Le Cantique des cantiques : La célébration de la sexualité

Cet article est extrait d’un chapitre du livre Bible et sexualité, sous la direction de Paul Wells, collection Terre Nouvelle, co-édition Excelsis et Kerygma, reproduit avec l’aimable autorisation d’Excelsis.
Voir https://www.xl6.com/ articles/9782755000054-bible-etsexualite-l-un-et-l-autre-la-sexualitea-la-lumiere-de-la-bible

En entrant dans le jardin secret des amoureux il faut savoir que…

Pénétrer le parc paradisiaque du Cantique des cantiques, c’est entrer dans ce beau jardin sensuel des fleurs et des animaux exotiques, des épices et des aromates aphrodisiaques, des fruits exquis et du vin parfumé. Ce jardin éveille et excite tous les sens. Ce jardin, comme le vignoble, le verger ou le champ, symbolise le corps, plus précisément, la sexualité. Voilà pourquoi ce Cantique est « Le Cantique des cantiques » au sens superlatif. C’est le chant incomparable, le poème le plus beau, le cantique sublime.

A. « Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, amants » (5.1) : dimensions métaphoriques de la sexualité

Entrer dans ce paradis des amoureux (4.13), dans lequel sentir ces fragrances et savourer ces délices symbolisent le désir et le plaisir, c’est évidemment franchir le seuil du monde de la métaphore. Les métaphores du Cantique éveillent les sens, d’où la conscience de la sensualité.
Contrairement à nos usages de la métaphore, qui renvoient souvent à la forme ou à la qualité d’une chose comparée, dans le Cantique, la métaphore, mettant en rapport deux choses différentes, véhicule un effet ou un état. Ainsi, en entendant « tes caresses sont meilleures que du vin », on ne cherche pas le rapport entre les caresses et la substance liquide du vin, mais l’effet ou l’état que celui-ci produit : l’allégresse, l’exaltation, l’ivresse (5.1). Voici le fondement (le point de comparaison) de la métaphore : cette jouissance dépasse la réjouissance produite par le vin, le plaisir sexuel est plus exaltant que l’effet enivrant du vin.
En effet, la vigne dans le Cantique est une métaphore très appropriée de la sexualité de la bien-aimée (1.6 ; 8.12). La vigne est la source du vin, tout comme le corps de l’un est la source du plaisir de l’autre.

B. « Fort comme la mort est l’amour… une flamme du Seigneur » (8.6) : considérations pastorales de la sexualité

1. « Le jour de son mariage, le jour où il est dans la joie » (3.11)

Le poème qui, en termes métaphoriques de la jouissance des fruits d’un jardin, célèbre l’acte sexuel, la consommation du mariage, est au centre précis du Cantique (4.16-5.1). Cette couronne est le commentaire par excellence de l’ordre créationnel : « Ils deviendront une seule chair » (Gen 2.24) ; après quoi, le constat de l’état idyllique du premier couple dans le jardin d’Éden (signifiant « plaisir ») : « Tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, sans se faire mutuellement honte » (v. 25).
Dans le Cantique, son jardin à elle est maintenant « son jardin » à lui (4.16-5.1). Il n’y a pas de fruits défendus (7.8-9) !
Le mariage, union scellée sur le lit conjugal, établit une alliance à vie entre un homme et une femme (Prov 2.16-17 ; Mal 2.14,15).
Le mariage est le reflet de l’amour de Dieu pour son peuple et de Christ pour l’Église. Cet amour divin est dépeint en termes de mariage. Dieu ou le Christ, c’est le Mari, l’Époux. Le peuple ou l’Église, c’est la Mariée, l’Épouse. Ce rapport, scellé par une alliance, est présenté en termes de mariage, y compris sa consommation (Osée 2.8-22 ; Jér 2.2 ; Éz 16.8 ; Éph 5.25 ; Apoc 19.7-8 ;
21.9).

2. « Vers moi est son désir » (7.11) ; « Je suis malade d’amour » (2.5 ; 5.8) ; « Ses flammes sont des flammes ardentes » (8.6)

La traduction du désir (« teshûqâh) » en intimité conjugale n’est pas toujours évidente. Le désir chez l’un n’est pas toujours là, en même temps et au même degré, chez l’autre. D’où les frustrations sur le plan sexuel. Finalement, c’est un « mal d’amour » dont le seul remède est homéopathique, que seule une dose d’amour peut soulager.
Ce passage présente une image remarquable des types d’ajustements qui sont nécessaires dans la vie conjugale. Les différences entre homme et femme, la paresse naturelle, l’incertitude de l’un à l’égard des intentions de l’autre, les variations dans les rythmes de vie, le fait qu’on est peu disposé à changer ses habitudes en faveur de l’autre soulèvent le problème de la lecture des désirs de l’autre.
Ces désirs inassouvis peuvent se traduire, par exemple, chez lui par la possession ou chez elle par la manipulation. L’abstinence imposée, non négociée, n’est pas à l’ordre du jour (1 Cor 7.1-5) : « Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est momentanément d’un commun accord. » L’enjeu est d’être, peut-être, tenté par le manque de maîtrise de soi et, au pire, de s’ouvrir à l’occasion de l’adultère (v. 2)[note]« Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal (« koité ») exempt de souillure. Car Dieu jugera les débauches et les adultères » (Héb 13.4).
« Conduisons-nous convenablement ; pas de (…) coucheries » (« koité »), Rom 13.13).[/note] .
Tout en étant conscient et soucieux des besoins de l’autre, il est nécessaire de prendre en compte le rythme de vie avec ses pulsations inégales dans le couple, les divers degrés de pulsions sur le plan affectif, les différents moments de fatigue et de stress, des sentiments ondulants… L’amour dans la reconnaissance de l’autre oblige parfois que l’on renonce à ses droits, que l’on s’en prive pour un temps, ou, à l’inverse, que l’on se donne même si le moment n’est pas le meilleur. C’est ce climat de compréhension et de consentement mutuels qui permet la résiliation des désirs insatisfaits, pour un laps de temps défini, dans l’assurance mutuelle de l’amour inchangé, inconditionnel l’un pour l’autre.
Trouver l’équilibre commence par la soumission du corps à l’autre, comme Paul le dit (1 Cor 7.4).
L’amour doit gouverner la sexualité et la sensualité. L’amour d’alliance est inconditionnel. Cet amour cherche le bien de l’autre et ne connaît ni limite ni épuisement. L’amour demeure au-delà du désir et du plaisir et il les régit. Sans l’amour, la jouissance sexuelle est un instinct animal, égoïste.

3. « Un roi est enchaîné » (7.6)

Si l’amour est au cœur des rapports conjugaux, la sexualité est au cœur de l’amour. Celle-ci peut détruire ou construire ces rapports. La peine sanctionnant la chute du premier couple touche la vie sexuelle des deux : « Ton désir (teshûqâh) te portera vers ton mari, mais lui il te dominera » (Gen 3.16). L’abus, de la part de la femme, de son désir pour son mari, c’est le refus, la disette nulle ou le travestissement de la séduction pour le manipuler afin de parvenir à ses fins à elle. L’abus, de la part du mari, de la domination qu’il a sur elle, c’est la dégénération en relation de possession psychologique ou physique pour parvenir à ses fins.
Le désir et la domination défigurés deviennent des armes de combat.
Le lit conjugal devient un champ de bataille. Ce conflit peut aller jusqu’à la destruction mutuelle.
Mais par la sexualité sous le régime de l’amour vrai, cette peine est renversée.
Dans le Cantique, l’épouse s’exclame : « Je suis à mon chéri et vers moi est son désir » (« teshûqâh », 7.11). Quant à l’époux, il est apaisé par l’amour qu’elle a pour lui et se dit « un roi enchaîné » par elle (7.6).

4. « Là je te donnerai mon amour » (7.13)

La sexualité est à la fois charnelle et spirituelle. Dieu a créé un couple bisexué, mâle et femelle (en hébreu « percée »), l’a doté des pouvoirs de procréativité et il qualifie ce qu’il a fait de « très bon » (Gen 1.27-28.31). Ce couple que Dieu a formé est homme et femme, les deux os et chair, qui, unis sexuellement, sont une seule chair (Gen 2.22).
La sexualité s’exprime par le corps, par la sensualité, par ses désirs et ses plaisirs. La sensualité est un subtil mélange entre les sensations physiques et les émotions psychiques. Plus les sens sont engagés et stimulés, plus fort est le désir. Le désir est poussé par les sens et cherche la personne désirée qui, seule, peut le satisfaire. On comprend pourquoi, dans le Cantique, pour exprimer le désir, tous les sens sont engagés au maximum. C’est la sensualité. La sexualité et la sensualité vont de pair et elles sont inséparables. La traduction du désir en plaisir est charnelle. C’est la réponse physique et psychique à l’appel du désir.

5. « Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m’enlace » (2.6 ; 8.3)

Les préliminaires à l’acte sexuel sont essentiels, non seulement pour éveiller le désir, mais pour que cet acte soit fait avec tendresse. Comme l’exprime E. Fuchs : « Il faut construire le couple avec toute l’attention requise, en réactivant toujours à nouveau l’élan érotique premier, le désir de l’autre, même si les formes d’expression de ce désir vont évoluer et se transformer au gré du temps. »[note]E. FUCHS, Le désir et la tendresse, Albin Michel/Labor & Fides, 1999,
p. 189.[/note]

En sortant du jardin secret des amoureux, il faut se souvenir que…

Le Cantique des cantiques est ainsi le cantique d’amour par excellence. L’amour célébré dans le Cantique est la sexualité humaine. La sexualité, avec ses désirs et ses plaisirs, est pure, sainte et saine, car elle relève de l’œuvre bonne créatrice de Dieu.
Ce véritable amour unit deux créatures sexuellement différentes mais parfaitement complémentaires : « L’un face à l’autre, l’un pour l’autre, dans un amour où le charnel est spirituel, où le spirituel est charnel. »[note] A.-M. PELLETIER, Le Cantique des cantiques, CahÉv 85, Cerf, 1993, p. 55.[/note]
Cet amour, avec son expression dans la sexualité, trouve son modèle dans l’établissement divin du rapport d’alliance. L’alliance depuis la création encadre le mariage scellé par l’union sexuelle, où lui en elle et elle ayant en elle lui, font des deux un.
Cette affection et cette tendresse réalignent le couple et le stabilisent au sein des vicissitudes et des peines de la vie de tous les jours.
Le désir pour l’autre et le plaisir avec l’autre définissent le caractère charnel et spirituel de la sexualité : un don de soi, corps et âme, qui est à son tour un don divin (8.6). La sexualité finissant en unissant l’homme et la femme dans le mariage permet aux deux — que Dieu a faits l’un pour l’autre — de s’accomplir mutuellement et exclusivement dans les joies de l’amour humain.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)