Le fondement de l’unité des chrétiens selon la prière de Jésus (Jean 17.21)

selon la prière de Jésus (Jean 17.21)

L’unité : tentation humaine ou soumission à Dieu ?

En France, il n’existe pas moins de 50 dénominations évangéliques. Parmi 33 000 dénominations chrétiennes dans le monde ! On a beau jeu de dire que cette fragmentationrenvoie une image négative du christianisme et ternit la crédibilité des chrétiens. D’autant que certains passages bibliques condamnent tout esprit de schisme (1 Cor 1.10 ; Gal 5.20 ; Tite 3.10). On comprendra donc que la tentation soit grande de vouloir effacer toute différence par quelques bons sentiments tout humains et par un organisme mondial comme le COE (Conseil œcuménique des Églises, fondé en 1948). Devons-nous suivre ce chemin ? Les divisions sont-elles nécessairement scandaleuses ?

L’unité est un thème majeur de l’Évangile selon Jean. La prière de Jésus, notamment : « Que tous soient un » (Jean 17.21), a fourni le slogan de toutes sortes d’unifications étranges. Pour qui veut y voir clair, un seul réflexe : « Mais que dit l’Écriture ? » (Gal 4.30). Une première analyse grammaticale du verset laisse apparaître trois objectifs :

« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, [1] afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, [2] afin qu’eux aussi soient un en nous, [3] pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (v.20-21). Cet article en fera son plan :

1. L’unité : le modèle de la Trinité

2. L’unité : à quelles conditions ?

3. L’unité : dans quel but ?

Laissons la Parole démêler la confusion concernant la nature, les conditions de possibilité et les diverses expressions de la véritable unité des croyants.

1. L’unité : le modèle de la Trinité

Caractéristiques de l’unité au sein de la Trinité

La première impression qui ressort d’une lecture lente et attentive du chapitre 17 est la profonde unité qui lie le Fils au Père. C’est au nom de cette communion parfaite que Jésus intercède pour ses disciples présents et à venir. Sa communion avec le Père célestesert de modèle à son projet terrestre d’unité au sein de l’Église (17.11, 21, 22, 23).

Des chrétiens désireux de connaître l’unité en trouveront doncle fondement dans la communion qui existe entre le Père et le Fils. Comment la Bible décrit-elle cette communion ? « [Elle] repose sur une identité de nature (1.1), de sainteté (8.46), de volonté et de but (5.19, 30 ; 10.30), sur un amour réciproque parfait (17.24 ; 14.31 ; 15.101). » D’autres passages montrent que le Saint-Esprit fait partie intégrante de cette communion2.

L’unité se vit donc quand des chrétiens possèdent « cette identité de nature : s’ils ont en eux la nature et la vie divines (2 Pi 1.4 ; Gal 2.20 ; 1 Cor 12.12-27), une recherche sincère de sainteté3, la volonté d’obéir à Dieu (Rom 12.1-2 ; 1 Jean 1.5-7) et cet amour pour Dieu et pour des frères qui ne peut être versé dans nos cœurs que par le Saint-Esprit (Rom 5.5) » (Kuen, p. 24-25).

Qui sont les bénéficiaires de la prière de Jésus ?

Reprenons les éléments de la prière sacerdotale pour décrire de manière plus pratique ces croyants que Jésus cite 45 fois.

– Ils ont reconnu l’autorité divine de Jésus et répondu à son appel à le suivre (v. 8) ;

– Ils appartiennent à Christ, car donnés par le Père (v. 2, 6, 9, 11, 12, 24) ;

– Ils croient en la Parole de Dieu comme étant la vérité (v. 17, nous parlerions aujourd’hui de défenseurs de l’inerrance des Écritures) ;

– Comme le Père et le Fils sont saints et séparés du monde (v. 11, 25), ils n’appartiennent plus au monde, bien qu’y vivant encore (v. 9, 14) ;

– Ils bénéficient d’une relation personnelle avec le Père (v. 6, 26) et de la joie du Fils (v. 13) ;

– Ils se séparent chaque jour du monde et se revêtent de la sainteté de Dieu sur les seules bases de sa Parole et de l’action de Christ en eux (v. 17, 19) ;

– Ils ont l’assurance d’un salut éternel, garanti par Dieu lui-même (v. 11).

Ils partagent ainsi « la même origine [que le Christ] (v.14, 16), […] la même mission dans le monde (v. 18 ; cf. Jean 5.30), […] le même avenir glorieux (v. 22, 24), […] le même amour du Père (v. 23), […] la même joie intérieure (v. 13), […] la même unité avec le Père (v. 23, 26) et sont en butte a` la même haine de la part du monde (v. 14) » (A. Kuen, p. 16).

Jésus a en tête et dans le cœur des personnes bien précises, lorsqu’il intercède ici. Il ne peut s’agir de tout le monde (v. 9) ni même de personnes religieuses fréquentant sporadiquement des cercles « vaguement christianisés ». Ces caractéristiques décrivent des personnes nées de nouveau qui ont professé la divinité et le mandat rédempteur de Jésus, qui ont reçu la Parole comme seule vérité et guide unique, qui renoncent chaque jour aux plaisirs de ce monde, trouvant en leur Seigneur une joie et une vie plus excellentes, avec l’espérance d’une patrie meilleure (Col 1.29 ; Héb 11.16).

Bref, ce sont des croyants régénérés et professants. Le COE se vante, au contraire, d’admettre en son sein toutes les Églises sans distinction, y compris les Églises multitudinistes, à savoir celles qui n’imposent pas de professer le nom de Jésus comme Sauveur personnel et Seigneur exclusif, ni de maintenir une relation vivante avec lui. Est-ce encore l’unité selon Christ ?

2. L’unité : à quelles conditions ?

L’unité, vue par Jésus lui-même dans sa prière

L’unité a été mal interprétée, car le mot a été isolé pour lui donner des connotations au gré des idéologies. Or, notre théologiene doit pas s’appuyer sur des opinions personnelles, mais sur le discours de Dieu, révélé dans la Bible. La prière elle-même indique la nature, les conditions de possibilité… et les limites de cette unité. Cette requête de Jésus accompagne en effet trois autres requêtes qui éclairent ce que Jésus entend par « unité ».

1. « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous » (v. 11) ;

2. « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du malin » (v. 15) ;

3. « Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité » (v. 17).

C’est d’abord en vertu dela sainteté du Père (notez le titre employé par Jésus) que les chrétiens sont préservés, et non en raison deleurs initiatives ou de leurs « bonnes œuvres » (v. 11). La foi en un Dieu saintles conduit à une sanctification qui opère un double mouvement : un détachement du monde, domaine du malin (v. 15), et un attachement à la vérité, par le moyen de la Parole de Dieu (v. 17). En se séparant des valeurs malignes du monde, les croyants se fortifient en Dieu (cf. 1 Jean 2.14). Enrespectantprofondément la Bible, unique Parole de Dieu et seul guide vers la vérité, ils rendent untémoignage clair. L’unité découle donc de la sainteté du Père et de la sanctification offerte aux croyants en réponse à la prière du Fils.

Autrement dit, un croyant qui recherche la sanctification par ses propres moyens, ou qui aime le monde plus que Dieu, ou qui ne puise pas dans la Bible pour cheminer dans la vérité ne peut espérer vivre l’unité avec d’autres chrétiens. Ses initiatives, même les plus élevées, échoueront. C’est Dieu qui sanctifie, c’est Dieu qui unit.

Ne fabriquons pas notre unité, elle existe déjà !

Une autre raison de se confier en Dieu qui sanctifie, afin de vivre l’unité, se trouve dans cette prière. Jésus ne prie pas les croyants, mais le Père. Requête déjà exaucée, nous en sommes persuadés, puisque le Père exauce « toujours » son Fils (Jean 11.42). L’unité est donc une réalité. Une réalité qu’il s’agit, non de créer (comme si nous étions Dieu), mais de nous efforcer de conserver (Éph 4.3).

Quels que soient les efforts humains, seul l’Esprit crée l’unité. Ceux qui conservent l’unité de l’Esprit sont ceux qui marchent par l’Esprit. Jésus ne pense pas un instant à l’union entre des organisations, mais entre des chrétiens régénérés, spirituels : « Le Seigneur ne demande pas à son Père que ces croyants soient unis mais qu’ils soient un. Le mot que les écrivains sacrés ont employé correspond à notre adjectif numéral : un. La différence est grande, entre une nation et des nations unies, entre une plante et des plantes réunies en un lieu, entre une union d’individus et un corps. » (Kuen, p. 21).

Une unité de principe, organisationnelle, ne saurait remplacer l’unité spirituelle. La pression est forte de le croire, à cause de l’image négative renvoyée par nos divisions (1 Cor. 1.10-13 ;12.25 ; Gal. 5.20). La solution n’est cependant pas organisationnelle, mais spirituelle. Les hommes essaient de se rencontrer entre eux au nom de leur Christ au lieu de se rencontrer en Christ. L’unité existe déjà en lui.

Ce sera l’argument de Paul : comment Juifs et païens se sont-ils unis ? En venant l’un vers l’autre à coups de bons sentiments et d’actions humanistes ? Cela se saurait si ça marchait. Non, ils ont vécu l’unité en venant à Christ ; c’est là que Juifs et païens se sont « rencontrés »et ont formé « l’homme nouveau » (Éph 2.15). Ce principe vautaussipournos querelles internes : c’est lorsque deux frères, deux conjoints ou deux camps se réconcilient devant Dieu et retrouvent la communion avec Christ (mort pour leur péché et ressuscité pour leur justification en vue de la joie éternelle) qu’ils pourront rétablir l’unité entre eux (Mat 5.23,24 ; 18.15). L’unité est spirituelle : elle est en Christ, non dans les déclarations de principe des organisations, fussent-elles philanthropiques, catholiques ou œcuméniques.

3. L’unité : dans quel but ?

Attirer à l’Évangile de Jésus-Christ

Notre conception de l’unité est souvent statique : des croyants de différentes confessions se réunissent pour louer leurs belles intentions et organiser quelques activités « entre eux » ou en direction de croyants qu’ils veulent convaincre de les rejoindre. L’ordre de notre Seigneur est centré sur les non-chrétiens : « …pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (cf. v. 23).

Le monde a besoin de reconnaître que le mandat divin de Jésus, c’est desauver des âmesdu naufrage éternel. Pour prendre conscience de cette réalité, il a besoin de découvrir quelque chose qu’il ne connaît pas (v. 25), quelque chose d’attirant : l’unité chrétienne. Non pas le rassemblement d’une pluralité de groupes ou de confessions. Ça, le monde sait le fabriquer (Nations Unies,Parlement européen ou Confédération helvétique, par exemple). Mais une unité de personnes ne formant plus qu’un seul corps ou un même plante, ce qui est fort différent !

Si Dieu a conçu le projet de l’Église, c’est pour faire de nous les croyants « […] un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que [nous annoncions] les vertus de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pi 2.9). C’est pourquoi nous ne pouvons éviter de nous heurter aux ambitions des systèmes politiques « laïques » qui tentent progressivement de convaincre leurs citoyens que la religion doit rester une affaire privée4. Cette tactique de l’ennemi vise à empêcher le monde de voir etde croire. Aussi prenons conscience que notre unité en action constitue un enjeu vital et éternel pour ceux qui nous entourent.

L’amour accomplit l’unité

Cet amour témoignant de l’unité fait indéniablement écho au commandement nouveau du Maître : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (13.33-34) L’amour doit caractériser les disciples de Jésus, cartrois choses sont évidentes : le Père aime le Fils (17.23), le Fils aime les siens (17.26)et le monde ne peut pas ne pas remarquer l’amour des croyants entre eux (11.36). En faisant leur demeure en nous par l’Esprit, le Père et le Fils nous chargent de manifester l’amour divin en leur nom.

L’amour est (devrait être ?) la caractéristique principale de l’Église. Quel est notre projet d’église locale ? Se résume-t-il à ses activités ? Le projet de Christ pour son Église, c’est de fonder une communauté d’amour en son nom dans un monde en perdition. Sacrifier son temps, son argent, son énergie pour porter les fardeaux de son frère : « ces choses sont conçues pour que le monde voie dans cette communauté de chrétiens quelque chose de nouveau, d’attirant et d’irrésistible5 ». L’unité n’est donc pas à rechercher, elle sera le fruit de cet amour, « lien par excellence » (Col 3.15).

Unis pour Dieu ou pour le monde ?

Derrière la volonté d’unité, se cache souvent une vision humaniste du monde, et l’idéal qu’un jour tous les hommes se tiennent par la main — soudés par une religion mondiale exaltant l’homme. La prétention chrétienne à l’exclusivité rebute (Jean 14.6 ; Actes 4.12; 1 Tim 2.5)mais le dialogue inter-religieux attire6. Or, cette prière de Jésus pour l’unité établit une opposition franche entre deux camps : les enfants de Dieu et le monde (v. 9, 11). Le monde maintient son rejet de Christ (v. 25), le monde hait les chrétiens convaincus et pratiquants (v. 14), mais Dieu demande à ces derniers de proclamer qu’il y a une réconciliation possible et un salut de grâce (v. 21, 23). N’entrons pas dans le jeu d’une fausse unité : le monde peut parfois sembler très religieux, il peut avoir le nom de Christ ou de Dieu à la bouche, se prévaloir de la forme la plus éclairée de christianisme, et néanmoins persécuter les chrétiens, haïr le vrai Dieu et rejeter l’Évangile (2 Tim 3.4-5). Il a besoin de comprendre la tragédie éternelle qui le guette s’il ne répond pas à l’appel pressant de Christ. C’est par ses enfants que Dieu a décidé de faire entendreson appel. Comment ceux-ci pourraient-ils participer à des activités sous-tendues par une vision universelle humaniste, voire syncrétiste, du monde ?

Conclusion

Oui, oui, oui à l’unité voulue et créée par Dieu ! Alors que des organisations tentent de la fabriquer en signant des accords de principes, lui l’a réalisée par le sacrifice de Christ, en se rachetant un peuple d’entre toutes les nations.

Cette unité spirituelle peut se vivre entre des croyants en communion avec le Père, unis avec Christ et marchant par le Saint-Esprit : « …afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous ; or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1.3).

Lorsque cette communion avec le Père n’est pas honorée, lorsque sa Parole est mise en doute, des divisions sont inévitables. D’ailleurs, la Bible préconise la séparation lorsque l’unité n’est que de surface (c.-à-d. non fondée sur la communion avec Dieu, mais sur des sentiments ou des concepts humains) : « Si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres […] » (1 Jean 1.7).

Nous avons un devoir de rigueur et de fermeté dans la compréhension bibliqued’une unité qui correspondeau modèle divin, mais nous avons aussi besoin d’une conscience permanente de la finalité missionnairede notre unité. Pour autant que nous remplissions notre part, nous jouirons entre frères et sœurs en Christ de la liberté véritable, car l’Esprit du Seigneur exaucera lui-même sa prière (cf.2 Cor 3.17).

Quelquesréférences

– Gabriel Mützenberg, L’œcuménisme, une nouvelle religion ?(Éd. Farel, Paris, 1987). Recension par Jean-Jacques Dubois dans Promesses, n° 85, sept.1988.

– Alfred Kuen, Vivre l’unité de l’Église. Réédition de Que tous soient un, BLF Éditions, Marpent, 2010.

– Des numéros de Promesses sur le sujet : 25 (1973), 59 (1981), 85 (1988), et 119 (1997).

1 Alfred Kuen, Vivre l’unité de l’Église, p. 24.
2 Sur le sujet, nous vous renvoyons aux numéros de Promesses suivants : n° 162, déc. 2007, p. 10-12, n° 126, déc. 1998, p. 1-4, n° 180, avril 2012, p. 2, etc.
3 Cf. Rom 1.7 ; 6.19 ; Éph 4.24 ; 1 Thes 4.4 ; 1 Pi 1.15.
4 Cf. la collection du CNEF « Libre de le dire », et notamment le tout récent livret Libre de le dire dans l’espace public (BLF, 2015).
5 David Platt conversant avec Francis Chan, au sujet du livre de ce dernier sur le discipulat : Multipliez-vous, Marpent : BLF Éditions, 2015 [vidéo en ligne]. Source : .
6 Il y a bien une ambition syncrétiste au sein du COE ou d’autres mouvements qui s’y apparentent. Des extraits de déclarations étonnantes se trouvent dans le ch. 6 du livre d’A. Kuen déjà cité.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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