La vie du chrétien né de Dieu (II)

Le chapitre 8 de l’épître aux Romains nous servira de base pour les deuxième, troisième et quatrième parties de cette étude sur la vie du chrétien né de Dieu.

La vie dans l’Esprit – Première partie de Romains 8

V. 1-17: La vie dans l’Esprit

Introduction

Romains 8 doit être lu sur l’arrière-plan de Romains 7. Dans ce dernier chapitre, Paul considère le chrétien dans son corps; au chapitre 8, il le considère dans l’Esprit. Il n’y a pas deux sortes de chrétiens, comme certains commentateurs l’entendent : ceux qui seraient encore dans Romains 7 et ceux qui auraient passé dans Romains 8. Tous les chrétiens vivent aussi bien dans leur corps que dans l’Esprit, qui d’ailleurs habite en leur corps dès leur conversion.

Ceci est confirmé par la fréquence des mots corps et chair.

Chapitre 7: 2 fois corps, 3 fois chair. Chapitre 8: 4 fois corps, 13 fois chair.

La grande différence est la mention de l’Esprit de Dieu: une seule fois au chapitre 7, mais 18 fois au chapitre 8, dans lequel il s’agit du combat du chrétien entre la chair (le Moi incapable de faire le bien) et l’Esprit (qui en donne la possibilité). Autrement dit: c’est le combat entre la puissance du péché habitant dans le corps [7.20] et la puissance du Saint-Esprit qui y habite aussi [8.11].

L’homme régénéré a deux natures : chair et esprit. Exemple: un arbre greffé.

La vieille nature y est encore, crucifiée en quelque sorte, pour porter la nouvelle nature, seule capable de produire de bons fruits.

Mourir à soi-même, c’est se livrer par la foi et l’obéissance au Seigneur, pour que l’Esprit puisse manifester sa victoire sur la chair (nos tendances pécheresses).

Romains 8 peut se résumer en trois titres :

I. 1-17 La vie par l’Esprit
II. 18-27 La gloire à venir
III. 28-39 Toutes choses

Romains 8.1-17: La vie par l’Esprit

On peut distinguer trois parties dans ce passage:

A. 1-4 Plus de condamnation
B. 5-8 Chair et Esprit contrastés
C. 9-17 La vie selon l’Esprit

La pensée de l’apôtre peut aussi être suivie, dans son essence, en lisant 1-4 & 12-17 (considérant 5-11 comme une parenthèse). Lire ces deux passages ainsi donne un certain impact. Mais j’estime la première conception structurellement plus naturelle.

A. Versets 1 à 4: Plus de condamnation

1. Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus, [qui marchent non selon la chair mais selon l’Esprit].
2. En effet, la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort.
3. Car – chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force – Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair;
4. et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit.

Le donc au début se rapporte au fait que le chrétien veut servir la loi de Dieu, même si, à cause du péché dans sa chair, il ne réussit pas toujours, ce dont il est sincèrement attristé.

Que dit le texte?

Non pas: «il n’y a plus d’accusation», car Satan nous accuse jour et nuit [Apoc 12.10]; c’est pourquoi Christ est notre avocat auprès du tribunal céleste.

Non pas : «rien en eux ne mérite une condamnation», car le chrétien pèche aussi, selon Romains 7; cf. aussi 1 Jean 1.8: Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.

Mais: Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus.

La raison est donnée au verset 2: la loi de l’Esprit de vie n’a pas libéré la chair; elle m’a libéré de la loi du péché (du désir et de l’habitude du péché) et de la mort (la mort spirituelle, qui exclut de la communion avec Dieu).

Plus de condamnation: sur quelle base? Mon péché a déjà été condamné dans la chair de Christ: Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair (sous-entendu: de son Fils).

Pourquoi cela était-il nécessaire? La suite le dit: et cela pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit.

Ici s’impose la lecture de Hébreux 10.1-10!

Pourquoi le péché dut-il être condamné dans la chair de Jésus ? Le verset 4 le dit : et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous… Résultat pour le chrétien né de Dieu: …nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit. «Marcher» indique la façon de vivre dans son ensemble, non pas les actes isolés pris à part. La marche du chrétien doit visiblement indiquer son caractère. C’est pour ceux-là qu’il n’y a plus de condamnation.

B. Versets 5 à 8: Chair et Esprit contrastés

5. En effet, ceux qui vivent selon la chair ont les tendances de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’Esprit ont celles de l’Esprit.
6. Avoir les tendances de la chair, c’est la mort; avoir celles de l’Esprit, c’est la vie et la paix.
7. Car les tendances de la chair sont ennemies de Dieu, parce que la chair ne se soumet pas à la loi de Dieu, elle en est même incapable.
8. Or ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent plaire à Dieu.

Appliquons-nous un test personnel :

– Qu’est-ce qui me fait le plus plaisir?
– Qu’est-ce qui est le plus important pour moi ?
– A quoi est-ce que je pense le plus souvent ?

«L’homme vaut ce que valent ses pensées.»

Le verset 5 peut se traduire: avoir les tendances de la chair, ou: s’affectionner aux choses de la chair.

Au verset 6:

a) Paul montre les désavantages de l’attitude charnelle.
la mort de la vie spirituelle
de la paix du coeur
de la joie (de vivre)

Le chrétien qui vit charnellement raisonne sans l’Esprit; il se trompe tout le temps, car il n’a pas de directives valables; il va vers la mort.

b) Paul évoque les avantages de la vie spirituelle.
la vie la paix (la quiétude intérieure), opposée au malaise
la paix, opposée au trouble profond accompagnant la marche vers la mort

Au verset 7, Paul s’étend sur les conséquences d’une attitude charnelle. Celui qui veut accomplir la tendance pécheresse de sa chair se fait ennemi de Dieu en s’opposant à la loi de Dieu (celle de l’amour pour Dieu d’abord, pour les plus proches ensuite, puis pour tous ceux qu’il côtoie). L’ennemi de Dieu donne à la chair ce qu’il devrait donner à Dieu. La chair qui ne renonce pas à sa nature pécheresse en arrive à détester la loi et celui qui l’a donnée.

Le verset 8 dit pourquoi ils déplaisent à Dieu: leur principe est, non la recherche de Dieu, mais celle du Moi.

Par contre, le principe du chrétien spirituel (qui marche selon l’Esprit) : il recherche les choses d’en haut [Col 3.2], parce que c’est là que se trouve Jésus-Christ : …en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Sa vie est cachée avec le Christ en Dieu. Christ est sa vie [lire Col 3.1-4].

C. Versets 9 à 17: La vie selon l’Esprit

Dans ces neuf versets, il y a huit fois si!
– quatre fois: si l’Esprit habite en vous
– deux fois: si vous vivez selon l’Esprit
– une fois: si vous êtes enfants de Dieu
– une fois: si nous souffrons avec lui

La vie selon l’Esprit n’est réalisable que si ces conditions sont remplies.

Versets 9 à 11: habités par l’Esprit

9. Pour vous, vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas.
10. Et si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l’esprit est vie à cause de la justice.
11. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ-Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

A la conversion, le Saint-Esprit vient habiter en le croyant; si l’Esprit ne l’habite pas, il n’y a pas eu conversion authentique, c’est-à-dire nouvelle naissance (selon Jean 3).

L’Esprit est d’abord nommé Esprit de Dieu, car il vient de Dieu; Jésus en était rempli. Puis il est nommé Esprit de Christ, car à la Pentecôte, Christ l’a envoyé pour qu’il suscite l’Eglise. Ensuite tout court : Christ.

Jean 14.26: le Père envoie l’Esprit au nom de Jésus-Christ.

Jean 15.26: le Consolateur (= l’Esprit), envoyé par Jésus de la part du Père, est l’Esprit de vérité provenant du Père pour rendre témoignage de Jésus- Christ; c’est là sa mission principale.

Ces versets 9 et 10 confirment la Trinité: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit sont inséparables.

Digression:

Il est intéressant de noter ici que la Trinité est évoquée 293 fois dans l’épître aux Romains, comme suit :
Dieu (le Père), 159 fois = 54,5%
Christ, Jésus-Christ, le Seigneur, 110 fois = 37,5%
l’Esprit, le Saint-Esprit, l’Esprit Saint, 24 fois = 8%

On s’est mis, depuis le mouvement pentecôtiste et son extension charismatique, à parler beaucoup plus du Saint-Esprit que de Dieu, le Père et le Fils; ce n’est pas ce que fait la Bible, qui ne contient pas une seule prière adressée au Saint-Esprit. (Ceux qui en voient une en Ezéchiel 37.9 n’ont pas remarqué que ce n’est pas une prière au Saint-Esprit, mais une communication que Dieu demande à Ezéchiel de faire à l’Esprit, quelle qu’en soit la signification.)

Il est aussi intéressant de noter que la proportion trouvée dans Romains est à quelques dixièmes près la même dans les lettres des apôtres et l’Apocalypse (forcément elle varie sensiblement dans les Evangiles et les Actes). Ce n’est certes pas un hasard; rien n’est un hasard dans la Bible inspirée du Saint-Esprit, qui attire l’attention avant tout sur Jésus-Christ.

L’homme créé à l’image de Dieu étant aussi trinitaire, comme cela est exprimé si clairement dans 1 Thessaloniciens 5.23 (… tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps), Dieu rachète aussi le corps. Le corps meurt à cause du péché d’Adam; ce châtiment est universel, non individuel. L’esprit de l’homme vit à cause de la justice [Rom 5.15,17], à savoir la justification obtenue par la foi [5.1].

L’esprit du chrétien vit à présent. Le corps vivra (deviendra immortel) à la résurrection [v.23].

Nous vivons donc selon l’Esprit dans un corps encore mortel, mais qui est déjà le temple du Saint-Esprit [1 Cor 6.19-20]. La garantie de notre immortalité physique est la résurrection de Christ [v.11].

Versets 12 à 14: Débiteurs de l’Esprit – fils de Dieu

12. Ainsi donc, frères, nous sommes débiteurs, mais non de la chair, pour vivre encore selon la chair.
13. Si vous vivez selon la chair, vous allez mourir; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez,
14. car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.

Le verset 13 fait allusion à un choix: Le chrétien peut vivre charnellement, mais alors il est jugé dans son corps par Dieu [1 Cor 11.30-32]. Mais attention: il y a des maladies qui ne sont aucunement des châtiments de Dieu (exemple: Job!). Pour citer Calvin: «La mort de la chair est la vie de l’homme.»

Le verset 14 est une définition de l’enfant de Dieu. Il est guidé par l’Esprit, c’està- dire obéit à la loi morale de Dieu telle qu’il la trouve dans la Bible. Il ne se laisse donc pas guider par les appétits de la chair qui sont contraires à cette loi. Les versets 15 et 16 indiquent l’action de l’Esprit en nous.

15. Et vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba! Père!
16. L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

Ce que l’Esprit ne fait pas: il ne produit pas la crainte, qui est produite par la servitude au péché sous la loi. Les religions païennes sont toutes caractérisées par la crainte.

Ce qu’il fait: L’Esprit adopte et donne la nature de fils de Dieu par la nouvelle naissance; il fait ressembler à Christ; il donne libre accès au Père (un petit enfant crie…).

L’Esprit nous donne l’assurance d’être fils de Dieu; il nous fait percevoir ce fait par sa présence, et il fait que nous obéissions de cour à la règle de doctrine transmise [Rom 6.17], dont le premier principe est que toute notre vie est placée sous la grâce (le pardon) de Dieu.

Par l’action de l’Esprit :
– nous aimons la parole de Dieu
– nous aimons les autres enfants de Dieu
– nous ressentons le besoin de prier
– nous savons que Dieu nous aime
– nous aimons Dieu et acceptons tout de sa main [verset 28]

Le verset 17 dit les conséquences d’être enfants de Dieu:

17. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui.

1. Nous sommes héritiers de Dieu; nous héritons de sa nature; de sa sainteté; de sa perfection.

2. Nous sommes cohéritiers de Christ; nous héritons le royaume (nous sommes appelés à régner avec Christ); la gloire de Christ [verset 30].

Mais il y a un « si »: nous acceptons la souffrance morale et physique en nous rappelant que Jésus a souffert plus que nous ne souffrirons jamais. Non pas: souffrir pour être glorifié, mais souffrir parce que un avec Jésus-Christ, dans la souffrance et dans la gloire.

Résumons: Le croyant né de l’Esprit vit dès lors selon les tendances de l’Esprit… si du moins l’Esprit de Dieu habite en lui.

J-P. Sch.

(N.D.L.R.: Nous poursuivrons l’étude de ce chapitre dans le prochain no de PROMESSES).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)