues sont bien des langages réels ;
– d’autre part, quand Paul cite Ésaïe (14.21) : c’est une parole de jugement contre Israël à propos de l’Assyrie qui allait envahir le pays ; la langue des Assyriens, incompréhensible pour les Israélites, était une langue réelle de l’époque.
Le phénomène biblique du parler en langues est donc l’émission miraculeuse de paroles dans une langue étrangère, inconnue pour celui qui les profère, mais reconnaissable par quiconque la parle — et non pas ce qui est désigné couramment par le terme de « glossolalie ».

Quelques compléments

Le parler en langues communique-t-il un message ?
Paul précise : « Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu. » (14.2) Or, très fréquemment, dans le mouvement pentecôtiste, les paroles « en langues » que certains ensuite interprètent, sont plutôt des messages à l’assemblée, des paroles prophétiques adressées aux humains. Serait-ce une preuve d’inauthenticité ? La souplesse du langage biblique pourrait permettre de ne pas exclure cette possibilité — mais cela incite en tout cas à rester prudent.
 Que dire de l’interprétation ?
La durée très différente entre certains parlers en langues et leur interprétation rend suspicieux. Le terme grec signifie simplement « traduction ». L’interprétation doit aussi être soumise à notre jugement et elle est indispensable pour que l’église soit édifiée (14.12-13).
 Y a-t-il des parlers en langues démoniaques ?
Le cas ne peut être écarté : un pasteur africain de mes amis a entendu une jeune femme parler dans une langue inconnue pour elle mais que lui a reconnue et elle proférait d’horribles blasphèmes. Pour autant, la grande majorité des parlers en langues contemporains semblent être plutôt psychologiques.

2. Le sens du parler en langues

Le signe du baptême du Saint-Esprit ?

Le pentecôtisme, né au début du XXe siècle aux États-Unis, a fait du parler en langues le signe nécessaire du baptême du Saint-Esprit. Selon le schéma le plus habituel dans ce mouvement, le croyant vit deux expériences clefs :
– lors de la conversion, il met sa foi en Jésus Christ, acquiert le salut et reçoit l’Esprit ;
– ensuite il vit un don plus abondant lors d’une deuxième expérience qui lui permet d’accéder à un grade supérieur de vie chrétienne. Lors de la première, il reconnaît Jésus comme Sauveur et lors de la seconde, comme Seigneur. La seconde correspond au baptême du Saint-Esprit, conçu avant tout comme un revêtement de puissance, une mesure plus grande de l’Esprit et, tout particulièrement l’attribution du don de parler en langues. Certains pentecôtistes, toutefois, admettent que ce don n’est pas universel et sont gênés par rapport à des géants de la foi qui n’ont pas parlé en langues ; ce dernier serait le signe habituel, mais d’autres dons pourraient aussi marquer le baptême de l’Esprit.
La thèse n’est pas bien fondée bibliquement. Aucune occurrence dans le N.T. d’être baptisé dans le Saint-Esprit n’implique une seconde expérience. Selon Paul, « nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (12.13). Il n’y aucune raison de rattacher le baptême du Saint-Esprit à une autre expérience que celle, initiale, du don de l’Esprit qui lie l’ensemble de tous les croyants pour constituer le corps de Christ. Aucune Épître du N.T. n’exhorte à rechercher le baptême du Saint-Esprit. Le renouvellement de l’Esprit, mis en parallèle par Jésus avec le pain quotidien (Luc 11.13), correspond à un processus permanent dans la foi. L’Esprit a une plus ou moins grande influence sur la vie du croyant selon que ce dernier le laisse agir. Au lieu d’un schéma de deux bénédictions très typées, le N.T. présente une union initiale à Jésus-Christ par l’Esprit, suivie de multiples bénédictions que la demeure intérieure de l’Esprit nous aide à nous approprier de manière plus ou moins libre et glorieuse au fil du temps.
De plus, aucun passage du N.T. ne fait du don des langues un signe de la présence de l’Esprit. Les trois mentions dans les Actes où la réception du Saint-Esprit a été accompagnée du parler en langues ne suffisent pas pour en faire une règle ; ils représentent plutôt des événements clefs de l’histoire du salut : l’ouverture de la nouvelle alliance à des Juifs à la Pentecôte, puis aux païens chez Corneille[note]En Actes 19, c’est pour bien marquer la différence fondamentale entre les disciples de Jean Baptiste et ceux de Jésus que ce don spectaculaire a été donné.[/note] . Paul souligne très fortement aux Corinthiens que tous n’ont pas reçu le don de parler en langues lorsqu’il pose la question rhétorique qui appelle une réponse négative : « Tous parlent-ils en langues ? » Tous sont baptisés de l’Esprit, mais tous ne parlent pas en langues pour autant (12.13,30).

Un moyen d’adorer Dieu ?

Pour beaucoup de pentecôtistes ou de charismatiques [note]Le pentecôtisme a créé une nouvelle dénomination, alors que le mouvement charismatique a créé une mouvance au sein de diverses dénominations.[/note], ce don, dans sa pratique régulière, permettrait d’adorer le Seigneur plus intensément. Il serait le moyen d’une union au Seigneur d’une qualité supérieure. Cette opinion rejoint une tradition dont certains cantiques évangéliques classiques se font l’écho : les mots seraient impuissants à exprimer le ressenti profond de l’âme. Cette tradition puise ses racines dans des influences philosophiques sur certains pères de l’Église qui tenaient le silence pour supérieur à la parole. Le mysticisme s’y est alimenté pour prôner un dépassement de tout savoir afin d’accéder à un niveau supérieur.
Or Jésus n’a jamais critiqué les mots. La Parole est Dieu, non le silence. Notre paresse spontanée peut favoriser cette déviation : chercher ses mots est fatigant et dire avec exactitude est un travail. Il n’est donc pas juste de dévaluer la parole intelligible. Paul ne veut pas parler en l’air (14.9) et il valorise l’exercice de l’intelligence (14.13-15), au lieu de la mettre hors circuit au profit d’une expression incompréhensible. C’est cette parole compréhensible qui conduit à la foi le non-croyant et qui donne au croyant une plénitude dans son être intérieur.

Un signe de la nouvelle alliance

La Pentecôte inaugure la nouvelle alliance, la fondation de l’Église. La différence la plus spectaculaire entre l’ancienne et la nouvelle est l’ouverture à des personnes de toute nation, au lieu de la limitation au seul peuple d’Israël. Une fois l’œuvre du Sauveur du monde accomplie, tous les hommes sont attirés à lui. Le don des langues signale la nouveauté de l’alliance et l’effusion de l’Esprit sur Juifs et Grecs sans distinction.
Il est aussi un signe du rassemblement final où l’œuvre de l’alliance sera totalement récapitulée en une multitude innombrable qui célébrera les louanges de Dieu, dans la lumière de l’avènement de notre Seigneur (Apoc 7.9). Cela explique que le parler en langues ait été le seul don de l’Esprit que Jésus n’ait pas exercé, lui qui avait l’Esprit en plénitude, car son ministère a eu lieu avant la Pentecôte et l’ouverture de la nouvelle alliance.
Le don des langues est aussi le signe du jugement des juifs non croyants. Israël, représenté par ses chefs, a rejeté son Messie et un endurcissement partiel l’a atteint pour un temps.

3. La pratique du parler en langues

La pratique me semble devoir respecter le « dosage » de 1 Corinthiens 14. L’avant-dernier verset le résume bien : « N’empêchez pas de parler en langues », « aspirez au don de prophétie ». Pour Paul, le parler en langues est un don de l’Esprit qu’il ne rejette pas et ne déprécie pas, dans des conditions d’exercice précises, selon l’ordre qui plaît à Dieu. Mais il n’encourage pas à le rechercher. En assemblée, il recommande de viser les dons « meilleurs », au premier rang desquels la prophétie.
Paul demande aussi de tenir compte de la réaction des visiteurs occasionnels non chrétiens dans l’église (14.23). Il ne tolère le parler en langues que s’il y a interprétation de façon à donner le sens en langage intelligible. Si l’exercice du parler en langues peut générer du trouble ou du désordre, mieux vaut s’en abstenir, puisqu’il s’agit d’un don qui n’est pas indispensable.
En revanche en petit comité, entre personnes d’un même accord sur le sujet, en l’absence de non-initiés, j’en déduis qu’il serait permis à ceux qui ont reçu véritablement ce don d’exercer le parler en langues. Il n’y aurait pas davantage de restrictions à un usage purement individuel.

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)