Le deuxième chant du Serviteur — Ésaïe 49

En 550 av. J-C., à Babylone, il y a plus de 2500 ans, des Juifs sont en exil depuis 35 ans. Ils ont le mal du pays, mais le pays n’existe plus, leur capitale, Jérusalem, est détruite. Chaque sabbat, ces hommes et ces femmes se rendent à la maison de prière pour se réunir avec leurs frères et sœurs d’exil. Et ce jour-là, ils entendent le maître de maison lire le deuxième chant du Serviteur, Ésaïe 49.1-13.

Ce texte se trouve dans la deuxième partie du livre du prophète Ésaïe, destinée au peuple en exil. Dans cette partie, on trouve quatre poèmes qui parlent tous du même personnage : le Serviteur de l’Éternel. On a pris l’habitude d’appeler ces quatre poèmes, les « chants du Serviteur » (És 42 ; 49 ; 50 et 52-53).

Plus on avance dans ces chants, mieux on comprend :

– qui est le Serviteur : c’est le Messie, le libérateur promis par Dieu ;

– quelle est sa mission : libérer le peuple de Dieu et donner la lumière.

L’identité du Serviteur

Dans ce deuxième chant, le Serviteur s’exprime à la première personne du singulier : il nous raconte son autobiographie.

Sa bouche : une arme réservée pour le combat

Si le Serviteur du ch. 42 est doux, attentif aux faibles, celui du ch. 49 est un guerrier, une arme fatale : « Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant, il m’a couvert de l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche aiguë, il m’a caché dans son carquois. » (49.2) Quel contraste !

Mais deux détails frappent :

1. L’épée, c’est sa bouche : Le combat ne va donc pas être premièrement physique, mais verbal. Le Serviteur va proclamer un message qui sera aussi acéré qu’une épée, aussi puissant qu’une flèche aiguisée.

La teneur du message du Serviteur est indiquée plus loin : « Je t’établirai […] pour dire aux captifs : Sortez ! et à ceux qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! » (49.9). L’épée qui sort de la bouche du Serviteur sert ainsi à couper les liens, à faire tomber les chaînes, à casser les verrous des prisons. C’est une parole qui proclame la libération avec efficacité : c’est une parole qui libère !

2. Cette « arme fatale » est cachée : Cela peut sembler bizarre que ce Serviteur demeure caché. En fait, ce texte nous explique qu’il est bien là, prêt à être utilisé, à entrer dans le combat, mais n’a pas encore été manifesté. Il y a donc un temps pour que le Serviteur entre en scène. Et ce temps n’est pas encore arrivé pour les lecteurs d’Ésaïe en exil.

Son nom : Israël

Autre nouveauté de ce deuxième chant, Dieu nous révèle pour la première fois le nom de son Serviteur-Messie : « [L’Éternel] m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël en qui je me glorifierai. » (49.3) Comment comprendre ce nom ?

1. Une personnification du peuple ?

Plusieurs se basent sur ce nom pour dire que le Serviteur est une personnification du peuple d’Israël, un peu comme Marianne pour la France. Il est vrai que Dieu parle plusieurs fois du peuple d’Israël en l’appelant « mon Serviteur ». Mais dans ce passage, la personnification n’est pas possible : la mission du Serviteur est justement de ramener vers Dieu… Jacob et Israël (49.5-6). Le Serviteur ne peut pas être une personnification ni d’Israël, ni même du reste fidèle, puisqu’il doit ramener vers Dieu le reste, « ceux que j’ai préservés du peuple d’Israël » (49.6b).

2. Il est le véritable Israël

Mais alors pourquoi est-ce que Dieu appelle son serviteur « Israël » ? Simplement parce que le Serviteur est le véritable Israël, Israël selon le cœur de Dieu.

On peut illustrer cette identification par un schéma en forme de pyramide : avec l’avancement de l’histoire du salut, le nombre de personnes choisies par Dieu semble se réduire : – Au début, Dieu crée les humains et ils se détournent de lui. Mais Dieu décide de les sauver. – Puis il choisit Noé et ses descendants. – Puis Abraham et ses descendants. La pyramide se resserre. – Puis seulement Isaac et ses descendants, puis Jacob-Israël et ses descendants. – Après, par les prophètes, il annonce que seulement un « reste » d’Israël est le véritable Israël.

Mais où est ce reste ? Où est ce véritable Israël ? Qui reste complètement fidèle à Dieu ? Finalement, ce reste se résume à une seule personne : le Serviteur de l’Éternel, le Messie, Jésus ! C’est lui, et lui seul, qui est resté parfaitement fidèle à Dieu.

Jésus lui-même va d’ailleurs revendiquer ce titre de véritable Israël en utilisant une image. Plusieurs prophètes1 ont utilisé le symbole de la vigne pour parler d’Israël. Et Jésus dira à ses disciples : « Je suis la vraie vigne. » (Jean 15.1) Jésus se présente donc comme le véritable Israël, l’Israël fidèle, selon le cœur de Dieu.

La mission du Serviteur

Ramener Israël

Lors du repas traditionnel de la Pâque, les Juifs répètent chaque année la même phrase depuis bientôt 2000 ans : « L’an prochain à Jérusalem, l’an prochain, fils de la liberté ! » Depuis qu’ils ont été chassés de leur pays par les Romains, les Juifs pensent à leur pays et désirent y retourner.

C’est justement la mission du Serviteur : ramener son peuple exilé (49.5-6). Il est un nouveau Moïse qui va conduire la nation dans un nouvel exode. Les v. 9 à 12 nous montrent ce peuple revenir au pays, des quatre coins de l’horizon, traverser les déserts, les montagnes, les steppes, pour revenir au pays de leurs ancêtres.

Mais en regardant le texte de plus près, le vrai but de ce nouvel exode n’est pas d’abord le pays au sens littéral : « L’Éternel, […] m’a formé […] pour ramener Jacob à lui et pour rassembler Israël auprès de lui. » (49.5) La destination de ce nouvel exode : c’est l’Éternel ! Bien plus qu’une terre, le vrai pays promis, c’est Dieu lui-même.

L’exil que vivent les Israélites est physique, mais plus encore spirituel : ils se sont détournés de Dieu, ils ont suivi les idoles, les faux dieux. L’exil spirituel n’est autre que le péché, tout ce qui nous éloigne du seul vrai Dieu ! Le nouvel exode, que Dieu propose à son peuple est donc avant tout un exode spirituel : un retour vers lui, l’Éternel.

Dieu va libérer son peuple pour qu’il revienne vers lui. Et pour cela, il va utiliser son Serviteur. Par la parole de sa bouche, le Serviteur va proclamer la libération et va conduire son peuple vers la terre promise : Dieu, l’Éternel.

Les difficultés de la mission

Mais cette mission ne va pas être facile : pour la première fois, il est question des souffrances du Serviteur. Dans le troisième chant, cet aspect de la souffrance va être encore plus développé, pour culminer au quatrième chant (52.15-53.12).

Dès ce deuxième chant, le serviteur est présenté comme un homme de souffrance : « celui qu’on méprise, qui est en horreur au peuple, l’esclave des puissants » (49.7).

Le Serviteur est rejeté par son peuple : il vient avec un message de libération, mais ceux qu’il vient libérer n’en veulent pas ! Il est alors tenté de se décourager. Il nous montre ses sentiments intérieurs sans fausse pudeur : « Et moi j’ai dit : C’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force. » (49.4a)

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Serviteur est tenté de se décourager, mais au plus profond de sa détresse il dit : « Mon droit est auprès de l’Éternel et ma récompense auprès de mon Dieu. » (49.4b) Il se confie en Dieu pour être reconnu dans sa mission. Les siens le rejettent, le méprisent, mais il attend sa reconnaissance et sa récompense de la part de Dieu. Et quelle récompense ! « Des rois le verront, et ils se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l’Éternel, qui est fidèle, du Saint d’Israël, qui t’a choisi » (49.7). Les siens le rejettent, mais ce seront des rois, des princes qui s’inclineront devant lui ! Il vivra l’humiliation, mais il sera rétabli par Dieu bien plus haut que tout ce que les hommes de son peuple auraient pu lui offrir. Jésus a été rejeté par les siens, mais des grands rois, des empereurs, etc., l’ont reconnu comme Seigneur, se sont inclinés devant lui. Quel rétablissement spectaculaire !

Notre exil, notre exode

Le cœur de la mission du Serviteur est donc d’être le nouveau Moïse qui va conduire le peuple d’Israël dans un nouvel exode. Mais, 25 siècles plus tard, en quoi cela nous concerne-t-il, nous qui ne sommes pas juifs ?

Les nations

Les destinataires du chant ne sont pas seulement les membres du peuple d’Israël, mais également… nous, les nations ! Le poème commence par : « Îles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! » (49.1). Plus loin, Dieu dit au Serviteur : « Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre. » (49.6)

Cette lumière, c’est celle qui indique le chemin, qui montre la route à suivre. La lumière, dans le livre d’Ésaïe, est le symbole de la libération, du salut. Ainsi les nations sont aussi invitées à vivre la libération et le nouvel exode promis à Israël.

Pour comprendre, reprenons la pyramide : elle ne s’arrête pas à une personne : Jésus, le véritable Israël. À partir de Jésus, elle s’élargit à nouveau en sens inverse pour inclure tous les hommes qui se réfugient en Jésus, qui se confient en lui pour être sauvés, libérés ! Jésus est le véritable Israël et tous ceux qui se confient en lui font partie de ce véritable Israël, de ce nouveau peuple ! En Jésus, que nous soyons juif de naissance ou non-juif, nous faisons tous partie du véritable Israël, l’Israël de la foi !

Exil et exode

Depuis la désobéissance d’Adam, tous les hommes sont en exil, loin de Dieu, prisonniers du péché. Mais, au temps voulu, le Serviteur apparaît. Par la puissance de sa parole, il nous délivre et il nous conduit dans un nouvel exode, hors du péché.

Maintenant, nous, les croyants, les membres du nouvel Israël, nous marchons à la suite de Jésus. Nous devons aussi traverser des déserts, des épreuves, des moments pénibles. Mais quelles sont les promesses de Dieu pour nous, durant notre voyage vers la terre promise, vers notre patrie céleste ?

« Ils paîtront sur les chemins, et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux. Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; car celui qui a pitié d’eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d’eaux. » (49.9b-11)

Voilà les promesses de Dieu :

– à manger partout en chemin — comme la manne, Jésus, le pain du ciel,

– à boire en tout temps — auprès de Jésus, la source d’eau vive,

– la protection dans les circonstances contraires — le désert et le soleil,

– les obstacles — les montagnes et les vallées –– transformés en routes praticables.

Et le plus beau de tout, c’est que celui qui nous guide n’est pas simplement un employé qui fait son travail… celui qui nous conduit, c’est celui qui nous aime !

Regrettons-nous notre esclavage ? Ou faisons-nous confiance à notre guide pour nous mener au bon endroit, au bon moment, et par le bon chemin ?

1Ésaïe 5 ; 27 ; Jérémie 12 ; Ézéchiel 17 ; Osée 10.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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