Le chapitre interdit : La révélation faite à Esaïe: Lumière de l’Eternel

Esaïe 53 : 5-8

(suite)

Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui.

   Le châtiment (la punition) prononcé par un Dieu Saint contre l’homme pécheur – irréparable rupture entre Dieu et l’homme – a été placé sur LUI. Pour nous, Il a souffert corps, âme et esprit.

   Au moment où CELUI dont nous parlons souffrait pour le péché du monde, il fut délaissé et abandonné par Dieu Lui-même – malgré le fait qu’il était saint et sans péché.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

   Moments terribles de son agonie, exprimant sa douleur. Abandonné par Dieu, Il souffrit en son esprit.

« Je suis un ver et non point un homme, l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient se raillent du moi; ils ricanent, ils hochent la tête » (Ps. 22).

   Il souffrit en son âme.

« Je suis semblable à l’eau qui s’écoule, et tous mes os sont disjoints. Mon coeur est comme la cire, il se fond dans mes en trailles…, des chiens m’ont environné, une bande de maîfaiteurs m’a entouré. ils ont percé mes mains et mes pieds » (Ps. 22).

   Il a souffert dans son corps.

   Il souffrit esprit, âme et corps lorsqu’il mourut pour résoudre le problème du péché.


C’est par ses meurtrissures que nous avons la guérison.

   Le résultat de son sacrifice s’appelle la GUÉRISON. Le Dieu de Justice était satis­fait. Sa sainteté était maintenue, justifiée. Les blessures de CELUI qui a souffert devinrent une source de guérison, de paix et de vie pour tous ceux qui croient on LUI. Après avoir porté le péché du monde, CELUI qui a souffert cette ignominie, ce grand INCONNU de la prophétie, a été fait le CHEF d’une nouvelle famille de notre humanité.

« Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hom­mes… mais il n’en est pas de la grâce donnée comme de la faute. Car si la faute d’un seul a entraîné la mort du plus grand nom­bre, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de cette grâce, que nous devons à ce seul homme Jésus-Christ, ont-ils été répan­dus abondamment sur les autres… par une seule faute, la con­damnation s’étend à tous les hommes, de même par l’obéissance d’un seul, de nombreux seront rendus Justes. Comme le péché a régné en donnant la mort, ainsi la grâce règne par la justice pour donner la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Sauveur » (Ro. 5).

   Réellement, le soleil de Justice s’est levé avec la guérison dans ses ailes, du fait que le châtiment de notre paix a été sur LUI, et par ses meurtrissures nous sommes guéris.

« Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? et à qui la puissance de lEternel a-t-elle été révélée? ».

« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie; et l’Eternel a fait retomber sur LUI l’iniquité de nous tous ».

   Un grand changement se dessine dans le domaine de l’esprit; nous sommes à l’heure d’une nouvelle estimation de nous-mêmes. Par sa grande confession, Esaïe, fils d’Amon, représentant de toute la nation d’Israël, rend témoignage de ce fait. Esaïe élève les yeux vers LUI, l’homme mystérieux, le Maltraité anonyme de sa vision – puis il abaisse les regards vers NOUS, l’humanité tout entière, lui-même étant inclus.- Ce changement l’affecte: il lui est accordé une nouvelle évaluation de l’Homme qui souffre, d’une part, et de l’homme sur la terre, d’autre part.

   Plus les yeux du prophète s’ouvrent sur la BEAUTÉ de CELUI qui est là, distinct et séparé du reste du monde, plus il aperçoit la créature – et lui-même aussi -dans une perspective nouvelle, dans une pure lumière.

   Il y a certains hommes qui pensent que le prophète présente ici les nations du monde en opposition avec Israël. Ils en parlent comme si Israël portait (devant Dieu) l’iniquité de toutes les autres nations. Ceux qui avancent cette interprétation ne peuvent être taxés d’une certaine fierté nationale, mais l’on peut se poser la ques­tion: depuis quand la nation d’Israël porte-t-elle LE péché du monde ? Ne serait-ce pas plutôt le fait que « la puissance de l’Eternel ne leur a pas été révélée » ? Esaïe, lui-même, lorsqu’il vit le Seigneur dans son saint Temple, s’écria: « Malheur à moi, car je suis perdu, Je suis un homme dont les lèvres sont impures ». Comment Israël pourrait-il porter l’iniquité du monde, alors qu’il est une nation aux lèvres impures ? « Comment d’un être souillé sortira-t-il un homme pur ? » disait Job (14: 4); Il n’en peut sortir aucun.

   Les paroles du prophète sont vraies:

« Nous étions tous errants comme des brebis ».

   La brebis est un symbole d’innocence ; c’est un animal inoffensif, mais qui a un grand défaut – une tendance à s’éloigner du troupeau. Les moutons appartiennent au berger et au troupeau. Cette appartenance est essentielle pour sa préservation. Il en est de même pour nous. Nous ne pouvons rester seuls. Nous appartenons à Dieu. C’est une nécessité pour notre sécurité éternelle et pour notre destinée sur la terre. C’est une folie mortelle et criminelle de supprimer en nous-mêmes ce sens de notre appartenance à Dieu. Ce fut une heure malheureuse que celle où Israël, à la sortie d’Egypte, oublia ce fait. Il se détourna de Dieu et regarda à lui-même. Résul­tat, il voyagea quarante années, années perdues, sans progrès.

« C’est un peuple dont le coeur est égaré; ils ne connaissent pas mes voies » a dit Dieu.

   Un jour, lorsqu’Israël sera mis en face de son Messie, il comprendra son erreur. il dira:

« Nous étions sages à nos propres yeux; nous avons cru que nous étions intelligents ».

   Renier d’appartenir à Dieu, abandonner les sentiers qu’il avait proposés – c’est une expression sérieuse de notre volonté propre, de notre péché, du péché qui est en nous.


Chacun suivait sa propre voie.

   Le péché universel: nous tous; le péché personnel, individuel: chacun sa pro­pre voie !

   VOTRE chemin, un chemin de droiture, de logique, est toujours VOTRE chemin, NON le chemin de Dieu. Il demeure un chemin d’erreur, sans but aucun. C’est un chemin d’errance pendant les dix-neuf cents ans passés, le chemin d’un peuple qui erre. Par la providence merveilleuse de Dieu, quelques-uns d’entre nous sont rentrés dans le pays d’Israël, mais spirituellement parlant, nous n’avons pas encore trouvé notre place. Le but est loin, nous n’avons pas de centre, nous n’avons la paix ni avec Dieu, ni avec l’homme. La montagne de la maison de l’Eternel est encore désolée et la Parole de Dieu n’est pas entendue dans SION. Spirituellement, nous errons encore dans un monde de haine et de ténèbres, car la maison de Jacob ne marche pas dans la lumière du Seigneur.


« L’Eternel a fait retomber sur LUI l’iniquité de nous tous ».

   La Diaspora et la Geulah (la rédemption) sont liées toutes deux dans cet Homme mystérieux, décrit par Esaïe. Au temps du second temple, nous comme nation, nous L’avons refusé et de Lui nous avons détourné notre visage. Nos errements commen­cèrent alors, sans vision et sans but.

   Dans notre texte, le péché n’est pas simplement vu comme iniquité, mais comme une folie; nous partageons cette iniquité. Nous nous sommes éloignés du chemin que nous indiquait Dieu, non seulement par ignorance, mais aussi par une volonté bien déterminée de refuser d’écouter la voix de Dieu. Mais Dieu, dans sa grande bonté, a rassemblé l’ensemble du péché, son universalité, et l’a placé sur LUI, sur l’Homme représentatif qu’a décrit Esaïe !

   Ainsi, un lieu de rendez-vous a été créé pour Israël et pour toute l’humanité. C’est l’oeuvre de Dieu, l’oeuvre de la rédemption, qui s’élève sans mesure bien au-dessus de l’oeuvre de la création. Mais les « yeux » de la nation choisie sont toujours voilés et ils ne peuvent voir.

   Jésus, l’Oint, est le thème et le centre de la prophétie dans le Tanach. Il est la figure centrale du peuple d’Israël. Il est La lumière des nations. Il a souffert et porta le péché du monde en vue de sauver le monde – pour vous sauver et moi de même aussi – du péché et de la mort. IL est le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par LUI.

« Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Eternel ? »

Maltraité et opprimé, Il n’a point ouvert la bouche.

« Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a point ouvert la bouche. il a été enlevé par oppression et par jugement; et parmi ceux de sa génération, qui a cru qu’il était retranché de la terre des vivants, et frappé pour les péchés de mon peuple ? »

   Jusque là, le prophète a considéré la scène comme spectateur, en face d’une victime anonyme, sans en réaliser la portée sur le sujet de la vision.

   Mais maintenant, il s’approche plus près et regarde, en quelque mesure, la face de cette Personne inconnue. Il voit qu’elle ne fait entendre aucun cri, qu’elle n’a aucune parole de révolte:

« il n’a point ouvert sa bouche ».

   Le prophète est stupéfait, surpris. Que signifie cela ? Comment interpréter ce silence total ? Est-ce un signe de faiblesse ? Ou le mépris stoïque d’une profonde colère ? Est-ce le désespoir humain ou la fatalité de celui qui dit: « C’est mon sort, je n’ai qu’à m’y soumettre ? »

   Dans ce chapitre et jusqu’ici, nous n’avons vu qu’un homme exceptionnel, séparé et différent de tous les autres.

« Nous étions errants comme des brebis, chacun suivait sa pro­pre voie, et l’Eternel a fait retomber sur Lui l’iniquité de nous tous ».

   L’humanité entière d’un côté et Lui, l’unique, de l’autre côté.

   Lui, l’UNIQUE, vit l’homme dans son état de ruine, mais ce fait ne le surprenait pas car il était venu pour sauver l’homme, pour le renouveler. Il supportait la souf­france et l’humiliation dans toute leur force, leur âpreté.. Mais il resta ce qu’il avait toujours été, l’expression fidèle de l’amour divin. Ni cette amère expérience, ni la connaissance de ce qui allait se passer, « semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie », n’ont pu troubler sa détermination ou changer sa sollicitude à l’égard de l’homme. Aucune faiblesse apparente. Son silence n’était pas un signe de faiblesse, mais l’expression de sa suprématie spirituelle, la toute puissance de Dieu demeurant sur Lui.

   Ligne après ligne, le prophète complète la description de l’Homme anonyme, nous apportant de nouveaux détails concernant son chemin de souffrance. Non point par hasard, non pas aux mains d’une foule en furie, souffrira cet Homme, mais par voie légale, officielle si l’on peut dire, Jugé et emprisonné.

« Il a été enlevé par l’oppression et le jugement des hommes, et parmi sa génération, qui a compris qu’il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause de la transgression de mon peuple ? »

   Les uns comme les autres, autorités, nation, contemporains, se trouvent inclus dans cette crise. Le sceau de l’autorité, de la légalité, sera apposé sur ses souffrances et sur la sentence de sa mise à mort. A ce propos, remarquez combien le prophète fait comprendre clairement que ce ne fut pas un jugement prononcé selon les règles d’une vraie Justice. Nous y reviendrons.

   Après s’être occupé des autorités, le prophète se tourne vers ses contemporains.

« Et parmi ceux de sa génération, qui a cru qu’il était retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés de mon peuple ?»

   Différentes interprétations ont été proposées à propos de cette phrase. En voici les principales. Quant à ses contemporains: l’un d’entre eux s’est-il levé pour plai­der son cas devant ceux qui l’ont condamné et pour le défendre devant la foule pré­sente ? Et parmi ses contemporains, qui a réalisé qu’il a été

« retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés de mon peuple ? »

En réalité de qui le prophète parle-t-il ici ?

   A cette question, la réponse des commentateurs juifs modernes est presque unanime:

« Celui dont il est parlé dans ce chapitre est la nation d’Israël, souffrant pour les nations de ce monde ».

   Mais, où et quand Israël a-t-Il ainsi souffert ? Pendant tous les siècles, alors qu’Israël a été une nation dans son propre pays, il n’a pas souffert d’une manière exceptionnelle, plus que d’autres nations, et certainement pas pour (ou à la place) des autres nations. Ceux qui avancent cette interprétation prétendent qu’il s’agit d’Israël souffrant au cours de sa dispersion actuelle dans le monde (la Diaspora). Mais la Diaspora elle-même n’est-elle pas une PUNITION POUR LE PÉCHÉ d’Israël, comme Moïse l’en avait averti longtemps auparavant ? Tout Juif orthodoxe ne décla­re-t-il pas chaque année dans ses prières au jour de l’Expiation : à cause de nos péchés. nous sommes dispersés dans le monde ? (Machzor Leyom Kippur). Bien que, pendant des générations, Israël ait souffert plus que d’autres nations, les souffran­ces dont il est question ici ne sont pas des souffrances d’Israël. D’une manière claire et qui ne laisse aucun doute, le prophète déclare que la personne ici décrite est un INDIVIDU souffrant pour Israël. « Pour la transgression de mon peuple » se réfère certainement à Israël. C’est ainsi que le mot « Il » – Celui qui souffre, anonyme – Celui-là a été retranché pour Israël, un seul individu pour toute la nation.


Qui est Celui qui a souffert ?

   De toute l’histoire des hommes, le seul qui a trouvé place dans un tel tableau est Jésus de Nazareth. Pendant des générations, Israël a caché sa face de Lui, a passé à côté, a choisi pour ainsi dire l’autre côté de la rue, mais n’a jamais essayé d’altérer ce chapitre 53 d’Esaïe, si clair et sans compromis. C’est ainsi que les diri­geants d’Israël décidèrent de mettre ce chapitre à l’index, de le bannir. C’est un chapitre qui n’est jamais lu dans la synagogue, et sur lequel on ne s’attarde pas dans les écoles. La tradition l’a banni, mais c’est le chapitre qui illumine la route de tout chercheur de la vérité. Là, nous apprenons ce qui concerne le Messie mourant d’une mort expiatoire, pour Israël et pour le monde entier. Dans les paroles de cette pro­phétie, Esaïe rend nulle la sentence prononcée sur la victime qui est le sujet de ce chapitre.

« il fut retiré de prison et du jugement ».
(Notice: C’est ainsi que traduit l’auteur de cet article, en an­glais : « He was taken from prison and from judgement ». Litté­ralement, le mot traduit généralement par « angoisse » est le mot hébreu de « prison ». Voir plus loin).

   En toute célérité, sous la pression de ceux qui souhaitaient sa mise à mort, il a été retiré de prison (Jésus a passé quelques heures en prison) et condamné hâtive­ment, sans être jugé selon les lois.

   N’est-il pas stupéfiant, étonnant que ce procès, du verdict à la sentence, de la sentence à l’exécution, ne dura que quelques heures seulement ? Ce procès qui est d’une si grande importance pour le monde, plus que toute autre sentence dans le cours de l’histoire !

   Il me reste à dire que les quelques essais de reviser ou de réexaminer la sentence prononcée sur Jésus manquent leur but. Leur verdict est une conclusion préconçue et n’a rien à faire avec la réalité historique et religieuse des deux millénaires écoulés.

   Par une grossière altération de faits évidents rapportés par les évangélistes, et par le choix judicieux de témoignages convenant au but poursuivi, on peut prouver toutes choses. Prétendre – comme le fait un écrivain moderne – que la description de la sentence prononcée sur Jésus, telle que décrite dans les évangiles, ne corres­pond pas avec les lois romaines et n’est par conséquent pas fiable, prouve exacte­ment la vérité du message d’Esaïe.

   Jésus fut condamné, non après une enquête sérieuse, non selon les règles des lois romaines ou hébraïques, mais à la suite d’une décision arbitraire, sous la pres­sion de circonstances spéciales, par déformation de la justice. Esaïe est du côté des écrivains des évangiles. En fait, il est plus important de découvrir le secret de cette condamnation et par cela même de connaître en quoi elle nous affecte au­jourd’hui, que d’en rechercher les défauts.

   Dans son message, Esaïe nous révèle ce secret.

« Il fut frappé pour les transgressions de MON peuple ».

   Ce fut une mort expiatoire, en vertu de laquelle nous pouvons recevoir le pardon des péchés et la paix avec Dieu.

« C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ».

   Mais pour accepter cela, l’homme a besoin de foi, une foi qui est le produit d’une lumière divine, le résultat de l’écoute de la Parole de Dieu.

« Qui a cru à ce qui nous était annoncé et qui a reconnu le bras de l’Eternel ? ».
* * *
Esaïe 53: 9-12
« On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’ait point commis de violence et qu’il n’y ait point eu de fraude dans sa bouche.
Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance… après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une’ postérité et prolongera ses jours et l’oeuvre de ‘Eternel prospérera entre ses mains ».

   Du point de vue de la logique humaine, le jugement et la mort de l’Homme souf­frant anonyme, comme décrit dans les versets précédents, aurait constitué la fin de cet « incident ». Bien que Dieu ne soit pas intervenu en sa faveur, alors qu’il suppor­tait le péché du monde, sa mort expiatoire en faveur de la créature était et demeu­rait d’une absolue nécessité. Mais le Dieu Tout-Puissant intervint de suite APRÈS sa mort, et cela en tout ce qui concerne sa mise au tombeau.

   Selon les coutumes de cette époque, il devait être procédé comme suit: celui qui blasphème Dieu doit être mis à mort par lapidation, pendu sur le bois jusqu’au soir, et à la fin de la journée remis en d’autres mains pour un enterrement honteux. Car Celui dont il est question ici ayant été considéré, par le peuple, comme « Méprisé et abandonné des hommes… frappé de Dieu et humi­lié », Il devait être condamné à mort avec des pécheurs. Il n’y a pas de doute qu’on lui destinait une sépulture misérable semblable à celle de ces pécheurs. Mais en cette occasion, il avait été prophétisé qu’il serait procédé très différemment, et si jus­qu’aux portes de la mort, il est resté en compagnie des pécheurs, lors de sa mise au tombeau, il reçut les honneurs réservés au riche:

« son tombeau avec le riche ».

   Quelques commentateurs ont essayé de changer le mot « riche » (ashir) par celui de « méchant » (reshayim), tentant de falsifier les paroles de l’Ecriture, ce qui nous invite à comparer l’histoire avec ces mots prophétiques:

« Le soir étant venu, arriva un homme riche d’Arimathée nommé Joseph, qui était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remit. Joseph prit le corps, l’enveloppa dans un linceul blanc et le déposa dans un sépulcre neuf, qu’il s’était fait tailler dans le roc, puis il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et il s’en alla ».

   C’est le récit qu’en fait l’évangéliste Matthieu dans son livre. Le professeur De­litzsch fait la remarque suivante: « Nous constatons de suite une concordance entre l’histoire évangélique et la parole prophétique. Cela ne peut être que l’oeuvre du Dieu et de la prophétie et de son accomplissement, d’autant plus que l’on ne saurait soupçonner une personne quelconque d’avoir cherché à vouloir calquer le récit his­torique sur la donnée prophétique ». Et tout cela s’accomplit parce que

« Il n’a point commis de violence et qu’il n’y a point de fraude dans sa bouche ».

   Aucun péché personnel en cet Homme souffrant, mort d’une mort expiatoire, Lui le Juste pour les injustes ! De plus, à sa mort vint la fin du temps de son humilia­tion et de sa honte.

   Le prophète tire, si l’on peut dire, de côté le rideau et nous permet un coup d’oeil sur le mystère qui entoure ce grand événement.

« Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance ».

   Il semble que l’Eternel donnait son accord à tout ce qui était fait à cette Per­sonne anonyme, mais qu’il y trouvait une certaine satisfaction, car c’est le sens du mot CHAFETZ. Il exprime non seulement une idée de consentement, mais de con­tentement qui découle de ravissement, de joie et d’amour. « Je prends plaisir à faire ta volonté », dit le psalmiste, entendant par là joyeusement, avec enthousiasme. Mais ce n’est pas des souffrances et de la mort de cet Unique dont Dieu dérive sa satis­faction, mais des RESULTATS de cette mort, du BUT qu’il s’était proposé.

   Si la Personne de cette prophétie « a été brisée pour nos Iniquités », c’est de la part d’un Dieu saint dont on peut dire « qu’il a plu à l’Eternel de le briser » Car s’il a « porté nos souffrances », c’était un Dieu d’amour qui l’a « considéré comme puni, frappé et humilié ».

   Le mot « HECHLI » selon plusieurs commentateurs, est le « Hiphil » du mot CHALAH dans la forme syriaque et qui veut dire littéralement « rendu malade ». Cela peut suggérer que Dieu lui-même donna son consentement, si l’on peut dire, au groupe d’hommes méchants qui se moquèrent de Lui, le torturèrent Jusqu’à la mort. Innocent, sans péché, juste, pur, il souffrit par la main des hommes. Si triste et ren­versant que cela peut être, de telles choses sont arrivées souvent dans ce monde. Mais qu’un Etre pur et juste dusse souffrir aux mains d’un Dieu juste et saint -cela est au delà de la compréhension humaine et demande une explication.

   Le prophète donne cette explication dans la deuxième partie du verset 10:

« Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours et l’oeuvre de l’Eternel prospé­rera dans ses mains »,

   C’est-à-dire qu’il s’agit d’une mort expiatoire, UN qui meurt comme substitut pour beaucoup. Livrer sa vie, son âme, peut être lu (selon Gordon) ainsi: « De son âme IL fera une offrande ». De toute façon, s’il s’offre Lui-même comme offrande pour le péché de beaucoup, il verra une semence, sa mort sera la source d’une nouvelle vie, d’une semence spirituelle, libérée de l’impureté et de la corruption, qui ont été causes de la mort. Et cette mort n’est pas la fin de la vie, mais la porte d’entrée vers l’immortalité et la vie sans fin.

   Après sa mort, dit le prophète, « IL prolongera ses jours », « Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de lEternel ? »

   Shalom Asch, dans son livre, « Le Nazaréin », présente l’histoire de la mort du « Nazaréin » de la façon suivante:

   Pan Viadomsky se tourne vers son interlocuteur et demande « N’avez-vous pas entendu ce qui arriva à Jérusalem à celui que vous appelez « le Rabbi du Nazareth » – je veux dire, après sa mort ? ».

   – « Ce qui arriva au Rabbi de Nazareth ne me regarde pas »,

   Je répliquais:

   – « Ne pourriez-vous pas me raconter la rumeur qui a eu cours parmi vos amis ? Mais dites-moi la vérité, ne me cachez rien ! ».

   – « Je n’ai rien à cacher. Dans certains cercles de Jérusalem, on se soufflait à l’oreille que le Rabbi de Nazareth avait disparu de son tombeau et qu’il était apparu vivant à ses amis, et qu’il leur avait dit ce qu’ils devraient faire, à l’avenir. Tout d’abord, ces rumeurs se répandaient très secrètement, de l’un à l’autre, parmi ses disciples. Mais peu à peu les rumeurs s’amplifièrent, et ceux qui avalent cru en leur Rabbi, lorsqu’il était vivant, commencèrent à se réunir, puis ils formèrent une so­ciété, proclamant cette histoire, la répandirent toujours plus loin. ils disaient que le Rabbi de Nazareth était en vérité le Messie et qu’il était présent avec Dieu dans les cieux, mais qu’il reviendrait sur la terre pour juger les vivants et pour ouvrir la porte au Royaume des cieux. Ceux qui croient à cette histoire sont désignés par le surnom de « chrétiens ».

   L’interprétation du chapitre 53 d’Esaïe se trouve dans le Nouveau Testament, bien que la grande majorité d’Israël rejette cette façon de voir. Plus de 2600 ans ont passé depuis qu’Esaïe a écrit cette prophétie, et jusqu’à maintenant aucune autre interprétation n’a été présentée, tout au moins une interprétation bien fondée, don­nant satisfaction.

   Et depuis lors, au cours des générations, des milliers parmi les nations et un nombre considérable de la nation d’Israël ont trouvé leur salut et un renouveau spi­rituel par ce Jésus, le Messie. Ces millions joignent leurs voix à celle du prophète et des évangélistes. Voici leur message à la nation d’Israël, renouvelant sa vie na­tionale dans le pays d’Israël:

« Retournez au point où vous vous êtes séparés du chemin du Seigneur. Votre rejet de Jésus le Messie vous a conduit à la Diaspora. En l’acceptant, LUI, vous trouverez le chemin de VOTRE rédemption ».

Il verra du fruit du travail de son âme

« …et il sera satisfait. Par sa connaissance, mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, et il se chargera de leurs iniqui­tés. C’est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands; Il partagera le butin avec les puissants. Parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, et qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, parce qu’il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, et qu’il a intercédé pour les coupables ».

   Au commencement de ce chapitre, le prophète parle à la première personne du pluriel, comme s’il pariait pour tout Israël, à tous ceux, tout au moins, qui ont réalisé leur grande faute et qui ont confessé leur péché devant Dieu.

« Car ils verront ce qui ne leur avait point été raconté. IL n’avait ni beauté, ni éclat, pour attirer nos regards. Nous étions tous comme des brebis errantes, chacun suivait sa propre voie… Nous tous… ».

   Du verset 3 au verset 11, le prophète parle à la troisième personne du singulier,

« On a mis son sépulcre parmi les méchants et avec le riche dans sa mort. Quoiqu’Il n’ait point commis de violence et qu’il n’y ait point eu de fraude dans sa bouche ».

   Mais les paroles qui ferment le passage ci-dessus sont les paroles de Dieu Lui-­même, placées dans la bouche du prophète. Le SAINT – béni soit son Nom – parlant maintenant à la première personne du singulier place son sceau sur ce cha­pitre vital avec Son approbation sur Son serviteur, exprimant sa pleine satisfaction concernant l’oeuvre de sa vie complètement accomplie, Lui promettant autorité et puissance universelle sans fin (verset 12).

   Cet homme UNIQUE, non mentionné par un nom dans les dix premiers versets, re­çoit son titre de la part du SAINT – béni soit son Nom – et ce titre c’est: « le juste unique, Mon serviteur » Il est important de bien préciser que l’Ecriture ne dit pas: Mon serviteur juste, mais : le « juste unique » (ou l’unique juste), « Mon serviteur ».

   Il s’est toujours trouvé des hommes relativement justes dans ce monde, bien que leur nombre ne fût jamais très grand, mais il n’y a qu’un juste, unique et spé­cial, UN, et point d’autre.

   Le mot hébreu utilisé ici, TZADIK, est utilisé comme substantif – un nom et non un adjectif – le tzadik (le seul juste), qui est mon setviteur. Par sa connaissance, c’est-à-dire la connaissance de la personne de Dieu que lui, le serviteur, communi­que à d’autres et la connaissance de Dieu, dont il est le serviteur et le sujet (Jésus) justifiera beaucoup d’hommes.

   Tout cela, il le fait d’une manière radicale et révolutionnaire. Il va à la racine du problème. Il n’y a pas de remède humain pour le péché. La séparation d’avec Dieu et la mort sont les conséquences inéluctables du péché. Les sacrifices dépeints dans l’Ancien Testament n’étaient que temporaires, une solution partielle du problème. Il fallait davantage. Les sacrifices n’étaient qu’un symbole et une direction vers ce qu’il fallait encore. Et maintenant Dieu déclare que la vraie solution a été trouvée, que « l’oeuvre de l’Eternel prospérera » dans la main de ce serviteur, car il prendra leurs iniquités et les échangera contre sa propre justice.

   Dans ce chapitre, qui ne contient que douze versets, le prophète se réfère main­tes fois au PÉCHÉ. L’idée générale de péché est présentée par plusieurs termes et expressions : péchés, transgressions, iniquités, cela au moins huit fois. Cette pen­sée constitue le grand problème universel, le PÉCHÉ.

   De plus, ce chapitre décrit une personne anonyme et exceptionnelle, que le péché n’a point touchée:

« Il n’avait point commis de violence et il ne s’est point trouvé de fraude dans sa bouche ».

   Une personne, unique, juste, pure, dans un monde rempli de péchés et de mala­dies LUI, le juste, porte les péchés d’un grand nombre. Le prophète continue en disant que Dieu Lui-même trouve une pleine satisfaction aux souffrances de Celui qui est mort. Dieu le couronne avec un diadème de puissance, avec une couronne d’autorité, une autorité qui s’étend au-delà des frontières d’Israël.

« Il sera pour beaucoup de peuples un sujet de joie; devant Lui des rois fermeront la bouche. Car ils verront ce qui ne leur avait point été raconté; ils apprendront ce qu’ils n’avaient point en­tendu ».

   Ainsi, nous trouvons dans ce chapitre la solution au problème du péché. Dans le récit biblique du récit de la création du monde, nous lisons en conclusion de cet acte de création:

« Et Dieu vit que tout était bon ».

   Or, le péché avait, pour ainsi dire, saboté toute la création et tout particulièrement l’homme, sommet de la création. Depuis lors, le terme « bon » est devenu un terme au sens relatif. Mais maintenant, dans ce chapitre central de la révélation divine, le VÉRITABLEMENT BON apparaît. Il est saint et juste, non point relativement, mais absolument, et de ce fait, il pose les fondements d’une nouvelle création. Dieu a promis de lui donner « une portion avec les grands ». Qui sont ces grands, si le monde entier a été affecté par la maladie du péché et si toute l’humanité « n’atteint point à la gloire de Dieu » ? Ce sont ceux que le Juste a justifiés.

« Il partagera le butin avec les grands ».

   Ce sont ceux qui, au cours des siècles, ont été assez courageux pour s’identifier avec l’unique Juste, qui se sont élevés contre le courant de l’opinion générale, ceux qui sont sortis avec Lui, hors du « camp », portant son opprobre.

   Et la raison de tout cela ? Le prophète donne ses raisons en quatre points:

a) « Il a livré sa vie (âme) en sacrifice pour le péché ». La sentence de mort a reçu en Lui son accomplissement par la main des méchants, mais il aurait été parfaite­ment capable de se délivrer Lui-même de leurs mains, si toutefois cela avait été selon le but de Dieu. Mais à cause de ce but, que sa mort devait couronner, ce but pour lequel Il s’était consacré, il alla à la mort, non par obligation, mais de sa libre et propre volonté. « Il s’est livré Lui-même à la mort ! ».

b) « Il a été mis au nombre des malfaiteurs » (transgresseurs), pas seulement des pécheurs, mais des « transgresseurs », des criminels. Dans l’accomplissement du grand oeuvre de la rédemption, il s’est humilié Lui-même et volontairement il s’a­baissa au niveau de ce qui était, aux yeux des hommes, une association avec des transgresseurs.

c) « Il a porté les péchés de beaucoup d’hommes ». Qui peut porter même un seul péché pour une autre personne ? Sans parler du péché d’innombrables êtres hu­mains ? Seul quelqu’un qui est sans péché ! Et le prophète souligne ce fait en pré­sentant cet Unique – IL – en contraste avec les innombrables pécheurs.

d) « Il a intercédé pour les coupables ». Il s’est abaissé Lui-même jusqu’à être compté dans sa mort parmi les transgresseurs, mais il nous est dit non seulement qu’il a été brisé à cause des péchés des trangresseurs, mais qu’Il est devenu, de­vant Dieu, leur intercesseur, Il hait le péché, mais il aime le pécheur.

   De qui le prophète parle-t-il ?

   Confronté par cette question, Israël, pendant 2500 ans, n’a pas trouvé de réponse. Israël a cherché, mais vainement, à éviter cette question, à détourner son regard du sujet de cette prophétie, passant de l’autre côté. Il a essayé de s’en débarrasser, mais n’y a point réussi. Et par la suite, il a essayé de se couvrir du vêtement de l’homme qui souffre, du juste et de s’approprier ces souffrances pour lui-même. Mais ce vêtement ne lui convient pas et le monde se rend compte de la falsification et refuse une telle solution, car, bien qu’Israël ait souffert pendant des siècles, il n’a point porté le « péché de beaucoup » et par ses blessures, aucune personne n’a été guérie.

   C’est un mystère que Dieu révèle à ceux qui Le craignent, qui sont humbles de coeur. Nombreux sont ceux de la nation d’Israël et beaucoup plus encore parmi ceux des nations de ce monde, à qui Dieu a révélé ce secret et qui trouvèrent le pardon des péchés, une paix véritable et un contact vivant avec Lui, au travers des souffran­ces de l’UNIQUE JUSTE de ce chapitre.

   Après dès siècles d’interprétation erronée et d’échappatoires en ce qui concerne ce chapitre central de la révélation de Dieu, nous croyons que la nation d’Israël vien­dra aussi au point où ils lèveront leurs yeux vers cet UNIQUE JUSTE et diront:

« Sûrement, ce sont nos souffrances qu’il a portées,
C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé,
Et nous l’avons considéré comme puni,
Frappé de Dieu et humilié,
Mais Il était blessé pour nos transgressions,
Brisé pour nos iniquités.
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui,
Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ». Par M. S. OSTROVSKY (avec autorisation)
Fin

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)