Le fardeau de la dépression (1)

Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme, qui espèrent en vain la mort, et qui la convoitent plus qu’un trésor, qui seraient transportés de joie et saisis d’allégresse, s’ils trouvaient le tombeau? A l’homme qui ne sait où aller, et que Dieu cerne de toutes parts ? Mes soupirs sont ma nourriture, et mes cris se répandent comme l’eau. Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, et le trouble s’est emparé de moi (Job 30.20-26).

 Il est étrange et paradoxal de constater que la dépression – qui est le plus commun des malaises inorganiques – reçoive une attention si mince dans la plupart des livres de relation d’aide écrits d’un point de vue chrétien. Même les meilleurs ouvrages n’échappent pas à cette observation. Ceci est sûrement dû à l’incertitude largement répandue quant à la cause de la dépression, et aussi aux multiples formes de mélancolies qui défient les théories les plus courantes du traitement de cet état d’abattement psychologique. Cet article n’est pas un essai d’identification des causes ou une liste de remèdes à appliquer au traitement de la dépression -pour des raisons évidentes – mais une offre de suggestions pour aider les personnes atteintes à sortir de leur état.

1. Aux sources de la dépression

Quelques écrivains spécialisés dans la question de la relation d’aide se donnent un mal fou pour trouver exactement les causes de chaque maladie de l’humeur. Ils espèrent ainsi qu’une fois l’origine du mal mise en évidence, ils pourront le traiter de façon appropriée. Parmi les raisons de l’accablement soudain, on trouve des problèmes liés à la culpabilité, à la colère, au chagrin, à la pensée négative, aux difficultés de relation à autrui, aux traumatismes de l’enfance, à une estime de soi réduite à zéro et à l’épuisement physique. Des époques de stress prolongé comme la maladie et le deuil sont aussi regardées comme des états menant à la dépression. Il n’y a pas de doute qu’une accumulation de tels facteurs peut déclencher et aggraver le découragement et la mélancolie, mais les regarder simplement comme la cause est sûrement trop simple. «Une colère refoulée est le point de départ de presque toutes les dépressions cliniques» a déclaré un psychiatre chrétien. «Le but inaccessible» est une école de pensée défendue par les docteurs Paul Meier, Frank Minirth et quelques autres. Une personne déprimée peut tenir compte de tels points de vue, mais il faut reconnaître qu’une frustration ou une colère rentrée ne conduisent pas fatalement à la dépression. Pourquoi une minorité de gens brusquement soumis à une tension intérieure plongent-ils dans des états d’âme frisant le désespoir profond alors que la plupart des autres ressortent indemnes d’un bref passage à vide? En outre, il y a des moments où les chrétiens sont pressés de toutes manières… dans la détresse… persécutés… abattus comme l’apôtre Paul (2 Cor 4.8-9) sans que la «colère censurée» n’entre en ligne de compte. Quelques auteurs citent le texte du Psaume 32.4 où David décrit une grande lassitude, semblable à une dépression, reconnaissant qu’elle est le résultat d’un péché non confessé. On prétend alors très vite que la plupart des crises d’abattement sont motivées par un sentiment de culpabilité. Il est clair, selon l’Ecriture, que la désobéissance et le péché conduisent au châtiment et au chagrin, mais voir ces comportements comme la seule source de découragement est tout à fait injustifié, car il y a beaucoup d’autres exemples dans la Bible de gens abattus et accablés sans raisons spécifiques. Rappelons-nous de quelques grands héros de la réformation ou des réveils qui ont souffert de sévère mélancolie, parfois même dans leurs plus belles heures de service.

IL est évident que plusieurs ont une tendance innée à la lassitude et la tristesse, mais les phases dépressives peuvent provenir des causes les plus diverses. En vérité, et le plus souvent, il n’y a pas de cause clairement apparente. Le voile pénible de la mélancolie tombe bien des fois de façon inattendue et inexplicable. Dès que l’humeur morose s’installe, elle entraîne une succession de lamentations et ceux qui les entendent en déduisent forcément qu’elles sont vraiment la source de la tristesse. Mais le problème de base est sans doute une prédisposition constitutive à la dépression, dans la plupart des cas.

Les circonstances aggravantes viennent parfois de la propre expérience du conseiller spirituel qui, s’il a lui-même souffert d’un méchant assaut de mélancolie dans le passé, peut suggérer que la dépression doit toujours être complètement guérie. Il fera peut-être valoir qu’il a été libéré de toute rechute pendant des années.

2. Conseiller spirituel ou psychiatre: que choisir ?

Pour un grand nombre de personnes, la dépression ne s’abat qu’une seule fois sur elles, entre 18 et 25 ans et ne réapparaît plus, sinon après une grossesse ou dans l’âge avancé. Bien des gens ne se montrent vulnérables qu’à ces époques de la vie, alors que beaucoup d’autres restent fragiles et proches de cet état pathologique jusqu’à la mort. Bien qu’une minorité seulement souffre durement et à plusieurs reprises d’un tel délabrement psychique, c’est néanmoins un mal très commun, si commun même que dans toute Eglise d’une centaine de membres, cinq à dix de ceux-ci en sont touchés à divers degrés. il a été maintes fois affirmé par les médecins que les femmes en sont affectées deux fois plus que les hommes, mais les pasteurs en exercice n’appuient pas ce point de vue. Une assez grande proportion de serviteurs de Dieu certifient avoir connu l’angoisse et la dépression; c’est un fait que l’on retrouve dans beaucoup de biographies de chrétiens. il n’y a pas très longtemps, un magazine évangélique publiait un article sur la dépression dans le service de Dieu et dévoilait que les pasteurs ne sont pas étrangers à ses atteintes. Peut-être que le Grand Médecin a voulu qu’il en soit ainsi afin que ses aides s’équipent d’une bonne dose de compréhension et de compassion pour les autres (voir 2 Cor 1.4). il va sans dire que le secours pastoral seul ne peut pas toujours remédier à toutes les manifestations de souffrance intérieure. La force du désespoir du coeur est parfois si intense, que celui qui en souffre ne peut tout simplement plus faire face à la vie et doit recourir aux médicaments. Dans ce cas, la règle de 1 Cor 10.13 ne peut pas être appliquée parce que la personne se trouve dans l’incapacité de supporter l’épreuve et ne peut plus prier ni faire appel aux promesses de Dieu.
 Dans le même ordre d’idées, je souligne que si le vide intérieur provoque des troubles de comportement au point de fausser le sens de la réalité des choses, le problème déborde le cadre de la relation d’aide, du moins pour un temps. Les hallucinations sont un signe d’irrationalité, mais elles ne sont pas aussi sérieuses qu’elles le paraissent. Quelques-uns voient, entendent et profèrent des choses incohérentes à la suite de tensions, de chocs ou d’insomnies, mais recouvrent tout aussi vite leur équilibre et la stabilité s’ils retrouvent le sommeil et l’amitié de quelqu’un. Nous ne devons pas nécessairement pousser à consulter un psychiatre lorsque nous observons une détérioration de l’humeur, car le rétablissement s’opérera peut-être avant l’obtention d’un rendez-vous chez le médecin!

Si des idées noires se sont fermement installées, il faut reconnaître que nous ne sommes plus dans notre élément et le secours médical devient pressant. Si une personne dépressive présente d’autres problèmes sérieux et tente de s’enlever la vie, le meilleur spécialiste en relation d’aide est incompétent, il ne doit même pas essayer d’agir seul. Le dépressif a besoin du soutien préventif de la médecine. Mais la plupart des manifestations de la dépression ne vont pas si loin, malgré le profond désespoir et le dégoût. il faudrait être en mesure de porter secours à notre prochain sans intervention psychiatrique tant que possible – les avantages de la mise à l’écart de la médecine seront mentionnés plus tard.

3. Les formes de la dépression

Avant de considérer les mesures d’aide que nous pouvons prendre, nous voulons décrire rapidement les symptômes de cette expérience. La dépression survient sous la forme d’une tristesse marquée et continue qui, bien des fois, imprègne toute la personnalité. Lorsque nous sommes en dépression, nous envisageons les choses d’une manière extrêmement pessimiste, allant jusqu’à la perte totale de l’assurance du salut.

Il peut arriver que la dépression entraîne une hypersensibilité à l’état de révolte et de péché du coeur humain et à une perception inhabituelle de notre déchéance, vision dévastatrice qui se transforme en auto-accusation.
1. Estimation de soi perturbée: la dépression peut se greffer sur un sentiment d’indignité, nous précipitant dans une orgie de dénigration de soi, ou elle peut laisser notre orgueil intact et prendre la forme d’une extrême pitié de soi à la suite d’une vague monumentale de blessures, d’injustices, de coups durs et de déboires.
2. Perte de maîtrise émotionnelle: quelquefois la dépression agit davantage sur les sentiments que dans les pensées par une terrible combinaison d’abattement, de misère, d’anxiété, de terreur et une perte de confiance et de motivation. Nous sommes touchés par le fond, frustrés ou entièrement épuisés et exténués. La souffrance intérieure nous rend indécis et apathiques, imprévisibles et impulsifs en peu de temps.
3. Personnalité altérée: pour beaucoup de gens, la dépression est génératrice de frayeurs nocturnes avec des coups de boutoir d’angoisse si terrifiants que l’on désespère de voir arriver le jour. D’autres deviennent irritables et franchement désagréables alors que certains deviennent anormalement placides et prennent quotidiennement le rôle du paillasson.
4. Obsessions: pour plusieurs, la dépression se manifeste par des idées défaitistes; ils les rabâchent continuellement, les passent à la moulinette jusqu’à ce que l’esprit soit trop alourdi pour réagir et penser objectivement.
5. Perception du monde extérieur faussée: les tourments de la dépression font pleurer sans raison, en cachette, et amènent à regarder les autres avec effroi. Le diable bien sûr prend avantage de ce vide intérieur, insinuant les pensées les plus folles, le doute et les soupçons, jusqu’au désespoir total.
6. Plaisir morbide: la dépression favorise aussi la tendance perverse à l’autodestruction; il ne s’agit pas exclusivement de suicide, mais d’un violent désir de tout abandonner, de tout quitter, de prendre congé et d’oublier ce que Dieu avait commencé par sa grâce. Le déprimé a envie de s’écarter de tout et de se réduire ainsi à la non-existence.La raison peut admettre une chose et en même temps se laisser aller à une excitation morbide de la tragédie, s’en délectant secrètement.
7. Obstination à souffrir: beaucoup de dépressifs déterminés à regarder les choses sous leur aspect le plus négatif sont étrangement résolus à rester dans leur état, ce qui est une forme de masochisme: leur peine, leur humiliation et leur langueur sont finalement voulues et recherchées.
8. Souffrance morale: par dessus tout, cette mystérieuse et réelle souffrance morale est le facteur le plus significatif. On peut en subir les assauts à un degré très élevé pendant quelques heures, plusieurs jours à la file, des semaines, des années.
9. Atteintes corporelles: les formes extrêmement variées de la dépression, avec sa cruauté unique, ont pour effet de nous mettre en garde contre des explications simplistes des causes et des moyens de guérison. Les gens touchés par ce trouble inorganique souffrent souvent d’anomalies physiques parallèlement à leurs angoisses. Nous ne saurions passer sous silence leurs craintes devant les manifestations de cet ordre. Il faut les rassurer, car de tels symptômes n’ont rien d’extraordinaire. On relève des sueurs froides ou des bouffées de chaleur, des palpitations, des démangeaisons du cuir chevelu, la bouche sèche, des difficultés de déglutition, de violents maux de tête, une foule de désagréments digestifs ou autres. On ressent souvent une impression de substance acide nocive dans le corps, dans le sang et même sur la langue. Souvent ces ennuis baissent d’intensité ou disparaissent carrément au moment où le dépressif apprend que ces symptômes sont courants.

Notre but, dans la relation d’aide, c’est d’épauler un croyant qui traverse le désert brûlant de la dépression. Si nous tendons la main à quelqu’un qui souffre de ce vide intérieur et de cette extrême lassitude, c’est pour le convaincre que la dépression peut être vaincue grâce à l’application des règles de l’Ecriture. Cette découverte achevée, le dépressif est préparé pour repousser les vagues de tristesse. L’objectif pastoral, par conséquent, est d’enseigner à composer de la meilleure façon avec cet état de manière à tenir le coup aux pires moments.

Dans le prochain numéro de Promesses, l’auteur fournira quelques outils pour dépister, comprendre, définir et affronter la dépression.

1 Pasteur au Metropolitan Tabernacle à Londres. C’est dans cet édifice que C.H. Spurgeon prêcha avec fruit de 1861 à 1892. L’article que nous publions ici paraîtra en trois fois. Il est emprunté à la revue «Sword and Trowel» (No 111989) et adapté.

P.M.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

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(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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