Le Moyen Age au proche-orient (6), de 590 à 1517

HISTOIRE DE L’EGLISE

de 590 à 1517

INTRODUCTION GENERALE AU PROCHE-ORIENT

La riche histoire du christianisme au Moyen Âge mérite plus de trois pages ! Il a donc fallu choisir de séparer les aspects occidental et proche-oriental. Le premier ayant été traité dans l’article précédent, voici maintenant le second. Pour les différencier des chrétiens « catholiques » de l’Ouest, on appelle les chrétiens de l’Est les « orthodoxes ». Cette dénomination se justifie par le fait que le christianisme débuta à l’Est (Proche-Orient). Durant de longs siècles, les chrétiens y furent plus nombreux.

Jusqu’au IVe s., le mouvement chrétien est minoritaire dans tout l’Empire romain (parties occidentale et orientale). La « conversion » du général Constantin en 312, puis son ascension à la position d’empereur projettent le christianisme au rang de religion légale en 313 dans tout l’Empire. A partir de là, le christianisme oriental et le pouvoir politique impérial romain font intimement route ensemble. Ce mariage politico-religieux proche-oriental perdure jusqu’à la destruction de l’Empire d’Orient à Constantinople, en 1453. Or, dans un couple, pour comprendre l’un, il faut aussi connaître l’autre ! Par conséquent, cet article traite des deux « partenaires » et de la complexité de leur histoire.

L’Empire romain est divisé en deux institutions (occidentale et orientale) en 285 par l’Empereur Dioclétien, parce que l’Empire est devenu impossible à contrôler efficacement depuis Rome. Cette division accentue encore des différences d’origine, d’influence, de culture, de langues (latin et grec), et — en ce qui concerne les chrétiens — de vocabulaire théologique. Constantin abandonne Rome pour faire de Byzance sa capitale en 330 ; il la nomme Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Il se sent appelé par Dieu à assumer la responsabilité de « guider » les chrétiens grecs vers leur destin spirituel ! L’unité de l’Empire ne dure pas au-delà de 395 à cause de l’incompétence des leaders politiques (appelés « Césars » ou « Empereurs ») des deux secteurs de l’Empire. Chaque partie suit son propre destin de 285 à 395.

Avec la fin politique de la partie occidentale de l’Empire en 476, par le sac total de Rome par des Barbares, Constantinople se considère l’héritière politique, spirituelle et culturelle de Rome. Elle se considère plus raffinée, plus civilisée, plus sécurisée que la Rome décadente et brisée ; de plus, elle est sans conteste une ville plus grande et plus belle, et constitue le centre intellectuel et architectural du monde.

Les pauvres papes romains sont alors obligés de prendre en main le destin des miettes de l’ex-Empire occidental dont la décomposition débute en 410, avec le sac de Rome par les Wisigoths. En 451, les Huns ravagent l’Italie ! La populace païenne de Rome supplie les papes et les évêques successifs de s’occuper de leur avenir sur tous les plans : justice, sécurité, voirie, défense militaire de leur ville, etc. En 476, un chef germain dépose l’Empereur postiche de Rome. C’est ainsi que l’on enterre l’Empire romain occidental ! Néanmoins, la partie orientale perdure à Constantinople.

Les empereurs orientaux grecs, à commencer par Justinien Ier (qui règne de 527 à 565) et suivi par la dynastie macédonienne (867-1056), conduisent l’Empire oriental à son apogée de gloire sur tous les plans. L’orthodoxie grecque guide toute la chrétienté (est et ouest) sur le plan théologique pendant les six premiers siècles. Lors des décisions monumentales des conciles dits « œcuméniques », les légats des papes ne sont que des observateurs privilégiés. Ces discussions ont été relatées dans l’article précédent.

Toutefois, il reste un dernier problème théologique qui oppose catholiques et orthodoxes : les premiers retiennent le monothélisme (Christ n’a qu’une seule volonté divine pour ses deux natures), contrairement aux seconds. Le Concile de Constantinople en 681 déclare que, pour chacune des deux natures présentes en Jésus-Christ1 correspond une volonté : Jésus-Christ, en tant qu’homme à part entière et sans péché, a une volonté humaine propre, et en tant que Fils de Dieu, il a une volonté divine propre. Il n’existe par conséquent aucun conflit entre les deux volontés, l’humaine étant toujours soumise volontairement à la divine. Pour les chrétiens orthodoxes, tout développement doctrinal a atteint la perfection dans le credo des Conciles. Pour eux, il n’y a plus rien à apprendre par une étude personnelle de la Bible ! L’Eglise orthodoxe stagne depuis le VIIe s. (Notons au passage que cette « maladie » de croire ne plus rien apprendre de l’étude de la Bible atteint bien des convertis occidentaux de nos jours !)

Depuis 385, les chrétiens occidentaux et orientaux suivent un chemin conflictuel sur le plan théologique jusqu’à ce que le pape Léon IX (1049-1054) envoie le Cardinal Humbert à Constantinople pour essayer de gommer les différences accumulées avec le patriarcat orthodoxe représenté par le patriarche Cérulaire. Le 16 juillet 1054, ne trouvant pas de terrain d’entente, Humbert place avec mépris sur l’autel de Sainte-Sophie, en plein office, une bulle2 excommuniant Cérulaire et avec lui tous les orthodoxes ! Cérulaire réunit un mini-concile et excommunie alors Léon IX ! Le catholicisme romain et l’orthodoxie grecque demeurent à tout point de vue séparés jusqu’au 7 décembre 1965, date à laquelle Paul VI et Athënagoras lèvent solennellement à Jérusalem les excommunications réciproques de 1054 ! Malgré cet acte public, des différences doctrinales et ecclésiastiques profondes demeurent. Leur acte n’a qu’une valeur historique ; il signifie seulement que leurs communautés ne sont plus en guerre. Cependant, chacun continue à croire fermement qu’il possède encore la seule vérité sur les sujets de désaccord. Voici les causes conflictuelles majeures de la rupture de 1054 :

1. La rivalité politico-ecclésiastique entre les patriarches et les papes pour déterminer le chef spirituel de la chrétienté, celui-ci devant recevoir la soumission inconditionnelle de l’autre ! Les patriarches sont soutenus par les empereurs byzantins, et les papes par les empereurs du Saint-Empire romain germanique3. Rappelons-nous qu’au Moyen Âge, la politique et le religieux forment un couple indissociable.
2. La centralisation politique pesante, mais très active, de la bureaucratie de l’Eglise de Rome fait d’elle une force gouvernementale puissante. L’Eglise orthodoxe n’a rien en elle-même de semblable ; elle ne contrôle pas ses empereurs.
3. L’inertie spirituelle de l’Eglise orthodoxe, causée par son « perfectionnisme » doctrinal, entraîne son écartement de toutes les discussions sur la nature de l’homme et sur le salut qui secouent l’Eglise de Rome pendant des siècles. L’orthodoxie devient mystique et spéculative, créant intérieurement un climat continuel de disputes et d’antagonismes qui l’affaiblissent, en face d’un Islam uni, militant et conquérant à partir de 632. Les orthodoxes se battent entre eux, au lieu de faire front commun contre l’Islam.
4. Les querelles doctrinales entre Rome et Constantinople se calment ou se ravivent alternativement. Entre le IIIe et le XIe s., des questions de liturgie et de discipline ecclésiastique (célibat ou non pour le clergé, port de la barbe ou non, etc.) n’ont fait qu’augmenter le désaccord entre les deux parties.
5. Le Filioque du credo catholique : le Credo, adopté par les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381), professe : « l’Esprit procède du Père ». Or, l’Eglise de Rome, à cause de la lutte contre l’arianisme4 des Wisigoths en Espagne, y ajoute la formule « Filioque » (« et du Fils »), pour clarifier la relation entre l’Esprit Saint et les deux autres Personnes de la Trinité (Jean 15.26 ; 16.7,14). Fait intéressant, Charlemagne généralise l’emploi de Filioque en Europe au IXe s., et cela pour narguer l’empereur byzantin ! « Hérésie ! », crient le patriarche Photius et un concile en 879.

Ainsi, il y a rupture totale du 16 juillet 1054 jusqu’au 7 décembre 1965, mais encore aujourd’hui des différences fondamentales et irréconciliables les divisent.

De 1054 à 1453, l’empire oriental et l’Eglise orthodoxe grecque déclinent rapidement sous les attaques successives des Turcs Seldjoukides islamisés ; ceux-ci s’emparent de l’Arménie christianisée et d’une grande partie de l’Asie mineure (1081). Les Normands chassent les Byzantins de la Sicile (1071). La 4e croisade papale prend et saccage Constantinople pour y installer le Royaume latin (1204-1261) — sorte de revanche du catholicisme sur l’orthodoxie ! Péché romain impardonnable à l’époque ! Même la reprise de Constantinople en 1261 par les Grecs ne permet pas à l’Empire de résister aux Turcs ottomans islamisés qui s’emparent définitivement de tout ! Les Ottomans laissent « vivre » les chrétiens (mais ne leur permettent pas de prosélytisme) et acceptent le patriarche de Constantinople comme leur porte-parole.

Malgré cette humiliation, l’orthodoxie perdure en Grèce, en Bulgarie, en Serbie au XIIIe s., et surtout en Russie à partir du Xe s. Le patriarcat russe de Moscou règne sur les peuples orthodoxes de la grande Russie pendant des siècles, jusqu’à la révolution bolchevique de 1917. Depuis la chute du communisme, il a repris une bonne partie de son ancien pouvoir spirituel et psychologique sur les orthodoxes de la Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, et sur d’autres pays. Il existe actuellement neuf patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, Moscou, Géorgie, Roumanie, Serbie, Bulgarie), six Eglises orthodoxes autocéphales (Grèce, Amérique, etc.) qui ne se réfèrent à aucun patriarche, et deux Eglises autonomes. Toutes les Eglises orthodoxes, ainsi que Rome dans son dialogue œcuménique, donnent une primauté d’honneur, mais non de juridiction, au patriarche de Constantinople. Il est à noter qu’il existe aussi six grands patriarcats catholiques de rite oriental unis à Rome, comprenant des Coptes, des Syriens, des Maronites, des Chaldéens (Bagdad), des Arméniens.

Le mépris de l’orthodoxie pour le catholicisme s’est accru en 1854 lorsque Rome inventa la doctrine (sic !) de la conception immaculée de Marie, et encore plus par la déclaration du pape Pie IX en 1870 de l’infaillibilité pontificale (les Grecs parlent de la papolâtrie des latins).

Nous devons reconnaître que malgré l’antagonisme réel entre ces deux communautés jusqu’à nos jours, elles sont d’accord sur :

– la validité des décrets des sept Conciles œcuméniques (de 325 à 787),
– l’adoration des statues et des icônes,
– l’égalité de l’autorité de l’Ecriture sainte et des traditions humaines de chaque Eglise,
– l’adoration de Marie, des saints et des reliques,
– la justification par la foi, avec des bonnes œuvres méritoires (sic !),
– le caractère méritoire du célibat,
– la nécessité des sept sacrements (sic !),
– la régénération baptismale pour recevoir le salut,
– la transsubstantiation (le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Christ),
– le sacrifice perpétuel de la messe pour les vivants et pour les morts5,
– l’efficacité des prières pour les morts,
– l’absolution des péchés de l’individu par l’autorité ecclésiastique, ainsi investie par Dieu,
– la nécessité d’une hiérarchie épiscopale.

L’Eglise de Rome reconnaît que les Orthodoxes sont de manière doctrinale « orthodoxes », mais qu’ils sont quand même schismatiques !

Ce survol très bref de mille ans de l’histoire orthodoxe s’imposait pour trois raisons importantes :

1. Les protestants et/ou les évangéliques en général ignorent l’histoire de l’orthodoxie orientale, qui concerne grecs, russes, ukrainiens, serbes, roumains, bulgares, etc. Ils sont autour de 150 millions dispersés dans le monde aujourd’hui. A titre de comparaison, le catholicisme réunit plus de 900 millions de fidèles !
2. L’orthodoxie revient en puissance dans les pays ex-communistes en y jouant un rôle important. Ces pays sont devenus un champ de mission pour l’évangélisation, mais il faut savoir où l’on met les pieds. Pour combien de temps ces pays vont-ils rester ouverts ?
3. Les papes et les patriarches ont repris contact de temps à autre depuis Vatican II (1962-1965) pour discuter comment ils pourraient se rapprocher. Il serait prudent de notre part de suivre attentivement l’évolution de leurs contacts, car ils ne sont pas banals, même pour notre avenir d’évangéliques ! Leur poids est énorme auprès des politiques !

L’article suivant traitera du phénomène de la Réforme protestante qui commença en 1517.

1Doctrine affirmée lors du Concile de Chalcédoine en 451.
2Une bulle est une lettre officielle du pape, revêtue de son sceau, visant à excommunier ou à donner une directive.
3Le Saint-Empire romain germanique est l’institution politique créée par le pape Léon III et Charlemagne en l’an 800. Elle se maintient jusqu’en 1806, lorsque l’empereur François Ier d’Autriche dépose sa couronne pour régner uniquement sur le royaume austro-hongrois
4L’arianisme nie la divinité de Jésus Christ et sa préexistence éternelle — un peu comme les Témoins de Jéhovah aujourd’hui.
5Une anecdote : l’inventeur de l’automobile de masse, Henry Ford, a laissé un million de dollars à sa mort, en 1947, pour que des messes soient dites afin qu’il sorte assez tôt du purgatoire !

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)