La vie du chrétien né de Dieu (I)

Ce sujet sera traité en deux parties:
. Romains 7: La vie dans le corps de chair (L’article que vous lisez en ce moment)
. Romains 8: La vie dans l’Esprit (Prochain numéro de PROMESSES)

Introduction à l’épître de Paul aux Romains

C’est l’épître maîtresse du Nouveau Testament (NT). De tout temps, elle a exercé une grande influence. Par elle, Luther a compris l’Evangile de la grâce. Elle fut le plus grand soutien des réformateurs contre l’Eglise de Rome. Son titre pourrait être le premier verset du chap.5: «Ayant donc été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ».

Les huit premiers chapitres sont la base théologique de tout le NT. Même dans l’AT, Dieu a toujours sauvé les hommes en fonction de leur foi en lui ; aussi Paul cite-t-il la constatation d’un ancien prophète: « Le juste vivra par la foi » (Hab 2.4).

Le cheminement de l’argumentation de l’épître peut se résumer ainsi :
Ch. 1 v. 1 à 17 Introduction personnelle
Ch. 1 v. 18 à 3 v. 20 L’universalité du péché
Ch. 3 v. 21 à 4 v. 25 L’expiation et la justification par la foi (ex. : Abraham)
Ch. 5 L’assurance du salut
Ch. 6 et 7 Réponse à deux objections sous forme de questions:
1) Faut-il alors continuer à pécher pour que la grâce abonde?
2) A quoi sert alors la loi ?
Ch. 8 La certitude et la finalité du salut
Ch. 9 à 11 L’Evangile et le peuple d’Israël
Ch. 12 à 15 La vie dans le salut:
Ch. 12: Le sacrifice (la consécration) du corps
Ch. 13: La soumission aux autorités
Ch. 14 et 15: Les faibles et les forts/plans futurs de Paul
Ch. 16 Salutations personnelles.

La vie dans le corps de chair

Romains 7 nous servira de base pour cette première partie

Voici une citation tirée d’un journal périodique, sous un titre en forme de question: «Comment les Japonais acquièrent-ils un esprit sain dans un corps sain? »

La philosophie japonaise repose sur la dualité du Yin et du Yan. Elle raisonne comme suit: «A l’intérieur de l’univers dans lequel nous vivons, nous sommes sans cesse sollicités par des forces contraires qui ne sauraient exister l’une sans l’autre. La loi unique de l’univers est l’harmonie entre ces deux activités. L’opposition de ces deux forces, Yin négative et Yan positive, se retrouve dans toute la nature. L’extérieur physique et l’intérieur spirituel de l’être humain en sont un aspect, car l’homme fait partie de l’univers. Il est luimême un univers et obéit aux mêmes lois. … Pour accéder à la sagesse, il faut s’efforcer de réaliser cet équilibre en nous-mêmes.» Pour cela, de multiples chemins sont ouverts aux Japonais.

La question posée au début – «Comment acquérir un esprit sain dans un corps sain? » – pourrait être le titre des chapitres 6 et 7 de l’épître aux Romains. Au lieu de dire «Yin» et «Yan», Paul dit «chair » et «Saint-Esprit», deux forces qui sont en combat continuel. Mais là s’arrête le parallélisme. Car il ne peut jamais y avoir d’harmonie entre les deux. Pour les Japonais, «Yin» est négatif, «Yan» est positif, non pas mauvais et bon. Quant à la chair, elle est mauvaise, et l’Esprit est bon. Alors que le Japonais s’efforce à réaliser un équilibre en lui-même (et rien ne dit qu’il le réalise effectivement!), le chrétien ne cherche pas à réaliser un équilibre entre la chair et l’Esprit, mais à «vaincre la chair par l’Esprit », ce qui est tout autre chose!

A la lumière de Romains 7, cela paraît chose impossible. En raccourci, voici le raisonnement qui se dégage de Romains 7:

– je suis charnel, vendu au péché (v.14) ;

– je fais le mal que je ne voudrais pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais faire (v.19);

– la loi du péché qui habite dans mes membres me rend captif de cette loi (v.23) ;

– par ma chair, je suis esclave de la loi du péché (v.25) ; et cela malgré le fait que:

– je prends plaisir à la loi de Dieu dans mon être intérieur (mon esprit, mon intelligence) (v.22) ;

– par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu (v.25).

Avant d’aller plus avant dans l’étude de ce chapitre, il faut lire Romains 6, car Romains 7 se comprend à la lumière de Romains 6.

Que dit Romains 6 ?

– je suis mort au péché (comment y vivrais-je encore?) (v.2) ;

– ma vieille nature (le vieil homme, le Moi) est crucifié avec Christ: mon corps de péché est réduit à l’impuissance (v.6) ;

– le péché ne doit plus régner dans nos corps mortels (v.12);

– je ne suis plus esclave du péché, après l’avoir été (v.14,17) ;

– mes membres ne sont plus livrés au péché (v.19); au contraire:

– je marche en nouveauté de vie (v.4);

– mes membres sont livrés à la justice pour aboutir à la sanctification, dont le fruit mène à la vie éternelle (19-20).

Le centre du chap. 6 (son résumé) se trouve au v.11: Je suis mort au péché et vivant pour Dieu en Jésus-Christ.

C’est en fait ce que disent aussi Romains 7.1-6 et tout Romains 8.

Les 3 parties de Romains 7

A. Versets 1 à 6: La relation du croyant avec la loi

1. «Ignorez-vous, frères, – car je parle à des gens qui connaissent la loi, – que la loi exerce son pouvoir sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ?
2. Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.
3. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, elle sera appelée adultère mais si le mari meurt, elle est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre.
4. De même, mes frères, vous aussi vous avez été, par le corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi, pour que vous apparteniez à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.
5. Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions des péchés provoquées par la loi agissaient dans nos membres, de sorte que nous portions des fruits pour la mort.
6. Mais maintenant, nous avons été dégagés de la loi, étant morts à cette loi sous laquelle nous étions retenus, de sorte que nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli ».

Paul a recours au mariage pour illustrer sa pensée. Il compare l’être humain à une femme mariée à la loi, mari exigeant, dur, qui ne lui permet pas de porter des fruits pour Dieu.

Par contre, le chrétien est mort à la loi par le corps de Christ, en ce sens que Christ a subi, à sa place et en son nom, la mort exigée par la loi contre le pécheur. La loi (le premier mari) est donc pour ainsi dire morte avec Christ à la croix, et la femme n’a plus aucune obligation envers un mari mort. Elle peut en épouser un autre; aussi le chrétien est-il comparé à une femme mariée avec Jésus-Christ (il est l’époux; l’Eglise est l’épouse). Le mariage est l’union de deux êtres en un seul. Quel est le but de ce mariage avec Christ? Réponse: «afin que nous portions des fruits pour Dieu» (v.4). Le chrétien uni («marié») à Christ ne sert plus sous le régime de la loi, mais sous le régime de l’Esprit.

Autrement dit: Comme on ne meurt qu’une fois, Dieu ne pouvait pas faire une autre alliance avant la mort de la loi (le premier mari). En mourant, Christ a fait justice et a cassé le contrat qui nous liait à la loi. Il a établi la nouvelle alliance, celle de la grâce, qui est un contrat d’amour.

Là, une question se pose: « La loi est-elle péché (c’est-à-dire mauvaise) »? La réponse est donnée dans la deuxième partie de Romains 7:

B. Versets 7 à 13: La loi est bonne; elle révèle le péché

7. «Que dirons-nous donc? La loi est-elle péché ? Loin de là! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. Car je n’aurais pas connu la convoitise, si la loi n’eût dit: Tu ne convoiteras point.
8. Et le péché, saisissant l’occasion, produisit en moi par le commandement toutes sortes de convoitises ; car sans loi le péché est mort.
9. Pour moi, étant autrefois sans loi, je vivais; mais quand le commandement vint, le péché reprit vie, et moi je mourus.
10. Ainsi, le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort.
11. Car le péché saisissant l’occasion, me séduisit par le commandement, et par lui me fit mourir.
12. La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.
13. Ce qui est bon a-t-il donc été pour moi une cause de mort ? Loin de là ! Mais c’est le péché, afin qu’il se manifestât comme péché en me donnant la mort par ce qui est bon, et que, par le commandement, il devînt condamnable au plus haut point. »

Le vice n’est pas dans la loi mais en moi-même. C’est la réponse de Paul à ceux qui l’accusaient de prêcher que la loi était péché (donc mauvaise). Non! dit Paul ; c’est l’homme qui est mauvais, et c’est la loi qui le lui révèle. Il est significatif que Paul prend comme exemple le péché de la convoitise. Eve, et Adam après elle, ont convoité la connaissance et la puissance de Dieu, qu’ils croyaient acquérir en mangeant du fruit défendu; le premier péché était ainsi celui de la convoitise. Et le dixième commandement résume les précédents: «Tu ne convoiteras pas la maison, la femme, les possessions de ton prochain» (Exode 20.17).

Paul analyse la relation entre la loi de Dieu (qui est sainte, juste et bonne), et le péché, en trois points:

L’effet de la loi : elle donne naissance au péché comme d’une force active en nous qui nous pousse à l’insoumission à la loi.

L’action de la loi: la connaissance de la loi est une provocation à la transgresser ; l’homme est alors conscient d’avoir péché.

L’incapacité de la loi: elle ne peut délivrer de la puissance du péché pour inciter à faire le bien qu’elle prescrit.

Conclusion: sans la loi, l’homme n’est pas vraiment conscient d’être pécheur; en constatant qu’il la transgresse, son péché lui est révélé. – Application moderne: la plupart des gens ne se sentent plus coupables devant Dieu, d’une part parce qu’ils ne croient plus en Dieu, d’autre part parce qu’ils ne connaissent pas ou ne reconnaissent plus la loi donnée par Dieu.

Remarque: Tout ce passage est au passé et à la première personne. Il décrit l’état de Paul avant sa conversion.

C. Versets 14 à 25: Le combat contre la nature pécheresse

14. «Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché.
15. Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais.
16. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne.
17. Et maintenant ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
18. Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair: j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien.
19. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.
20. Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi.
21. Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.
22. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur;
23. mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres.
24. Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?…
25. Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur!… Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché. »

En lisant ce passage, on remarque que Paul parle toujours à la première personne, mais il est passé au temps présent. Un bon nombre des commentateurs pensent que ce passage, même s’il est au présent, décrit encore l’expérience de Paul dans le passé, où, étant toujours sous la loi, il cherchait à appliquer la loi sans y arriver.

Plusieurs réflexions m’ont amené à penser que Paul décrit ici son état de croyant, pour les raisons suivantes:

– Le passage du temps passé au temps présent est certainement voulu. Paul était certes assez bon grammairien pour ne pas se tromper de temps et, ce faisant, rendre le passage obscur.

– Paul dit ceci: « Je prends plaisir à la loi de Dieu dans mon for intérieur ». Au chapitre 5, Paul écrivait que l’homme «en Adam» est ennemi de la loi de Dieu. Or depuis sa conversion, Paul est «en Christ». Un inconverti ne prend pas plaisir à la loi de Dieu.

– L’homme «malheureux» ici demande plus que la délivrance de la puissance du péché: il demande «la délivrance de ce corps de mort». Au chapitre 8, il parlera de «la rédemption de notre corps».

– La dernière phrase du chapitre 7 est un résumé de la situation qui dure tant qu’on est dans le corps mortel, dans lequel habite le péché: «Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, tandis que, par ma chair, je suis esclave de la loi du péché» (v.25b). – N.B. : Ceux qui ne pensent pas que Paul décrit ici son état actuel sont obligés de déplacer cette fin du v.25 qui vient d’être cité, pour la placer entre les v.23 et 24. Mais aucun des nombreux manuscrits ne supporte ce changement; tous sont dans l’ordre des traductions fidèles aux textes grecs. Personne n’a le droit de changer arbitrairement l’ordre des phrases telles qu’elles se suivent dans le texte grec.

Je comprends que beaucoup pensent que cela ne peut s’appliquer à Paul, l’apôtre de Christ qui écrit dans 1 Thessaloniciens 2.10: «Vous êtes témoins que nous nous sommes comportés d’une manière juste, sainte et irréprochable!»

Seulement, je ne crois pas qu’il s’agisse, dans Romains 7.14-25, du comportement de l’apôtre, mais de sa vie dans son corps mortel. Le verset 20 me semble être la clé de ce passage: « Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi.»

«Ce n’est plus moi qui accomplis le péché. » Comment cela? Parce que je suis mort (le Moi, le vieil homme) à la croix avec Christ. Ce n’est pas une «idée» ou une illusion psychologique; c’est une réalité qui n’est saisie que par la foi.

Il s’agit de distinguer entre:
a) Le Moi mort à la croix avec Christ;
b) Le corps dans lequel je vis: le péché y habite tant qu’il n’est pas mort.

Le vieil homme étant mort, il ne peut plus pécher (un mort ne peut ni pécher ni faire le bien). Le Moi est donc mort.

Mais je suis ressuscité avec Christ, je suis un nouvel homme («une nouvelle créature» : 2 Cor 5.17). Un autre homme est né, et c’est «Christ en moi». Je suis en Christ, un avec lui; cette identification va jusqu’à pouvoir dire: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi» (Gal 2.20). Or Christ ne peut pas pécher, et mon vieux Moi non plus, car il est mort à la croix avec Christ. Si je pèche, ce n’est donc plus moi, mais le péché qui habite dans mon corps, ce corps dont je ne serai délivré qu’à la mort physique, au retour de Christ. Là aura lieu «la rédemption de notre corps», en même temps que «l’adoption comme fils de Dieu» ; car « c’est en espérance que nous avons été sauvés ». «Comme tous meurent en Adam (physiquement), de même tous revivront en Christ (tous = les enfants de Dieu) ».

C’est cela, la Bonne nouvelle. Au chapitre 8, Paul posera la question: «Qui condamnera les élus de Dieu? Le Christ-Jésus est celui qui est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu (= au ciel) et il intercède pour nous ! » La résurrection est le centre de l’Evangile. «Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor 15.17).

Quelles implications pratiques peut-on en tirer?

La première réponse est le début du chapitre 8: La loi ne peut plus nous condamner, puisque le Moi pécheur est mort à la croix avec Christ. Je ne suis plus inculpable!

Si quelqu’un en déduit qu’il peut maintenant pécher puisque la grâce couvre tout, il est vraisemblable qu’il n’a pas compris l’Evangile, et qu’il n’est pas né d’en haut, que le Saint-Esprit ne demeure donc pas en lui. Car Romains 5.5 dit que «l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ». Cet amour caractérise le nouvel homme. Loin de se sentir libre de pécher, l’amour de Dieu le pousse à honorer son Seigneur par une vie d’obéissance à sa parole.

Dans chacune de ses trois lettres, l’apôtre Jean explique ce qui caractérise l’amour de Dieu:

1. L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements (1 Jean 5.3): retenir, s’en souvenir, s’y soumettre.

2. L’amour consiste à marcher selon ses commandements (2 Jean 6): avancer en les mettant en pratique; la vie est une marche, et on fait des faux pas.

3. Dans 3 Jean, amour et vérité sont intimement liés.

Mais le nouvel homme «ne pratique pas le péché» : c’est le vieil homme qui le pratiquait, car il n’aimait pas les commandements de Dieu. Le nouvel homme les aime; mais le péché habitant dans sa chair, il arrive qu’il agisse en dehors de l’amour. Il en est tout de même responsable, et quand il en est conscient, il confesse ce péché, et il est pardonné et purifié (1 Jean 1.9). C’est cela, la marche avec Dieu. C’est une marche dans la vérité, et c’est par souci de la vérité que Paul fait cet aveu : «Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi» (v.20).

Tant que je vivrai dans mon corps, il y aura toujours ce tiraillement entre l’Esprit et la chair (qui domine aussi le chapitre 8). De là l’exclamation douloureuse du verset 24: «Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort? La réponse à cette question angoissante:… par Jésus-Christ, notre Seigneur! (v.25a).

En fait, le chapitre 8 donnera une réponse complète concernant la délivrance de ce corps mortel: « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous,… il donnera aussi la vie à vos corps mortels… » (v.11). En attendant cette métamorphose de notre corps mortel en un corps immortel, que Paul nomme espérance (8.24), Paul résume l’état actuel de notre condition: « Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, tandis que, par ma chair, je suis esclave de la loi du péché » – tout de suite suivi par le verset 1 du chapitre 8: «Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus».

Résumons: Dans ma marche de tous les jours, il arrive que je tombe, mais «il n’y a aucune condamnation», car je mets ma confiance en Christ et non en moi-même. A cause de son sang versé pour moi, Dieu me voit juste, justifié, même si le péché réside dans ma chair, car spirituellement, je suis ressuscité avec Christ. Jean 5.25 parle de cette résurrection spirituelle (c’est maintenant), alors que Jean 5.28-29 parle de la résurrection physique (l’heure vient).

J.-P. Sch.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)