L’autorité dans la cité

Je vous propose d’aborder ce sujet à partir de deux épisodes tirés des Évangiles et deux paragraphes des épitres de Paul. Nous y trouverons des éléments de réponse autour de quatre thèmes :
• Autorité et humilité
•Autorité pour faire grandir
•Autorité au travail
•Autorités civiles respectées

Autorité et humilité  (Matthieu 8.5-13 et Luc 7.1-10)

L’exemple du Christ et le témoignage du centurion nous donnent une bonne introduction sur le sujet de l’autorité dans la cité : Quelle que soit notre position, nous sommes confrontés à l’autorité, celle à laquelle nous sommes soumis et celle que nous exerçons.
– Le centurion représente l’autorité de Rome, la puissance qui s’est imposée aux Juifs ; mais il nous impressionne d’abord par son humanité : en parlant de son serviteur, il dit qu’il est : « horriblement tourmenté » (Mat, version Darby ) et Luc précise que cet esclave lui « était fort cher ». Il demande de l’aide au Seigneur en sa faveur. Ces expressions soulignent l’intérêt et l’affection qu’il porte à son serviteur.
-Il nous donne ensuite un exemple d’humilité : Le centurion exprime avec délicatesse ce qu’il pense de Jésus : « Seigneur, ne te donne pas de fatigue » (Luc) et « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Mat), tandis que les Juifs disent de lui : « il est digne que tu lui accordes cela ». Il ne met pas non plus en avant la généreuse construction de la synagogue qu’il a effectuée (Luc). Ce sont les Juifs qui s’en chargent.
– Le centurion sait que son autorité est sous contrôle : « je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats. » Son autorité commence par la soumission. C’est la première chose qu’il a en vue. Il sait qu’elle lui a été conférée, déléguée et qu’il ne peut l’exercer sur ses hommes que dans le respect et la soumission à l’autorité supérieure. Quelle marque d’humilité chez cet homme !
Cette très belle perspective, exemple pour nous, le garde du risque d’abus d’autorité. Il sait que ses faits et gestes à l’égard des personnes qui lui sont confiées ne peuvent s’écarter de la ligne qui lui est impartie par ses supérieurs. Dans une entreprise, on appelle cette notion en anglais, « compliance » ou le respect du code de conduite. Quand un cadre fait preuve d’abus d’autorité, ou s’il va jusqu’à exercer des pressions voire du harcèlement, il s’écarte des règles de son entreprise et se met lui-même en porte-à-faux, car il n’est plus soumis à la volonté de la direction générale. Certaines firmes ou institutions proposent des canaux de communication pour le signalement de telles attitudes. C’est une bonne chose que nous puissions réagir quand une personne en position d’autorité perd de vue le principe vécu par le centurion : « je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui. »
– Enfin le centurion est un exemple de foi, de confiance : non seulement voit-il en Jésus celui qui a le pouvoir de dire une parole pour guérir son esclave, mais il est persuadé qu’il va le faire et que le serviteur sera guéri, tout comme l’obéissance de ses soldats à ses ordres ne fait aucun doute. « Je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : viens, et il vient et à mon esclave : fais cela, et il le fait. » Pour cet homme, indigne de déranger le Christ, l’accomplissement de sa demande, est évidente du moment que Jésus en donne l’ordre. Jésus « s’en étonna » (Mat) et « l’admira » (Luc) et dit «Je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi » (Mat. 8.10).
Ce récit nous aide à vivre l’autorité de façon saine :
• Pas d’autorité sans humanité. L’autorité ne doit pas s’exercerait de façon cruelle.
• Pas d’autorité sans humilité. Si nous devons exercer l’autorité, elle ne doit pas nous monter à la tête, et nous ne devrions pas jalouser ni encenser ceux qui sont au-dessus de nous.
• Pas d’autorité sans contrôle et soumission à une autorité supérieure.
• Pas d’autorité sans confiance que les ordres donnés vont être exécutés.

Autorité pour faire grandir (Matthieu 17.24-27)

La scène des didrachmes illustre bien le fait que celui qui exerce l’autorité se doit de faire grandir ceux sur lesquels il l’exerce.
Dans cet épisode, Pierre est pris de court par une question des receveurs et répond avec assurance que son maître paye bien l’impôt du temple. Jésus n’est-il pas exemplaire en toutes choses ? Mais Pierre a parlé un peu vite en supposant que Jésus payait cet impôt inventé par les Juifs et qui n’était pas prescrit par la Parole de Dieu. Jésus exprime alors son autorité vis-à-vis du temple et des collecteurs d’impôts : Il est Fils. Il n’a pas besoin de payer.
Il montre aussi son autorité vis-à-vis de Pierre : il est le maître. Une fois en privé, à la maison, il ne laisse pas le sujet non traité, mais prend les devants pour expliquer délicatement et avec fermeté, que son disciple s’était aventuré sur un terrain qu’il ne connaissait pas. Il l’accompagne dans la compréhension : « de qui les rois reçoivent-ils des tributs ou des impôts, de leurs fils ou des étrangers ? » et tire la conclusion « les fils en sont donc exempts » (Mat 17.25-26).
Elle s’accorde d’ailleurs à la déclaration majestueuse que Pierre avait faite peu avant : « tu es le Christ, le fils du Dieu vivant» (Mat 16.16).
Au lieu de faire des reproches à Pierre et de le laisser dans le regret ou les excuses, Jésus le fait grandir : tout en maintenant sa prééminence « donne-le leur pour moi », il élève son disciple du rang d’étranger au rang de Fils du roi en disant : « Afin que nous ne les scandalisions pas » et en ajoutant « et pour toi » (Mat 17.27).
À cet instant, Jésus dévoile sa gloire de créateur ayant toute autorité sur la nature et les poissons. Celui qui peut dire « Tout animal de la forêt est à moi, les bêtes sur mille montagnes » (Ps 50.10), commande au poisson qui porte une pièce de monnaie à Pierre. Puis, dans son humilité, Jésus voile à nouveau sa gloire et se soumet volontairement au paiement de l’impôt.
Nous retrouvons dans ce texte le lien entre humilité et autorité et nous y voyons le désir de faire grandir ou de développer ceux qui nous sont confiés.
L’Éternel dit au roi David : « Tu paîtras mon peuple Israël, et tu seras prince sur Israël » (2 Sam 5.2). Le prince doit d’abord être le berger, celui qui nourrit et fait grandir.
On peut remarquer que l’origine étymologique du mot français autorité est le latin auctoritas, capacité de faire grandir, issu du verbe « augere », « augmenter ». Toutefois, notre étude étant fondée sur des textes originaux grecs, cette remarque n’a que valeur mnémotechnique.

Autorité au travail  (Colossiens 3.22-25)

La clé de ce passage sur la soumission des esclaves à l’autorité de leurs maîtres se trouve dans l’expression : « ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais en simplicité de cœur, craignant le Seigneur » (Col 3.22). Le texte s’interprète dans le contexte de l’époque où l’esclavage était pratiqué. L’Évangile n’avait pas pour vocation première de modifier l’ordre social. Dans l’église, deux frères convertis étaient parfaitement égaux, même si à la maison l’un était l’esclave de l’autre. On peut appliquer ce passage à toutes les situations de notre quotidien, où nous avons une personne placée au-dessus de nous et pour laquelle nous accomplissons des tâches, que la personne en question soit croyante ou incrédule. Dans le monde du travail, la majorité d’entre nous avons un supérieur hiérarchique. Quelle est notre perspective ? Accomplissons-nous notre mission pour lui plaire ou en ayant le Seigneur devant nos yeux ? Tout change. Le travail me parait-il difficile, le délai trop court ? C’est pour le Seigneur que je me donne de la peine. Les tâches sont-elles répétitives, voire ennuyeuses ? Elles prennent une autre dimension, si elles sont offertes à notre maître céleste. Ai-je tendance à bâcler ou à ne pas prêter attention à la qualité, tandis que mon chef aime aller dans les détails et je le trouve trop perfectionniste ? Mais que pense le Seigneur de la qualité ? N’aime-t-il pas la profondeur, le soin, la beauté ? Sommes-nous stressés par la compétition, la pression des résultats à atteindre ? Relisons la phrase : «Comme voulant plaire aux hommes » et plus loin : « quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que du Seigneur vous recevrez la récompense » (Col 3. 24). Avons-nous reçu une prime ou une augmentation de salaire ? Si oui, l’avons-nous reçue de la main du Seigneur ? Lui avons-nous dit merci ? Ou bien sommes-nous surtout sensibles au regard des autres et au fait de plaire aux hommes ?
Et si nous avons la responsabilité d’une équipe, nous essaierons de montrer un bon exemple dans la relation que nous entretenons avec notre propre supérieur. Nous éviterons de mettre en avant la compétition malsaine, la politique obscure, la superficialité, les demi-vérités ; mais nous rechercherons l’excellence, la qualité, la transparence, la confiance.
Tout change dans le monde du travail quand nous voyons les choses comme nous l’enseigne l’apôtre.

Autorités civiles respectées  (Romains 13.1-7)

« Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle ; car il n’existe pas d’autorité si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu » (v. 1).
Le Nouveau Testament utilise le même mot « autorité », en grec « exousia », cette fois au pluriel pour désigner dans le passage de Romains 13 les autorités politiques et judiciaires.
Le principe de base est que la source fondamentale de l’autorité est en Dieu et que lui seul est en mesure de la déléguer à des hommes. Même si ces derniers en abusent ou en font mauvais usage, leur autorité est permise par Dieu et nous devons toujours reconnaître la main de Dieu derrière les autorités. « Celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordonnance de Dieu ; et ceux qui résistent feront venir un jugement sur eux-mêmes » (v. 2). Dans le cas général, l’autorité installée par Dieu se comporte bien, et les sujets qui se comportent mal, ou qui résistent, sont réprimandés. Ce jugement est légitime et sera subi par le chrétien insoumis. Il existe évidemment un cas particulier, illustré dans le livre de Daniel, quand Shadrac, Meshac et Abed-Négo refusent de se prosterner devant la statue de Nébucadnetsar. Ici, l’autorité installée par Dieu se comporte de façon orgueilleuse et commande quelque chose de clairement opposé à la foi. Les fidèles résistent à l’autorité, désobéissent, mais en assument les conséquences : « Notre Dieu que nous servons, peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent (mais ils ne se permettent pas de le lui imposer !), et il nous délivrera de ta main, ô roi ! » (quoiqu’il en soit, fût-ce par la mort dans la fournaise. Dan 3.17). Pierre confirme ce principe : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act 5.29) ; « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (Act 4.19). Dans le cas particulier des autorités s’opposant frontalement aux enseignements de l’Écriture, le chrétien est appelé à résister, en obéissant à Dieu plutôt qu’aux hommes, ce qui le conduira parfois à subir des souffrances.
Dans le cas général, la soumission aux autorités administratives, législatives et judiciaires est la marque de la confiance du chrétien en son Dieu souverain, « car ils sont ministres de Dieu s’employant constamment à cela même » (v. 6). Le chrétien peut voir chaque représentant des autorités dans l’exercice de sa fonction, comme un serviteur du Seigneur. C’est donc par égard pour Dieu que nous payons nos impôts sans tricher, que nous validons notre titre de transport : « à qui le tribut, le tribut, à qui le péage, le péage », que nous respectons les policiers, les soldats, « à qui la crainte, la crainte », que nous honorons le président, le gouvernement, le maire « à qui l’honneur, l’honneur » (v. 7).

Conclusion

En résumé, on peut retirer de notre parcours à travers ces textes les éléments d’information suivants, qui ne se veulent pas exhaustifs :
• L’autorité est établie par Dieu, dans la société civile, comme dans le monde du travail.
• Ses dépositaires doivent être humains, humbles, exemplaires, soumis eux-mêmes à des contrôles et ils doivent faire confiance à leurs subordonnés, qu’ils prennent soin de faire grandir.
• Nous nous soumettons à l’autorité avec respect et empressement, car nous le faisons pour la gloire du Seigneur, notre vrai et seul Maître.
• En cas de contradiction absolue entre les ordres des autorités et ceux du Seigneur, nous le suivons, lui, quitte à en subir les conséquences.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)