L’autorité dans l’église

« C’est qui le chef ici ? »

Aucune entité n’est viable dans le temps sans structure d’autorité.

L’Église  de Jésus Christ ne fait pas exception. Mais qui y détient l’autorité ?

L’Église[note] Nous utiliserons la majuscule pour l’Église universelle et la minuscule pour une église locale.[/note] étant à la fois une œuvre de Dieu et un ensemble d’êtres humains, l’autorité dans l’Église est à la fois divine et humaine.

L’autorité divine

Le N.T. présente l’autorité divine sur l’Église comme ressortant des trois personnes de la Trinité.

L’autorité de Dieu

Dieu est souverain sur toutes choses — et donc sur l’Église :
 L’Église lui appartient : Paul demande aux anciens d’Éphèse de « paître l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise son propre sang » (Act 20.28).
 C’est lui qui enseigne la façon de « se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant » (1 Tim 3.15).
 Dieu y habite par son Esprit (Éph 2.22) et il a, de ce fait, pleine autorité pour décider « chez lui ».

L’autorité de Jésus-Christ

L’autorité de Jésus sur son Église est attestée à de multiples reprises par le N.T. :
 C’est lui qui la bâtit (Mat 16.18).
 L’Église lui est soumise. Paul présente cette soumission comme un fait, qui est à la fois un exemple et un motif pour la soumission dans le couple : « De même que l’Église est soumise à Christ »… (Éph 5.24).
 La primauté de Christ dans la nouvelle création le place comme « tête (ou chef) du corps de l’Église » (Col 1.18).
 Jésus-Christ est le fondement de l’Église, sa pierre angulaire (Éph 2.20).
 Mais les textes, où l’autorité de Jésus sur son Église est la plus marquée sont les lettres aux sept églises locales de l’Apocalypse : C’est lui qui marche au milieu des sept chandeliers d’or, symboles de ces églises (Apoc 1.20) ; c’est lui qui se présente revêtu des multiples attributs de son autorité ; c’est lui qui scrute et estime l’état spirituel exact de chacune ; c’est lui qui prononce les avertissements nécessaires, pouvant aller jusqu’à la menace d’ôter le chandelier de sa place (Apoc 2.5).

L’autorité de l’Esprit saint

 Ces mêmes sept lettres d’Apocalypse 2 et 3 se terminent par ce refrain : « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux églises. » La parole du Fils de l’homme est transmise aux églises par la voix de l’Esprit.
 L’Esprit habite collectivement dans l’Église et dans chaque église locale (1 Cor 3.16).
 Il donne des ordres à l’Église et inspire ses décisions. Lors du « concile » de Jérusalem, la lettre de conclusion comporte cette expression : « Il a paru bon au Saint-Esprit et à nous » (Act 15.28). Les frères et sœurs rassemblés avaient la conviction que l’Esprit les avait dirigés pour la décision prise.

Peu de chrétiens contesteront les textes ci-dessus. Mais en pratique, qu’en est-il ? Avons-nous toujours conscience que nous sommes dans la maison de Dieu et pas chez nous pour faire ce qui nous semble bon ? que nos décisions doivent être guidées par l’Esprit et non lui être attribuées ex post ? que la seigneurie de Christ sur son Église passe aussi par la reconnaissance de son autorité sur chacun de ses membres ? etc. L’Église n’est pas avant tout une institution humaine mais une œuvre divine. Une crainte respectueuse, non dénuée d’une confiance heureuse, est donc appropriée quand nous parlons de l’Église, quand nous agissons dans l’église locale ou lorsque nous sommes amenés à y prendre des décisions.

L’autorité humaine

L’Église est avant tout une institution divine, mais composée d’humains et confiée à eux. À l’autorité divine, qui reste toujours ultime, s’ajoute aussi une autorité humaine, qui se décline sous trois aspects.

L’autorité des apôtres

Les apôtres forment une catégorie spécifique dans l’Église du N.T. Dans le groupe initial de douze, Judas a été remplacé par Matthias ; puis s’ajoute Paul, dont l’apostolat particulier est souvent mentionné en tête de ses lettres et longuement défendu dans 1 et 2 Corinthiens. D’autres apôtres, comme Barnabas (Act 14.14) ou Jacques le frère du Seigneur (Gal 1.19), sont également reconnus comme tels. Leur rôle principal semble avoir été de fonder de nombreuses églises, comme en témoignent les voyages missionnaires de Paul.  [note]À noter au passage que rien dans le N.T. n’indique que l’église locale de Rome, qui a pris une telle importance au cours des siècles, ait été fondée par un apôtre ; bien au contraire, les attestations vont plutôt dans le sens d’une église qui n’a accueilli Paul (de façon certaine) ou Pierre (peut-être) que bien après sa création..[/note]
Si le seul fondement de l’Église est Jésus-Christ lui-même (1 Cor 3.11), le rôle des apôtres a été majeur. Paul, en changeant légèrement l’image, dit aux Éphésiens : « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire » (Éph 2.20).
Les apôtres disposaient de la part de Dieu d’une autorité unique. Pierre avait reçu du Seigneur les clés du royaume, qu’il utilisa pour ouvrir l’Église aux Juifs (Act 2), aux Samaritains (Act 8) puis aux païens (Act 10-11). Leur rôle prééminent explique leur mention en tête de la lettre conclusive du concile de Jérusalem (Act 15.22,23).
L’autorité spécifique des apôtres résidait avant tout dans l’enseignement normatif qu’ils donnaient aux églises, soit par oral, soit par écrit. Paul « ordonne dans toutes les églises » (1 Cor 7.17). Il délègue son autorité à certains de ses collaborateurs : « Dis ces choses, exhorte, et reprends, avec une pleine autorité », enjoint-il à Tite en mission difficile en Crète (Tite 2.15). « Déclare ces choses et enseigne-les » dit-il à Timothée en mission non moins difficile à Éphèse (1 Tim 4.11).
Cependant cette autorité réelle allait de pair avec une démarche pleine de grâce : « Nous aurions pu nous imposer avec autorité comme apôtres de Christ, mais nous avons été pleins de douceur au milieu de vous » (1 Thes 2.6,7). L’autorité des apôtres se recommandait avant tout par leur conduite.
À l’occasion, cette autorité pouvait malgré tout comporter une capacité de discipline. À des Corinthiens indifférents au mal moral présent parmi eux, Paul dit : « Pour moi, absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a commis un tel acte. Au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, qu’un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus » (1 Cor 5.3-5). Il réitère dans sa seconde lettre à cette même église à propos des faux apôtres qui cherchent à dominer l’église : « Lorsque j’étais présent pour la seconde fois, j’ai déjà dit, et aujourd’hui que je suis absent je dis encore d’avance à ceux qui ont péché précédemment et à tous les autres que, si je retourne chez vous, je n’userai d’aucun ménagement. […] J’écris ces choses étant absent, afin que, présent, je n’aie pas à user de rigueur, selon l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour l’édification et non pour la destruction » (2 Cor 13.2,10).
Qu’en est-il aujourd’hui ? Nulle part le N.T. ne suggère que les apôtres aient eu des successeurs ayant la même autorité. Paul, dans ses recommandations aux anciens d’Éphèse, les remet à « Dieu et à la parole de sa grâce » (Act 20.32). L’autorité apostolique est aujourd’hui celle de leurs écrits inspirés, conservés pour nous dans le N.T. C’est dans la fidélité à ce qu’ils nous enseignent que l’Église continuera à respecter l’autorité des apôtres.

L’autorité des anciens

Une église, pour pouvoir fonctionner correctement, doit avoir une structure d’autorité interne. L’illusion égalitariste, faussement étayée par des textes sortis de leur contexte, pourrait faire miroiter que tout membre, quelle que soit sa maturité, sa spiritualité, sa conduite, a la même autorité, mais tel n’est pas l’enseignement du N.T. Il indique dès le début que le fondement des premières églises s’est articulé autour d’anciens (Act 14.23).
Quatre termes sont employés dans le N.T. pour désigner des offices comparables [note]Comparez Act 20.28 ; 1 Pi 5.1-2 ; Héb 13.7 pour apprécier l’équivalence.[/note] :
– « anciens » — qui met l’accent sur leur expérience chrétienne et leur maturité ;
– « surveillants » (traduit aussi par « évêques [note]Le terme (retenu par la NEG) a pris au cours de l’histoire de l’Église une connotation trop différente du sens initial pour qu’on ne lui préfère pas ceux de « dirigeants » (BFC, Semeur) ou « responsables » (S21, PDV).[/note] ») — qui met l’accent sur leur l’intérêt aux personnes de l’église ;
– « conducteurs » — avec l’accent sur leur leadership et sur la direction ;
– « pasteurs » — qui met l’accent sur les soins à apporter aux membres.
Les anciens sont toujours mentionnés au pluriel ; ils forment un « corps » ou un « collège » (1 Tim 4.14 ; cf. Phil 1.1). Ils sont attachés à une église locale spécifique (Act 14.23 ; cf. Tite 1.5), sans autorité sur les autres églises, contrairement aux apôtres.
Ils ont certes une fonction de direction, à laquelle une autorité est attachée, mais l’accent particulier du N.T. tombe avant tout sur leurs qualités morales — d’où les listes d’aptitudes requises de 1 Timothée 3 et Tite 1 — et sur leur manière de se conduire. Ils doivent illustrer la parole du Seigneur : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Luc 22.26). L’autorité d’un dirigeant politique est liée à sa fonction et non à ses qualités morales personnelles [note]Par exemple, Paul et Pierre enjoignent d’obéir au « roi » qui était Néron à l’époque, pas précisément un exemple de vertu morale ![/note] tandis que, dans l’église, tout dirigeant doit se recommander « à tous égards » par une conduite irréprochable, en particulier lorsque le contexte est difficile (cf. 2 Cor 6.4-10). Les anciens ne doivent pas dominer sur leurs fidèles, mais être pour eux des modèles (1 Pi 5.3), en particulier dans leur esprit de service. Leur autorité ne s’impose pas de façon coercitive mais tient avant tout à l’Écriture qu’ils doivent enseigner avec fidélité et persuasion (1 Tim 3.2 ; Tite 1.9) et à l’amour qu’ils montrent pour le troupeau.
Le N.T. ne donne pas de liste de domaines où s’exerce directement l’autorité des anciens ; il laisse, ici comme ailleurs, une large place pour adapter les principes à l’infinie variété des situations locales. Il indique cependant que les membres d’une église doivent obéir aux anciens (Héb 13.17), en particulier les plus jeunes (1 Pi 5.5).

L’ensemble de l’église locale

L’Église est présentée comme composée de personnes qui bénéficient du même salut, possèdent le même Esprit et jouissent d’un égal accès direct au Père par Jésus (cf. Éph 4.4-6). Rien n’est plus éloigné de la pensée du N.T. que de distinguer des castes ou des catégories d’importance ou de sainteté différentes entre les chrétiens (cf. Jac 2.1-13). Même Pierre peut dire qu’il n’est qu’un ancien parmi d’autres (1 Pi 5.1). C’est pourquoi l’autorité dans l’Église, du point de vue humain, est avant tout confiée à l’ensemble des croyants. Quelques exemples pour illustrer ce point :
 Lors du concile de Jérusalem, toute l’assemblée est impliquée : « Il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l’Église » (Act 15.22). L’église locale a donc autorité pour prendre des décisions engageantes pour l’ensemble.
 Lors de difficultés entre frères, après une démarche personnelle puis à quelques-uns, Jésus dit : « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain » (Mat 18.17). L’église est donc l’instance ultime pour exercer l’autorité.
 Dans le cas de l’homme incestueux de Corinthe, Paul leur demande de s’assembler pour juger cet homme (1 Cor 5.4) et c’est bien « le plus grand nombre » qui lui a infligé le châtiment d’après 2 Cor 2.6. La discipline ecclésiastique ultime, l’excommunication, est donc du ressort de l’ensemble de l’église locale. Attendre l’unanimité est sans doute illusoire, mais il importe que la pensée commune émane d’une très large majorité des membres, après un examen sérieux et honnête de toute objection.

Une décision de l’église locale ou des anciens n’est pas infaillible et il peut s’avérer qu’elle doive être remise en question, à la lumière de nouveaux éléments, d’une conviction différente formée par l’Esprit ou d’une meilleure compréhension de l’Écriture. Le reconnaître n’affaiblira pas l’autorité — bien au contraire : Cela démontrera la soumission de l’Église à son Chef.

Conclusion

Selon le N.T., dans l’Église d’aujourd’hui, l’autorité ressort donc avant tout 1° de Dieu en Jésus, par son Esprit, à la lumière de sa Parole, mais aussi 2° des anciens reconnus de l’église locale et 3° de l’ensemble de la communauté. L’équilibre entre ces trois « pôles » d’autorité est délicat et l’histoire de l’Église témoigne des déséquilibres qui sont vite apparus en faveur de tel pôle au détriment des autres. Que chaque église locale, dans la prière et l’étude approfondie de la Parole, éclairée par les plus expérimentés que Dieu a mis à sa tête, vive paisiblement la mise en œuvre de cette autorité pour le bien de chacun des membres.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)