L’administration collégiale et équilibrée de l’église

Philip Nunn sert le Seigneur depuis 1992 comme missionnaire en Colombie. Il est particulièrement impliqué dans le travail d’évangélisation et de formation de nouvelles assemblées chrétiennes dans ce pays, cherchant à stimuler le développement d’églises locales . Il est marié avec Anneke et a quatre enfants.

Dans la Bible, on voit que l’administration1 de l’assemblée est confiée à des hommes, des frères mûrs, pieux, agissant d’une manière collégiale (1 Tim 3, Tite 1). Leur rôle est de guider l’assemblée2 de façon à répondre aux désirs de Christ, la tête de l’Église. Le Nouveau Testament énumère les qualités personnelles de ces hommes. De manière assez détaillée, il décrit aussi leurs responsabilités et la façon dont ils doivent agir.

Cet article laisse de côté des questions techniques importantes — de quel nom appeler ces hommes (s’il y a lieu de le faire) ? comment deviennent-ils des conducteurs ? dans quelle mesure sont-ils publiquement reconnus ? certains sont-ils (ou devraient-ils être) plus influents que d’autres ? etc. Le propos est d’abord de montrer comment ces conducteurs peuvent être efficaces dans l’accomplissement de la tâche que Dieu leur a confiée.

I. Comité ou équipe ?

Certains considèrent le rôle de conducteur comme un statut dans l’Eglise. Bibliquement, conduire n’est pas une position, mais un travail, un humble service pour Dieu et pour ses frères et sœurs (1 Tim 3.1). C’est une tâche ardue. Si l’on n’est pas au clair sur ce point, on risque fort de devenir un tyran spirituel.

Les frères conducteurs fonctionnent en général comme un comité. Même dans les assemblées où ils se respectent, se font confiance et entretiennent un véritable dialogue, chaque frère peut être influencé par ses liens familiaux ou avoir des vues personnelles sur des points de détail. Ils recherchent ensemble la volonté du Seigneur sur différentes questions par voie de consensus. Le plus souvent, ces hommes essaient de se considérer comme égaux. Ils reconnaissent, et parfois tolèrent simplement le fait qu’ils soient différents, mais ils ne capitalisent pas sur ces différences.

Par contre, une équipe est quelque chose de différent. Dans une équipe, on reconnaît que Dieu a fait chaque frère conducteur différent des autres, avec des dons uniques, des forces propres, et par conséquent un apport spécifique à la tâche commune. Ainsi, chaque frère conducteur sait qu’il remplit un rôle particulier ou apporte une contribution spécifique dans le processus de conduite, et les autres frères le reconnaissent et l’apprécient dans le rôle qui lui est propre.

II. Cinq types de conduite dans l’assemblée

Depuis le début des années 1980, le commerce et l’industrie européens se sont particulièrement intéressés au concept du travail en équipe. Plusieurs études ont été réalisées pour identifier les caractéristiques personnelles qui freinent ou dynamisent les efforts de l’équipe. Certains de ces auteurs profanes imaginent avoir trouvé quelque chose de révolutionnaire et de nouveau, mais en fait ils décrivent tout simplement ce que l’apôtre Paul avait présent à l’esprit quand il parle du fonctionnement interne du "corps" de Christ. Dans ce corps unique, chaque membre est différent d’un autre, chaque membre est nécessaire pour assurer le fonctionnement équilibré de l’ensemble, les différentes parties se complètent mutuellement et travaillent harmonieusement, dans leurs diverses fonctions, pour le bien commun (1 Cor 12). Cette image du corps humain s’applique à tous les aspects de la vie d’église, y compris son administration.

De nombreux milieux chrétiens ont adopté des structures fortement hiérarchisées, plus ou moins éloignées du modèle biblique. Mais on constate que beaucoup réfléchissent sur ces sujets et aspirent à plus de simplicité.

Mon expérience et les observations que j’ai pu faire sur plusieurs continents et sur le champ missionnaire m’ont conduit à distinguer 5 rôles distincts ou types de conduite.

1. Le "visionnaire" : c’est un frère qui a un sens aigu du devoir. Il cherche à se tenir informé de ce qui se passe (dans le sens général) et il entretient des contacts dans et en dehors de l’assemblée. Il associe les Écritures aux besoins présents et futurs, propose de nouvelles idées et améliore la façon de réaliser les choses. Il est créatif, visionnaire et révolutionnaire ; ses propositions et ses idées troublent fréquemment le "train-train" de l’ensemble.

2. Le "coordinateur" : c’est le frère qui d’habitude regarde sa montre, qui a la capacité naturelle d’empêcher une réunion entre conducteurs de stagner. Il aide à prendre des décisions, et il s’assure que chacun est au clair sur la personne responsable de mettre en chantier les actions décidées. Quand ce frère ne peut pas venir, les discussions tournent souvent en rond et la réunion traîne !

3. Le "réalisateur" : c’est un plaisir d’avoir ce genre de frère dans la conduite de l’assemblée. Par exemple, aussitôt qu’une nouvelle disposition des sièges est décidée, il modifie leur agencement ! C’est un homme énergique, qui tient ses promesses, un homme de Dieu discipliné. Il n’a pas peur des obstacles, mais il peut parfois être trop rigide pour atteindre le but convenu.

4. Le "pasteur" : en fait, tous les frères conducteurs doivent avoir un cœur pastoral, c’est-à-dire un amour profond pour le peuple de Dieu et le désir de le servir (1 Pi 5.1-4). Mais l’observation montre que chez certains frères seulement, ce caractère est bien développé, joint à de bonnes aptitudes sociales. Le frère "pasteur" aime faire des visites ; il connaît le nom de la plupart des croyants dans l’assemblée (même le nom de leur chat !), et il est intéressé par tout ce qui les concerne et s’en rappelle. Il est la personne vers laquelle on se tourne naturellement dans les moments de crise familiale. Il est très affecté quand quelqu’un est critiqué injustement dans une réunion. Il rappelle aux frères d’être pratiques et réalistes. Par exemple, il leur fera remarquer que les enfants ne peuvent pas rester tranquilles et écouter parler du tabernacle pendant 4 heures ! Il rappelle à ses frères qu’ils ont affaire à de vraies personnes, des blessées, des frustrées, des fatiguées, des vulnérables. Reflétant le grand cœur du Souverain Berger, il rappelle constamment aux frères conducteurs que chaque personne et chaque cas sont différents et dignes d’une attention particulière.

5. Le "contrôleur de qualité" : ici aussi, tous les frères conducteurs doivent tenir "ferme la fidèle parole selon la doctrine" et être capables de "réfuter les contredisants" (Tite 1.9). Mais là encore, on constate des différences entre frères. Le "contrôleur de qualité" paraît souvent un peu passif et réservé. Il connaît sa Bible et pose fréquemment des questions qui dérangent sur les propositions qui viennent d’être faites. Il peut être vieux ou jeune, et il n’est pas nécessairement le plus "éduqué" ou le plus "intellectuel" du groupe, mais il ressent profondément que Christ est le chef de l’Église et que nous devrions faire attention de ne pas le décevoir. Il se méfie instinctivement du changement ou de la nouveauté et voit les dangers de chaque option envisagée. Il demande fréquemment qu’une décision soit renvoyée à la prochaine réunion pour donner plus temps à la réflexion et à la prière. Dans une période de changement, son rôle doit être particulièrement estimé et apprécié. Cette fonction est aussi importante que n’importe laquelle des 4 autres.

On devrait donc trouver environ cinq frères conducteurs dans une assemblée. Ce nombre est approximatif, puisque plusieurs frères peuvent appartenir au même profil ou un seul peut réunir les caractéristiques de plusieurs types. Pour maintenir une conduite saine, et par conséquent une vie d’assemblée saine et heureuse, il faut s’occuper de ces cinq domaines de responsabilité et les équilibrer.

III. Qui est qui ?

Dans le sport, le commerce et l’industrie, on forme des équipes équilibrées en choisissant des personnes qualifiées et des personnalités variées pour atteindre au mieux les résultats désirés. Dans l’Eglise, c’est l’Esprit Saint qui accorde les dons (1 Cor 12.11 ; Eph 4.11) et le vouloir (Phil 2.13), et qui choisit les hommes devant surveiller ou conduire le troupeau (Act 20.28).

Pourtant nous ne devons pas rester passifs dans le processus. Nous devons désirer avec ardeur les dons spirituels (1 Cor 14.1). Pour la conduite de l’assemblée, nous avons une parole "certaine" : "Si quelqu’un aspire à la charge de surveillant, il désire une œuvre excellente" (1 Tim 3.1). C’est alors la responsabilité de la personne et de l’assemblée de reconnaître ce que le Saint Esprit accomplit parmi eux (1 Thes 5.12,13). Comme les frères conducteurs travaillent en équipe, résolvent les problèmes et recherchent la direction du Seigneur pour l’assemblée, leurs dons et leurs aptitudes vont naturellement se manifester. Il n’est pas question de donner à chaque frère conducteur un rôle dans l’équipe des frères conducteurs, mais simplement de reconnaître la contribution unique que chacun apporte. Lentement le groupe se transformera en une équipe de frères conducteurs.

Maintenant, posez-vous les questions suivantes, particulièrement si vous avez une responsabilité dans votre assemblée : quel est celui ou quels sont les deux types parmi les cinq types de conduite d’assemblée qui vous caractérisent le mieux ? Réfléchissez également à la façon dont vos autres frères participent aux réunions. Notez leurs noms et leurs caractéristiques générales et essayez de les classer dans un ou plusieurs types de conduite. Cet exercice, fait seul ou avec d’autres, présente les avantages suivants :

1. Pour aider au développement personnel : chaque type de conduite a des faiblesses inhérentes. Le "visionnaire" risque d’avancer trop rapidement et de se distancer des autres. Le "coordinateur" court le danger de manipuler les autres. Le "réalisateur" devient facilement impatient et le "pasteur" mou et trop tolérant. Le "contrôleur de qualité" peut tomber dans la méfiance et développer un esprit de jugement et de critique sur les motifs et la spiritualité des autres frères.

Identifier le type auquel vous appartenez vous aidera à améliorer votre contribution, en développant vos points forts, tout en faisant un effort pour éviter vos faiblesses naturelles.

2. Pour mieux apprécier les autres : identifier la contribution de vos frères conducteurs vous aidera à devenir plus flexible, plus patient et plus réceptif aux différences observées et aux diverses contributions. Cela aide à réduire notre esprit instinctif de jugement envers ceux qui diffèrent de nous, nous ralentissent ou essayent d’introduire des changements.

3. Pour approfondir l’interdépendance : se considérer et s’accepter les uns les autres comme membres d’une équipe de frères conducteurs avec des profils différents encourage l’interdépendance et l’approfondissement, toujours important, de la confiance mutuelle. Les conducteurs apprennent à se faire confiance, à s’appuyer et à compter les uns sur les autres.

4. Pour tendre vers le maintien d’un équilibre : il est très possible que vous détectiez des lacunes chez les frères qui conduisent l’assemblée. Si l’un ou l’autre de ces 5 types de conduite fait défaut, l’assemblée en souffrira. L’absence du type "visionnaire" mène à la stagnation de l’assemblée. Le manque de "coordinateur" se voit dans l’incapacité de prendre des décisions et le découragement. Sans le "réalisateur", beaucoup de bonnes choses sont discutées et décidées, mais peu se réalisent. Si le type "pasteur" est faiblement représenté, l’équipe de conduite tend à se couper des autres saints. Sans l’influence du "contrôleur de qualité", des décisions rapides et imprudentes peuvent être prises ou alors l’assemblée suit des tendances populaires et s’éloigne des Écritures. Une fois que les frères conducteurs se sont rendu compte collectivement de toutes leurs lacunes, ils peuvent prier pour que Dieu stimule les types de conduite faiblement représentés ou suscite ceux qui leur manquent. En attendant, ils peuvent rechercher collectivement à combler leurs lacunes et à restaurer un sain équilibre dans la conduite de l’assemblée.

Conclusion

L’administration de l’assemblée par des hommes, dans un esprit de piété et de collégialité, était pratiquée et enseignée dans l’Église du temps des apôtres. Mais les bénéfices de la collégialité, selon les plans divins, sont loin d’être automatiques. Ils seront réalisés si les frères conducteurs essayent de travailler davantage comme une équipe, chacun reconnaissant son propre type de contribution et celui des autres. Ensemble ils chercheront à combler leurs lacunes pour conduire d’une manière équilibrée. N’oublions pas que le jour viendra où nous nous tiendrons devant Dieu pour lui rendre compte de la façon dont nous avons conduit son peuple (Héb 13.17). Nos familles, les croyants, les non-croyants, et la prochaine génération, bénéficieront de tous les progrès que nous pourrons réaliser. Il en vaut vraiment la peine.

1 Les mots "conduite" ou "administration" ont été utilisés dans cet article pour rendre le mot "leadership" utilisé par l’auteur dans son texte anglais initial. Pour désigner ceux qui assument cette fonction, le terme de "conducteurs" (utilisé en Héb 13.7, 17, 24) a été retenu. Cependant, l’emploi de ce dernier exige de se défaire de l’image du conducteur de bus qui dirige son véhicule rempli de passagers passifs (défense de parler au conducteur !). Dans l’Eglise, les conducteurs sont ceux qui sont à la tête, donnent des impulsions, assument des responsabilités, etc., sans pour autant tout contrôler ! Dans l’assemblée, il s’agit à proprement parler des anciens ; dans d’autres contextes (services, oeuvres…), ce peut être d’autres personnes.
2 Dans cet article, le mot "assemblée" désigne une église locale.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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