Le musulman, mon prochain

Paul GESCHE, Docteur ès Sciences travaillant pour le groupe chimique français RHODIA, est marié et père de six enfants. Après avoir grandi en Alsace dans un contexte d’implantation d’église, il est depuis 1989 l’un des anciens d’une église évangélique pionnière établie au centre de Lyon. Il a découvert l’islam et le monde musulman au début des années quatre-vingts, alors qu’il était coopérant technique en Algérie. Ayant dirigé pendant près de quinze ans une mission francophone engagée dans l’évangélisation des communautés immigrées d’Europe ou des pays arabes, il s’est aussi fait connaître par des ouvrages très pratiques : « Annoncer Christ aux Musulmans », ou « L’Ange et l’Artisan » (distribués par les Éditions MENA, BP2 FR-69520 GRIGNY), ou encore par ses rendez-vous annuels de découverte de l’islam en France dans le cadre du Séminaire d’Islamologie organisé à l’Institut Biblique de Nogent sur Marne.

Le dossier « Le musulman : mon prochain ? » a été préparé sous sa responsabilité et sa supervision. Nous le remercions de sa précieuse collaboration.

Si le mot « prochain » désigne mon compagnon, celui que la vie a placé à côté de moi ou celui au côté duquel je fais un bout de chemin, on comprend que cette expression désigne tout naturellement les millions de musulmans qui vivent en Europe ou en Afrique. Dans des pays où l’Eglise est présente avec son témoignage et son action dans la société, où les chrétiens et les musulmans fréquentent les mêmes écoles, sont collègues de travail ou voisins de palier, il serait dommage d’enfermer les uns et les autres dans des communautés qui partageraient tout sauf l’essentiel, l’espérance en un Dieu qui sauve et qui revient pour rétablir toutes choses. Le sacrificateur et le Lévite de la parabole de Jésus sont de tristes exemples d’indifférence ou de peur que trop d’hommes suivent autour de nous. Sachons nous démarquer en nous arrêtant… et prenons le risque de comprendre et de partager.

L’Europe et l’islam

L’islam est la seconde religion en France (environ 5 millions d’adeptes), mais aussi une des principales religions en Allemagne, en Angleterre (un peu plus d’un million d’adeptes chacune), et sa visibilité croît tous les ans en Italie – où se dresse la plus grande mosquée d’Europe – ou en Espagne – où le souvenir de l’Andalousie arabo-musulmane a été tout particulièrement évoqué lors des célébrations de la Reconquista et de la Découverte du Nouveau Monde. En Suisse, on compte un peu plus de 300000 musulmans.

Berceau et rayonnement de l’islam

Le berceau de l’islam est la péninsule arabique et plus particulièrement le Hedjaz sur les rives désertiques de la Mer Rouge. Mais ses premières victoires militaires ont renversé deux empires séculaires, l’empire romain (byzantin) et l’empire perse (héritier de Babylone) et l’ont porté jusqu’à l’Inde et à la Chine à l’est, jusqu’aux rivages de l’Atlantique, du fleuve Sénégal à la Loire à l’ouest. Le rayonnement de la civilisation islamique arabo-persane a séduit les Turcs en Asie Centrale, les marchands de Malaisie et d’Indonésie, la moitié des ethnies divisées de l’Afrique et plus près de nous, de nombreux Européens et de nombreux Américains d’origine africaine qui se convertissent sous nos yeux. Il est vrai que l’argent, le pétrole et les armes, le pouvoir et la revendication identitaire jouent aussi un rôle dans l’influence de l’islam, mais l’honnêteté devrait nous contraindre à la réserve tant il est vrai que l’histoire des progrès du christianisme comporte aussi ses zones d’ombre.

Proximité et antagonisme de l’islam

L’islam est une religion qui présente des analogies avec le christianisme, même si cette ressemblance va de pair avec de sérieux antagonismes. Le musulman a le souci de vivre devant son Dieu, Allah, et devant les hommes une vie pieuse et responsable ; il déplore la corruption des moeurs dans la société occidentale, et cherche à préserver sa famille des influences qui éloignent les hommes et les femmes d’Allah, et les uns des autres.

Simplicité et complexité de l’islam

L’islam se présente comme une religion simple et dynamique. Simple avec ses règles de piété qui sont peu nombreuses, mais largement suivies. Simple avec son absence de clergé qui donne la responsabilité à chaque père de famille, à chaque chef de tribu, de s’assurer que l’observance est assez stricte pour ne pas attirer la honte, la colère et le malheur sur la collectivité. Simple avec sa doctrine strictement monothéiste qui revendique l’héritage du judaïsme et du christianisme, tout en éliminant tout ce qui est trop difficile à comprendre pour l’homme, tout ce qui heurte la raison et tout ce qui ne peut pas être contrôlé – à l’exception notable du Coran, à l’abri de toute critique derrière le rempart de la Tradition.

Dynamisme de l’islam

Le dynamisme de l’islam se remarque partout, parmi les hommes d’affaires du monde malais comme parmi les « laissés pour compte » de la modernité en Afrique, en Europe ou en Amérique. Le dynamisme de l’islam transforme le génie arabe du commerce lointain en une économie planétaire, l’héritage des philosophes et des savants de la Grèce, de l’Egypte et de la Chine en universités et en écoles de médecine, les concours de poésie des tribus du désert en une langue de portée universelle, séduisante et contagieuse.

Le dynamisme de l’islam s’attaque avec succès aux prétentions hégémoniques de la civilisation occidentale et des philosophies post-chrétiennes. Partout où s’installent durablement les immigrés et les réfugiés des pays musulmans, les gouvernements se voient contraints de faire une place visible et éminente à l’islam, pour conserver la paix sociale ou pour obtenir des avantages économiques. Alors que le dynamisme des chrétiens s’est affirmé dans les catacombes et dans les arènes, celui de l’islam exige des mosquées subventionnées par l’Etat, des médias « politiquement corrects » et des aménagements de l’école, de la loi civile et des libertés.

L’islam, proche parent du christianisme libéral et humaniste

Globalement, l’islam se présente à nous comme une illustration presque parfaite de ce que peut devenir une religion judéo-chrétienne dominée par la raison : une religion sans communion avec Dieu par le Saint Esprit, et sans l’espérance du retour d’un Sauveur qui a déjà accompli l’expiation du péché! L’islam se montre courtois en reconnaissant un rôle historique à Jésus, mais lui dénie tout ce qui fait l’objet de la Bonne Nouvelle : sa divinité, sa préexistence éternelle et son titre de Seigneur et de Juge de tous les hommes, ses souffrances jusqu’au sacrifice pour le péché, leur caractère expiatoire pour obtenir la glorification de Dieu dans la réconciliation et le rachat d’un reste fidèle, sa résurrection et sa place triomphale à la droite de Dieu. L’islam intègre les légendes du judaïsme et du christianisme hétérodoxe, mais joue habilement du « progrès de la Révélation » pour se présenter comme la religion définitive, dont le prophète était annoncé par l’Ancien et le Nouveau Testament, et dont les paroles inimitables rendent suspecte toute écriture qui les contredirait. L’islam place chaque croyant seul et nu devant Allah, les hommes et les démons (djinns), sans intercesseur ni rédempteur, sans certitude du salut ni Saint-Esprit consolateur, sans communion personnelle et sans sanctification.

Le musulman, mon prochain

Mais le prochain est un homme et non une religion ou un système. Le musulman est un homme créé et aimé par Dieu qui l’a placé sur notre route, comme tous les autres hommes qui cherchent la vérité.

– Le musulman est un croyant qui ne doute pas de l’existence d’Allah ni de son jugement, tout comme les anges et les démons qui tremblent devant le Tout-Puissant.
– Le musulman croit qu’Allah a parlé, et il honore le Livre qu’il croit dicté par lui, sans se permettre les critiques souvent désobligeantes et les remises en cause que l’Eglise a tolérées en son sein.
– Le musulman croit qu’il sera jugé sur ses actes, et aussi sur ses intentions : il se peut qu’Allah le destine à l’Enfer, mais Allah peut infléchir son jugement comme il lui plaît, et les bonnes actions du croyant en effaceront peut-être des mauvaises.
– Le musulman croit qu’Allah veut être loué et servi par les hommes, il le prie cinq fois par jour et confesse son nom, donne l’aumône, accomplit jeûne et pèlerinage, mais il ne peut se sentir proche d’Allah, ni aimé, ni racheté, et ses prières comme ses actes sont des rites imités et souvent accomplis collectivement dans la foule, en attendant la terrible solitude du jugement.
– Le musulman croit que sa piété est essentielle pour qu’Allah bénisse sa famille, sa cité et son peuple, mais il n’attend aucune force de la part du Saint-Esprit pour vivre dans la sainteté. Il s’excuse de ses fautes et de ses faux-pas en impliquant Allah ou les démons, il cherche à se protéger des esprits par des invocations ou des versets du Coran, parfois même par la recherche ou la consultation de pouvoirs occultes.
– Dans les pays d’immigration ou d’exil, le musulman est souvent un homme désorienté, écartelé entre de trop nombreuses solidarités, souffrant du manque de reconnaissance et de l’absence de références à imiter, guetté par les tentations les plus redoutables (comme la boisson, la drogue ou le jeu) et effrayé à l’idée de perdre ses enfants, le respect de sa femme, l’honneur de sa famille.
– Dans les pays où l’islam règne en maître, le musulman est troublé par l’apparent succès des Occidentaux infidèles dans les affaires du monde, ulcéré par la corruption et la violence des régimes pourtant soutenus par ses coreligionnaires et interpellé par les guerres entre nations musulmanes ou par l’absence d’unité de ces nations dans des projets d’ambition internationale.
– Parfois le musulman se sent fier d’appartenir à la grande communauté de l’islam (‘umma), fier de réciter les versets incantatoires du Coran dans cette magnifique langue arabe faite pour la déclamation, fier de sa fidélité séculaire à un engagement tribal dont le rite par excellence rassemble chaque année près de deux millions d’êtres humains pour le pèlerinage.
– Mais parfois au contraire, le musulman a honte et il doute, accablé par l’hypocrisie des hommes et par le silence d’Allah, déconcerté par tout ce qu’il ignore de sa propre religion – la plupart des musulmans ne comprennent pas l’arabe et n’ont aucun accès à des traductions auxquelles d’ailleurs ils ne feraient pas confiance – et malmené par ceux qui s’arrogent le droit de redéfinir l’islam véritable, les islamistes et les radicaux de toutes tendances qui se réclament de l’islam.

Pécheur privé du Dieu Sauveur en Jésus-Christ

En fin de compte, le musulman ressemble tellement à tous ces hommes qui nous entourent, élevés dans une religion qui n’est jamais devenue une source de leur propre spiritualité ou égarés par une spiritualité qui n’apporte aucune réponse au besoin de Dieu qui s’exprime tout au fond de leur coeur. Père de famille ou jeune homme en quête d’identité et d’absolu, jeune fille à la recherche de l’épanouissement ou mère soucieuse de garder ses enfants loin des fléaux sociaux, il est résigné, soumis et – à l’image du Dieu décrit par le Coran – solitaire !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)