L’attitude à l’égard de l’étranger d’après l’Ancien Testament

Chacun s’accordera, on l’espère, pour condamner la haine de l’étranger, le mépris pour un être humain à cause de sa race ou de son origine. Néanmoins on peut s’inquiéter de la montée, ou de la résurgence, d’une xénophobie populaire, viscérale, et du succès de mouvements politiques qui encouragent le mépris et la haine des étrangers.

La question envisagée est celle du « comment ». Comment lutter efficacement contre cette aversion croissante et inquiétante à l’égard des étrangers ? À en juger par les résultats, il ne semble pas qu’on ait trouvé de réponse satisfaisante à cette question. Et ceux-là mêmes qui luttent avec le plus de détermination et de passion pour les droits et l’accueil des étrangers ne font souvent qu’accroître l’exaspération de cette frange importante de notre population qui supporte de moins en moins la présence des étrangers, de certains d’entre eux.

L’Ancien Testament peut-il nous aider à trouver une réponse à cette question ? Il est souvent sollicité pour fournir une motivation religieuse à l’accueil de l’étranger. L’étranger accueilli dans le pays pour y résider bénéficie en effet d’une attention particulière dans la loi.

Dispositions en faveur des étrangers

Négativement, il est stipulé qu’il ne faut pas :

– Maltraiter l’étranger ou l’opprimer : « Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. » (Ex 22.21 ; cf. aussi Ex 23.9 ; Lév 19.33 ; Deut 24.14)

– Porter atteinte à son droit : « Tu ne porteras pas atteinte au droit de l’étranger et de l’orphelin, et tu ne prendras point en gage le vêtement de la veuve. » (Deut 24.17)

Ces dispositions sont rappelées avec toute la solennité qui y est attachée dans les douze malédictions prononcées lors de la confirmation de l’alliance : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve. » (Deut 27.19)

En stricte équité, le principe est posé que la loi doit être la même pour l’étranger et l’autochtone : « Vous aurez le même droit, l’étranger ou l’autochtone ; car je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 24.22) Ce principe vaut pour les droits fondamentaux ; certains avantages sont cependant réservés aux Israélites.

Positivement, il est recommandé de témoigner de la bienveillance à l’égard de l’étranger, notamment :

– En le laissant glaner ou grappiller : « Tu ne cueilleras pas les grappes restées dans ta vigne et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 19.10 ; cf. aussi Lév 23.22 ; Dt 24.19-21)

– En lui prêtant assistance s’il est dans le besoin : « Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras ; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays afin qu’il vive avec toi. » (Lév 25.35) Deutéronome 15.2-3 distingue le prêt de secours à l’Israélite, qui doit être sans intérêt, et le prêt avec intérêt à l’étranger. Comme le terme employé dans ce dernier passage, nokrî, ne désigne pas l’étranger résident (gèr) mentionné en Lév 25.35, on doit comprendre que le prêt avec intérêt évoqué en Deut 15.3 est un prêt commercial consenti à un partenaire vivant à l’étranger et non un prêt de secours qui doit être sans intérêt et que l’Israélite doit accorder aussi à l’étranger résident.

– En le faisant bénéficier de la dîme : « Au bout de trois ans, tu sortiras toute la dîme de tes produits pendant cette année et tu la déposeras là où tu résideras. Alors viendront le Lévite, qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, qui résideront avec toi ; ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Éternel ton Dieu te bénisse dans toute l’œuvre que tu entreprendras de tes mains. » (Deut 14.28-29)

– En l’associant aux repas de fête : « Tu te réjouiras à l’occasion de cette fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le Lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui résideront avec toi. » (Deut 16.14 ; cf. aussi v.11)

Plus fondamentalement, Dieu demande d’aimer l’étranger. Ce commandement figure dans le Lévitique et le Deutéronome, alors que le grand commandement de l’amour du prochain n’apparaît que dans le Lévitique : « Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un autochtone du milieu de vous ; tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 19.33) « Vous aimerez l’étranger, car vous avez été des étrangers dans le pays d’Égypte. » (Deut 10.19) Cette reprise du précepte, avec la même motivation (« vous avez été étrangers »), souligne que l’étranger n’est pas exclu de cet amour du prochain qui est l’essence même de la loi.

L’ensemble de ces dispositions se trouve placé sous la haute autorité de Dieu lui-même, présenté comme celui qui « aime l’étranger et lui donne nourriture et vêtement » (Deut 10.18).

Ces textes sont souvent cités, on ne se lassera pas de les rappeler pour en mesurer la force et la pertinence. On se gardera pourtant de faire une lecture sélective de la loi en ne retenant que les dispositions favorables à l’étranger.

Nuances et contreparties

1. Les dispositions que l’on vient de signaler relèvent davantage de la morale que de la loi civile. Cela se voit à leur caractère général (ne pas opprimer, prêter sans intérêt), à l’absence de sanction pénale et à l’appel que l’on fait à la conscience du croyant1, à la crainte du châtiment de Dieu2 ou à l’attente de sa bénédiction3. Il ne faudrait pas en conclure que ces préceptes moraux, qui sont l’une des composantes essentielles de la loi du Sinaï, avec les lois civiles et pénales et les règles religieuses, aient été considérés comme moins importants ou moins contraignants que les dispositions assorties de sanctions ou de contraintes légales. Le respect de ces préceptes moraux dépendait du respect voué à Dieu. De plus, il n’est pas surprenant que, dans une société très peu étatisée, comme l’était l’Israël ancien, on ait laissé le soin à la morale de régir ce que dans d’autres sociétés on jugera nécessaire de sanctionner par la loi. On fera bien de tenir compte de ces deux différences de situation : la morale dans l’Ancien Testament n’est pas aussi privée et facultative qu’elle peut nous apparaître et la part de la loi proprement dite est restreinte.

2. D’après la loi, les étrangers ont aussi des obligations, dont certaines limitent sensiblement leur liberté. Le principe d’une même loi pour tous ne vaut pas seulement pour garantir aux étrangers un traitement égal aux autochtones en cas de procès (Lév 24.22), il vaut aussi pour le respect des règles du culte, qu’il s’agisse des sacrifices (Nom 15.15) ou des fêtes (Ex 12.49 pour la Pâque). En vertu de ce principe, les étrangers, qu’ils soient ou non admis à certains actes du culte4, sont tenus au respect du repos du sabbat (Ex 20.20), du Yom Kippour (Lév 16.29) et la peine de mort pour un sacrifice d’enfant s’applique aussi bien à eux qu’aux fils d’Israël (Lév 20.2).

3. Certains avantages sont réservés aux Israélites ; notamment la libération après six années de service comme esclave (Ex 21.2) ou le rachat par un membre de la famille des terres aliénées (Lév 25.25). Ce droit de rachat et le principe du partage de la terre entre les familles d’Israël, considérées comme gérantes de la terre appartenant à Dieu (Lév 25.23), ne devaient guère laisser à un étranger la possibilité de devenir propriétaire à titre définitif d’un bien foncier.

Ces diverses observations, qui montrent que l’intérêt dont devaient bénéficier les étrangers n’était pas sans contrepartie, introduisent à un problème bien plus aigu.

La même loi qui développe une morale si élevée, si bienveillante à l’égard des étrangers, exclut d’autre part certains étrangers (Deut 23.3-6) et ordonne de la part de Dieu l’élimination des habitants du pays de Canaan dont Israël prend possession (Deut 20.1 6-18). Comment concevoir la coexistence dans le même livre d’attitudes aussi opposées que l’exclusion et l’amour de l’étranger ? Sans parler de l’extermination qu’on ne peut évoquer sans frémir.

Cohérence du message biblique

Certains préféreront éviter le problème en pratiquant de manière naïve ou délibérée une lecture sélective. Ils retiendront de la Bible ce qui va dans le sens de la compréhension, de l’accueil, de l’amour, en oubliant le reste. Mais ce reste incommodant, même si l’on parvenait à le censurer dans la lecture de la Bible, l’actualité ne manquerait pas de nous le rappeler, parfois de manière terrifiante. Le monde où nous vivons et où les gens bien intentionnés parlent d’accueil et de fraternité, est un monde où l’on s’exclut et se déchire.

D’autres proposeront d’ordonner ces attitudes selon une progression logique et, on l’espère, chronologique, allant du pire vers le meilleur. Après avoir commencé par vider leurs querelles, en s’exterminant les uns les autres, les hommes en sont venus à s’exclure, ce qui reste inadmissible tout en étant moins tragique, et l’on peut espérer que, de plus en plus, ils s’acceptent et s’accueillent les uns les autres, suivant en cela les bons préceptes de la loi d’Israël, qui prône la bienveillance envers l’étranger. Mais cette vision rassurante, il faut, à la vérité, beaucoup de foi pour y croire. Elle est journellement démentie par les faits. Non seulement la situation globalement ne s’améliore pas, mais par endroits elle s’aggrave. On sent monter la haine et parfois tout bascule dans l’horreur absolue. Le visage inquiétant que nous offre l’Europe est celui d’une situation qui s’aggrave. L’Européen moyen, encore civilisé lorsqu’il a du pain, un emploi, un toit dans un quartier relativement sûr, sent monter en lui la haine lorsqu’il perd ses repères rassurants et voit se dégrader dangereusement son environnement (on ne parle pas ici d’écologie, on l’aura bien compris).

Si nous sommes prêts à écouter tout son message, l’Ancien Testament nous invite à une forme de réalisme dont on peut relever deux traits :

1. La question de l’accueil des étrangers est inséparable de celle des conditions d’existence qui permettent cet accueil

Le peuple d’Israël, pressé avec tant d’insistance à montrer de l’humanité et de la bienveillance à l’égard des étrangers résidant sur son sol, a dû préalablement acquérir sa liberté et prendre possession d’une terre occupée par d’autres. Il avait la consigne de ne pas se mêler aux Cananéens, mais de constituer sa propre identité sur sa terre. C’est sur cet acquis qu’est envisagée l’attitude bienveillante envers les étrangers.

Certes, le précepte n’est pas conditionné. Il n’est pas dit « quand tu seras assez bien établi, assez riche, quand tu auras assez de place… ». Le précepte est général et sans condition, mais les conditions ont été prévues pour que la mise en pratique soit possible.

Lorsque la situation se dégrade sérieusement, le précepte risque de perdre de sa pertinence. L’une des malédictions qu’encourt le peuple infidèle à l’alliance est de voir les étrangers établis au milieu de lui l’emporter sur lui : « L’étranger qui sera au milieu de toi s’élèvera toujours plus au-dessus de toi et tu descendras toujours plus bas. » (Deut 28.43) Quand on en arrive à un tel renversement, la bienveillance à l’égard de l’étranger, conçue dans la loi comme bienveillance à l’égard d’un plus faible, n’a plus guère de sens.

Dans la situation particulière des exilés rentrés à Jérusalem et qui parviennent avec peine à se maintenir au milieu des populations plus ou moins hostiles établies le pays, on comprendra que l’étranger soit vu avec plus de méfiance ou de crainte que de sympathie par ceux qui ont à cœur le maintien de l’identité du peuple de Dieu.

On ne sera pas surpris qu’en période de crise la xénophobie grandisse et gagne surtout ceux qui se sentent faibles et menacés.

2. La loi d’Israël vise à créer une entité religieuse homogène

Les étrangers résidant sur le sol d’Israël ne sont pas obligés de pratiquer la religion d’Israël — ils en sont même en partie exclus — mais le pluralisme religieux est hors de question.

Le chrétien ne manquera pas de signaler la perspective nouvelle ouverte par la venue du Messie. Le peuple de Dieu n’est plus restreint à une nation.

Dieu appelle à lui des êtres de toutes nations et de toutes cultures, et les unit à lui par la foi. La force et la dignité du message de l’Évangile sont cet appel à un engagement libre, personnel. Le chrétien qui a compris le message de Jésus-Christ ne cherchera pas à imposer aux autres sa religion ; il témoignera, cherchera à persuader, à convaincre, mais s’abstiendra de tout recours à la contrainte.5 Sans liberté religieuse il ne peut y avoir de foi chrétienne digne de ce nom.

Cette perspective ne doit pourtant pas être confondue avec l’opinion souvent entendue que toutes les religions se valent et que la diversité religieuse serait une richesse pour la société. Le fait est que les différences de religion ne favorisent pas la cohésion et l’harmonie sociale. Lorsque des étrangers, en plus de leurs autres différences, de langue, de culture, d’apparence physique, affichent une différence de religion, la cohabitation se révèle d’autant plus difficile.

Plutôt que de céder à l’idée utopique que toutes les religions se valent et contribuent à l’harmonie universelle, le chrétien transmettra le message du Christ, cherchant à convaincre tout homme.

Conclusion

L’afflux en Europe de populations d’origines, de cultures et de religions diverses est un formidable défi pour l’humanisme tolérant, qui est l’idéologie dominante de nos sociétés.

Force est de constater que jusqu’à présent ce défi est mal relevé. L’humanisme prétend avoir la réponse : toutes les religions se valent, il faut être tolérant, accepter les différences.

Mais cette solution se révèle inefficace.

L’écoute confiante du message biblique avec ses aspérités, et même les chocs qu’il peut provoquer, peut nous préserver des idéologies généreuses mais illusoires qui finalement suscitent plus de haine et d’exaspération que d’harmonie.

L’harmonie, c’est d’abord de la relation vivante avec Dieu que nous la recevons pour être dans ce monde des témoins de son amour, rendus capables de respecter et d’aimer l’étranger, ce qui n’est pas nécessairement facile.

1 Par exemple : « Vous savez ce qu’éprouve l’étranger. » (Deut 23.9)
2
« Ma colère s’enflammera, et je vous détruirai par l’épée » (Ex 22.23), concerne spécifiquement les torts faits aux veuves et aux orphelins, mais suit de près le v. 21 où il est question des étrangers.
3
« Afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans tous les travaux que tu entreprendras de tes mains. » (Deut 14.29 ; cf. aussi Deut 24.19)
4
En Ex 12.48 il est précisé que pour pouvoir participer au repas de la Pâque l’étranger (gèr) doit être préalablement circoncis. Précédemment (v. 43), il a été stipulé qu’aucun étranger (bèn-nékâr) n’était admis à en manger.
5
Cela n’a malheureusement pas été toujours compris dans l’histoire de la chrétienté.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

Écrit par