L’annihilationisme

L’annihilationisme enseigne que Dieu condamnera les impénitents à l’extinction[note]L’annihilationisme se différencie du conditionalisme en ce que les conditionalistes vont amener un aspect supplémentaire lié à l’immortalité de l’âme. Pour ceux qui désirent approfondir cette question, nous recommandons l’ouvrage Universalism and the doctrine of Hell, Nigel M. et S. Cameron, Grands Rapids, Baker Books, 1992, p. 196-199.[/note].

1. Quelle est son origine ?

Son origine est incertaine, mais il semblerait que ce soit Arnobe de Sicca (204?-327?), d’origine berbère et habitant en Numidie (Afrique du Nord) qui en parla pour la première fois.  Il développa cette idée dans son œuvre Contre les gentils, une critique de l’enseignement de Platon concernant la nature immortelle de l’âme :

« Ce qui est immortel, ce qui est simple, ne peut être sujet à aucune douleur ; au contraire, ne peut être immortel ce qui ne souffre pas… car ils sont jetés dedans, et sont annihilés, ils disparaissent vainement dans la destruction éternelle… Car ce qui est vu par les yeux n’est qu’une séparation de l’âme du corps, pas la fin dernière – l’annihilation : ceci, dis-je, est la mort réelle de l’homme, quand les âmes qui ne connaissent pas Dieu seront consumées par un tourment prolongé avec un feu qui fait rage. »[note]Christopher W. Morgan et Robert A. Paterson, Hell under fire, Zondervan, 2004, p. 197[/note]

En 553, ce dogme est condamné au second Concile de Constantinople. Cette idée refait surface bien plus tard au XVIIe siècle chez les Sociniens comme John Biddle (1615-1662), puis au XVIIIe siècle chez des Arianistes comme William Whiston (1667-1752). À la fin du XXe siècle, ce thème revient sur le devant de la scène au travers de plusieurs livres, dont le plus connu est celui écrit par David L. Edwards et le théologien évangélique John Stott[note]cf. David L. Edwards et John Stott, Evangelical Essentials : A Liberal-Evangelical Dialogue, Intervarsity Pr, 1988[/note].

2. Que penser de la thèse annihilationiste ?

2.1-Le vocabulaire utilisé

La première affirmation se rapporte au vocabulaire utilisé. Le terme « destruction » est souvent employé en relation avec l’état final de perdition Deux mots grecs sont souvent mis en avant : apollumi (détruire) et olethros (ruine ou destruction)[note] cf. Ibid., p. 315[/note].

On trouve le verbe apollumi dans sa forme active et transitive dans les passages suivants :

– dans le sens de « tuer et exécuter quelqu’un » (Mat 2.13 ; 12.14 ; 27.4) ;

– dans le sens de « détruire l’âme et le corps » (Mat 10:28 ; Jac 4.12) ;

et dans sa forme moyenne et intransitive dans ces autres passages :

– dans le sens de « mourir de faim ou mordu par un serpent » (Luc 15.17 ; 1 Cor 10.9) ;

– dans le sens de « éternellement en enfer » (Jean 3.16 ; 10.28 ; 17.12 ; Rom 2.12 ; 1 Cor 15.18 ; 2 Pi 3.9).

Le nom olethros est, quant à lui, utilisé dans 1 Thes 5.3 et 2 Thes 1.9 dans le sens ruine ou destruction.

Les annihilationistes considèrent comme étrange le fait que les personnes qui souffrent, soient soumises à un processus de destruction permanent et éternel.  La destruction est censée s’arrêter un jour, lorsque tout sera détruit.

Nous pourrions être d’accord avec ce concept si la Bible n’enseignait pas différemment le sort des méchants (cf. Apoc 14.9-11, Apoc 20.10). Le mot apollumi apparaît 90 fois dans le N.T. sous différentes formes. Dans Mat 10.6 ou Mat 18.11, il revêt le sens de « perdu ». De même dans Luc 15, ce terme est employé pour illustrer trois choses perdues (la brebis, la drachme, le fils prodigue).

Dans Matt 2.13 et 12.14, le verbe apollumi est traduit par « périr » dans le sens de « tuer ». Tuer, ce n’est pas annihiler. Ce verbe revient dans Luc 17.29 avec le même sens au sujet de Sodome. Selon Matt 10.15, Sodome et Gomorrhe paraîtront au jour du jugement. Elles n’ont donc pas été annihilées, reléguées à la non-existence. L’idée que la mort est égale à l’annihilation est incorrecte. La mort selon la Bible ne signifie pas la fin mais la séparation d’avec Dieu.  Rappelons à cet effet que Dieu a dit à l’homme en Éden : « mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Gen 2.17).

Le mot olethros est utilisé quatre fois dans le N.T. Il est employé dans 1 Corinthiens 5.5 dans un contexte de censure vis-à-vis d’un homme vivant avec la femme de son père. On évoque ici la « destruction de la chair », c.-à-d. l’expulsion de l’homme de l’église. Dans le passage de 1 Timothée 6.9, le terme olethros fait référence à la ruine qui menace ceux qui se confient dans leurs richesses, il est associé au mot apōleia qui est traduit par perdition.

En se basant uniquement sur le vocabulaire, si les apôtres avaient voulu enseigner l’annihilation, ils auraient pu utiliser les termes exaleipho (enduire, effacer, essuyer – voir Col 2.14 ; Act 3.19), sbennumi (éteindre – Mat 25.8 ; Marc 9.48 ; Éph 6.16) ou pauô (cesser – Luc 5.4 ; Act 21.32), mais ils ne l’ont pas fait.

Nous pouvons donc conclure que la signification des mots apollumi et olethros ne peuvent enseigner l’idée d’annihilation. Aussi selon les données bibliques, il est clair que la mort physique et la mort spirituelle ne correspondent pas à l’extinction de l’être.

2.2-L’imagerie utilisée

La seconde affirmation se rapporte à l’imagerie utilisée dans l’Écriture pour caractériser l’enfer, et particulièrement le feu. L’image du feu est souvent citée en lien avec l’enfer (Matt 5.22 ; 18.8-9 ; 25.41) mais il est également fait mention d’un feu qui ne s’éteindra pas (Mat 3.12, Luc 3.17 ; Apoc 14.11 ; 19.3). C’est le feu qui n’aura pas de fin mais ceux qui y seront jetés, seront consumés. Le passage de Matthieu 25.46 ne fait aucune mention de durée par rapport à ce qui attend les méchants. Dans Apocalypse 20, la bête et le faux prophète représentent des symboles et non des êtres.[note]cf. Ibid., p. 316[/note]

Quelle est la fonction du feu ? La réponse se trouve dans la finalité pour laquelle le feu a été allumé. Un feu peut par exemple servir à cuire, à chauffer ou à produire de la lumière.  Ensuite, un feu réel n’anéantit pas tout, il reste toujours un résidu à l’issue de la combustion. Le feu décrit dans Exode 3 est encore plus frappant, le buisson ardent ne se consumait pas (v. 2). Lorsque nous lisons les deux expressions, le « feu qui ne s’éteint pas » et le « ver qui ne meurt pas », l’idée d’une souffrance temporaire ne nous vient pareillement pas à l’esprit.

Examinons trois versets afin d’authentifier nos remarques préliminaires :

Matthieu 25.46 : Le terme « éternel » (aionios) employé ici exprime la notion de durée, elle ne qualifie pas explicitement une durée liée à l’individu mais au châtiment. Ce terme est employé 30 fois dans les Évangiles, toujours dans le sens d’une durée éternelle (Matt 18.8, Marc 3.29, Luc 16.9). Croire dès lors que le sens peut varier selon la destinée (le ciel ou l’enfer) n’est pas cohérent.

Apocalypse 14.11 : C’est le verset qui enseigne le mieux la durée éternelle des peines et des souffrances pour les impies. Comme la fumée de leur tourment continue à monter dans l’éternité, leurs tourments durent ; si leurs tourments durent, leur souffrance est constante et éternelle, leur présence est donc avérée.

Apocalypse20.13 : Déjà au verset 10, Satan, la bête et le faux prophète sont mentionnés ; ils seront tourmentés à jamais ! (Apoc 20.10). Au verset 15, Jean indique que ceux qui ne sont pas inscrits dans le livre de vie seront jetés dans l’étang de feu. Il nous est intellectuellement impossible d’aller à l’encontre de ces versets et prétendre y voir symboliquement la destruction de l’inimitié et la résistance à l’encontre de Dieu.

2.3- La justice de Dieu

La troisième affirmation se rapporte à la justice de Dieu. Selon Apocalypse 20.12, les morts seront jugés selon leurs œuvres. La durée de la punition sera proportionnelle au mal commis. Ce principe a été appliqué par les tribunaux de la loi juive (Ex 21.23-25).[note]cf. Ibid., p. 318[/note]

Cette affirmation n’est pas restreinte à la pensée annihilationiste et ne date pas d’hier (cf. la position universaliste et les défenseurs de la conversion post mortem). La gravité du péché dépend de la personne envers qui le péché a été commis. La torture d’un animal est un crime mais sa gravité n’équivaut pas à la torture infligée à une personne.

Lorsque la femme de Lot regarda en arrière vers Sodome et Gomorrhe, elle fut transformée en statue de sel (Gen 19.26). Lorsque Achan convoita puis déroba une robe, de l’argent et de l’or, lui et sa famille furent brûlés (Jos 7.24-25). Lorsque Uzzah rattrapa l’arche avec ses mains, Dieu le frappa et il mourut (2 Sam 6.6-7). Lorsque Ananias et Saphira mentirent au Saint-Esprit, ils subirent la peine capitale pour un mensonge ! (Act 5.1-10). À première vue, ces peines sont exagérées, mais l’examen de chacun des cas révèle que le péché a été commis envers Dieu. De même, le péché d’Adam n’a pas uniquement eu des conséquences temporelles mais surtout éternelles (Rom 5.15-19).

2.4- Les textes dits « universalistes » et la victoire finale

La quatrième affirmation a trait aux textes utilisés par les courants de pensées universalistes. Si Christ attire tous les hommes à lui (Jean 12.32), si Dieu unit toute chose sous l’autorité de Christ (Éph. 1.10) et s’il  amène tout genou à fléchir et à confesser la seigneurie de Christ (Phil 2.10-11), pour qu’à la fin Dieu soit « tout en tout » ou « tout en tous », pourquoi reste-t-il des personnes qui continuent de se rebeller en enfer ? Comment la victoire finale sur le mal serait-elle possible ?[note]cf. Ibid., p. 319[/note]

Nous devons premièrement être prudents dans ce domaine. La Bible ne nous explique pas tout jusque dans les derniers détails. Il est dès lors très facile d’y inclure des éléments de notre culture contemporaine. Si Dieu veut la victoire finale sur tout et si nous comprenons cette victoire sous l’angle anthropomorphique, alors comment Dieu peut-il être « tout en tous », si le « tous » n‘est pas total ?

Nous pouvons également nous interroger sur l’existence éternelle du feu, des vers et de la fumée des tourments. Mais l’objection à cette affirmation se trouve dans les derniers chapitres de l’Apocalypse. Si Dieu est « tout en tous », cela doit se comprendre qu’il règne sur les justes et les injustes ; cela ne sous-entend pas que les seconds sont anéantis. Dieu, par sa victoire, manifeste l’exécution de ses jugements et sa souveraineté universelle.  Le désordre relatif qui a régné durant le temps de sa patience prendra fin.

En dernier lieu, soulignons que cette affirmation, poussée à l’extrême, relève davantage d’une défense de l’universalisme que de l’annihilationisme.

3. Conclusion

L’annihilationisme trouve sa source dans un déséquilibre entre le bannissement, la punition et la destruction. Si nous ne donnons pas assez d’importance au bannissement ou au jugement, nous favorisons l’idée de l’annihilation des impénitents.  Force est de constater que dans certaines bonnes églises évangéliques, l’accent est davantage mis sur l’idée de bannissement ; il convient donc de veiller à garder un équilibre entre ces trois aspects. Soyons également attentifs à ne pas nous perdre dans des spéculations vaines et inutiles (2 Pi 1.16, 2 Tim 4.1-5).

Nous croyons que si le sujet des peines éternelles est particulièrement difficile à aborder, ce n’est pas sans raison. Ce sujet revêt une importance capitale pour chacun d’entre nous. Ce que nous en faisons dans la pratique ne peut que montrer si nous en avons vraiment compris la gravité. Si Jésus, lors de son ministère terrestre, a eu à cœur d’en parler ce n’est certainement pas pour que, 2 000 ans plus tard, nous ayons honte d’en faire de même.

 

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)