Le livre d’Emmanuel : Ésaïe 7 à 12

Vue générale des chapitres 7 à 12

Trois principales sections se détachent dans ces six chapitres :

– 1. de 7.1 à 9.7 : Emmanuel ;

– 2. de 9.8 à la fin du ch.10 : l’Assyrie, instrument de la colère divine ;

– 3. ch. 11 et 12 : le règne du Messie.

1. Emmanuel (7.1-9.7)

Le chapitre 7 s’ouvre par un des rares passages narratifs du livre d’Ésaïe. À la période prospère du règne d’Ozias ont succédé des jours difficiles pour le petit royaume de Juda, assailli par ses voisins : 2 Chroniques 28 montre qu’une première campagne contre les Syriens et le roi d’Israël (le royaume du nord, dont la capitale est Samarie) s’est soldée par une cuisante défaite. Ces deux royaumes coalisés comptent donner le coup fatal à Juda et installer au pouvoir un de leurs affidés (le fils de Tabéel).

Tandis que le roi Achaz inspecte l’approvisionnement en eau de Jérusalem, en prévision d’un siège, Ésaïe lui apporte un message de la part de Dieu :

– D’abord un encouragement : les deux voisins hostiles n’accompliront pas leur projet, ils ne sont que deux tisons fumants et près de s’éteindre (7.4). En effet, quelques années plus tard, l’intervention assyrienne a anéanti le royaume de Damas et écrasé Samarie (2 Rois 15.29;16.9).

– Ensuite une exhortation à faire confiance à Dieu. Et pour ranimer la foi d’Achaz, un signe lui est proposé. Mais Achaz, que la Bible nous décrit par ailleurs comme un roi impie et idolâtre, feignant la piété, refuse l’offre divine. Peut-être avait-il déjà pris la décision de faire appel à l’Assyrie, au lieu de se confier en Dieu.

La réponse du prophète est en deux parties : Dieu lui-même donnera un signe, celui d’Emmanuel, mais enverra aussi un fléau inédit, l’invasion assyrienne. L’expédient choisi par Achaz face à la menace immédiate d’Israël et de la Syrie allait se retourner contre lui et son royaume, comme un tsunami qui emporte tout sur son passage (8.7-8).

On voit dans cette prophétie d’Emmanuel, comme très souvent dans ce livre, une continuité entre le futur immédiat et l’horizon messianique : le prophète glisse de l’un à l’autre au cours d’un même passage, dans une perspective divine qui dépasse notre vision du temps.

En effet, le signe d’Emmanuel n’est pas facile à comprendre : certes, son accomplissement principal — c’est-à-dire la venue du Messie — est clairement expliqué à la fois par le chapitre 9 (« un enfant nous est né… ») et par la citation de Matthieu 1 qui insiste sur la naissance virginale de Jésus-Christ. Mais les v. 15 et 16 indiquent tout aussi clairement un accomplissement à très court terme, dans les années qui ont suivi le message à Achaz. L’explication la plus convaincante est de voir en Maher-Schalal-Chasch-Baz le premier Emmanuel : un enfant né de celle qu’Ésaïe allait épouser en secondes noces (« la prophétesse », 8.3) et qui était encore jeune fille au moment où Ésaïe a prononcé cet oracle devant Achaz.

Plusieurs éléments plaident en faveur de cette explication : d’abord le parallèle évident entre les v. 14 à 16 du ch. 7 et les v. 3 et 4 du ch. 8. Ensuite des témoins sont présents pour attester du mariage du prophète tout autant que de l’inscription « Maher-Schalal-Chasch-Baz » sur une grande plaque, qui pouvait être lisible de tous. Enfin, si l’enfant du ch. 8 porte un nom différent d’Emmanuel, on peut remarquer que notre Seigneur lui-même n’a jamais été appelé Emmanuel : « Tu lui donneras le nom de Jésus » dit l’ange à Joseph en Matthieu 1.21, dans le passage même qui cite Ésaïe 7.

Ainsi, le signe d’Emmanuel a été pour Achaz et les contemporains d’Ésaïe cet enfant dont le nom surprenant (qui signifie litt. « vite au butin, en hâte au pillage ») avait été inscrit avant sa naissance sur un grand panneau à la vue de tous.

Il en sera de même des siècles plus tard, lors de la naissance miraculeuse de cet autre enfant, né de femme mais conçu du Saint-Esprit, annoncé en même temps par Ésaïe (9.6). Qui d’autre que Christ pouvait porter les noms de « Dieu puissant » et « Père éternel » ?

Inséré dans le message prophétique d’Emmanuel, les v. 11 à 20 du ch. 8 sont un message personnel à Ésaïe, qui, avec ses enfants et ceux qui craignent l’Éternel (les « disciples », 8.16), se démarquent de leurs concitoyens.

2. L’Assyrie, instrument de la colère divine (9.8-10.34)

Après la vision de la venue du Messie, la Parole divine revient à la situation présente dans quatre strophes adressées au royaume de Samarie qui font écho aux six malheurs prononcés sur Juda au ch. 5. Ce peuple persiste dans son orgueil inconscient malgré un premier jugement de Dieu ; il est tout entier aveugle et perverti, dévoré par le feu de la discorde et rempli d’injustice envers les petits. « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue. » (9.12,17,21 ; 10.4, Darby)

L’instrument de cette colère divine, l’Assyrie, est aussitôt présenté, mais sera châtié à son tour en raison de son arrogance (10.5-34).

3. Le règne du Messie (11.1-12.6)

Le ch. 11 s’ouvre alors sur celui qui est « la racine et la postérité de David » (Apoc 22.16, Darby). Tout différent des hommes orgueilleux dont l’ambition a causé la ruine du peuple, le prophète le rattache à Isaï, et non pas à David, comme pour souligner son humble origine et ôter toute prétention à la maison de David qui, en la personne d’Achaz, a montré son infidélité.

Le règne du Messie est décrit sur une terre où toute violence a disparu, dans un tableau évoqué de nouveau au ch. 65 : celui de la nouvelle création, toute entière pleine de la connaissance de l’Éternel.

Israël à nouveau rassemblé, comme Israël délivré de l’Égypte, entonne alors le cantique du ch. 12 : « Jah, Jéhovah est ma force et mon cantique, il a été mon salut. » (12.2, Darby) Ce cantique d’Israël racheté, qui rappelle celui chanté autrefois sur le rivage de la mer Rouge, est la conclusion et le point d’orgue de la première partie du livre où ont été abordés, en une majestueuse introduction, les thèmes principaux de la prophétie d’Ésaïe.

Foi et courte vue

Le récit du ch. 7 est d’abord une épreuve de foi. Dans la situation critique qu’il vivait, il était naturel pour Achaz de mobiliser toutes les ressources à sa disposition, et d’user d’un moyen qui pouvait paraître imparable : faire appel à la grande puissance de l’époque, l’Assyrie, devant laquelle ses ennemis du moment ne pourraient résister.

À tout problème on est tenté de trouver une solution humaine, en reléguant Dieu au second plan : pourvu qu’il fasse réussir le moyen que j’ai trouvé et que la sagesse humaine préconise ! Mais nos solutions ne sont pas toujours celles de Dieu. Le choix de faire confiance à Dieu, de donner plus de crédit à Celui qui est invisible qu’aux éléments tangibles qui nous entourent, n’est jamais un choix facile : c’est pourtant la seule manière de « subsister » (7.9).

Dans l’histoire d’Achaz, le choix de l’Assyrie, s’il a semblé judicieux à première vue, s’est avéré lourd de conséquences. Se tourner vers le monde, et faire appel aux ressources qu’il propose, c’est s’exposer à être submergé par lui. David, qui contrairement à Achaz était un homme de foi, s’est aussi laissé prendre à ce piège : pour échapper à Saül, il est allé se réfugier chez les Philistins en faisant croire qu’il était des leurs ; puis, de compromission en dissimulation, il s’est retrouvé entraîné dans la guerre, près de combattre contre son propre peuple (1 Sam 27-30).

Ce récit nous montre aussi une décision prise sous la pression des événements. L’urgence nous fait souvent croire qu’une action doit être entreprise au plus vite, parce que le temps est contre nous ; peut-être jugeons-nous aussi avec légèreté qu’il sera toujours temps de « corriger le tir », si notre choix initial n’est pas bon. Mais le temps de Dieu n’est pas toujours le nôtre.

Le contraste est instructif entre d’un côté Achaz et la majorité des hommes de Juda, agités comme les arbres par le vent, paniqués par les rumeurs d’un complot imminent (8.12), et de l’autre ceux qui s’attendent à Dieu comme Ésaïe. « Je m’attendrai à l’Éternel, … je l’attendrai » (8.17, Darby), ou « Je me confierai en lui », comme est cité ce verset dans Hébreux 2.13. Cette même Épître, en plusieurs endroits, nous montre le lien étroit entre patience et confiance (Héb 6.12,15 ; 11.13,39). La confiance en Dieu nous permet d’échapper à la pression de l’immédiat, en sachant que notre Dieu, lui, a notre avenir en ses mains.

Crainte de Dieu

Ce ne sont pas les événements menaçants, réels ou imaginaires, l’actualité brûlante, que les croyants doivent redouter. Bien plutôt, c’est notre Dieu que nous devons craindre, comme lui même l’enjoint à Ésaïe « avec toute la force de son autorité » (8.11, Seg21). Le « sanctifier » (8.13) — c’est-à-dire lui donner, dans notre vie et dans notre cœur, la place qui lui revient — est la seule source de sérénité pour ceux qui lui appartiennent. On raconte que John Wesley, embarqué pour l’Amérique, s’est converti en voyant le calme inébranlable de frères moraves rassemblés pour rendre culte alors que leur navire était pris dans une effroyable tempête.

L’apôtre Pierre cite ce passage, en montrant que les croyants, même soumis à l’hostilité de ceux qui les entourent, ne doivent pas davantage craindre les hommes, mais désarmer leur méchanceté par une conduite irréprochable (1 Pi 3.13-16).

Craindre Dieu, ce n’est pas avoir peur de lui ; c’est le respecter et avoir conscience de sa grandeur et de sa sainteté. Bien loin d’être une simple affirmation abstraite, le craindre nous amène à diriger notre vie en fonction de ce qui lui plaît. Nous sommes alors assurés de trouver auprès de lui refuge et sécurité, comme dans un sanctuaire (8.14), avec la conviction qu’il tient notre destin dans ses mains, et qu’il est avec nous en toute circonstance.

Emmanuel

Le sens de ce nom d’Emmanuel, « Dieu avec nous », répété trois fois dans les chapitres 7 et 8, condense d’une certaine manière toute la révélation biblique : celle du Dieu Tout-Puissant, par nature en dehors et au delà de toute création, qui resterait éternellement lointain et inaccessible à l’homme, s’il ne s’intéressait à lui. Un Dieu qui s’approche de l’homme, qui intervient activement en sa faveur et qui veut se faire connaître à lui.

Cette proximité voulue par l’Éternel, et vécue par de nombreux croyants de l’A.T., est devenue totale par l’incarnation. Jésus, Dieu fait homme, est véritablement « Dieu avec nous » : plus encore qu’une expérience vécue par ceux qui l’invoquent, c’est une personne, venue comme un enfant, que Dieu nous a donnée. Un homme parmi les hommes, qui a vécu ce que nous vivons, pour partager jusqu’à la mort notre humanité.

Mais si, pour ceux qui croient, Emmanuel (comme Maher-Schalal-Chasch-Baz) est l’assurance d’être délivrés, pour ceux qui n’ont pas placé leur confiance en l’Éternel, il est « une pierre d’achoppement, un rocher de scandale… un filet et un piège » (8.14).

Le signe d’Emmanuel introduit ainsi une alternative dans la bouche d’Ésaïe. Ne pas se confier en Dieu, ce n’est pas seulement se priver de la bénédiction d’Emmanuel, c’est être condamné à l’échec et à l’obscurité. Il est frappant de voir comme notre société occidentale qui a laissé de côté toute idée de Dieu, est envahie de pratiques occultes, exactement telles que les décrit Ésaïe. La révélation divine ne peut venir que de la parole inspirée (8.19-20), la lumière ne peut briller qu’en Jésus-Christ (8.21-9.7).

L’affirmation « Dieu est avec nous » n’est pas non plus un blanc-seing à des hommes incrédules, et le prophète s’attache à ce que nul ne la prenne avec légèreté.

Maher-Schalal-Chasch-Baz a annoncé à la fois la délivrance et la dévastation, la destruction des ennemis de Jérusalem et l’invasion assyrienne. Schear-Jaschub, le nom du premier fils d’Ésaïe, montre lui aussi clairement ces deux côtés du message prophétique : « un reste reviendra » est une promesse, celle d’un vrai retour à Dieu, mais aussi une menace, celle d’être consumé par la colère du Dieu saint, comme le montre 10.22 : « un reste seulement reviendra ».

On ne peut invoquer la protection de Dieu tout en rejetant son autorité et en méprisant ses exigences. Les soldats d’Hitler aussi avaient, gravé sur leur ceinture, ces mêmes mots : « Gott mit uns » (« Dieu avec nous ») ! Mais Dieu n’est jamais l’otage de ce qu’il a promis. Il est également bon et fidèle à ses promesses, juste et sévère envers le mal : « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu… » (Rom 11.22)

Cependant, pour ceux qui le craignent, cette sévérité n’est pas une source de terreur : elle leur fait mesurer, en Jésus, la grandeur de son amour qui attire ceux qui reviennent à lui, et chantent alors avec son peuple : « Je te loue, ô Éternel ! Car tu as été irrité contre moi, ta colère s’est détournée, et tu m’as consolé. » (12.1)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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