Le destin post mortem du riche et de Lazare

Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Il s’écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme. Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire. Le riche dit : Je te prie donc, père [Abraham], d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu’un des morts ressuscitait. (Luc 16.19-31) 

Le texte de Luc 16.19-31 laisse volontiers le lecteur perplexe : quels sont les éléments à prendre littéralement et ceux qui ressortent de l’allégorie ? quelles conclusions en tirer sur les sorts éternels des âmes ? etc.

Jetant une lumière assez unique sur ce qui se passe après la mort, ces paroles de Jésus, à la fois prenantes et solennelles, revêtent une importance capitale ; aussi allons-nous essayer de répondre à certaines des interrogations qu’elles soulèvent.

Quelle est la base du salut ?

À première lecture, selon la réponse d’Abraham (16.25), il semblerait que ce texte postule une inversion des rôles dans l’au-delà  : le riche a eu son plaisir sur la terre et il paye ensuite ; le pauvre voit ses malheurs présents contrebalancés par une éternité bienheureuse[note] Le « sein d’Abraham », dans lequel est porté Lazare, symbolise la félicité et la proximité des élus dans le banquet messianique attendu par les Juifs. Les repas de fête se prenaient couché sur des lits bas ; le convive le plus honoré se trouvait allongé à côté du maître de maison, sa tête étant alors près de la poitrine de ce dernier. C’était la place de Jean l’évangéliste lors de la dernière Pâque (Jean 13.23). Dans la symbolique juive, Abraham présiderait le banquet messianique (cf. Mat 8.11 ; Luc 13.28).[/note]. Le salut ou la perdition ne seraient-ils alors qu’une contrepartie au sort actuel ?

Il nous faut néanmoins dépasser cette lecture :

– L’ensemble de la révélation biblique va à l’encontre d’une automaticité de cette inversion. Il a existé et il existe des croyants riches et des pauvres impies.

– La fin du récit précise que le seul moyen pour les frères du riche de ne pas le rejoindre dans le lieu de tourments est d’écouter Moïse et les prophètes — en d’autres termes, d’accorder foi à la révélation qu’ils ont reçue. Et s’ils écoutent, leur richesse n’est pas un obstacle.

Évitons cependant d’esquiver la difficulté de la lecture : l’évangéliste Luc stigmatise souvent les riches : « Malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation ! » rapporte-t-il dans sa version du sermon sur la montagne (Luc 6.24). Le contexte immédiat de ce récit pointe vers la même dénonciation : la parabole de l’économe infidèle (16.1-13) était destinée à attirer l’attention des disciples sur le danger de la poursuite des richesses : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon. » (16.13) Et l’avarice des pharisiens est lié à la permanence d’une loi qu’ils ne mettaient pas en pratique (16.14-18). Contrairement à la pensée largement répandue chez les Juifs, la richesse n’était pas forcément un signe de la bénédiction divine et la pauvreté une preuve de leur éloignement de Dieu.

Si le riche avait vraiment écouté la loi et les prophètes, il lui aurait été impossible de continuer à festoyer alors que Lazare restait dans le dénuement total  : tant la loi (Deut 15.4) que les prophètes (pensons à Amos) s’insurgeaient devant une piété qui ne s’accompagnait pas d’un souci des pauvres. Ainsi, par son absence totale de considération pour Lazare (qu’il connaît bien, puisqu’il le nomme facilement dans la suite), le riche démontre qu’il n’a pas la foi dans la révélation de l’A.T. qui était à sa disposition. C’est pour cela qu’il est envoyé dans les tourments.

Ce récit porte donc l’attention sur les œuvres qui doivent immanquablement accompagner la foi pour qu’elle soit réelle.  Malgré son insistance par ses trois « Père Abraham », le riche n’était pas automatiquement fils d’Abraham, le père des croyants ; la naissance ou la bénédiction extérieure ne sont pas une garantie pour l’au-delà : seule la foi confiante, dont le nom du pauvre Lazare témoigne[note]Le nom « Lazare » signifie « celui à qui Dieu vient en aide ».[/note].

Quelle est la nature des tourments ?

La situation exacte des incrédules après la mort reste mystérieuse. Selon Apocalypse 20.11-15, le sort final ne sera scellé qu’après la seconde résurrection de jugement (cf. Jean 5.29). Toutefois, d’après notre récit, il semble bien que les « tourments » commencent immédiatement après la mort.

La première demande du riche concerne sa soif. Le texte la dépeint littéralement ; nous pouvons aussi y voir plus symboliquement l’aridité d’un cœur sans Dieu. Créé à son image, tout homme pécheur a en lui-même, qu’il en soit conscient ou non, une soif que seule une relation vivante avec Dieu peut étancher  (cf. Jean 4.13-14). Tragiquement, le riche ne souhaite pas aller vers Abraham, mais apaiser sa soif là où il est — ce qui, par principe, est impossible, étant donné qu’il est loin de Dieu.

La deuxième source de tourments est sans doute le souvenir des occasions manquées. Abraham lui rappelle le sort privilégié qui fut le sien et les maux qui accablaient Lazare. Peut-être les « pleurs », si souvent associés par Jésus à l’enfer (Mat 8.12 ; 13.42,50 ; 22.13 ; 24.51 ; 25.30 ; Luc 13.28), font-ils référence aux regrets qui tourmenteront ceux qui auront laissé « passer le temps ».

Une autre source de tourments est décrite ailleurs, en parallèle avec les pleurs : les « grincements de dents ». Cette image semble faire allusion à une révolte et une rage qui continueront éternellement. Le riche semble ici bien poli envers Abraham, mais il le contredit pourtant : même en enfer, il préfère sa théologie à celle du patriarche !  De plus, il continue de se considérer très au-dessus de Lazare, à peine bon à venir l’aider maintenant : quelle ironie, alors que sur terre il n’a pas aidé « celui que Dieu aide » ! Son identité profonde repose dans sa richesse, son statut et même là, les leçons qui nous semblent évidentes à la lecture ne sont pas apprises — et elles ne le seront jamais.

Y a-t-il une seconde chance ?

Un même sort atteint tous les hommes : la mort (Ecc 3.19). « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. » (Héb 9.27) Que Lazare meure, quoi de plus normal : il était bien malade, avec ses ulcères. Mais le riche « aussi » mourut. Que l’enterrement du second ait été somptueux n’influe en rien : Lazare va d’un côté, dans la bénédiction, et le riche dans la flamme.

Rien dans ce texte — pas plus que dans le reste de l’Écriture — ne laisse suggérer qu’il puisse y avoir une seconde chance : le « grand abîme » qui sépare les deux groupes est infranchissable dans les deux sens,  Abraham est formel. « Si un arbre tombe, au midi ou au nord, il reste à la place où il est tombé. » (Ecc 11.3)

De façon surprenante, le riche ne demande pas d’aller vers le lieu de la félicité de Lazare : il préfère que ce dernier vienne de son côté ! Même dans les tourments, le désir de Dieu n’existe pas plus qu’autrefois.

Un point positif pourrait cependant être mis au crédit du riche : son souci des siens. Serait-ce un indice ténu de meilleurs sentiments ? Malheureusement, il témoigne encore de son égoïsme : peu importe que Lazare jouisse maintenant du repos ; il n’est bon qu’à aller vers la propre famille du riche.

Non seulement il n’y a pas de seconde chance possible, mais serait-elle même proposée, elle serait refusée  : « l’enfer est simplement l’identité qu’un être humain choisit librement d’avoir en dehors de Dieu, sur une trajectoire qui mène à l’infini »[note]Tim Keller, La raison est pour Dieu, CLE, p. 103[/note]. L’égoïsme et la suffisance du riche continuent dans l’au-delà. C.S. Lewis disait : « En chacun de nous, il y a quelque chose qui grandit et qui sera l’enfer s’il n’est pas tué dans l’œuf. »[note]Cité dans Tim Keller, La raison est pour Dieu, CLE, p. 104[/note]

Que pouvons-nous faire après avoir lu ce texte ?

  1. Croire au sérieux des tourments éternels

Qu’il est difficile aujourd’hui de croire, et plus encore, d’affirmer qu’il y a un enfer ! Des chrétiens évangéliques sérieux, choqués par la perspective des peines éternelles mais désireux d’éviter le travers universaliste ambiant selon lequel « nous irons tous au paradis », ont cherché des échappatoires :

– l’annihilationisme stipule que le châtiment des incrédules s’arrêtera par un anéantissement pur et simple ;

– le restaurationnisme prétend que tous seront finalement sauvés après une période de châtiment ;

– le conditionalisme postule que l’âme ne continue à exister qu’à condition d’avoir reçu la vie éternelle.

Malheureusement, notre texte n’offre de support à aucune de ces trois théories. Les tourments sont et seront une épouvantable réalité. Jésus est venu apporter l’amour de Dieu, mais il est aussi celui qui a le plus parlé de l’enfer… et il nous est impossible de « trier » les paroles de celui qui est « la vérité ». Acceptons de soumettre humblement notre esprit à ce qu’il nous révèle, si dure que cette perspective nous paraisse.

  1. Prêcher la Parole

Abraham est très clair : un retour du royaume des morts n’emporterait pas la conviction. Un autre Lazare est d’ailleurs revenu des morts à la même période et la réaction des chefs des Juifs n’a pas été de croire en Jésus, mais de chercher à faire mourir à nouveau Lazare (Jean 12.10) ! Un miracle en tant que tel n’a pas de pouvoir salvateur, pas plus qu’une soi-disant expérience post-mortem.

Aussi demander une effusion spéciale de l’Esprit pour qu’il se produise des miracles, des signes et des prodiges et qu’ainsi les conversions abondent est-il inutile ; si Dieu les accorde, il est souverain. Notre responsabilité est de prêcher la Parole : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. » (Rom 10.17) Et nous avons plus que Moïse et les prophètes : s’y ajoute tout le N.T. qui jette, par ce texte et par d’autres, une lumière plus vive sur l’au-delà ; elle est loin d’être totale, mais elle est suffisamment claire pour avertir ceux qui, sinon, suivront le chemin du riche.

  1. S’occuper des pauvres

Si nous avons personnellement ajouté foi à la Parole présentée, nous avons l’assurance que notre destinée est la même que celle de Lazare : la félicité dans la communion éternelle avec Dieu.

Mais l’enseignement à tirer de ce texte ne doit pas s’arrêter là. Même si nos biens terrestres sont moins abondants que ceux du riche, il y a sans doute autour de nous de très nombreuses personnes moins favorisées que nous. La certitude de notre espérance doit se traduire par une préoccupation envers les pauvres.  Paul, dont la fortune a connu des hauts et des bas, s’y employait (Act 20.35) et exhortait les fidèles à être les « premiers dans les bonnes œuvres » (Tite 3.8,14). Sommes-nous sensibles à la misère de tant d’humains, aux injustices subies par un si grand nombre ? Ou bien tombons-nous sous le reproche de Jacques : « Et vous, vous avilissez le pauvre ! » (Jac 2.6) Cherchons donc à vivre plus simplement pour ne pas oublier les pauvres.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)