La vie du chrétien né de Dieu (III)

Le chapitre 8 de l’épître aux Romains nous servira de base pour les troisième et quatrième parties de cette étude sur la vie du chrétien né de Dieu

La gloire à venir (deuxième partie de Romains 8)

1. v.18-25: Souffrance et gloire à venir

18. J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous.
19. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu.
20 . Car la création a été soumise à la vanité – non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise –
21. avec une espérance: cette même création sera libérée de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
22. Or nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement.
23. Bien plus, nous aussi, qui avons les prémices (un acompte) de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps.
24. Car c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance: ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore?
25. Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.

Paul juxtapose deux choses:
– la souffrance: l’état présent celle-ci tient à la corruption: tout est vanité, tout passe, tout meurt, il n’y a pas d’espoir du point de vue matériel.
– la gloire à venir: l’état futur elle est espérance: la rédemption et la durée éternelle du corps, parce que devenu immortel; la création entière y participera.

Toute la création forme une unité organique: ce fait scientifique est considéré par Paul du point de vue théologique. Il y a une étroite relation entre l’homme et la nature.

L’homme: à la suite d’Adam, il naît dans le péché et y tombe continuellement; par Christ, il devient une nouvelle créature.

La nature: elle souffre du péché de l’homme; mais, avec lui, elle partage l’espérance d’une pleine restauration.

Parenthèse sur la signification de «gloire»

Dans l’Ancien Testament, gloire se trouve ainsi défini:
– apparence lumineuse
– manifestation de Dieu et l’effet produit
– révélation de Dieu: dans la création; dans l’histoire du salut
– honneur
NB: L’arche = symbole de la présence de Dieu.

Dans le Nouveau Testament nous trouvons:
a) le grec «doxa» pour «gloire»:
– il est utilisé 165 fois : (entre autres par Paul : 77 fois; Jean : 35; Pierre : 15; Luc: 13)
– honneur, célébrité, réputation
– majesté, puissance
b) «glorifier» se trouve plus de 60 fois, avec les sens :
– faire partager la gloire de Dieu/Christ
– rendre efficace la gloire de Dieu/Christ
c) Les êtres célestes ont leur propre gloire.
– Les croyants participent ou participeront à la gloire
– L’espérance chrétienne est «l’espérance de la gloire» (Col. 1.27; Eph. 1.18; 2 Thes. 2.14; 2 Tim. 2.10).
NB: La transfiguration de Christ est la révélation de la gloire que Jésus a possédé continuellement mais pas ouvertement.

L’état du monde est dû à la malédiction qui fut la conséquence du péché d’Adam et Eve et de tous leurs descendants. Dans l’optique de l’idéologie de l’évolution, il n’y a aucun espoir pour l’homme et la nature. L’environnement ne s’améliore aucunement, et seul un aveugle peut penser que le monde va vers la perfection.

Bertrand Russell enseignait qu’il n’y a aucun espoir pour le monde, que le monde est fou, que si les gouvernements ne changent pas certaines choses, on va inévitablement vers la catastrophe. De toute façon, la mort est la fin. Quelle différence! Pour Russell, le monde est fou (aucune responsabilité morale!); la Bible, elle, parle du péché, de la méchanceté de l’homme (qui en est responsable). Russell: aucun espoir ! Paul: espérance et gloire! Comment comprendre?

C’est que le seul espoir repose en Dieu lui-même, car il est ancré dans le caractère et l’intention de Dieu par rapport à l’homme et à la nature qu’il a créés. L’honneur de Dieu lui interdit de laisser le monde se détruire jusqu’à l’anéantissement. Parce que Dieu est Dieu, il ne peut le permettre.

Quand Dieu maudit la terre, il donna aussi l’espérance de la délivrance. C’est là que les faits historiques de Genèse 3 ont toute leur portée. L’histoire de la chute est essentielle à la compréhension de la doctrine biblique du salut. Car Dieu donna tout de suite une promesse: La semence de la femme (à savoir Jésus-Christ) écrasera la tête du serpent (Satan). Dans cette promesse de délivrance est comprise la délivrance de toute la nature créée par Dieu. C’est comme si Dieu avait dit à la nature : «Je dois te maudire à cause du péché de l’homme, mais ce ne sera pas ta condition pour toujours.» Il n’y a que la Bible qui enseigne cela.

Paul dit: j’estime…; le mot grec contient le mot «logos» (= raisonnement); le mot mesure avait le sens de «peser». La pensée de Paul est donc la suivante: Selon toute logique, si l’on pèse les souffrances présentes et en compare le poids avec celui de la gloire à venir, on a une estimation correcte du temps et de la vie sur terre.

Le non-chrétien, l’homme du monde, vit uniquement en fonction de sa vie terrestre. Quand il souffre, il n’a pour se consoler que des phrases creuses: «faut pas y penser» – «ça passera» – «ça s’arrangera»… Le chrétien, au contraire, vit en fonction de l’âge à venir. La mort n’est pas la fin! Il n’y a pas de fin, pour personne! Il y aura une «apocalypse» (en grec «dévoilement, découverte »), une révélation qui introduira un état nouveau: le ciel éternel pour l’enfant de Dieu, l’enfer éternel pour l’incrédule, et la restauration pour la création, qui s’accomplira à la deuxième venue de Christ en gloire. Toute la Bible en parle, AT et NT. Toute souffrance est estimée à sa vraie valeur à la lumière de ce jour. Même les souffrances les plus atroces perdent de leur horreur, comparées avec l’éternité de félicité, de bonheur, de perfectionnement total.

Vivre aujourd’hui veut dire, pour le chrétien, vivre dans la perspective du retour glorieux de Jésus-Christ.

Que dit en fait le v.20? «L’homme est tombé par sa propre volonté, mais c’est involontairement que l’univers a été corrompu avec lui, selon le décret divin. C’est Dieu a qui soumis la création à la vanité, ce qui l’a plongée dans l’insatisfaction et la maladie…- mais avec une espérance de délivrance. Celui qui l’y a soumise se réfère à Dieu, non à Adam ou à Satan, car la mention de l’espérance ne peut s’expliquer que si c’est Dieu qui a prévu la délivrance finale et la restauration de l’harmonie de la création.» (Nouveau commentaire biblique, Emmaüs, légèrement adapté)

Au v.19, il est dit quelque chose d’inattendu de cette création qui souffre: …la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Pourquoi cela et non «la restauration» ?

La réponse est donnée aux v.21-22: tout comme la création a part à la corruption à cause du péché de l’homme, elle aura part à la libération de la corruption à cause de la libération de l’homme de la corruption. Cela revient à dire que le destin de la création est indissolublement lié au destin de l’homme. La création est ce qu’elle est à cause du péché de l’homme, à cause de sa désobéissance, sa révolte, son orgueil qui lui fait croire qu’il est son propre dieu, qu’il est capable de décider lui-même ce qui est bien ou mal. L’homme ne remplit plus la fonction que Dieu lui avait attribuée.

Mais en fait, quelle est cette création?

Le terme la création toute entière comprend-il, par exemple, aussi les anges? Certainement pas les «bons anges», ceux qui n’ont pas écouté Satan, car ils n’ont jamais été soumis à la vanité, ni soupirent-ils. Ni d’ailleurs les «anges tombés», car leur sort est déjà réglé: ils savent ce qui les attend au jour du jugement [cf. 2 Pierre 2.4 & Jude v.6]. Les chrétiens aussi sont exclus du terme toute la création, car Paul écrit nous aussi, comme étant distincts de cette création. Et les incrédules ? Comment s’attendraient-ils à une gloire dont ils n’ont aucune connaissance? La «création» ici sous-entend donc la création irrationnelle, matérielle, animée et inanimée, organique et inorganique, les animaux et les plantes, les rivières et les montagnes, la terre et le ciel audessus de nous.

Paul dit donc que cette partie de la création attend ardemment l’apocalypse, c.-à-d. la révélation des enfants de Dieu. En d’autres mots, Paul personnalise cette partie irrationnelle de la création! Esaïe parle du désert qui se réjouira, des montagnes qui chanteront, des arbres qui battront des mains [35.1 & 55.12].

Le grec pour «attendre ardemment» veut dire «guetter avec une attention soutenue, le cou tendu en avant». C’est ce que fait la nature! Toute la nature guette le moment de la révélation des enfants de Dieu. Paul décrit le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, et il parle de nos souffrances et de celles du monde. C’est la réalité qu’il décrit. Il veut nous faire palper la grandeur de cette gloire à venir, si grande que la nature entière (les animaux, les plantes et les pierres) tend le cou et trépigne d’impatience dans cette attente.

Quel impact cela devrait avoir sur nous! La création entière est dans l’attente de notre révélation en tant qu’enfants de Dieu! Parce qu’alors tout va changer, parce que Jésus-Christ va rétablir le paradis perdu sur terre! parce que la haine, la cruauté, les souffrances atroces dues à la méchanceté de l’homme sans Dieu vont disparaître à jamais! Et nous, les enfants de Dieu fidèles, nous allons régner avec le Christ glorifié, glorifiés comme lui!

Que signifie l’expression: Jusqu’à ce jour, la création entière souffre les douleurs de l’enfantement? Paul utilise la même tournure en écrivant aux Galates : Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous… [4.19]. Ici, dans Rom 8.22, Paul dit que la nature est en train de donner naissance à quelque chose de meilleur. Ce processus implique une sorte d’agonie.

L’image de la naissance se retrouve dans le phénomène du printemps: chaque année, la nature ressuscite à une nouveauté de vie, sort de la mort de l’hiver pour donner naissance à la vie. Seulement, ce réveil mène finalement à l’automne et à une nouvelle mort. Chaque année, c’est un échec. Ainsi la nature continue à soupirer après le renouveau définitif, sans jamais y parvenir, et chaque éclat de vie est voué à la mort. L’homme aussi, n’est-il pas toujours sur le point de créer un monde meilleur, et n’échoue-t-il pas chaque fois? Il veut améliorer la société (plus de classes sociales, plus de pauvres, plus de guerres…), et il échoue parce qu’il veut le faire sans Dieu. Mais Paul dit qu’il n’y a pas d’espoir en dehors d’une intervention radicale de Dieu. Dieu annonce qu’il y aura un dénouement à l’histoire du monde, et que c’est lui qui le restaurera, en Christ et par Christ.

V.23: Nous sommes enfants de Dieu, pour le moment «de droit» (juridiquement), étant reconnus comme tels. Mais nous attendons l’adoption à la résurrection; alors nous serons enfants de Dieu «de fait».

Car il y a 3 étapes à notre salut :
1. Notre prédestination, que Dieu a opérée selon sa prescience, déjà depuis toujours (dans le passé de l’éternité): Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils [comme l’indique le v.29].
2. Notre statut d’enfants de Dieu: Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ-Jésus [Gal 3.26]; c’est notre état actuel («de droit»).
3. Notre adoption finale, à la résurrection, quand notre corps revêtira l’immortalité; c’est notre état futur («de fait»).

La possession actuelle de l’Esprit est comme un échantillon de la pleine moisson encore à récolter (de là prémices, quasi «acompte»); c’est un avantgoût de la puissance transformatrice de l’Esprit: Celui qui a ressuscité le Christ- Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous [v.11, déjà cité].

C’est une espérance, non encore un fait accompli. Ici, attention: nous ne sommes pas sauvés parce que nous espérons, mais nous espérons parce que nous croyons. L’espérance accompagne la foi et le salut qui en résulte.

Paul nous dit donc que la création attend la révélation des fils de Dieu; pour l’instant, elle soupire et souffre; et Paul d’ajouter: nous aussi! La souffrance est le lot de l’homme tout court, donc aussi de l’homme sauvé; il n’est nulle part dit que la souffrance lui serait épargnée. A Antioche, Paul et Barnabas affermissaient l’âme des disciples, les exhortant à demeurer dans la foi, et disaient: C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu [Actes 14.22].

Le salut par la foi en Christ est un fait; mais c’est en espérance que nous avons été sauvés. Et Jean précise : Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. La révélation de ce que nous sommes vraiment aura lieu quand LUI sera manifesté, lors de son retour; alors nous serons semblables à lui par la rédemption de notre corps. C’est à cela que nous sommes prédestinés [v.29 déjà cité]; et c’est futur. Pour l’heure, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire [2 Cor 3.18]. Il s’agit de notre transformation intérieure qui se manifeste par une vie transformée, à la gloire de Dieu (c.-à-d. qui lui fait honneur). Mais la gloire finale sera infiniment supérieure, car de gloire en gloire indique une progression.

Qu’implique cette glorification? Le mot grec «doxa» (dont on a dérivé «doxologie» = prière qui loue Dieu) se trouve 165 fois dans le NT. Il s’apparente au mot «honneur»; «splendeur» et «transfiguration» entrent aussi dans le concept.

La gloire se révèle du ciel. Son but est la transformation de la création entière. Cela ne se voit pas encore. Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance [v.25]. Plus tard, Paul écrit à Timothée probablement sa dernière lettre: Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui [2 Tim 2.12]. C’est cela, participer à sa gloire.

2. v.26-27: La prière par l’Esprit

26. De même aussi l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables;
27. et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints.

De même aussi… Comme le Saint-Esprit nous convainc de péché, nous mène à la conversion en nous faisant placer notre confiance en Christ, nous fait naître de nouveau et nous transforme, de même, dit Paul, il nous aide à prier. En grec, le verbe «aider» ou «secourir» se compose de 3 mots: «syn» = ensemble, «anti» = à sa place et «lambánestai» = prendre une charge sur soi, ce qui donne «synantilambánestai» et nécessite toute une phrase si l’on veut en savoir le contenu exact. Voici cette phrase: «partager une charge avec quelqu’un pour le soulager». Et c’est ce que fait l’Esprit quand nous prions ! Mais il partage, il ne fait pas tout, car nous ne sommes jamais passifs dans la prière. Cela doit faire réfléchir ceux qui récitent des prières par routine (l’Esprit n’a pas besoin de les aider). Comment l’Esprit partage-t-il nos prières? Le texte dit qu’il intercède.

Nous bénéficions donc de deux sortes d’intercession:
1. Jésus-Christ plaide pour nous en personne devant le tribunal céleste; il est notre avocat au ciel.
2. Le Saint-Esprit, par contre, est en dedans de nous. Il n’intercède pas à notre place comme Jésus, mais il nous pousse à prier comme il convient.

Ces deux intercessions se complètent. Un avocat fait deux choses:
a) il conseille à son client ce qu’il faut dire (le Saint-Esprit).
b) il s’adresse directement au tribunal (Jésus-Christ).

L’intercession de l’Esprit est son action particulière quand nous sommes dans la perplexité. Il interprète nos soupirs («des» soupirs dans le texte). Ce ne sont pas les soupirs de l’Esprit, qui est une personne de la Trinité et, comme tel il ne doit jamais chercher ses mots, comme cela nous arrive en temps de forte pression. La suite le montre clairement: Celui qui sonde les cours… (ceux des chrétiens qui prient) est Dieu, qui connaît ce que personne d’autre ne connaît, tels nos aspirations, nos gémissements, nos sentiments… Notre Seigneur nous comprend. Le point culminant: le Saint-Esprit interprète toujours en faveur des saints.

Ceux qui prient par routine ne savent rien de ces soupirs inexprimables. Ce sont les «saints» (mot qui veut dire «mis à part pour Dieu») qui ont de ces soupirs, et le texte pourrait même faire penser que l’Esprit lui-même produit ces soupirs : il intercède par des soupirs inexprimables. Ces soupirs sont une particularité des saints qui livrent un combat dans leur vie et dans leurs prières.

Quelle consolation!

A la lumière de tout cela, je comprends mieux le v.18: J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous.

Mesurons-nous l’éclat de cette gloire ? Pierre, Jacques et Jean en ont eu une lumineuse approximation quand ils ont vu le Seigneur transfiguré. Nous le serons un jour avec lui !

J.-P. Sch.

(N.D.L.R.: Nous terminerons l’étude de ce chapitre dans le numéro suivant de PROMESSES)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)